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Pensées 1908 à 1912

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.
Q : 1750-1751.
S : 1754-1755.
V : 1754.

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Pensées, volume III

1908

Engagement du prince et des sujets

Grotius a dit (Ouvrage des savants par Basnage nº. 1688 art 7.)[1] que la rebellion des sujets n’est point une {f.142v} raison valable pour les exclurre par forme de dedomagement des avantages d’une convention précedente parce que le retour à l’obeissance efface l’injure, j’ajoute que cela ne pourroit avoir lieu que dans les contrats qui ne sont pas reciproques et dans les cas où un prince donneroit tout sans reçevoir rien, sans cela une des deux parties seroit seule juge d’un engagement mutuel, ce qui en detruiroit la nature ; d’ailleurs cet engagement mutuel étant fait pour toujours durer, la punition d’un crime contre cet engagement n’en doit pas être la destruction.

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Main principale Q

1909

{f.143r} Femmes et eunuques

On a remarqué a la Chine qu’il étoit moins pernicieux que le prince se livra à ses femmes qu’à ses eunuques (voyez dans le pere Duhalde un ouvrage du lettré Tang King Tchuel fait sous la dinastie des Ming[1]) quand il s’est une fois abandonné à ceux ci ils se rendent le maître de lsa personne. Les abus et les excés de leur gouvernement font qu’on se souleve. Le prince voudroit il y remedier, il ne le peut plus. Ses ordres ne peuvent plus passer au dehors : cela forme des {f.143v} guerres civiles et si le parti opposé aux eunuques est vainqueur, le prince est confondu dans la ruine des eunuques[2].
Mais quand le prince est gouverné par ses femmes, le mal est moins grand, leurs interêts ne sont point les mêmes, elles ne peuvent s’unir. Elles se detruisent ; les eunuques les decreditent, leurs desseins sont moins suivis, moins profonds, moins reflechis plus temeraires, enfin il est rare que dans un monarque la foiblesse du cœur fassent autant de maux que la foiblesse d’esprit.
{f.144r} * Il ne faudra pas faire ce chapitre si general mais l’attribuer seulement à la Chine[3].
Dans un ouvrage du lettré Tang King Tchuel fait sous la dinastie des Ming que nous a donné le pere Duhalde on trouve ces belles reflexions : quand un prince se livre aux eunuques, il regarde come etrangers les gens vertueux, habiles et zelés qu’il a à sa cour, ils se retirent. Le prince ouvre-t-il les yeux et cherche-t-il les secours des officiers du dehors, ils ne savent comment faire, car le prince est come en ôtage. Si l’entreprise {f.144v} des officiers du dehors ne reussit pas, un ambitieux trouve le moien d’enveloper le souverain dans la cause des eunuques, et il seduit le cœur des peuples en exterminant ces canailles.
Se livrer aux femmes est un moindre mal, car si le prince se reconnoit, le mal se peut guerir, mais si par une confiance outrée il s’est livré à ses eunuques, il ne peut revenir sans se perdre.
Depuis l’empereur Hoen Ling jusqu’a Hien-Ti. L’empire se gouvernoit ou plustôt se bouleversoit au gré des eunuques[4].

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Main principale Q

1910

{f.145r} Tributs

Plus les tributs sont forts, plus les honnêtes gens fuyent d’en faire la levée. Plus les tributs sont forts moins les honnêtes gens se font scrupule de les frauder
Vous dites que vos sujets chargés travailleront mieux, je vous entend, vous voulez faire un voyage de long cours avec des rames et non pas des voiles.
* Pour mettre a la tête du livre Cæsar De la guerre civille (voir la citation) cujus modo rei nomen reperiri poterat hoc satis esse. ad cogendas pecunias[1]
{f.145v} Croire augmenter la puissance en augmentant les tributs, c’est croire suivant l’expression d’un auteur chinois raporté par le pere Duhalde sur les delateurs tome 2e p 503 pouvoir agrandir une peau lorsqu’on l’etend jusqu’à la rompre[2]

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Main principale Q

1911

Legislateurs

* Licurgue a fait tout ce qu’il a pû pour rendre ses citoyens plus guerriers, Platon et Thomas Morus plus honnêtes gens ; Solon plus egaux ; les legislateurs juifs plus relligieux, les Carthaginois plus riches, les Romains plus magnanimes[1].

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Main principale Q

1912

{f.146r} * Ces loix des douze tables avoient bien des peines de mort ; c’etoit sans doute un reste des loix royales dont la republique modera la rigueur. Celui qui avoit mis le feu à un monceau de bled puni de la peine du feu[1] ; il y en avoit même de superstitieuses, on croyoit qu’on pouvoit enchanter un champ, si quis malum carmen incantasset, venenumque faxit ; parricida esto[2]. Voy. art 38 p 24 de mon extrait de Gravina.

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Main principale Q


1908

n1.

Compte rendu de l’ouvrage anonyme, L’Irrévocabilité de l’Édit de Nantes prouvée par les principes du droit et de la politique, Amsterdam, H. Desbordes, 1688 (Histoire des ouvrages des savants, novembre 1688, art. VII, p. 293-310).

1909

n1.

Voir Geographica, p. 256 ; Du Halde, Description géographique, historique, chronologique, politique et physique de l’empire de la Chine et de la Tartarie chinoise, Paris, P. G. Le Mercier, 1735, t. II, p. 645. Il s’agit, dans une « compilation faite sous la dynastie Ming » par un lettré célèbre, Tang King Tchuen, d’un discours « Des Eunuques & autres qui abusent de leur autorité, que leur donne la faveur du Prince ».

1909

n2.

Sur le rôle politique des eunuques en Chine, voir EL, XV, 19.

1909

n3.

Traces d’un travail préparatoire pour un chapitre de L’Esprit des lois : de part et d’autre de la phrase précédée d’un astérisque, Montesquieu présente deux versions différentes d’une réflexion issue de sa lecture de Du Halde ; voir Geographica, p. 256, note 226. Sur la signification de l’astérisque dans les extraits chez Montesquieu, voir, dans cette édition, les parties introductives « Les Pensées dans l’œuvre de Montesquieu » et « De la citation au jugement personnel ».

1909

n4.

« Depuis […] eunuques » : reprise in extenso de Du Halde (Description géographique, historique, chronologique, politique et physique de l’empire de la Chine et de la Tartarie chinoise, Paris, P. G. Le Mercier, 1735, t. II, p. 646).

1910

n1.

« Tout ce qui avait un nom lui servait de prétexte pour arracher de l’argent » (César, Commentaires sur la guerre civile, III, 32, D. Nisard (trad.), Paris, Didot, 1865). Il s’agit d’une épigraphe envisagée pour le livre XIII de L’Esprit des lois, « Des rapports que la levée des tributs et la grandeur des revenus publics ont avec la liberté » ; sur la signification de l’astérisque dans les extraits chez Montesquieu, voir, dans cette édition, les parties introductives « Les Pensées dans l’œuvre de Montesquieu » et « De la citation au jugement personnel ».

1910

n2.

Description géographique, historique, chronologique, politique et physique de l’empire de la Chine et de la Tartarie chinoise, Paris, P. G. Le Mercier, 1735, t. II, p. 503a, dans une partie intitulée « Remontrance de Ouei Tching à l’empereur Taitsong ». L’image empruntée à Du Halde figure dans les matériaux rejetés du livre XI de L’Esprit des lois (BM Bordeaux, ms 2506/11, f. 12r, dans CM, nº 7, 2001, L’Atelier de Montesquieu. Manuscrits inédits de La Brède, C. Volpilhac-Auger (éd.), p. 136) ; elle est envisagée ici pour le livre XIII sur les tributs : voir Geographica, p. 251.

1911

n1.

Cf. nº 1248.

1912

n1.

Gravina, Origines Juris civilis […], Leipzig, J. F. Gleditsch, 1708, art. LXIV, p. 375 ; voir nº 1761.

1912

n2.

« Si […] quelqu’un a jeté un mauvais sort, ou a préparé un poison, qu’il soit considéré comme assassin » (Gravina, Origines Juris civilis […], Leipzig, J. F. Gleditsch, 1708, art. LXII, p. 372 ; nous traduisons) ; le texte original donne : « quive malum carmen incantassit, aut venenum faxit, duitve parricida […] » ; sur la loi punissant ces sortilèges, voir Antoine Terrasson, Histoire de la jurisprudence romaine, Paris, M.-E. David père, 1750, p. 145-146.