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Pensées 1109 à 1113

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume II

1109

J’aime les paisans

Paysans

ils ne sont pas asses scavans pour raisoner de travers

- - - - -

Main principale M

1110

Virgile

Enéide

 : inferieur a Homere come on scait par la grandeur et la varieté des caracteres[1] par l’invention admirable, egale par la beauté de sa poesie ses six premiers livres sont beaux, j’avoue que ses six derniers ne me font que peu bien moins de plaisir[2] je croy que les raisons en sont 1º que c’est trop que six livres depuis l’arrivée en Italie il falloit expedier cela dans un car il semble que des qu’Enée est arrivé tout est fini, Homere n’a pas fait cette faute Ulisse arrivé en Itaque le poeme finit presque d’abort, quoy que le lecteur brule d’aprendre coment il sera recu[3] le mariage de Lavinie est peu interessant pour {f.75r} le lecteur Lav et ne l’est pas plus que Lavinie meme dont le caractere est froit et mort bien different de celui d’Helene si merveilleux et par les avantures et par les quereles des deesses et par sa beauté Turn. Je sens que Turnus ne devoit pas estre veincu par Ænée c’est le poete qui a eu besoin qu’Ænée veinquit non pas Ænée qui ait reelement du veincre il y a me semble bien des refflections a faire sur Virgile en lui laissant tout le merite qu’il a et qu’on lui a si justement donné[4] :

- - - - -

Main principale M

1111

Histoire de France  si je la fais (j’avois songé a faire celle de Louis 14[1]) il faudra y mettre les principales [deux lettres biffées non déchiffrées] parties y mettre par tout les extraits des pieces plus ou moins longs, selon qu’elles seront plus interessantes. Au reste je croyois que je n’y réussirois pas moins bien qu’un autre, et mieux sur tout que ceux qui ayant eu part aux affaires sont devenus parties intéressées[2].

Histoire de France

Il y en a, me semble, mille exemples. Il me paroit que Cæsar dans les causes qu’il donne de la guerre civile est en contradiction avec Pompée mais je veux examiner cela[3] :

Voy. p 83[4] :

Main principale M

1112

{f.75v} Je n’ay point encor vu la lettre de Scaron

Scarron

ou il dit, je me souviens encore de cette fille qui vint ches moy qui avoit un jupon trop court de trois doits et qui pleuroit. Cela a esté imprimé m’a dit Mr de Fontenelle il faut voir les lettres de Scaron[1], il estoit etoné lui meme de l’avoir epousée il faut scavoir comme elle avoit passe de ches Scaron a la cour, elle alloit ches Ninon l’Anclos[2] on dit qu’elle descendoit de d’Aubigné qui a ecrit l’histoire[3].

- - - - -

Main principale M

1113

La plus part des gens qui meurent de la taille meurent de peur. L’abé de Louvoy par exemple son sa il fit le fanfaron mais son sang estoit si figé qu’il n’en vint point[1] :

- - - - -

Main principale M


1110

n1.

Montesquieu insiste à plusieurs reprises sur la grandeur et la variété des caractères peints par Homère (voir Pensées, nº 2179 ; BM Bordeaux, ms 2526/2a, dans OC, t. 17, à paraître). Pope affirmait déjà l’infériorité de Virgile à ce point de vue : « Virgile ne nous offre point des caractères décidés d’une manière si distincte, leur variété est presque imperceptible » (Traduction de la première partie de la préface de l’Homère anglais de M. Pope [1re éd. fr. 1718-1719], dans La Querelle des Anciens et des Modernes, XVIIe-XVIIIe siècles, A.-M. Lecoq (éd.), Paris, Gallimard, 2001, p. 571). Ce grief traditionnel contre l’épopée virgilienne se trouve par exemple dans la Digression sur les Anciens et les Modernes de Fontenelle (ibid., p. 304).

1110

n2.

Le jugement de Montesquieu est conforme à une opinion courante rappelée notamment par Segrais au début de ses « Remarques sur le septième livre » : « ces derniers Livres ne sont pas si estimez que les premiers, & on les lit beaucoup moins » (Jean Regnault de Segrais, « Remarques sur le septième livre », Traduction de l’Énéide de Virgile par M. de Segrais, Paris, D. Thierry et C. Barbin, 1681, t. II, p. 1). Voir aussi BM Bordeaux, ms 2526/2d, dans OC, t. 17, à paraître.

1110

n3.

Affirmation déconcertante, comme l’a souligné Salvatore Rotta (« L’Homère de Montesquieu », dans Homère en France après la Querelle, 1715-1900, F. Létoublon et C. Volpilhac-Auger (éd.), Paris, H. Champion, 1999, p. 146), puisque le retour d’Ulysse à Ithaque a lieu au chant XIII de l’Odyssée, qui en comporte 24.

1110

n4.

C’est sans doute en rédigeant ces remarques que l’idée est venue à Montesquieu de faire des extraits de lecture de l’Énéide et des Géorgiques (voir BM Bordeaux, ms 2526/2d et 2526/2c, dans OC, t. 17, à paraître).

1111

n1.

Ce projet, qui trouvera un début de réalisation plus loin (nº 1302), était d’abord restreint à l’histoire de Louis XIV, comme le rappellera l’article nº 1183 ; sur Louis XIV, voir nº 1122-1123, 1145.

1111

n2.

Sur les qualités nécessaires à l’historien, voir nº 1183. Si le désintéressement requis de l’historien est un lieu commun, on ne s’accorde pas, à l’âge classique, sur l’utilité d’une expérience des affaires publiques : Saint-Évremond, après Montaigne (II, 10), estime que le bon historien doit avoir l’expérience des grands emplois (Discours sur les historiens français, dans Œuvres mêlées, Paris, C. Barbin, 1689, p. 127 et suiv. – Catalogue, nº 2329). Il juge aussi nécessaire la connaissance du droit, tout comme Jean Bodin et François Baudouin. L’exigence de se référer à des monuments authentiques caractérise l’histoire érudite, telle que l’ont promue les historiens juristes de la seconde moitié du XVIe siècle (Pasquier, Pithou) ; voir Donald R. Kelley, Foundations of Modern Historical Scholarship. Language, Law, and History in the French Renaissance, New York – Londres, Columbia University Press, 1970, p. 241-300.

1111

n3.

Les raisons divergentes données par César et Pompée au conflit qui les opposa à partir de 48 av. J.-C. sont rappelées dans la Vie de César de Suétone (XXX, 1-3 – Catalogue, nº 2819 ter-2820, 2875-2879). Montesquieu possédait plusieurs éditions en latin des Commentaires sur la guerre civile, ou Guerre civile, de César, dont une de Scaliger (C. Julii Caesaris quae extant […], Leyde, Elzevir, 1635 – Catalogue, nº 2818), une autre de Grævius avec commentaires de Denys Vossius (C. Julii Caesaris (necnon et A. Hirtii) quae exstant, Amsterdam, P. et J. Blaeu, 1697 – Catalogue, nº 2819 ; voir aussi une édition de Genève, 1622 – Catalogue, nº 2817) et une traduction française par Perrot d’Ablancourt (Les Commentaires de César, Amsterdam, A. Wolfgang, 1678, nº 2819 bis).

1111

n4.

Nº 1183.

1112

n1.

Cette lettre de Scarron à Françoise d’Aubigné, la future Mme de Maintenon, écrite vers 1650, était incluse dans Les Dernières Œuvres de M. Scarron (Paris, G. de Luyne, 1663, t. I, p. 19-20).

1112

n2.

Anne dite Ninon de l’Enclos (1620-1705), célèbre courtisane, liée à Charles d’Aubigné, frère de Mme de Maintenon, fréquentait le cercle de Paul Scarron (Maud Cruttwell, Madame de Maintenon, Londres, Unwin Brothers, 1930, p. 31). Cette liaison compromettante était complaisamment soulignée par les détracteurs de la « veuve Scarron », comme Saint-Simon (Saint-Simon, t. II, p. 637).

1112

n3.

Mme de Maintenon (1635-1719) était la petite-fille d’Agrippa d’Aubigné, l’auteur des Tragiques (Catalogue, nº 2031), dont Montesquieu ne retient ici que l’œuvre historique (Histoire universelle, 2e éd., Amsterdam, pour les héritiers de Hier. Commelin, 1626 – Catalogue, nº 2905).

1113

n1.

La taille, intervention chirurgicale redoutée, visait à extraire les calculs rénaux (François Colot, Traité de l’opération de la taille, Paris, J. Vincent, 1727, p. 152 et suiv.). Camille Le Tellier, abbé de Louvois (1675-1718), mourut le 5 novembre 1718, taillé quelques jours plus tôt par Mareschal, premier chirurgien du roi, le dimanche 30 octobre : « Sa pierre, qui n’étoit pas plus grosse qu’un marron se rompit, et cela l’inquiète, lui et sa famille » (Journal du marquis de Dangeau, Paris, Firmin-Didot, 1854-1860, t. XVII, p. 411, 413 ; voir aussi Saint-Simon, t. VII, p. 311).