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Pensées 21 à 25

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

21

18


Secte d’Epicure
Christianisme

La secte d’Epicure a beaucoup contribué a l’établissement du christianisme car en faisant voir la stupidité du paganisme et les artifices des prêtres elle lais laissoit sans religion des gens accoutumés a un culte quoique les chretiens fussent ennemis mortels temoin Lucien qui epicurien ou a peu prés[1] invectiva cruellement les chretiens[2], cependant les uns et les autres etoient traités par les prêtres payens comme ennemis, comme profanes, comme athées, ils y mettoient seulement cette difference qu’ils ne persecutoient pas les epicuriens {p.16} parce qu’ils ne brisoient point les statuës et qu’ils n’avoient que du mepris non pas de la haine pour la religion dominante.
Lors donc que les chretiens attaquerent les erreurs payennes ce fut un grand avantage pour eux de parler la langue de la secte d’Epicure[3] et lorsqu’ils etablirent leurs dogmes c’en fut encor un tres grand de parler celle de la secte de Platon[4], mais c’est gratuitement que nous avons pris le jargon d’Aristote et je ne sçache pas que nous y ayons jamais rien gagné

- - - - -

Main principale D

22

19

Miracles

L’idée des faux miracles vient de notre orgüeil qui nous fait croire que nous sommes un objet assés important pour que l’etre supreme renverse pour nous toute la nature qui nous fait regarder notre nation notre ville ou {p.17} notre armée comme plus chere à la divinité, ainsi nous voulons que Dieu soit un etre partial qui se declare sans cesse pour une creature contre l’autre et se plait a cette espece de guerre ; nous voulons qu’il entre dans nos querelles aussi vivement que nous et qu’il fasse a tous momens des choses dont la plus petite mettroit toute la nature en engourdissement. Si Josué qui veut vouloit poursuivre les fuyards veut eut demende que Dieu arrêteat le reelement le soleil, c’est a dire qu’il il auroit demandé d’etre aneanti lui même, car si le soleil s’arrête reellement et

Cet exemple est mal cite car on ne peut guere entendre la l’Ecriture qu’a la lettre[1].

non pas de la maniere dont on l’explique il n’y a plus de mouvement, plus de tourbillon, plus de soleil, plus de terre, plus d’hommes, plus de Juifs, plus de Josüe[2]

- - - - -

Main principale D

23

[Passage à la main M] 20

Les dieux sont egalement chargés du {p.18} soin de touts les homes ils rameinent les grands a l’egalité par les malheurs

- - - - -

Passage de la main D à la main M

24

21

Cheval consul

Quand Commode fit son cheval consul[1] il se fit un grand affront, il otta l’illusion des dignités et meme de la sienne

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Main principale M

25

22

Les loix ordonnent ou defendent trop de choses

Ce nombre infini de choses qu’un legislateur ordone ou deffend rendent les peuples plus malhureux et non pas plus raisonables il y a peu de choses bones peu de mauvaises et une infinite d’indifferentes[1].

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Main principale M


21

n1.

Dans Alexandre ou le Faux Prophète, Lucien semble marquer une prédilection pour l’épicurisme qui invite à se débarrasser des grossières impostures et croyances du paganisme (XXV, 17-23), mais dans Le Pêcheur ou les Ressuscités et l’Hermotimos il manifeste beaucoup de défiance à l’égard de toutes les prétentions philosophiques. Montesquieu possédait les œuvres de Lucien dans une version bilingue, grec-latin, et dans la traduction de Perrot d’Ablancourt (Bâle, 1663 – Catalogue, nº 1907 ; et Paris, 1686 – Catalogue, nº 1908).

21

n2.

Dans La Mort de Pérégrinus, Lucien présente les chrétiens comme des naïfs, facilement dupés par les imposteurs (XI-XIII).

21

n3.

Origène, dans sa critique des oracles païens, s’appuyait sur des références épicuriennes (Contre Celse, VII, 3).

21

n4.

Pour se doter d’une théologie systématique et savante, les premiers Pères de l’Église, en particulier Origène, empruntent leurs concepts à la philosophie platonicienne, qui influence beaucoup saint Augustin (Confessions, liv. VII).

22

n1.

Selon Dom Calmet, qui s’appuie sur la suite du texte biblique (« On ne vit jamais, et on ne verra jamais un jour de si longue durée, Dieu ayant bien voulu obéir à la voix d’un homme », Commentaire littéral sur tous les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, Paris, P. Emery, 1711, t. IV, p. xj), l’épisode de Josué ne peut s’interpréter que littéralement.

22

n2.

Josué, X, 12-13. Cet épisode biblique a été fréquemment évoqué dans les débats sur la concurrence entre vérité des Écritures et astronomie copernicienne et par les adversaires de l’interprétation littérale. Dom Calmet, dans son Commentaire littéral sur tous les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, a placé une Dissertation sur le commandement que Josué fit au Soleil et à la Lune de s’arrêter, qui récapitule les interprétations contestant la signification littérale de l’épisode et le miracle, celles de Maimonide, de Grotius, de Spinoza et de Le Clerc (Paris, P. Emery, 1711, t. IV, « Josué, Les Juges et Ruth », p. vij-xxj – Catalogue, nº 7). Dans les Lettres persanes où sont évoquées les « Loix generales, immuables, éternelles, qui s’observent sans aucune exception » (LP, 94 [97], p. 392-393), Usbek niait implicitement tout miracle.

24

n1.

Confusion probable avec Caligula qui aurait voulu faire consul son cheval Incitatus (Dion Cassius, Histoire romaine, LIX, 14 ; Suétone, Caligula, LV).

25

n1.

Cf. nº 84, 85. Dans L’Esprit des lois, Montesquieu soulignera, à propos de la nécessaire complémentarité entre lois religieuses et lois civiles, que « […] les Loix qui font regarder comme nécessaire ce qui est indifférent, ont cet inconvénient, qu’elles font considérer comme indifférent ce qui est nécessaire » (XXIV, 14).