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Pensées 1735 à 1739

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.
Q : 1750-1751.
S : 1754-1755.
V : 1754.

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Pensées, volume III

1735

Qu’on examine bien le sort des grandes monarchies qui aprês avoir etonné par leurs forces ont etonné par leur foiblesse. C’est que lorsque dans la rapidité du pouvoir arbitraire ou despotisme il reste encore une eteincelle de liberté un etat peut faire de grandes choses parce que ce qui reste des {f.52v} principes est mis en action, mais lorsque la liberté est entierement perdüe apres un tel degré de force on voit un egal degré de foiblesse, c’est que l’amour des choses bonnes, et des choses grandes n’est plus. C’est que dans chaque profession il est etabli, que dijs je il est quelque fois ordonné de ne la point faire, qu’on est decouragé en general et qu’on est decouragé en detail que la noblesse est sans sentimens, les gens de guerre sans interest, les magistrats sans zelle, les bourgeois sans confiance, le peuple sans espoir. Chose singuliere tout roule, et tout est dans l’oisiveté, chaque citoyen à un etat, et personne n’a de profession. De chaque sujet on veut le corps, et non l’esprit et le coeur {f.53r} c’est pour lorsqu’une monarchie montre toute sa foiblesse, et qu’elle en est surprise elle même.

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Main principale P

1736

Une preuve de ce que je dis c’est que les nations chez lesquelles l’ignorance est etablie par un tribunal particulier sont aussi celles qui ont fait les plus grandes fautes en fait de politique et cela ne peut pas etre autrement. Quand ceux qui sont gouvernés sont dans l’ignorance, il fauderoit[1] que ceux qui gouvernent eusent à chaque instant une inspiration particuliere pour n’y etre pas eux mêmes, puisqu’ils sont du corps de la nation ; et qu’ils ne sont pas ce que Caligula pretendoit etre, des bergers qui ont de l’intelligence qui conduisent des troupeaux qui n’en n’on pas[2]. {f.53v} Quand on considere la pluspart des hommes de notre nation, on est toujours dans l’admiration de voir tant d’esprit et si peu de lumieres, des bornes si etroites avec tant de force pour les passer.

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Main principale P

1737

Je lisois dans la Ciropedie que Cyrus rejetta l’usage des ces chariots venus de Troye dont on se servoit dans les combats parce que pour un seul combatant il falloit… hommes et… chevaux[1]. En lisant cecy je faisois cette reflexion, sans ces chariots de Troye nous n’aurions pourtant pas eu le poeme d’Homere qui consiste tout dans les actions et les discours de ces heros sur ces chariots par le moyen desquels ils sont toujours {f.54r} distingués de la populace de l’armée. Pour un bon poëme epique il est indiferent que l’armure generale soit bonne pourveu que celle des personnages principaux le soit.
De même le sistheme de la chevalerie

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1738

Des brebis pour monoye comme firent d’abord les Romains

D’ou viennent les mots de peculium et de peculatus[1].

, mais depuis que les mahometans ont fondé des empires, [lettre biffée non déchiffrée] cette loy y detruit le commerce qui s’y trouve ruiné par la relligion et par la constitution de l’etat.
La loy de Mahomet qui confond le prest avec l’usure etoit bonne pour les pays d’Arabie, et etoit bonne comme la loy des juifs qui fut donnée dans ce pays. Les Arabes ne connoissoient connoissent guêres l’argent, ils font leurs payemens en bestiaux comme font encore les Tartares.

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Main principale P

1739

{f.54v} Sur le credit public dans le gouvernement populaire

Ceux qui gouvernent sont ordinairement plus menagers de l’argent public, parce qu’ils le sont plus du leur, ils ont moins de passions, moins de phantaisies, et par consequant moins de besoins.
Dans le gouvernement d’un seul la ruine du credit public peut venir d’une action imprudente, d’un avantage momentané, ou d’un mauvais conseil. Dans le gouvernement populaire elle vient du desespoir de ceux qui voient la chute de la republique. On se sauve dans l’esquif parce que le navire va perir.

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Main principale P


1736

n1.

Lire : faudrait.

1736

n2.

Caligula avait fait mourir ceux qui, comme Macron et Silanus, prétendaient l’éduquer et le conseiller et il déclara, selon Philon d’Alexandrie, dans son traité Légation à Caïus, ou Des vertus : « Tout ainsi que les pastoureaux des animaux, comme bouviers, chevriers, bergers, ne sont ny bœufs, ny chevres ny agneaux : ains sont hommes, d’une meilleure condition & qualité ; aussi faut penser que moy, qui suis le gouverneur de ce tresbon trouppeau d’hommes, suis different des autres, & que je ne tien point de l’homme, mais d’une part plus grande et plus divine » (Œuvres de Philon, P. Bellier (trad.), Paris, C. Chappellain, 1612, p. 1049 – Catalogue, nº 367).

1737

n1.

Xénophon, Cyropédie, VI, 1, 27-29 : Cyrus comptait, pour un combattant par char troyen, un conducteur et quatre chevaux. Il mit en usage des chariots à tour.

1738

n1.

Festus explique l’étymologie de pecunia, peculatus et peculum (du lat. pecus, troupeau) par l’usage du paiement en bétail, en particulier pour s’acquitter d’une amende punissant un vol commis aux dépens du Trésor public (peculatus), avant l’usage de la monnaie métallique (M. Verrii Flacci quae extant. Sex. Pompei Festi de verborum significatione libri XX. Et in eos Josephi Scaligeri Jul. Caesaris filii castigationes nunc primum publicatæ, [Genève], P. Santandreanum, 1575, p. CLIV – Catalogue, nº 1873-1874, rééd. de 1593) ; Montesquieu a mentionné la fixation de la valeur du sou en bétail dans la loi des Saxons (EL, XXII, 2).