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Pensées 1315 à 1319

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume II

1315

{f.180r} On trouvera qu’en donnant mon jugement sur divers auteurs

Auteurs

je loüe plus que je ne critique. Je n’ai guêre donné mon jugement que sur les auteurs que j’estimois[1] n’ayant guêre lu autant qu’il m’a êté possible que ceux que j’ai cru les meilleurs.
D’ailleurs sans afficher icy de beaux sentimens j’ay êté si tourmenté toute ma vie par ces petits beaux esprits qui m’ont rompu la tête de leurs critiques de ce qu’ils ont mal lu, et de ce qu’ils n’ont pas lu, que je crois leur devoir en partie le plaisir singulier que je trouve à voir un ouvrage excellent a voir un ouvrage bon qui aprochera peut être de l’excellent, à voir même un ouvrage mediocre qu’on pourra rendre bon.
{f.180v} D’ailleurs j’avoüe je n’ay aucune predilection pour les ouvrages anciens ou nouveaux et toutes les disputes a cet egard ne me prouvent autre chose si ce n’est qu’il y a de très bons ouvrages et parmi les anciens et parmi les modernes.

Main principale E

1316

{f.181r} Les citations des avocats

Avocats

troublent l’esprit de decision au lieu de l’aider. Le bon sens nous dit que les faits sont soumis à l’autorité et non pas les choses de raisonnement. Par exemple on peut prouver qu’un trouble a êté fait, qu’un crime a êté commis par l’autorité des témoins, qu’un contract a êté passé par le sein du notaire public, qu’un homme est majeur par l’autorité des registres de baptême. Mais dés que vous entrés dans un raisonnement, il faut laisser l’authorité car pour que vous vous en pussiés servir il faudroit qu’il suivit comme une connoisssequance necessaire de ce qu’un autheur a pensé qu’une chose est juste, qu’elle le fut ; chose d’autant plus difficile à croire qu’il n’y a peut être pas deux opinions universellement reçües par les jurisconsultes.
{f.181v} Il faut beaucoup moins de peines à un jüge pour decider la question en elle même qu’à debroüiller toutes les authorités qu’on lui cite ; a oposer le fort au foible, a chercher les raisons qui ont pu determiner un auteur a donner une decision contraire à celle d’un autre ; de l’authorité qu’un certain autheur doit avoir dans le paÿs ou dans un autre ; enfin de la justesse de l’application qu’il en a faite.
Si un theologien payen en lisant Homere avoit voulu decider de cette fameuse querelle qui mit l’Asie en cendres, et juger qui avoit raison des Grecs et des Troyens et qu’il eut dit “je n’ay pas un esprit assés profond pour decider cette grande question mais il y a des intelligences plus parfaites que la {f.182r} mienne qui virent cette querelle dont plusieurs même se meslerent de les accomoder voyons ce qu’elles ont pensé et premierement si je savois le sentiment de Jupiter le pere et le plus grand des dieux je serois bien avancé mais par malheur il êtoit neutre.
Mais Junon la femme et la sœur de Jupiter et Neptune frere du même dieu êtoit pour les Grecs mais on ne peut pas dire que Junon et Neptune se fussent rangés de ce côté là par un esprit d’équité n’est il pas vrai que Junon vouloit se vanger de l’affront qui avoit êté fait a ses charmes et que Neptune qui ne vouloit pas avoir fait le metier de masson pour rien redemandoit ses salaires et d’ailleurs Mars et Venus {f.182v} etoient pour les Troyens mais à votre avis repliqueroit on un autre motif que celui de l’amour et de la reconnoissance a t il engagé Venus dans le parti des Troyens, et de plus êtes vous étonné que Mars suive les apas de Venus et combatte pour elle, mais voila Vulcain qui est pour les Grecs. C’est justement cela, repliqueroit-on ne voyés vous pas dans cette conduite les chagrins d’un mari jaloux et ce n’est pas sans raison qu’il l’est, mais nous avons Pallas pour nous disoient les Troyens je le croi leur repliqueroit-on il y avoit chés vous un bon gage de sa protection ; vous aviés le palladium [»].
On voit bien que de cette façon là on n’auroit jamais fini au lieu que si l’on prenoit la question en elle {f.183r} même il n’y auroit rien de plus simple un roi de Grece avoit une femme fort belle le fils du roi de Troye arrive chés lui et le fait cocu en arrivant il enleve cette femme le mari est assés bon pour la redemander les Troyens la refusent ce sont les Troyens qui ont tort.

- - - - -

Main principale E

1317

[Passage à la main M] Je disois il y a des gens aimables il y en a d’haissables et il y a une classe plus etendüe encor des gens insuportables.

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{f.183v} Une page blanche

Passage de la main E à la main M

1318

{f.184r} [Passage à la main E] En env En considerant les hommes avant l’établissement des societés

Puissance paternelle

on trouve qu’ils êtoient soumis à une puissance  que la nature avoit etablie, car l’enfance etant l’êtat de la plus grande foiblesse qui se puisse concevoir, il a fallu que les enfans fussent dans la dependance de leurs peres qui leur avoient donné la vie et qui leur donnoient encore les moyens de la conserver[1].
Cette dépendance qui ayant precedé toutes les conventions sembloit n’avoir de bornes dans son origine que l’amour des peres, s’est limitée de deux manieres : 1º par la raison des peres lorsque dans l’etablissement des societés ils l’ont bornée par les loix civiles : 2º par la nature parce que a mesure que les enfans sortent {f.184v} de la jeunesse les peres entrent dans la vieillesse et que la force des enfans augmente à mesure que le pere s’affoiblit le même amour et la même reconnoissance reste mais le droit de protection change.
Les peres êtant morts ont laissé les collateraux independans il a fallu s’unir par des conventions et faire par les loix civiles ce que le droit naturel avoit fait d’abord.
Il a fallu aimer sa patrie comme on aimoit sa famille il a fallu cherir les loix comme on cherissoit la volonté de ses peres.

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Passage de la main M à la main E

1319

[Passage à la main M] Ceux qui font ces pieces d’eloquence pour agrandir ou diminuer les choses, qui est ce qui voudroit avoir un

Eloquence

habit trop si grand ou trop si petit : ne vaudroit il pas mieux qu’il fut juste :

Passage de la main E à la main M


1315

n1.

Au XVIIe siècle, la critique des défauts était, à l’inverse, souvent jugée plus efficace que celle des beautés : voir par exemple les premiers paragraphes des Sentiments de l’Académie française sur la tragi-comédie du Cid de Chapelain, rédigés en 1638 (édités par Georges Collas d’après le manuscrit de la BNF, Paris, A. Picard, 1912, p. 1-3).

1318

n1.

Cf. nº 1267.