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Pensées 1815 à 1819

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.
Q : 1750-1751.
S : 1754-1755.
V : 1754.

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Pensées, volume III

1815

Des loix dans le raport qu’elles ont avec c cette partie de la police qui entre dans l’administration politique.

Nos etats mediocres font que les hommes se conservent malgré la vexation et passaeent d’un pays à un autre, au lieu que dans les grands etats les hommes et les peuples perisent sans resource, ils sont envelopés dans la tiranie.
De plus les princes ne croient {f.85v} rien perdre. Je citeray entre bien des exemples l’action d’Auguste qui donna a ses soldats tous les biens de dix huit ou vingt villes d’Italie dont il ne pouvoit pas même se plaindre[1]. Les Romains se jugeant etre le monde entier croioient ne rien perdre en detruisant des villes, ils pensoint ne faire autre chose qu’otter a leurs sujets pour donner à leurs sujets, sans se priver des uns ni des autres, aujourd’huy nous voions tres bien que quand nous ruinons une de nos villes, c’est comme si nous l’avilions batir chez nos enemis.

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Main principale P

1816

{f.86r} De la grandeur de la capitale

Une ville trop grande est extremement pernicieuse dans une republique, les moeurs s’y corompent toujours ; lorsque vous faites entrer un million d’hommes dans un même lieu on n’y peut plus exercer que cette police, qui donne du pain à un cytoi citoyen et qui l’empesche d’etre egorgé, metez les hommes ou est le travail, et non pas ou est la volupté
Dans les etats despotiques la capitale s’agrandit necesairement, le despotisme qui presse et pese plus dans les provinces determine tout vers la capitale, c’est en quelque facon le seul azille qu’il y ait contre la tiranie des gouverneurs, le prince y est {f.86v} un astre singulier, il echaufe de pres et brule de loin, le malheur est que tant de monde ne s’y assemble que pour perir tout a la fois par une guerre, des maladies, une famine, dans cet etat tous les princeip principes sont destructeurs et toutes les consequances.
La plus deplorable scituation est lorsque la capitale qui attire tout le monde des provinces se detruit de son coté. Constantinople

(Madrid [...]

est dans ce cas. Les maladies epidemiques que l’on y neglige font perir le peuple, on a beau y amener des colonies la ville n’augmante pas[2].
Dans une monarchie la capitale peut augmanter de deux manieres, ou parce que les richesses des provinces y attire des {f.87r} habitans, c’est le cas ou est un certain royaume maritime[3], ou parce que la pauverté[4] des provinces les y envoie[5], dans ce dernier cas si l’on n’a l’oeil sur les provinces le tout sera egalement ruiné (voiez 1er vole Mes pensées p 223[6]. Les raisons pourquoy les villes d’Azie peuvent etre plus peuplées.)
Une monarchie qui a des regles et des loix n’est pas ruinée par la capitale, elle peut même en tirer sa splendeur. Le prince à mille moyens pour remettre l’equilibre et ramener le peuple dans les provinces et pour ne parler que de ceux qui viennent d’abord dans l’esprit, qu’il diminue dans les provinces ces imposts sur les denrées et qu’il les augmante dans la capitale, qu’il laisse finir les affaires dans les tribunaux des provinces {f.87v} sans les appeller sans cesse a ses conseils ou à des tribunaux particuliers, qu’il renvoie en leurs postes tous ceux qui ont des emplois et des titres de quelque espece qu’ils soient dans les provinces, et qu’il fasse cette reflexion que plus il y à de gens qui quittent un lieu, plus de gens encore desirent d’en sortir, parce que ce qui reste à moins d’agremens.
Il y a dans la ville de Naples cinquante mille hommes qui n’y font absolument rien, ces miserables ruinent les provinces parce qu’ils n’y sont pas, ils ruinent la ville capitale parce qu’ils y sont[7].
Souvent des etats qui paraisent tres florissans se sont trouvés tres foibles {f.88r} les hommes y etoient mal distribués, et pendant que les villes y regorgoint d’habitans inutiles la campagne manquoit de ceux qui sont necesaires, effet malheureux que la prosperit prosperité même produit.

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Main principale P

1817

Propagation de l’espece

Elien cite une loy des Thebains qua capitis poena sancitur civi infantem exponenti, aut in solitudinem abjicienti[1], et si un homme etoit si pauvre qu’il ne put nourir son enfant, il devoit des qu’il etoit né le porter aux magistrats qui le donnoient a nourir a un homme qui en devenoit le maitre.
* Cette loy à èté etablie en Ecosse.

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Main principale P

1818

{f.88v} Romains

On peut exterminer par les loix, comme on extermine par l’epée. En 150 ans de tems les empereurs romains detruisirent toutes les anciennes familles romaines. Une de leur plus grande tiranie fut celle de leurs loix[1].

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1819

Leze majesté[1]

Juris consulte Paulus[2]. Poena legis corneliæ plectendum esse ait quis quis monetamque effigiem principis impressam haberet, nec adulterina esset accipere detractaret[3]. C’est que comme observe Ammien Marcellin, sitot qu’un prince etoit elu, l’usage etoit de faire battre de la monoye en son nom[4].
* La loy de Constantin qui condamnoit au feu ceux qui refusoient sa monoye, regarda[5] peut etre que ce crime, auroit quelque raport avec celuy de leze majesté[6].

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Main principale P


1815

n1.

En 43 av. J.-C., pour récompenser les vétérans de la victoire de Philippes, les triumvirs firent établir la liste de dix-huit villes italiennes à leur distribuer, dont deux furent épargnées par Octave (Appien, Les Guerres civiles, IV, 3, 86 ; V, 22) ; les drames provoqués par les expropriations et les expulsions des anciens propriétaires de Gaule cisalpine ont été évoqués par Virgile (Bucoliques, I et IX).

1816

n1.

Il s’agit de l’article nº 1679.

1816

n2.

Cf. LP, 110 (114), p. 441, l. 50-54 ; 117 (121), l. 16 ; manuscrit 2506/8 (4), « Du transport des peuples », f. 13, dans CM, nº 7, 2001, L’Atelier de Montesquieu. Manuscrits inédits de La Brède, C. Volpilhac-Auger (éd.), p. 100.

1816

n3.

L’Angleterre.

1816

n4.

Lire : pauvreté.

1816

n5.

C’est le cas d’une « monarchie qui conquiert autour d’elle » (EL, X, 9).

1816

n6.

Nº 300, p. 323 du manuscrit (et non 223).

1816

n7.

Voir Voyages, p 307, 312 ; Romains, XIV, p. 198.

1817

n1.

« Il est défendu chez eux sous peine de mort d’exposer les enfants, ou de les abandonner dans un désert » (Élien, Variétés historiques, II, 7). Le texte d’Élien ne mentionne pas la peine de mort. Sur la façon de « régler le nombre de citoyens » chez les Grecs, voir EL, XXIII, 17 ; voir aussi, sur l’exposition des enfants, ibid., XXIII, 22.

1818

n1.

Cf. Romains, XIV, p. 194, l. 16-18.

1819

n1.

La question est traitée au livre XII de L’Esprit des lois (7-10).

1819

n2.

Julius Paulus, jurisconsulte du IIIe siècle, de la génération d’Ulpien, auteur de nombreux traités de droit (86 écrits répartis en 319 livres), souvent cité dans le Digeste. La citation qui suit est extraite des Sentences à son fils.

1819

n3.

« Sera puni des peines portées par la loi Cornelia […], quiconque […] a refusé de recevoir la monnaie portant l’empreinte des têtes d’empereurs, à moins que ces empreintes ne soient fausses » (Julii Pauli Sententiarum receptarum ad filium, V, 25, § 1, dans Le Trésor de l’ancienne jurisprudence romaine, A.-G. Daubanton (trad.), Metz, C. Lamort, 1811, p. 267-268).

1819

n4.

Allusion aux menées des agents de Procope l’Usurpateur, empereur en 365-366, qui répandirent des pièces à son effigie (Ammien Marcellin, L’Histoire romaine, XXVI, 7, § 11).

1819

n5.

Regarder, suivi d’une complétive, au sens de considérer : voir Académie, 1694, art. « Regarder ».

1819

n6.

Digeste, liv. XLVIII, titre 10, sect. IV, 43.