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Pensées 229 à 233

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

229

Une

Religion qui offriroit des récompenses sures

relligion qui offriroit des recompenses sures dans l’autre vie, verroit disparoitre ses devots a miliers.

- - - - -

Main principale M

230

{p.247}

Dogme de l’immortalité de l’ame.

Le dogme de l’immortalité de l’ame nous porte a la gloire au lieu que la creance contraire en affoiblit en nous le desir.

- - - - -

Main principale M

231

[Passage à la main D]

La superstition en a tiré d’affreuses consequences.

Le dogme de l’immortalité de l’ame ce dogme si saint, sembloit ne devoir produire que des sentimens de reconoissance pour un createur qui avoit rendu notre etre aussi durable que le sien, que des sentimens de confiance envers un si grand bienfaiteur, que des sentimens d’equité, de justice pour des hommes destinés a l’eternité comme nous et avec nous ; mais la devotion bien loin que la dévotion superstition qui outre tout en ait tiré des consequences si naturelles, on peut dire qu’elle s’en est servi pour ravager le genre humain. Allés en Egypte voir ces monumens barbares du dogme de l’immortalité qui couterent tant de travaux qui furent la source de tant de vexations qui rendirent les princes si odieux aux peuples ; allés voir dans la Perse les {p.248} sépulcres des rois dont l’entretien pouvoit fournir a la subsistance de plusieurs villes, allés dans les Indes voir naitre de ce dogme celui de la transmigration des ames, voir les hommes obligés de vivre de legumes après avoir souffert la faim souffrir encore le froid et n’oser bruler du bois qui pourroit servir de retraite a quelque insecte, les femmes contraintes de se bruler aprés la mort de leurs maris[1], les tresors par tout ensevelis et rendus par superstition a la terre dont ils avoient eté tirés.
Voyés dans toute l’Asie ce nombre inombrable de derviches et de fakirs qui avec leurs orgüeilleuses et austéres penitences pe tournent vers eux toute la dévotion du peuple qu’ils étonnent, de maniere qu’au lieu de la candeur, de la bonne foi et de la vertu que la religion doit inspirer, tous les devoirs sont bornés a les honorer ou enrichir ces misérables.
{p.249} Mais ce ne sont n’est pas la tout ce que la superstition a tiré du dogme de l’immortalité, on a vu les hommes se devoüer eux mêmes[2] et les princes recevoir de leurs sujets ce tribut horrible de leur fureur, O
On a vû les peres tués ou mangés dans leurs maladies ou leur vieillesse par l’affreuse compassion de leurs enfans[3].

- - - - -

Passage de la main M à la main D

232

Il
Il falloit

Une preuve que les Hebreux ne descendirent pas ches les Egiptiens mais ches ceu [...]

que les Hebreux fussent bien separés des Egyptiens pour n’avoir pas pris d’eux le dogme de l’immortalité de l’ame, c’est que les Hebreux ne decendirent point proprement chés les Egyptiens, mais chés les pasteurs d’Avaris a Cethron[1].

- - - - -

Main principale D

233

Il n’y a que les mariages qui peuplent. On les decourage en France 1º en ce que {p.250}

Mariage

les loix donnent de si grands avantages nuptiaux aux femmes que chacun craint de se marier, de maniere qu’on se croit voit ruiné si on survit a sa femme, ou qu’on voit ses enfans ruinés si on ne lui survit pas. Ce sont les hommes qu’il faut encourager aux mariages et non pas les filles par ce que la situation ou elles sont les porte assés au à se marier l’honneur ne leur permettant de goûter des plaisirs qu’en commençant par le mariage.
Les peres sont egalement assés portés a se defaire de faire cesser l’etat perilleux de leurs filles.
Des loix sages devroient favoriser les secondes nôces, les notres les decouragent, il y a encor parmi nous ce malheur que la condition des gens qui ne sont pas mariés est la plus favorable, ils jouissent de toute la faveur des loix sans avoir les charges de la republique, le mariage est d’ailleurs defavorable en ce qu’il decide des rangs et borne les conditions

- - - - -

Main principale D


231

n1.

La métempsychose et l’immolation des femmes par le feu, véritables topoi chez les voyageurs, sont abondamment évoquées dans les Geographica (voir par exemple p. 77, 79, 96, etc.) ; ces excès de superstition seront utilisés comme exemples de l’influence du climat et de la religion sur les lois (EL, XIV, 3 ; XXIV, 21, 24). Les mortifications des moines indiens et fakirs, dont Montesquieu fera un thème satirique dans son Histoire véritable (env. 1734-1739 ; OC, t. 9, p. 130-134), sont connues en particulier par les relations de Bernier, Tavernier, Renaudot, les Lettres édifiantes et curieuses (Geographica, p. 407) et le Dictionnaire historique et critique de Bayle (1re éd., Rotterdam, Reinier Leers, 1697, « Introduction », p. 114-115).

231

n2.

Même idée et même expression chez Renaudot (« se dévouer ») pour désigner les suicides provoqués par la croyance en la métempsychose (Geographica, p. 97). Cet article (écriture D, 1721-1731) comporte donc l’indice d’une lecture des Anciennes relations des Indes et de la Chine de deux voyageurs mahométans (Paris, J.-B. Coignard, 1718), bien antérieure à la copie par le secrétaire E de l’extrait contenu dans les Geographica : voir ibid., introductions, p. 83 et 350-351.

231

n3.

Renaudot mentionne les peuples qui « mangent même leurs parens quand ils sont vieux » (Anciennes relations des Indes et de la Chine de deux voyageurs mahométans, Paris, J.-B. Coignard, 1718, p. 90) ; cf. aussi Montaigne, II, 12, p. 581.

232

n1.

Selon Manéthon, des rois pasteurs ayant envahi l’Égypte en furent chassés après 511 ans de domination et furent enfermés dans un lieu nommé Avaris (Flavius Josèphe, Contre Apion, XIV, 86). Sur la ville de Cethron ou Cetron, voir Juges, 1, 30.