Pensées, volume II

Lorsque je vois un grand prince qui a regné de nos jours malgré son bon sens naturel seduit par un conseil aveugle envoyer tout a coup a ses ennemis des sujets des soldats des negotiants des ouvriers son commerce je plains plus la religion catholique et si je l’ose dire je le plains plus lui même que les protestans^[1].

Lorsqu’un êtat est dans la prosperité il ne faut {f.22r} point se determiner sans peser avec le dernier scrupule contre tous les inconvenients mais lorsqu’on se trouve entouré de circomstances facheuses lorsqu’on ne sçait que faire il faut faire n’y aiant point pour lors de faute si pernicieuse que l’inaction.

Nous n’avons pas la R.^[1] de la premiere main mais peut être de la dixieme.

Otés de l’esprit general d’une nation les sentimens d’honneur, de devoir, d’amour vous faîtes le même mal que quand vous ôtés a un particulier tous ces principes^[1].

Et quand vous aurés fait tout ce qu’il faut pour avoir de bons esclaves il ne vous restera plus que des mauvais sujets.

La France n’est plus au milieu de l’Europe c’est l’Allemagne