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1141

Rotrou, évêque d’Évreux, notifie la restitution aux moines de Coulombs par Roger le Bègue, frère de Goscelin Louveteau, de la villa des Authieux, à propos de laquelle Roger avait fait tort aux moines. Cette villa a été donnée aux moines par Héloïse la Recluse, sœur de Richard fils d’Herluin, et elle a été restituée par ledit Roger, libre de toute justice, exceptée celle de l’évêque, de toutes les corvées et les aides pesant sur les hommes pour construire ou réparer le fossé, l’enceinte et les bâtiments du château de Saint-André[-de-l’Eure]. Roger donne aux moines desservant l’église Sainte-Marie-Madeleine, dans l’enceinte dudit château, cinq muids de blé sur ses moulins à Garennes et il confirme le don de l’église de Saint-André fait par Jourdain, fils de Richard fils d’Herluin, et de l’église Saint-Germain de Fresney, donnée à l’abbé Roger.

Tableau de la tradition

Indication(s)

  • Acte perdu, connu par la copie faite au XVIIe siècle par Guillaume Laisné, prieur de Mondonville, de la table du « vieil cartulaire de Coulombs », BnF, ms fr. 24133, p. 134. Cette mention a été partiellement éditée par J. Depoin, Cartulaire de l’abbaye de Saint-Martin de Pontoise…, p. 345.

Dissertation critique

Roger le Bègue est seigneur de Grossœuvre et frère de Guillaume Louvel, seigneur d’Ivry (sur ce personnage, voir A. Le Prévost, Mémoire et notes…, I, p. 150 et II, p. 209). L’acte d’Héloïse la Recluse donnant la terre des Authieux aux moines de Coulombs, en 1066, est édité ibid., I, p. 149.
L’objet de cet acte est le même que celui du nº 28, connu par deux mentions dans un inventaire des titres de Coulombs. Si l’analyse du nº 18 et celles du nº 28 présentent des différences de précision sur certains points, elles concordent globalement, et il est tout à fait possible qu’elles renvoient en fait à un seul et même acte épiscopal. Elles fournissent cependant des dates discordantes (1141 pour le nº 18 et 1150 pour l’une des deux mentions du nº 28). Il est évidemment impossible de s’assurer que ces dates figuraient bien dans les actes en question. Si tel est le cas, il a effectivement existé deux actes différents sur le même sujet, à neuf ans d’intervalle. Si ces dates sont des suppositions ou des reconstitutions de ceux qui ont rédigé ces mentions, l’hypothèse d’un acte unique analysé à trois reprises, et dont la date serait indéterminée, demeure.
En admettant la date de 1141 ici, cette mention d’acte est la plus ancienne qui cite Richard Croc comme archidiacre d’Évreux (chronologiquement, l’attestation suivante de ce personnage dans cette fonction est le 8 décembre 1142, dans l’acte nº 19). Or un Richard Croc chanoine d’Évreux est mentionné dans un acte ne portant pas de date mais donné probablement en 1142 (nº 20). Il n’est pas certain qu’il s’agisse du même personnage que l’archidiacre Richard Croc, un chanoine de ce nom étant également attesté entre 1163 et 1165 (D. Spear, The Personnel of the Norman Cathedrals…, p. 142 et 159). Dans l’hypothèse où les deux Richard Croc ne seraient qu’une seule et même personne, chanoine puis archidiacre d’Évreux, et où, dans le cas d’un archidiacre, la désignation par la dignité capitulaire est censée primer sur la désignation comme simple chanoine, cela pourrait amener à questionner la date de 1141 proposée pour l’acte mentionné ici et à envisager une date plus tardive, au plus tôt en 1142. Cet acte est, en tout état de cause, antérieur au 16 décembre 1147, date avant laquelle Guillaume de Glos, ici archidiacre, devient doyen du chapitre d’Évreux (voir au nº 24).
La présente mention inclut des extraits du texte de l’acte, dans des limites qu’il est impossible de préciser. Seule l’incise portant l’adjectif possessif nostra renvoyant à l’évêque peut sans hésitation être identifiée comme étant copiée sur l’acte : elle est ici placée entre guillemets. Le sujet des deux verbes de la dernière phrase de la mention n’est pas explicite. Il pourrait s’agir soit de Roger le Bègue soit de l’évêque Rotrou, la première hypothèse étant la plus probable.
Le passage laissé blanc correspond à un mot illisible.
Carta Rotroci Ebroicensis episcopi data anno Domini 1141 coram Willelmo de Gloz, Richardo Croc, Rogerio de Brione, archidiaconis ; Philippo abbate Sancti Taurini Ebroicensis1Philippe, abbé de Saint-Taurin d’Évreux à partir de 1128. La date de la fin de son abbatiat est inconnue (V. Gazeau, Normannia monastica, II, p. 97). D’après cette mention d’acte, elle est postérieure à 1141., de calumnia quam Columbensibus monachis intulerat Rogerius Balbus, frater Gauslini Lupelli, ob villam que dicitur Altaria, datam ex antiquo dono Heluise Recluse, sororis Richardi filii Herluini. Et hac carta liquet dictum Rogerium Balbum restituisse Columbensibus monachis dictam villam liberam ab omni justicia, « excepta nostra », corveis et auxiliis hominum ad facienda et reparanda fossatam, sepes et palatia castri de Sancto Andrea. Et dat monachis Columbensibus Beate Marie Magdalene ecclesie in predicto castro servientibus quinque modios annone in molendinis suis apud Garennas, et confirmat donum ecclesie Sancti Andree factum a Jordano filio Richardi filii Herluini et ecclesiam Sancti Germani de Fussuei in favorem Rogeri abbatis […] ibi militis Hugonis de Ferreriis.

1 Philippe, abbé de Saint-Taurin d’Évreux à partir de 1128. La date de la fin de son abbatiat est inconnue (V. Gazeau, Normannia monastica, II, p. 97). D’après cette mention d’acte, elle est postérieure à 1141.