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Pensées 1898 à 1902

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.
Q : 1750-1751.
S : 1754-1755.
V : 1754.

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Pensées, volume III

1898

{f.133r} Despotisme

On dit que le rebelle Mevis[1] fait en Perse des progrés etonnants et que le peuple le suit de toutes parts.
Nos princes ont jusqu’ici exercé leur pouvoir avec si peu de retenüe, ils se sont si fort joué de la nature humaine que je ne m’etonne pas que Dieu permette que les peuples se lassent et secouent un joug trop appesanti. Malheureuse condition des sujets, ils n’ont presque point de voye legitime pour se deffendre de la vexation, et quand ils ont raison dans le fond, il se trouve qu’ils ont tort dans la forme
Prends au hazard l’histoire de {f.133v} quelque trouble d’etat, il y a à parier mille contre un que le prince ou son ministre en sont la cause, le peuple naturellement craintif et qui a raison de l’être bien loin de songer à attaquer de front ceux qui ont une puissance redoutable dans leurs mains, a même de la peine à se determiner à se plaindre
Nous sommes en Perse si persuadés de cette maxime que nous en faisons un usage continuel, dans les démêlés qui arrivent dans les provinces
La cour decidra toujours pour le peuple contre ceux qui ont l’autorité du prince.
En effet l’autorité despotique ne se {f.134r} doit jamais communiquer, les ordres arbitraires ne doivent point etre executés arbitrairement, et il est de l’interêt d’un prince injuste que celui qui execute ses volontés même les plus tyranniques observe dans la maniere de les executer les regles de la justice la plus exacte.
Dans les etats despotiques on est pour le peuple contre le gouverneur ou l’intendant, c’est tout le contraire dans les etats monarchiques.

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Main principale Q

1899

Du gouvernement militaire

Le gouvernement militaire s’etablit de deux manieres ou par la conquête faite par une armée qui veut toujours {f.134v} rester en corps d’armée, tel qu’est aujourd’huy le gouvernement d’Alger[1] ou bien il est l’excés de l’abus du gouvernement despotique et pour ainsi dire la corruption de ce gouvernement
Le gouvernement est encore toujours militaire dans l’interval qu’il y a entre le renversement du gouvernement civil et l’etablissement d’un autre gouvernement civil, come fut le gouvernement de Rome depuis l’usurpation de Silla jusqu’à son abdication, et depuis le triumvirat jusqu’à l’etablissement d’Auguste, et enfin depuis la subversion de cet etablissement Rome devint un {f.135r} empire qui detruisoit ses propres villes en donnoit le saccagement et la destruction pour la solde de ses soldats. Comment la payer dans la suite ? C’est ainsi qu’en agirent… C’est ainsi qu’on agit dans la guerre civille entre Vespasien et Vitellius lorsqu’on donna le saccagement de Verone aux soldats[2].
Dans le triumvirat ne promit on pas le saccagement de trois villes. Voir cela.

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Main principale Q

1900

Ceci a été oté pour raison du chapitre 24 du livre 26 des loix considerées dans l’ordre &ca.
Que s’il arrivoit qu’un etat {f.135v} s’abandonnât lui même et ne fit point de loi politique pour conserver son independance, ou prevenir le partage et qu’une telle negligence put mettre les autres nations en peril, il ne faut pas douter que dans ce cas il ne fallut regler cette succession non pas par la loi politique, mais par le droit des gens qui veut que les diverses nations fassent tout ce qu’elles peuvent pour se conserver et qui ne souffre par que leur ruine depende de la negligence d’une nation particuliere[1]

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Main principale Q

1901

{f.136r} Plumes venales

Des plumes venales à un ministere qui n’en a pas besoin ont pretendu prouver en France que malgré les acquisitions de tant de provinces, l’etat n’y levoit pas plus[1] aujourd’hui que sous Francois 1er (voir cela) si cela étoit vrai cela prouveroit une grande servitude[2], mais cela n’a pas été dit pour l’aprouver mais pour l’etablir.
Malheureux ecrivains present le plus funeste que puisse faire aux rois la colere celeste[3].

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Main principale Q

1902

Conquêtes

Les conquêtes otent naturellement la {f.136v} faculté de conquerir, je regarde un conquerant come un jeune homme ardent dans un serrail qui fait tous les jours de nouvelles acquisitions aux depens des premieres, jusqu’à ce qu’elles lui deviennent toutes inutiles.

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Main principale Q


1898

n1.

Voir nº 885 ; l’exemple de l’Afghan Mir Vais, comme le souligne la première personne du pluriel (« Nos princes », « Nous sommes en Perse »), illustre une réflexion sur le despotisme initialement prévue pour les Lettres persanes (voir LP, p. 608-609).

1899

n1.

Voir nº 1690 et 1772.

1899

n2.

Il s’agit du sac de Crémone, et non Vérone, promis aux soldats pour raviver leur ardeur au combat ; voir Tacite, Histoires, III, 28.

1900

n1.

Cet article est à rapprocher du chapitre 23 du livre XXVI de L’Esprit des lois, qui affirme le droit d’un État et d’un peuple à se conserver.

1901

n1.

Comprendre : plus d’impôts.

1901

n2.

La remarque s’explique par cette règle formulée dans L’Esprit des lois : « On est forcé de modérer [les tributs] à mesure que la servitude augmente » (XIII, 12).

1901

n3.

Cf. Racine, Phèdre, IV, 6, v. 1325-1326 ; Montesquieu a remplacé « Détestables flatteurs » par « Malheureux écrivains ».