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Pensées 1561 à 1565

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume II

1561

Toutes les religions introduites a la Chine

Chine

ne sont point recües comme religions nouvelles mais comme suplemens à l’ancienne, Confutius en laissant le culte des esprits, a laissé une porte ouverte à ces suplémens.

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Main principale L

1562

Sts Peres

Tant de gens qui ont pris a la lettre les declamation des peres[1] se sont imaginés que toute l’attention des empereurs avoit êté occupée à empecher les progrés

Persécutions

de la religion chretienne, c’étoit la moindre de leurs affaires, à peine y pensoient-ils {f.450v} on a beau parler du credit des prêtres payens, ce credit etoit trés petit de lui meme, et les ouvrages de Lucien sont une preuve que les empereurs philosopes[2] les avoient decriés d’une facon à ne pouvoir jamais se relever[3], la plus part des persecutions etoient occasionées par des accidens particuliers, et il en devoit beaucoup arriver dans un empire où regnerent tant de tyrans. Nos ecrivains ont ramassé touts les faits et ont fait un corps d’histoire de toutes les souffrances des leurs : mais il est toujours vray de dire que dans un etat où une partie etoit sans cesse proscrite par une partie où la soif de l’or de la vengeance et deu sang faisoit qu’on ne cherchoit la plus part du tems que des coupables, la religion nene fut souvent plustot le pretexte que la cause de tant de meurtres.
{f.451r} Je sais bien que les premiers chretiens ne defendirent point leur cause propre, qu’ils rendirent temoignage non pas de leur innocence mais de leur foy, mais je dis que les empereurs n’avoient point de zele pour leur relligion, que la plus part etoient des monstres qui n’avoient aucun plan, que Neron ne voulut que rejetter sur eux ses crimes et sa folie[4] et que Diocletien même ne les persecuta d’abord que comme criminels d’etat[5] que Déce ne les persecuta que comme ayant ete attachés a Philipe[6], et Licinius[7] comme trop attachéz a Constantin et peut etre de même Galien Valere  et Maximin[8] que par jalousie de Constantin, et ce fut une occasion aux gouverneurs de faire mille {f.451v} injustices et d’écouter mille delations.

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Main principale L

1563

Dans le gouvernement despotique le commerce est fondé sur la necessité momentanée de ce que la nature demande pour se nourrir et pour se vêtir[1]

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Main principale L

1564

Deuteronome

Deut. c. 28. Reducet te dominus classibus in Egyptum, ibi venderis inimicis tuis in servos suos et ancillas et non erit qui emat[1]. Effectivement les Romains ne se soucioient pas beaucoup des juifs pour esclaves dit Egesippe[2], ainsi aprés la prise de Jerusalem, beaucoup à vendre peu d’achepteurs. Joseph dit qu’il en mourut douze mille de faim pendant qu’on separoit ceux qui travailloient aux travaux publics d’avec ceux qui devoient etre vendus[3]. * Il est impossible de presenter aux yeux des menaces et des promesses plus frapantes que celles {f.452r} du legislateur à moins d’employer celles de l’autre vie. Voy. le ch. 28 du Deut. sur la fin.

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Main principale L

1565

J’avais mis dans mon ouvrage (Le prince) Mr Zamega[1] parlant des princes politiques dit qu’ils ont toujours eü un caractere odieux dans l’histoire temoin Tibere Louis onze, Philipe second, la raison en est que rien n’est si oposé a la grandeur d’ame que la finesse

Finesse opposée a la grandeur d’ame

, et c’est la grandeur d’ame qui nous plait c’est pour cela, dit-il, que sur nos theatres un prince conquerant est souvent un personage favorable au lieu que l’on n’y fait jamais paroitre un prince politique que pour y attacher la heine.
La plus part des actions politiques {f.452v} n’excittent point notre surprise, ne peuvent servir de spectacle… Quand un sultan manque de parole nous sentons que c’est une action que nous pourrions faire aussi facilement que lui.
La finesse est une arme defensive c’est la resource des gens foibles et on ne peut souffrir qu’un prince employe cette resource dans le meme tems qu’il [lettres biffées non déchiffrées] use de sa puissance ce sont trop d’avantages dans une main.
La force peut etre utile aux hommes mêmes qu’elle sommet, elle peut etre utile aux vaincu comme au vainqueur. Il s’est evertué par la resistance même et s’est rendu par la semblable au conquerant ou digne de lui, mais la ruse

Ruse

n’est point utile aux hommes, il ne leur est point utile d’etre trompés ni de tromper

Voyes je vous prie combien on est attristé de voir un Mogol qui vous donne un b [...]

{f.453r} Mais la ruse avilit la nature humaine elle fait le vainqueur l’objet le sujet du mepris et le vaincü l’objet de la pitié.

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Main principale L


1562

n1.

Les Pères de l’Église.

1562

n2.

Lire : philosophes.

1562

n3.

Voir nº 21.

1562

n4.

Voir nº 186, note 1.

1562

n5.

L’indifférence religieuse des Anciens et l’explication politique des persécutions sont des arguments utilisés par ceux qui, à l’époque, voulaient fonder la tolérance sur un droit naturel et universel, comme Voltaire, qui aurait rédigé l’Examen important de Milord Bolingbroke entre 1736 et 1746, publié pour la première fois en 1767 : voir le chapitre XXVIII, « Des chrétiens depuis Dioclétien jusqu’à Constantin », argument repris plus tard dans les chapitres VIII et IX du Traité sur la tolérance [1763].

1562

n6.

Philippe l’Arabe, Marcus Julius Philippus, empereur romain de 244 à 249, favorable aux chrétiens (Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, VI, 34).

1562

n7.

Caius Flavius Licinius Licinianus, empereur romain de 308 à 324 ; il s’allia à Constantin dans une politique de tolérance à l’égard des chrétiens puis reprit les persécutions.

1562

n8.

Valérien (« Valère »), Publius Licinius Valerianus, empereur romain de 253 à 260, avait déclenché une persécution en 257-258 ; Maximin II Daïa, empereur de 307 à 313, poursuivit la politique de répression envers les chrétiens.

1563

n1.

Cf. EL, V, XIV : Derathé, t. I, p. 69.

1564

n1.

« Le Seigneur vous fera ramener par mer en Égypte, […]. Vous serez vendus là à vos ennemis, vous pour être leurs esclaves, et vos femmes pour être leurs servantes, et il ne se trouvera pas même de gens pour vous acheter », Deutéronome, XXVIII, 68 (La Bible, I. Le Maître de Sacy (trad.), Paris, R. Laffont, 1990).

1564

n2.

Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, III, 20, § 5. Montesquieu interprète la phrase d’Hégésippe citée par Eusèbe, à propos de l’arrestation des petits-fils de Jude, dénoncés comme de la race de David : « il [Domitien] les renvoya libres » (nous traduisons, d’après la version latine « liberos illos quidem dimisisse », dans Ecclesiasticæ historiæ scriptores Græci, Genève, P. de La Rovière, 1612, p. 65 – Catalogue, nº 206).

1564

n3.

Flavius Josèphe, Guerre des juifs, VI, 9, § 2, 414.

1565

n1.

Voir nº 526, note 1 et nº 540, 2002.

1565

n2.

Le fait ne se trouve ni dans les relations de Bernier, Tavernier, Du Plan Carpin, ni dans la Description géographique, historique, chronologique, politique et physique de l’empire de la Chine et de la Tartarie chinoise du père Du Halde, sources de Montesquieu sur les Moghols, ni dans la Bibliothèque orientale […] d’Herbelot.