Afficher Masquer
Passages biffés :
Sauts de pages :
Changements de mains :
Mots clés en marge
(main T) :
DistinguerIntégrer
Corrections du transcripteur :

Fermer

Accueil|Présentation du projet|Abréviations|Introductions|Texte|Index

Français|English Contacts

Volume I|Volume II|Volume III|Citer le texte et les notes| Écritures|Affichage

Pensées 879 à 883

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

Fermer

M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

Fermer

Pensées, volume II

879

De qui

Graces

D*** qui avoit de certeines fins me fit entendre qu’on me doneroit une pension, je dis que n’ayant point fait de bassesses je n’avois pas besoin d’estre consolé par des graces :

- - - - -

Main principale M

880

Je dis c’est un prin sur l’affliction de mad de L. c’est un principe de grandes maladies que la bonté du cœur

Bonté du cœur

 :

- - - - -

Main principale M

881

[Passage à la main E] *

* Je faisois parler un quoaquer[1] au roy d’Angleterre :

Je suis d’une secte[2] qui ne prend de part aux diverses calamités que des hommes que par la tendre compassion qu’elle en a et par sa patience : dans les tems malheureux qui agitoient nôtre isle elle sçavoit s’affliger et jamais se plaindre.
Comme elle peut souffrir les maux elle sçait joüir des biens et le sentiment qu’elle a du bonheur qu’elle possede sous le regne de sa votre majesté ne peut être separé d’un sentiment de reconnoissance envers celui qui conduit le cœur des rois.

- - - - -

Passage de la main M à la main E

882

{f.5r} Êtant a Milan a diner chez Mr le prince Trivulce[1] un Italien dit qu’il n’avoit aucune estime pour l’architecture françoise, Mr le comte Archinto[2] me dit Mr vous ne dites rien sur ce que Mr vient d’avancer, je lui repondis Mr c’est qu’il est impossible de repondre a une proposition pareille, Mr dit qu’il n’estime point l’architecture françoise et cela signifie qu’il n’estime point l’architecture, car l’architecture françoise est la même que l’italienne, et celle de toutes les autres nations, elle consiste partout dans les cinq ordres, aux proportions desquelles les François n’ont augmenté ni diminué ; et a cet egart ils ne meritent ni loüange ni blame, et si je disois a Mr que je n’estime point [mot biffé non déchiffré] la geometrie italienne il feroit fort bien de ne me pas repondre non plus.
C’est pour vous dire mon cher president[3] que les anciens ont decouvert que le plaisir que l’on a lorsqu’on voit un batiment est causé par de certaines proportions qu’ont entr’eux les differents membres d’architecture qui le composent

Ordres architecture

. Ils ont trouvé qu’il y avoit cinq differentes sortes de proportions qui excitoient ce plaisir et ils ont appellé cela ordres. Quand la colone a eu de hauteur sept de ses diametres ils ont appellé cela ordre toscan : quand elle en a eu huit, ils ordre dorique, quand elle en a eu neuf ordre ionique, dix ordre corinthien, et on peut dire qu’il n’y {f.5v} a que quatre ordres parce que le composite a presque les mêmes proportions que le corinthien et ne differe qu’en ce que l’on rend sa colonne et ses autres membres plus deliés encore[4]
Quelques ornemens que l’on mette a ces ordres quelque deguisement que l’on y fasse cela ne les change jamais mettés sur chapiteaux c le chapiteau corinthien des feüilles de chesnes au lieu de feüilles d’achante cela sera toûjours l’ordre corinthien parce que ses proportions seront selon l’ordre corinthien
Cela fait qu’il est impossible de changer les ordres, d’en augmenter le nombre ou le diminuer, parce que ce ne sont pas des beautés arbitraires qui puissent être supplées par d’autres, cela est pris dans la nature et il me seroit facile d’expliquer la raison phisique de ceci et je le ferai quelque jour.

- - - - -

Comme on doit être

Main principale E

883

{f.6r} Comme on doit être fidele a sa patrie on doit l’être a son prince ou aux magistrats qui la gouvernent.
L’autorité des princes et magistrats n’est pas seulement fondée sur le droit civil elle l’est encor sur le droit naturel

Anarchie

car comme l’anarchie est contraire au droit naturel le genre humain ne pouvant subsister par elle il faut bien que l’autorité des magistrats qui est opposée a l’anarchie y soit conforme.
Ce qui fait la force de l’autorité des princes c’est que souvent on ne peut empêcher le mal qu’ils font que par un plus grand mal encor qui est le danger de la destruction

Destruction

.

- - - - -

Main principale E


881

n1.

Lire : quaker.

881

n2.

Les quakers.

882

n1.

Le dîner a lieu fin septembre 1728. Sur ce séjour à Milan et sur le prince Trivulce, Antonio Tolomeo Gallio Trivulzio (1692-1767), voir les Voyages (p. 161-162,165-166) et Correspondance I, p. 380.

882

n2.

Le comte Carlo Archinto (1669-1732), chevalier de la Toison d’or (Voyages, p. 163), protecteur des lettres, fonda la Société palatine, destinée à l’édition d’ouvrages savants.

882

n3.

Peut-être le président Barbot, membre de l’académie de Bordeaux, ami et correspondant de Montesquieu (Correspondance I, p. 83, notes). Cet article serait un brouillon de lettre.

882

n4.

Jean Ehrard décèle ici l’influence de l’ouvrage d’Augustin-Charles d’Aviler, le Cours d’architecture qui comprend les ordres de Vignole […], publié en 1691 (Montesquieu critique d’art, Paris, PUF, 1965, p. 30-33). L’impression de 1720 par Mariette, avec les additions de Le Blond (Catalogue, nº 1698 ; nº 1716, même ouvrage sous le titre Architecture de Vignole), a été offerte par la comtesse Borromée à Montesquieu avant son départ de Milan (Correspondance I, lettre du 14 octobre 1728, p. 375).