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1215, 14 décembre

L[uc], évêque d’Évreux, règle un conflit entre, d’une part, les chanoines de Saint-Antoine de Gaillon et, d’autre part, les titulaires de [l’église de] Saint-Aubin[-sur-Gaillon], G. de la Forêt et Barthélemy, neveu de Cadoc, châtelain de Gaillon, à propos des dépendances et des droits de l’église Saint-Antoine. L’évêque décide de ce règlement avec le conseil et l’accord dudit Cadoc, fondateur de l’église Saint-Antoine, et en présence de l’abbé de la Croix-Saint-Leufroy et de beaucoup d’autres, qui ont approuvé sa décision. Tous les revenus de l’église Saint-Antoine de Gaillon, qu’ils résultent d’un achat, d’une donation, d’un legs, ou qu’ils aient été acquis d’une autre manière, ainsi que les revenus qui seront acquis à l’avenir, sont réunis et mélangés de sorte à ne former qu’un seul ensemble. De cet ensemble, chacun des quatre chanoines présents, et ses successeurs après lui, percevra chaque année, au titre de sa prébende, dix livres, monnaie de Paris, dont la moitié à Noël et la moitié à la Saint-Jean-Baptiste. Ce qui restera de cet ensemble de revenus, ajouté au luminaire, sera affecté à l’usage commun. Par ailleurs, le chantre, ou l’un des quatre chanoines, ou celui qui aura la chanterie, percevra chaque année, à ce titre, soixante sous, monnaie de Paris, et un muid de froment à Tosny. Tout ce que pourra acquérir le chantre sera affecté à l’usage de la chanterie. Si le nombre de chanoines augmente jusqu’à sept, chacun d’entre eux percevra, au titre de sa prébende, cent sous de la monnaie ayant cours à Gaillon. Lesdits titulaires de [l’église de] Saint-Aubin, ou leurs vicaires, sont tenus de desservir alternativement l’église Saint-Antoine, chacun desservant une semaine sur deux. Le titulaire de la semaine, ou son vicaire, s’il accomplit la charge du service de l’église Saint-Antoine jour et nuit, profitera d’une part des revenus communs comme chacun des chanoines, pourvu toutefois qu’il ne célèbre pas la messe dans la chapelle située dans le château [de Gaillon] ou sur le grand autel de l’église Saint-Antoine. Les successeurs de ces titulaires n’auront aucune part des revenus communs à moins qu’ils ne desservent en personne l’église Saint-Antoine. Si le titulaire de la semaine réside à Gaillon, ses besoins pour la semaine seront pris en charge par les chanoines. Si ces derniers achètent des revenus, et si les titulaires de Saint-Aubin et les autres personnes ayant part aux revenus communs veulent contribuer à cet achat, en proportion de la part qui leur est attribuée, ceux-ci auront alors part aux profits de ce revenu. En revanche, s’ils ne participent pas à l’achat de ce revenu, ils seront exclus du partage des profits. Si un chanoine achète un revenu à ses propres frais, il pourra le donner à qui il veut sa vie durant, mais, après sa mort, ce revenu reviendra à l’usage commun. Les titulaires de Saint-Aubin ou leurs vicaires célébreront la messe en-dehors du chœur, sur leur propre autel, aux heures convenables, pourvu qu’ils n’empêchent pas l’office des chanoines. Ils auront les oblations et les offrandes faites à leur autel, sans que les chanoines en reçoivent quoi que ce soit. Les chanoines réserveront les oblations et les offrandes faites dans le chœur pour les besoins et les ornements de leur église ; s’il en reste quelque chose, la somme sera dépensée pour l’achat de revenus ou pour l’usage commun. Les chanoines et les titulaires de Saint-Aubin supporteront, en proportion de leur part respective, la charge et la dépense occasionnée pour accroître le droit de l’église Saint-Antoine de Gaillon. Les recteurs et les vicaires ou les chapelains de Saint-Aubin sonneront les deux cloches centrales dans l’église Saint-Antoine. En cas de besoin, ils seront en cela remplacés par les chanoines, lorsqu’ils desservent. Ceux qui administrent le patrimoine commun ou qui collectent les revenus seront tenus de rendre un compte du commun chaque année, à Noël et à la Saint-Jean-Baptiste, en présence des chanoines.

Tableau de la tradition

Original

  • A. Original perdu, encore conservé en 1870 aux Archives départementales de l’Eure, dans le fonds du chapitre Saint-Antoine de Gaillon, selon c.

Édition(s)

Indication(s)

Dissertation critique

Cadoc a reçu de Philippe Auguste le château de Gaillon, en récompense de sa fidélité. Il a fondé la communauté canoniale dont il est question dans cet acte en 1205, dans une chapelle voisine du château, dédiée à Notre-Dame et à saint Antoine (voir A. Le Prévost, Mémoires et notes…, II, p. 148-149).
Conformément aux conventions d’usage, les éditions du texte sont présentées, dans la tradition, dans l’ordre chronologique. Pour autant, b paraît plus fiable que a et c.

b corrigé de ac

b corrigé de ac
AdresseUniversis sancte matris EcclesieaEcclesie sancte matris aEcclesie sancte matris filiis,
IntitulationL.bLucas bcLucas Dei gratia Ebroicensis episcopus,
Salutsalutem in Domino.
NotificationNoverit universitas vestra quod,
Exposé cum causa verteretur inter canonicos ecclesie Sancti AnthoniicAntonii aAntonii de Gaillon ex una parte, et personas Sancti Albini G. de Foresta et Bartholomeum, nepotem domini Cadulci de Gaillon castellani, ex altera, de pertinentiis et ecclesie Sancti Anthonii juribus,
Dispositifnos, de assensu utriusque partis, mediante consilio et assensu Cadulci predicte ecclesie fundatoris, et presente et non contradicente abbate de Cruce Sancti Leufredi et multis aliis, pacemdpuram apuram inter eos in hunc modum reformavimusereformavimus in hunc modum areformavimus in hunc modum, videliquet quod universus redditus ecclesie Sancti AnthoniifAntonii cAntonii de Gaillon, tam ex titulo emptionis quam ex causa donationis, vel legati, vel alio modo acquisitusgacquisitionis acacquisitionis et imposterum acquirendushacquirendi acacquirendi, colligetur et in unum adducetur. Omnibus collectis et in unum adductis, unusquisque eorumdem canonicorum quatuor presentium, scilicet N. cantoris, M. P. de Platea, R. de Brisca et N. de Francia, pro prebenda sua decem libras parisiensesiSic abc, comprendre parisiensium, comprendre parisiensium singulis annis percipiet, similiter et eorum successores percipient, medietatem ad Natale Domini et reliquam medietatem ad festum sancti Johannis Baptiste ; quicquid vero residuum fuerit in dictis redditibus, luminari jecclesie ajouté après ce mot, cecclesie addito, communie cedet in usus. Preter hec autem, cantor, vel unus ex quatuor canoniciske canonicis quatuor ce canonicis quatuor, vel illelmanquant a qui cantoriam habebit, percipiet, nomine cantorie, singulis annis sexaginta solidos parisiensesi2Sic abc, comprendre parisiensium, comprendre parisiensium et unum modium frumenti apud TorniacummTerniacum aTerniacum, et quicquidnquidquid aquidquid poterit acquirere dictus cantor vel ejus successor in usus cedet cantorie. Si autem creverit numerusonumerus creverit anumerus creverit canonicorum usque ad septuarium numerumpmanquant a, singuli eorum percipient nomine prebende centum solidos monete currentis apud GallionemqGaillonem cGaillonem. Quin imorimmo aimmo due siquidem persone Sancti Albini, scilicet G. de Foresta et B.sBartholomeus aBartholomeus, nepos domini castellani, vel eorum vicarii, vicissim per hebdomadas suas ecclesie Sancti AntoniitAnthonii aAnthonii de Gallione tenentur deservire. Persona vero hebdomadaria vel ejus vicarius hebdomadarius, si sustinuerit onus servitii ecclesie Sancti Antoniit2Anthonii aAnthonii die ac nocte in ordine sacerdotali, sicut unus canonicorum fructuufructus cfructus sue communie congaudebit, dum tamen non celebret missam in capella sita in castello vel in majori altari ecclesie Sancti Antoniit3Anthonii aAnthonii. Successores autem personarum predictarum scilicet G. et B., nisi in propria deservierint persona, de cetero nullius communie beneficium participabunt. Persona vero hebdomadaria, si residenciam fecerit apud Gallionem, usum suum per hebdomadam suam istovin suo cin suo more habebitwalibi moram faciens, non habebit ajouté après ce mot, calibi moram faciens, non habebit. Si autem canonici aliquos redditus emere voluerint et potuerint, si persone Sancti Albini et alii communicarii, requisiti secundum portionem que eos contigerit, de suo ponere voluerint, similiter participabunt et communicabunt ; alioquin a communione illius emptionis excludentur. Si autem canonicus de suo proprio redditus comparaverit, ubi et cui voluerit sibi dare licebit in vita sua ; post mortem vero, redditus ad usum communie revertenturxrevertetur crevertetur. Predicte persone Sancti Albini vel eorum vicarii extra chorum, ad altare suumysuam csuam, missam celebrabunt hora competenti, vel missas, si opus fuerit, dum tamen officium canonicorum non impediant. Oblationes vero et conventiones que ad altare suum fientzfiant afiant sine participatione canonicorum habebunt. Canonici oblationes et conventiones que infra chorum offerentur ad usus et ornamenta ecclesie sue reservabunt ; si quid residuum fuerit, vel in emptione redditus velaaaut caut in emendos redditus, vel in usus communie expendeturabextendetur a, extendentur cextendeturextendentur. Et hoc sciendum est quod, in acquirendo jure ecclesie Sancti Anthonii de Gallione, canonici et persone Sancti Albini, respectu portionisacpassionis apassionis sue, onus et expensam, sicut et canonici, sustinebunt. Rectores Sancti Albini ac vicarii vel capellani Sancti Albini duas medias campanas in ecclesia Sancti Anthoniif2Antonii cAntonii pulsabunt, et, si adnon ajouté après ce mot, anon fuerit copia librorum, sufficienturaesufficienter csufficienter a canonicis, dum ministrant. Computum autem reddere communicarii seu receptores tenebuntur in Natali Domini, in termino Sancti JohannisafJoannis aJoannis Baptiste, communie, presentibus dictis canonicis vocatis.
Clause de corroborationEt ut hoc perpetuam obtineat firmitatem, presens scriptum sigilli nostri munimine confirmavi.
Date de tempsAnno Domini Mo CCo XVo, die vero XIVagdecima quarta a, XIIII cdecima quartaXIIII decembris.
(a) Ecclesie sancte matris a. — (b) Lucas bc. — (c) Antonii a. — (d) puram a. — (e) reformavimus in hunc modum a. — (f) Antonii c. — (g) acquisitionis ac. — (h) acquirendi ac. — (i) Sic abc, comprendre parisiensium. — (j) ecclesie ajouté après ce mot c. — (k) e canonicis quatuor c. — (l) manquant a. — (i2) Sic abc, comprendre parisiensium. — (m) Terniacum a. — (n) quidquid a. — (o) numerus creverit a. — (p) manquant a. — (q) Gaillonem c. — (r) immo a. — (s) Bartholomeus a. — (t) Anthonii a. — (t2) Anthonii a. — (u) fructus c. — (t3) Anthonii a. — (v) in suo c. — (w) alibi moram faciens, non habebit ajouté après ce mot c. — (x) revertetur c. — (y) suam c. — (z) fiant a. — (aa) aut c. — (ab) extendetur a, extendentur c. — (ac) passionis a. — (f2) Antonii c. — (ad) non ajouté après ce mot a. — (ae) sufficienter c. — (af) Joannis a. — (ag) decima quarta a, XIIII c.