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Pensées 1047 à 1051

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume II

1047

Que la haine que vous avés pour le mariage est juste ; la raison vous a fait sentir ce que l’experience seule peut faire connoitre aux autres.

Lorsque par des nœux solemnels

Deux fideles amans que meme ardeur anime

Vont s’unir l’un a l’autre aux yeux des immortels

L’amour est toujours la victime

Qu’on immole sur les autels

Vous sçavés bien qu’autrefois les gens du bel air ne se marioient point.

Vous connoissés Coriolan avec

Amadis Roger et Rolan

Quoiqu’amoureux quoique fideles

Il detestoitnt le sacrement

Et contents de plaire a leurs belles

Ils n’epousoient que leurs querelles

Vous voyés Madle qu’il ne faut point confondre les chaines de l’himen avec celles de l’amour, il ne faut point se {f.60r} marier, mais il faut aimer, et tout le monde doit être la dessus de meme religion.

Iris ne soyés point severe

Aimés soupirés nuit et jour

Le plus adorable mystere

Est le mistere de l’amour

Point de salut hors de Cythere.

Aimés sur ma parole Madle, je sçais ce qui en est

Goutés ce plaisir extreme

C’est la seule felicité

Il fait le bonheur des dieux même

Et leur ôte l’ennui de l’immortalité.

- - - - -

Main principale E

1048

Je suis desolé, figure toy que je suis encore dans l’ l’horible etat ou nous êtions quand nous nous separames, t’en souviens tu bien ma chere enfant ; ton trouble te permit il de t’apercevoir de tout le mien ; je ne te parle plus de ce jour que nous passames dans les larmes mais de ce cruel moment ou on nous arracha et la douceur de pleurer et la consolation de nous plaindre. Te souviens tu de cette Junon qui nous etudioit sans cesse et cherchoit nos soupirs jusques dans nôtre cœur ? Tu souviens tu de ce corsaire qui portait la cruauté {f.60v} jusqu’a vouloir nous rejoüir[.] que je souffris ! Encore si j’avois pu en te quittant te bien peindre mon desespoir j’aurois trouvé de la consolation a te faire voir que je ne suis pas indigne de tout ton amour, je crains toujours de ne t’avoir pas fait connoitre tout le mien je t’ay dit un million de fois que je t’aime avec fureur je crois toujours ne te l’avoir pas assés dit et je voudrois consacrer toute ma vie a te le redire mourir en te le disant :

- - - - -

Main principale E

1049

[Passage à la main M] Mon
Je disois un home qui a l’esprit present

Esprit présent

est un home qui a son bien en argent comptant, un home qui ne l’a pas est un home qui a son bien en terres.

- - - - -

Passage de la main E à la main M

1050

Plus l’art de la musique

Musique

a este rude et imparfait plus elle a fait des effets surprenans. En voicy je croy la raison ils avoient des instruments qui font plus de bruit et emeuvent et frapoient par là davantage des oreilles qui ne sont pas accoutumées a la musique, ou plustost a une musique meilleure qui plait plus quoy qu’elle emeuve moins. Mais quand cette musique nouvelle a comencé a plaire davantage la premiere a comencé a emouvoir moins.

- - - - -

Main principale M

1051

{f.61r} J’ay dans la tete (et pour cela il faudroit bien lire toutes les chroniques de France et de Normandie recueillies par Andre Duchesne[1]) que la Bretagne ne fut pas donnée toutte entiere aux Normans mais seulement le conté de pais de Nantes et ce qui environoit la Basse Loire

Voy mon  [...]

C’estoit une pratique constante chez les Normans de se saisir d’une isle a l’embouchure d’une riviere ou ils se fortifioint. De la ils portoint leurs brigandages par tout[3] mais les pais qui estoint pres de la partie basse du fleuve estoit[4] ruinés par preferance d’où je conclus qu’on leur donna d’abort la partie de la Bretagne

Bretagne

la plus ruinée il paroit meme par le pere Lobinau l. 3 : qu’il y avoit en meme temps des contes de Renes qui estoint restés, et il se pourroit de meme selon qu’on n’auroi le sentiment du P Lobinau, qu’on n’auroit donné d’abort a Rollon que la’une partie de la Normandie qui est aux environs de la come le diocese de Rouan et les terres voisines[5] et que le Cotentin avoit deja este doné aux Bretons car la partie orientale de la Normandie estant plus pres de l’embouchure de la Seine me paroit avoir du estre ravagee par preferance :

- - - - -

Main principale M


1051

n1.

Voir nº 650 ; André Du Chesne, Historiæ Normannorum scriptores Antiqui […], Paris, R. Fouët, N. Buon et S. Cramoisy, 1619 ; Historiæ Francorum scriptores coætanei ab ipsius gentis origine ad nostras usque tempora, A. Du Chesne (éd.), Paris, S. Cramoisy, 1636 – Catalogue, nº 2932.

1051

n2.

Spicilège, nº 572.

1051

n3.

Cf. Réflexions sur la monarchie universelle en Europe, OC, t. 2, p. 349, l. 157-159 ; EL, XXXI, 10, 32 ; sur la vision des invasions normandes par Montesquieu, voir Guildin Davy, « Les derniers conquérants. Les invasions normandes et la naissance de la Normandie chez Montesquieu, retour sur un “moment” historiographique », Annales de Normandie, nº 1, janvier-juin, 2010, p. 93 et suiv.

1051

n4.

Lire : estoint.

1051

n5.

Dom Gui-Alexis Lobineau, Histoire de Bretagne, Paris, veuve F. Muguet, 1707, t. I, liv. III, p. 79.