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Pensées 1275 à 1279

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume II

1275

La ga
{f.131v} La galanterie[1]

Galanterie

La bienseance manquée aux femmes a toujours êté la marque la plus certaine de la corruption des mœurs.
Il faut avoir bien de l’esprit pour de la galanterie et pour leur aprêter des conversations qu’elles puissent soutenir.
Les nations qui ont le plus abusé de ce sexe sont celles qui lui ont le plus epargné la peine de se deffendre.
Elles sont exposées a des insultes dont elles ne peuvent se garantir.

Main principale E

1276

A l’egart des grands autrefois, on n’avoit qu’a conserver la liberté ; aujourd’huy il est difficile d’allier la familiarité ou tout le monde vit avec les egards qu’il faut faire sortir de cette familiarité :

Main principale E

1277

Des conversations[1]

Les inconveniens dans lesquels on a coutume de tomber {f.132r} dans les conversations

Conversations

sont sentis de presque tout le monde je diray seulement que nous devons nous mettre dans l’esprit trois choses.
La 1ere que nous parlons devant des gens qui ont de la vanité tout comme nous et que la leur souffre à mesure que la nôtre se satisfait.
La seconde qu’il y a peu de verités assés importantes pour qu’il vaille la peine de mortifier quelqu’un et le reprendre pour ne les avoir pas connues.
Et enfin que tout homme qui s’empare de toutes les conversations est un sot, ou un homme qui seroit heureux de l’être.

Main principale E

1278

Genereuse action faite de nos jours.

Un roi du Nord[1]

Le pere du roy de Pruse

ayant donné un coup de canne a un officier de ses troupes cet homme desesperé se retira sans rien dire ; une demie heure aprés il revint avec un pistolet ; le presenta contre le prince ; et soudain le tourna contre lui. Quelle leçon ?

Main principale E

1279

{f.132v} De la fortune.

Il ne faut point decourager ce but ; il ne faut que décourager la plupart des moyens

Fortune

.
Je supose qu’il y eut sur la terre un moyen païs si heureux, que les charges les employs et les graces ne s’y donnassent qu’à la vertu et que les brigues et les voyes sourdes y fussent inconnues et qu’il y naquit un homme artificieux qui vint mettre en usage pour sa fortune de ces maneges qui nous paroissent si innocens ; cet homme ne seroit il pas regardé par tous les gens sensés comme un perturbateur de bonheur public, et comme l’homme le plus dangereux que cette terre eut pu produire.
En effet quelle satisfaction pour les gens de bien que de n’avoir à songer qu’à mériter, et d’être delivrés de l’embaras d’obtenir.
Ce qui fait que les gens de merite font plus rarement {f.133r} fortune que ceux qui en ont peu, c’est qu’ils s’en soucient moins

Gens de mérite

. Les gens de merite vont a la consideration independamment de la fortune ils sont aimés et estimés. La fortune ne leur paroit donc pas une chose si considerable qu’à ceux qui ne peuvent obtenir l’estime que dans un certain poste et qu’a force d’honneurs et de biens.

Main principale E


1275

n1.

Dans L’Esprit des lois, Montesquieu analysera le phénomène à la lumière de la typologie des gouvernements et de la notion de mœurs et d’esprit général : la galanterie caractérise l’éducation des monarchies (IV, 2) ; elle est corruptrice dans les républiques (VII, 8) ; composante de l’esprit de la nation française, elle est source de richesses (XIX, 5) ; son origine en souligne l’aspect civilisateur (XXVIII, 22) ; voir Carole Dornier, « Montesquieu et l’esthétique galante », RM, nº 5, 2001, p. 5-21 [en ligne à l’adresse suivante : http://montesquieu.ens-lyon.fr/spip.php?article327].

1277

n1.

Cf. nº 1014 et 1285. Théorisé avec brio par Madeleine de Scudéry (voir « De la conversation », Conversations sur divers sujets [1680], dans L’Art de la conversation, J. Hellegouarch (éd.), Paris, Garnier, 1997, p. 103-114), topos des traités relatifs à l’art de plaire (voir nº 1270, note 2), objet d’attention des moralistes comme La Rochefoucauld (« Réflexions diverses », IV, dans Maximes, J. Truchet (éd.), Paris, Garnier frères, 1967, p. 191-194) et La Bruyère (« De la société et de la conversation », dans Les Caractères, R. Garapon (éd.), Paris, Garnier frères, 1962, p. 152-179), l’art de la conversation détermine la qualité des cercles intellectuels et mondains du temps, comme celui de Mme de Lambert ou de Mme de Tencin, fréquentés par Montesquieu : voir Benedetta Craveri, L’Âge de la conversation [1re éd. en italien 2001], Paris, Gallimard, 2002, p. 276-308.

1278

n1.

Frédéric-Guillaume Ier, père de Frédéric II de Prusse ; sur ce personnage, voir nº 635, 701.