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Pensées 291 à 295

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

291

C’est mal a propos que Mr de Ramsei Freret et les siens font leur sistheme des trois estats de l’idée des trois estats de l’home ches touts les peuples de la foelicite et innocence, de la degradation et decoruption p apres la apres la chute et de la réparation[1] car 1º les anciens philosophes sont tres inconus

Ancienne philosophie inconnue

et quoy qu’ils disent les memes termes ils n’ont pas les memes idées. La philosophie greque nous est tres inconue nous n’en avons guere que quelques fragmans dans Diogene de Laerce auteur peu exact Plutarque Aristote et Platon sont les deux seuls originaux qui nous restent Platon ne dit presque rien que des parolles[2] et Aristote est tres obscur mais si nous scavons il ne faut que ce que nous scavons des sisthemes de ces philosophes pour nous faire voir que nous ne les avons pas. Ainsi quand un philosophe nous dit que le principe des choses est l’eau nous voyons bien que nous n’avons que les qu’un mot et que nous ignorons le sens. Mais si nous ne scavons presque rien de la philosophie des Grecs combien ignorons nous celle des Egiptiens des Perses et des Caldeens. Si nous sçavons la {p.312} philosophie des Grecs come un dixieme est a un nous ne scavons celle des Egiptiens que come un deux centieme est a un et celle des Perses et Caldeens come un milieme est a un ainsi on ne peut faire un sistheme comun de ces trois relligions… J’adjoute que meme l’idée des trois estats ne se trouve pas meme dans la philosophie greque qui est la plus connüe l’idee de l’age d’or qui est des Grecs qui repond qu’on veut qui reponde a l’estat d’innocence

Idée de l’âge d’or

ches les Hebreux et chretiens ne vient pas de la meme origine elle n’est venue aux Grecs que de la vie pastoralle qui estoit innocente et tranquile et que les homes quitterent pour aller habiter les villes ce qui fut suivi du comerce de l’industrie des arts des affaires et par consequant des crimes qui engendrerent le siecle de fer un home d’esprit tire

L de Mongaut

l’abé de Mongaut[3] croit que l’idée des quatre ages du monde des vient des quatre ages de la vie de l’home, si donc la seule {p.313} philosophie un peu connüe echape au sistheme que dire des celle des autres peuples.

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Main principale M

292

J’ay

Cyrus

vu quelque part dans Prideaux que la raison qui fit que Cirus renvoya les juifs ches eux fut que Babilone estoit une pais ville d’nouvelement conquise que les juif estoint autour d et dans Babilone et qu’il vouloit l’affoiblir si cela estoit vray la providence auroit disposé les choses de facon que la politique de Cirus eut esté obligée de la suivre[1]

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Main principale M

293

J’ay

Diable très-fin

oui dire que dans l’histoire des possedés de Loudun on trouve un diable tres fin poussé par la force des exorcismes il se refugioit d’une partie a l’autre alloit de la faculté concupissible a la faculté irascible enfin ne scachant ou aller il alla et sauta dans la bouche de l’exorciste qui estoit un jesuite qui decrit le ravage que ce diable la faisoit dans son corps, ravage effroyable mais que son ame estoit toujours dans une tranquilité d’ou come dans un port elle voyoit les ravages de ses sens[1].

Main principale M

294

{p.314}

Celibat des prétres

Ce fut avec tres grande raison que les papes firent tant d’efforts pour establir le celibat des pretres sans cela jamais leur puissance ne seroit montée si haut, et jamais elle n’auroit duré si si chaque pretre avoit tenu a une famille s’ils y avoint tenu eux memes ; enfin est venu le monachisme plus plus fort encore que l’anc attaché attaché encor aux papes que l’ancien clergé ce qui caracterise nos pretres c’est l’opposition avec l’estat laique en quoy ils different entierement des pretres payens.

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Main principale M

295

J’ay

Roi de Perse

trouvé dans Chardin le developement de la singularité du detronement du dernier roy de Perse qui assiegé dans Ispahan par Miri Mammout sortit de son palais fit la a pied une espece de procession dans les rues d’Ispahan en habit de deuil et ensuitte alla au camp de Mamout lui mit la courone sur la teste et lui ceda le royaume a condition qu’il lui sauvat la vie et {p.315} epargnat ses fames. C’est que les Perses croyent que le dernier imman reviendra que pour lors le roy sera obligé de lui ceder la courone et de prendre la vie privée. Aparament les Persans s’immaginent que Mamout estoit le dernier immane. Il est vray cependant que Mamout n’estait pas de la meme secte[1]

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Main principale M


291

n1.

Le Discours sur la mythologie de Ramsay (Les Voyages de Cyrus, Paris, G.-F. Quillau, 1727, t. II), influencé par les jésuites figuristes, compare les théologies et mythologies des peuples pour y déceler les traces des principaux dogmes de la religion révélée et des « trois états » du monde (bonheur et innocence originels, chute, rétablissement annoncé de la félicité primitive). Fréret n’a pas partagé ces idées même si le volume des Voyages de Cyrus contient, avec le Discours, une Lettre de Fréret qui apporte sa caution érudite à la chronologie du roman de Ramsay (Virgile Pinot, La Chine et la formation de l’esprit philosophique en France (1640-1740), Paris, P. Geuthner, 1932, p. 362).

291

n2.

« Se dit aussi des choses vaines & vagues qui ne meritent point de considération […] » (Furetière, 1690, art. « Paroles »). Cf. la note marginale ajoutée au nº 211.

291

n3.

Nicolas-Hubert Mongault (1694-1746), oratorien, de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, traducteur de l’Histoire d’Hérodien (1700) et des Lettres à Atticus de Cicéron (1714), était un habitué du cercle de madame de Lambert et avait soutenu l’élection de Montesquieu à l’Académie française dont il était membre (Shackleton, p. 73).

292

n1.

L’édit de Cyrus (538 av. J.-C.) mit fin à la captivité de Babylone en autorisant les Juifs à retourner en Israël. Si Humphrey Prideaux avance que « ce fut peut-être le dessein de dépeupler & d’affoiblir cette Ville, qui ne fut jamais bien affectionnée aux Perses », qui motiva la décision de Cyrus, il évoque surtout le rôle de la Providence, qui « tourne à son gré le cœur des Princes » (Histoire des Juifs et des peuples voisins, Amsterdam, H. du Sauzet, 1728, liv. II, t. I, p. 244 – Catalogue, nº 3189).

293

n1.

Le père Jean-Joseph Surin (1660-1665), jésuite bordelais chargé d’exorciser la mère Jeanne des Anges, dans l’affaire des possédés de Loudun, racontait comment le démon quittait le corps de la mère pour entrer dans le sien. Des copies manuscrites du Triomphe de l’Amour divin ou l’histoire abrégée de la possession des Ursulines de Loudun et des peines du P. Surin, ouvrage inédit au XVIIIe siècle, circulaient (BM Bordeaux, ms 1057). Le Journal des savants (lundi 9 mai 1689, p. 170-171 ; voir nº 182) contient le compte rendu d’une Vie de l’exorciste par Henry-Marie Boudon (Chartres – Paris, R. Pepie, 1689).

295

n1.

En 1722, Mir-Mahmoud, prince de Candahar, assiégea Ispahan, et renversa Hussein, de la dynastie des Sofys, pour prendre le titre de chah. Il est peu probable qu’au moment de la transcription de cet article, avant les voyages, Montesquieu ait eu connaissance de l’ouvrage du père Du Cerceau (Jean-Antoine Du Cerceau, Histoire de la dernière révolution de Perse, La Haye [Paris], Gosse et Neaulme [Briasson], 1728, t. II). Montesquieu interprète le geste d’Hussein, le 22 octobre 1722, à la lumière de ce que disait Chardin, mort en 1713, du gouvernement chez les Perses et de la nature religieuse de l’autorité du chah (Chardin, t. VI, 7 ; voir aussi ibid., t. VII, 85-88). Mir-Mahmoud, comme la plupart des Afghans, était sunnite, tandis que les Persans étaient chiites (voir ibid., t. VII, 93).