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Pensées 1958 à 1962

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.
Q : 1750-1751.
S : 1754-1755.
V : 1754.

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Pensées, volume III

1958

Le moindre frere j. avoit l’habit du pere Le Tellier et il falloit compter avec luy : Basrjac ne disoit-il pas nous sommes venus icy de notre chef[1]

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Main principale P

1959

Je disois ceux qui pour contenir les jesuites les obligerent à tenir toujours un des leurs a la cour ne connoissoit guêres la cour ny les jesuites, puisqu’ils crurent qu’ils les abaisseroient par la.

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Main principale P

1960

A monsieur Domville[1].
Vous me demandez, monsieur, ce que je pense de de la durée du gouvernement anglais et de predire quelles pouront etre les suites de sa corruption vous me donnez la un sujet {f.258r} donnez la un sujet bien dificile à traiter. Peut etre que ma qualité d’etranger m’en rend plus capable qu’un autre, par ce que je n’ay ny tant de terreur, ny tant d’esperance, mais je ne sçais s’il est de l’interest de votre nation, s’il est necesaire qu’on sache bien au juste ces choses. Il seroit bon que le prince crut que votre gouvernement ne doit jamais finir, et que le peuple crut que les fondemens sur lesquels il est etabli peuvent etre ebranlés, le prince renonceroit a l’idée d’augmanter son aucthorité, et le peuple songeroit a conserver ses loix. Je crois monsieur, que ce qui conservera votre gouvernement, c’est que dans le fond le peuple à plus de vertu que ceux qui le representent, je ne sçais si je me trompe, mais je crois avoir vu cela. Dans votre nation le soldat vaut mieux que ses officiers, et le peuple vaut mieux que ses magistrats et ceux qui le gouvernent. Vous avez donné à vos troupes une paye si haute {f.258v} qu’il semble que vous aiez voulu corompre vos officiers et il y à tant de moyens de faire fortune dans votre gouvernement, par le gouvernement, il semble que vous aiez voulu corompre et vos magistrats et vos representans, il n’en est pas de même du corps entier du peuple, et je crois y avoir remarqué un certain esprit de liberté qui s’alume toujours et n’est pas prest a s’eteindre, et quand je pense au geni de cette nation, il me semble qu’elle me parait plus asservie qu’elle ne l’est, parce que ce qu’il y à de plus asservi s’y montre dans un plus grand jour et que ce qu’il y à de plus libre dans un moindre je ne dis pas que dans les elections des membres du parlement la corruption ne se soit aussi glissée, mais permetez moy de faire quelques reflexions c’est la plus vile partie de la nation que l’on corompt, et si dans un bourg ou une comtée il y a quelques principaux qui corompent parce qu’ils sont corompus eux mêmes, et quelques gens {f.259r} viles qui soient corompus, on peut dire pourtant que l’etat moyen ne l’est pas, et que l’esprit de liberté y regne encore[2]. Je vous prie de faire reflexion sur le genre particulier de corruption que l’on emploie dans ces assemblées particulieres, ce sont des repas, des assemblées tumultueuses, des liqueurs ennivrantes, des ligues, des parties, des haines, ou des piques, des moyens exposés au grand jour, la corruption la plus dangereuse c’est celle qui est sourde, celle qui se cache, celle qui affecte l’ordre, celle qui parait regle, celle qui va ou elle ne parait pas viser. Rapelez vous je vous prie la corruption de Rome et vous verrez qu’elle etoit de toute une autre espece.
1º Le peuple formoit un corps unique, et le peuple une fois corompu la corruption avoit immanquablement son effet, que l’on corompe un de vos bourgs, les autres bourgs ne seront pas pour cela corompus, {f.259v} on à elu un mauvais membre du parlement, les vrays patriotes restent toujours pour en elire quelques jours un melieur.
2º La corruption qu’on exerce dans vos elections particulieres ne peut aller que sur une chose passagere, je veus dire l’election d’un membre du parlement, elle ne peut porter que sur une chose claire, je veus dire l’election d’un membre du parlement.
Toutes les fausetées, toutes les profondeurs de la corruption en Angleterre ne portent donc que sur le parlement, et ce parlement peut bien manquer de probité, mais il ne manque pas de lumieres, de sorte que la corruption ne laisse pas que d’etre embarassée, parce qu’il est dificile de mettre un voile. Hors il n’y a guères de fripon qui ne desire de tout son coeur etre fripon, et de passer d’ailleurs pour homme de bien.
{f.260r} Je dis donc que dans votre peuple l’etat moyen aime encore ses loix, et sa liberté, je dis plus ceux qui trahisent leur devoir esperent que le mal qu’ils font n’ira pas aussi loin que les gens du parti contraire veulent leur faire creindre.
Je dis donc que tandis que les gens mediocres conserveront leurs principes il est dificile que votre constitution soit renversée.
Ce sont vos richesses qui font votre corruption, ne comparés point vos richesses avec celles de Rome, ny avec celles de vos voisins, mais comparés les sources de vos richesses avec les sources des richesses de Rome, et les sources des richesses de vos voisins. Dans le fond les sources de vos richesses sont le commerce et l’industrie, et ces sources sont de telle nature que celuy qui y puise ne peut s’enrichir sans en enrichir beaucoup d’autres. Les sources des richesses de Rome {f.260v} etoient le gain dans la levée des tributs, et le gain dans le pilage des nations soumises. Hors ces sources de bien ne peuvent enrichir un particulier sans en enrichir apauvrir une infinité d’autres, d’ou il arive qu’il n’y eut dans cet etat et dans tous ceux qui luy resembleront a cet egard que des gens extremement riches, et des gens extremement miserables, il ne pouvoit point y avoir de gens mediocres comme parmi vous, ny d’esprit de liberté comme parmi vous, il ne pouvoit y avoir qu’un esprit d’ambition d’un coté et un esprit de desespoir de l’au l’autre et par consequant plus de liberté.
Je feray icy une reflexion. Ciceron parlant de l’etat de la republique parle de ces gens mediocres, qui-est ce qui forme le bon parti dit-il sont-ce les gens de la campagne et les negotians eux pour qui tous les gouvernemens sont egaux des lors qu’ils sont tranquiles[3], cecy n’est point du tout applicable au gouvernement d’Angleterre, et quoy que l’esprit naturel de {f.261r} ces professions porte a la tranquilité par sa nature comme je l’ay dit dans mon livre des loix sur la nature du terrain, cependant ce que dit icy Ciceron n’à de raport qu’à un inconvenient particulier du gouvernement de Rome dont il faut que je parle icy. Lorsque Rome sous Sylla commenca à tomber dans l’anarchie, les generaux donnerent a leurs soldats le pillage des villes et les biens de la campagne, il n’y avoit qu’un gouvernement tranquile qui put assurer la proprieté des biens, et sitot qu’une guerre civile commancoit à naitre, les proprietaires de fonds de terre et les commercans devoient tomber dans le desespoir. D’ou vient cela c’est que les richesses natureles de l’etat devoient ceder aux richesses acquises par les pillages des grands, et les vexations des traitans dont nous venons de parler tout à l’heure. Ce qui soutiendera[4] {f.261v} donc votre nation, c’est lorsque les sources des grandes richesses seront les mêmes et ne seront pas taries par des sources plus grandes d’autres richesses. La sagesse de votre etat consiste donc en ce que les grandes fortunes ne sont pas tirées de la levée des tributs, et vos loix seroientnt assurées lorsqu’elles ne seront pas tirées des emplois militaires, et que celles tirées de l’etat civil seront dans la moderation.

Main principale P

1961

Dagobert. Ses actions sont pesées, d’un coté sont ses pechés qui trebuchent[1] un moine met dans l’autre plat de la balance l’abaye de St Denis, des moines bien gros et bien pesans[2]. * Il auroit falu bien des pechez pour resister à cela.

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Main principale P

1962

{f.262r} Lorsque je lus le Testament politique du cardinal de Richelieu[1]

Testament Pol de Richelieu

je le regarday comme un des melieurs ouvrages que nous eusions en ce genre je crus qu’il faisoit honneur a son autheur, il me sembla que l’ame du grand cardinal y etoit toute entiere et comme on juge qu’un tableau est de Raphael parce qu’on y trouve le peinceau de ce grand peintre, je jug[e]ay de meme que le Testament politique etoit du cardinal de Richelieu parce que j’y trouvois toujours l’esprit du cardinal de Richelieu, et que je le voiois penser comme je l’avois vu agir. Je m’imaginay que le cardinal etoit du nombre de ces gens tres heureux dont parle un autheur romain {f.262v} qui ont recu ces deux dons du ciel de faire des choses memorables et de les ecrire. Je pensay que le Testament du cardinal de Richelieu etoit un ouvrage original qui aiant eté recu du public avec aplaudissement qui comme il arrive toujours avoit fait faire de mauvaises copies et que l’aplaudisssement avec lequel il avoit eté recu avoit engagé les libraires à faire composer les testaments de Mrs de Louvois et de Colbert[2] qui sont visiblement des pieces supposées, c’est en consequance de ceci que travaillant à l’Esprit des loix, je citay dans deux ou trois endroits ce Testament comme un ouvrage de celuy dont il portoit le nom, mais aiant par hazard ouy dire a Mr de Voltaire que cet ouvrage n’etoit pas du cardinal de {f.263r} Richelieu, je suprimay les endroits ou j’en avois parlé, mais Mr l’abbé Dubos tres s qui avoit beaucoup de connoissances sur ces sortes de faits[3] que je consultay me dit que l’ouvrage etoit du cardinal de Richelieu c’est a dire qu’il avoit eté composé par ordre, sous les yeux, et sur les idées de Mr le cardinal de Richelieu, par Mr de Bourlzeis[4] et un autre qu’il me nomma, il ne m’en falut pas davantage et je remis les endroits que j’avois tiré[5].
Aujourd’huy 26 en 9bre 1749, il parait une brochure de Mr de Voltaire[6] dans laquelle il explique les raisons qui luy font penser que le Testam l’ouvrage que nous appellons le Testament du cardinal de Richelieu n’est pas de luy {f.263v} ces raisons m’ont paru foibles et je n’ay pu m’y rendre, la plus forte de toutes est sont ces deux[:] que ce livre à èté publié 30 ans apres la mort du cardinal de Richelieu[7]. La seconde que le cardinal dit que l’on etoit en paix[8], et que cependant on etoit en guerre 1º ce livre n’etoit point de nature a etre publié des qu’il a eté fait, ce n’etoit pas la son objet, ce livre avoit eté fait pour le roy, et il avoit èté fait pour le cardinal et pour les vües du cardinal, ainsi bien loin de le publier il falloit ne le pas publier c’etoit une piece secrete qui ne devoit point paraitre que lorsque les circonstances n’exigeroient plus qu’il ne parut pas. 2º Je n’ay point devant mes yeux {f.264r} les termes dont se sert le cardinal de Richelieu il y a apparance qu’il vouloit dire que l’on etoit en paix parce que quand il ecrivoit il n’y avoit point de guerre civile en France, et effectivement dans ces tems la, l’etat ordinaire de la guerre etoit la guerre civile et quant a la guerre etrangere le card il y a eu des tems que le cardinal de Richelieu la faisoit plus faire qu’il ne la faisoit[9], il y en a eu ou nous etions plutot occi auxiliaires que partie principalle de plus s’il es comme Mr de B ceux qui ecrivirent sous les yeux du cardinal de R de plus comme Mr de Boulzes ecrivit sur les memoires du cardinal de Richelieu on ne peut pas dire que cet ouvrage est {f.264v} d’une date, ny qu’il soit d’une année particuliere, c’etoit des reflexions que le cardinal ecrivoit à mesure qu’elles luy venoient, il y à la date des reflexions, il y a la date de la la redaction. Ce seroit une faute trop grosiere de la part de celuy qui auroit fait ce Testament d’avoir ignoré si pendant le ministere du cardinal on etoit en paix ou en guerre, et l’auteur quelconque parait si instruit de l’etat de l’Europe pendant le ministere du cardinal qu’il ne peut pas avoir ignoré si on y etoit en paix ou en guerre, une autre objection de Mr de Voltaire c’est l’affaire du comptant[10], le cardinal dit-il auroit parlé contre luy même je repond que le cardinal a tant parlé pour luy {f.265r} dans ce Testament qu’on ne peut gueres le soupconner de s’etre oublié dans ce cas ci, le cardinal n’etoit point un ministre particulier il etoit roy, il s’en faut bien qu’il se confondit a qui il donnoit part au ministere ; toutes les autres objections de Mr de Voltaire portent contre le livre et ne decident point qui en est l’auteur, et dire qu’un c’est mal raisoné que de dire que le livre n’est pas du cardinal parce qu’il y a des endroits qu’on y peut reprendre[11], de dire que le cardinal a dit la Fargy en parlant d’une femme qui à èté embassadrice elle est embassadrice pour nous, et pour le cardinal elle n’etoit je crois que femme de chambre[12], et il fauderoit sçavoir {f.265v} si dans le tems qu’ecrivoit le cardinal, il luy manquoit de respect en disant la Fargy[13], cette expression peut etre tres basse, et peut etre tres haute, elle peut etre l’effet de l’orgueil comme elle peut l’etre aujourd’huy d’une mauvaise education. De plus et ce qui induit a le croire c’est que les expressions et les idées de tout le livre ne sont point basses, a l’egard du mot de la reyne[14] au lieu de la reyne mere, cette reyne avoit eté regente, et la il n’etoit point question de la reyne proprement dite, et c’est une negligence qui convenoit plus au cardinal qu’a un autre siet donc ou[15] celuy qui a ecrit ne devoit pas plus tomber que le cardinal si l’on regarde {f.266r} cela comme une faute.
A l’egard du stile il ne peut faire qu’honneur au cardinal il est plein de feu de mouvement il est plein d’une certaine impetuosité dans les phrases, d’un certain genie naturel d’une grande inexactitude, enfin on voit le stile d’un homme qui a toujours commancé a ecrire et qui n’a jamaïs ecrit, enfin on y voit plutot l’homme que l’ecrivain et je suis persuadé que ceux qui ont redigé ont plutot mis dans l’ouvrage l’ordre que les choses, Mr de Voltaire ne peut gueres dire que le stile du cardtestament ne resemble pas aux autres ouvrages du cardinal de Richelieu on scait que ses ouvrages theologiques il ne les a pas plus faits que nos evesques {f.266v} ont faits leurs mandemens, adopteroit-on le stile des ouvrages qu’il n’a point faits pour juger de ceux qu’il à faits, a l’egard de ce qu’on trouve dans le Testament que l’on pretend que la regale s’etend partout parce que la couronne du roy est ronde[16] ce n’est point une pensée du cardinal, il la cite me semble comme une pensée des jurisconsultes.
Je dis donc que le Testament politique est du cardinal parce que j’y trouve son caractere son geni, et ses passions, ses interests, ses ses vües, et jusques aux prejugés de son etat et de la profession qu’il avoit embrassée, seroit-ce Mr de Bourzes janseniste decidé qui auroit voulu aneantir les apels comme {f.267r} d’abus[17], seroit-ce Mr de Bourzes qui auroit imaginé des choses si specieuses pour empescher qu’un ministre ne put jamais etre deplacé ny convaincu de mal gouverner, seroit-ce M de Bourzes qui auroit fait faire des recherches si difficiles, si fines, si judicieuses sur le port port de Marseille, sur la scituation de la Mediteranée, les avantages et les inconveniens, qu’en tirerent les Espagnols et les Francais, il est visible que c’etoit le fruit de l’experience des bons et des mauvais succes du cardinal.
Mr de Voltaire dit qu’il y a une contradiction entre ce qui est dit dans un endroit de ce livre que les cinq dernieres années de la guerre couterent 60 millions de livres, et des un autre {f.267v} ou il est dit que les revenus de l’epargne ne montoint qu’a 35 millions[18]. Je renvoye Mr de Voltaire a l’ecrit que donna Mr Desmarets au commancement de la regence[19], il trouvera bien une autre disproportion entre la recepte et la depense, et ce n’est pas pour rien que Louis XIV. devoit en mourant pres de deux milliars, ce n’est pas pour rien que les finances se trouverent perdues au commancement de son regne, soit dans sa minorité sous Mr Demery[20], soit dans sa majorité sous Mr Fouquet, Mr de Volta
Mr de Voltaire s’etonne que le manuscript n’ait pas eté trouvé chez la famille, ny même autre part {f.268r} ce manuscript ne se trouve point parce que le livre est imprimé, quel est la on scait la destinée de la plus part des manuscripts que l’on fait imprimer, on est curieux des anciennes editions que par ce qu’elles tiennent lieu du manuscript ancien que les libraires avoient pour imprimer et qui s’est perdu ou gaté chez eux ; Mr de
Mr de Voltaire trouve puerile les allusions tirées de la philosopie d’Aristotte, mais aparament que le cardinal de Richelieu n’avoit point etudié la philosophie car cartesiene, et cela prouve plus que l’ouvrage est de luy, que de celuy {f.268v} qui le publia cinquante quelques années apres sa mort, tems auquel la philosophie d’Aristotte etoit si decriée, il faut donc selon Mr les paroles de Mr de Voltaire que le compilateur fut un pedant du college[21], mais personne ne peut dire que ce soit un pedant de colege qui ait fait cette compilation, il s’etonne qu’un ministre se soit declaré contre la regale, mais ce ministre etoit eclesiastique et qui plus est cardinal, le cardinal de Balu etoit ministre, et il se declara contre la pragmatique sanction qui etoit bien de toute autre importance que le glorie l’honorable mais vain droit de regale et qui est de si petite consequance {f.269r} qu’encore aujourd’huy les roys ne le tournent point a leur profit[22]. Mr de Voltaire s’etonne que le cardinal ait donné a un roy qui reignoit depuis 30 ans des instructions si petites par exemple, il faut qu’un roy ait de la piété &c. Mais ne sent il pas qu’un ministre qui instruit les roys, leur donne des est fort porté a leurs donner des instructions pour faire ce qu’ils font le cardinal de Richelieu conseille au roy d’etre pieux parce qu’il l’etoit, il luy conseille de n’avoir point de maitresses parce qu’il n’en avoit point, et peut etre encore parce qu’il en avoit luy meme {f.269v} il trouve pueril que le cardinal dise au roy qu’un prince doit avoir un conseil[23] qui pouvoit mieux dire cela que le cardinal qui ne pouvoit avoir oublié sa querelle avec Mr de St Marc[24], et qui avo avoit èté obligé de dire a ce dernier devant le roy, qu’on ne metoit point les affaires d’etat entre les mains des enfans, il disoit au roy ce qu’il avoit pris tant de peine a luy persuader toute sa vie, de mettre les affaires entre les mains des ministres et non p non pas des favoris.
Ce sont des idées jettées en l’air et des materiaux à rectifier, non pas un ouvrage Mr de Voltaire regarde comme une {f.270r} absurdité ce que le Testament politique dit qu’il faut borner le comptant[25] a 6 millions d’or il demande ce que c’est que 6 millions d’or, si ce sont des millions de marcs des millions de louis, il est aisé de repondre, ce sont 6 millions de livres en or, [lettres biffées non déchiffrées] on dit icy 6 millions d’or parce que le comptant ou le tresor royal paie toujours le comptant du roy en or, sous le cardinal Mazarin le comptant etoit prodigieux et passoit quarante millions. Le comptant a toujours eté necesaire, et d’un autre coté il à eté necesaire que l’on comptat a la chambre pour que le roy put se rendre raison a luy même, lorsque les cours se sont pleintes ont fait des representations on a fait de certaines bornes {f.270v} au comptant, et même sans representations car il doit toujours y avoir des depenses secretes, icy le cardinal de Richelieu veut que le comptant ait une etendue sufisante mais que d’ailleurs il n’en ait pas trop, afin que l’administration soit sage, le comptant qu’il etablit est a peu pres a ce qui est etably aujourd’huy, il est d’environ 15 millions.

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Main principale P


1958

n1.

La remarque vise ceux qui se prévalent de leur proximité avec le pouvoir, comme les jésuites profitant de l’influence du père Le Tellier, confesseur de Louis XIV. Selon Soulavie, Barjac, premier valet de chambre du cardinal Fleury, prenait le ton d’un homme important et parlait des affaires de son maître à la première personne : voir [Soulavie], Mémoires du Maréchal Duc de Richelieu, Londres – Marseille – Paris, J. de Boffe – Mossy – Buisson, 1790, t. IV, p. 49-50.

1960

n1.

Projet de réponse à une lettre de William Domville, un ami anglais de Montesquieu et de Bulkeley (sur cette amitié, voir la lettre de Montesquieu à Domville du 4 mars 1749, Masson, t. III, p. 1195). Domville qui s’était chargé de faire insérer des errata dans la traduction anglaise par Thomas Nugent de L’Esprit des lois, interrogea l’auteur, dans une lettre du 4 juin 1749, sur sa prédiction pessimiste concernant la liberté anglaise : Montesquieu, bien qu’il louât le système anglais comme le plus libre du monde, écrivait en effet que l’Angleterre finirait par perdre sa liberté (EL, XI, 6). La brève réponse que Montesquieu donnera finalement à la question de son correspondant apparaît comme une dérobade (lettre à Domville du 22 juillet 1749, Masson, t. III, p. 1245), comparée aux réflexions insérées ici ; elles ont été commentées par Donald Desserud (« Commerce and Political Participation in Montesquieu’s Letter to Domville », History of European Ideas, vol. 25, nº 3, 1999, p. 135-151).

1960

n2.

Montesquieu exprime ici, sur la corruption, une opinion plus nuancée que dans ses Notes sur l’Angleterre (Voyages, p. 498 et 501).

1960

n3.

Cf. EL, XVIII, 1 ; Montesquieu traduit librement le texte cicéronien : « ego quos tu bonos esse dicas non intellego. […] an fæneratores, an agricolas quibus optatissimum est otium ? » (Cicéron, Lettres à Atticus, VII, 7, dans Correspondance, J. Bayet (éd. et trad.), Paris, Les Belles Lettres, t. V, p. 67).

1960

n4.

Lire : soutiendra.

1961

n1.

« En matiere de poids, se dit d’une chose qui emporte par sa pesanteur celle contre laquelle elle est pesée » (Académie, 1694, art. « Trébucher »).

1961

n2.

Le moine anonyme de l’abbaye de Saint-Denis, auteur d’une biographie de Dagobert Ier éditée par André Du Chesne, considérait que les aumônes du roi et ses libéralités en faveur de l’Église lui auront valu le pardon de Dieu (Historiæ Francorum scriptores coætanei ab ipsius gentis origine ad nostras usque tempora, A. Du Chesne (éd.), Paris, S. Cramoisy, 1636, t. I, Gesta Dagoberti Domni, p. 579 C, § 23 – Catalogue, nº 2932). Sur les débauches de Dagobert, voir nº 1941.

1962

n1.

Montesquieu possédait deux exemplaires de la première édition de 1688 (Richelieu, Testament politique d’Armand du Plessis, cardinal duc de Richelieu […], Amsterdam, H. Desbordes – Catalogue, nº 2430-2431). Sur la question de l’attribution, voir Laurent Avezou, « Autour du Testament politique de Richelieu : à la recherche de l’auteur perdu (1688-1778) », Bibliothèque de l’École des chartes, vol. 162, nº 2, 2004, p. 421-453 [en ligne à l’adresse suivante : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_2004_num_162_2_463456].

1962

n2.

Le Testament politique de Messire Jean-Baptiste Colbert […] (La Haye, H. Van Bulderen, 1693), est attribué à Courtilz de Sandras, qui, selon Jean Lombard (Courtilz de Sandras et la crise du roman à la fin du Grand Siècle, Paris, PUF, 1980, p. 236-238), ne serait pas l’auteur du Testament politique du marquis de Louvois […] où l’on voit ce qui s’est passé de plus remarquable en France jusqu’à sa mort, également apocryphe (Cologne, chez le Politique, 1695). Une édition de 1749 avait réuni ces deux ouvrages avec celui de Richelieu dans le Recueil des testaments politiques du cardinal de Richelieu, du duc de Lorraine, de M. Colbert et de M. de Louvois (Amsterdam, Z. Chatelain, 4 vol.).

1962

n3.

Comme le souligne Laurent Avezou (« Autour du Testament politique de Richelieu : à la recherche de l’auteur perdu (1688-1778) », Bibliothèque de l’École des chartes, vol. 162, nº 2, 2004, p. 431 [en ligne à l’adresse suivante : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_2004_num_162_2_463456]), l’abbé Dubos avait eu accès à une documentation de première main, comme commis de Torcy, secrétaire d’État aux Affaires étrangères, dont le dépôt avait recueilli les papiers de Richelieu en 1704.

1962

n4.

L’abbé Amable de Bourzeis (plus loin « Bourzes ») (1606-1672), membre de l’Académie française, janséniste, rédigea plusieurs des œuvres de Richelieu, selon Pellisson ; il était l’un des éditeurs, à titre posthume, du traité antiprotestant du cardinal intitulé La Méthode la plus facile et assurée de convertir ceux qui sont séparés de l’Église [1651] et en avait assuré la mise en forme ; voir le Dictionnaire des journalistes (1600-1789), J. Sgard (dir.) [en ligne à l’adresse suivante : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/109-amable-de-bourzeis].

1962

n5.

Voir EL, III, 5 et note (c) : Derathé, t. I, p. 435-436, note 9 ; V, 10 et 11 ; XXIX, 16. Sur les hésitations de l’auteur concernant cette attribution, voir Catherine Volpilhac-Auger, « Le Testament politique attribué au cardinal de Richelieu », De l’esprit des loix (manuscrits), II, OC, t. 4, annexe B2, p. 899-901.

1962

n6.

Voltaire, Des mensonges imprimés, dans La Tragédie de Sémiramis et quelques autres pièces de littérature, Paris, P. G. Le Mercier et M. Lambert, 1749. Montesquieu commente les pages 164 à 171.

1962

n7.

Voltaire, Des mensonges imprimés, dans La Tragédie de Sémiramis et quelques autres pièces de littérature, Paris, P. G. Le Mercier et M. Lambert, 1749, p. 165. Le cardinal de Richelieu mourut en 1642 ; son Testament politique parut pour la première fois en 1688.

1962

n8.

Voltaire, Des mensonges imprimés, dans La Tragédie de Sémiramis et quelques autres pièces de littérature, Paris, P. G. Le Mercier et M. Lambert, 1749, p. 166. La « Succincte narration […] », qui ouvre le Testament politique, évoque à plusieurs reprises les succès obtenus en matière de paix jusqu’à la fin de 1738, année située en pleine guerre contre la maison d’Autriche (Richelieu, Testament politique d’Armand du Plessis, cardinal duc de Richelieu […], Amsterdam, H. Desbordes, 1689, 1re partie, chap. 1, p. 5-57).

1962

n9.

Sur cette justification, voir Laurent Avezou, « Autour du Testament politique de Richelieu : à la recherche de l’auteur perdu (1688-1778) », Bibliothèque de l’École des chartes, vol. 162, nº 2, 2004, p. 428 [en ligne à l’adresse suivante : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_2004_num_162_2_463456].

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n10.

Le cardinal préconisait de limiter à un million d’or les comptans, dépenses secrètes du gouvernement dont il dénonçait les abus (Richelieu, Testament politique d’Armand du Plessis, cardinal duc de Richelieu […], Amsterdam, H. Desbordes, 1689, p. 378-379). Voltaire trouvait invraisemblable qu’un ministre s’élève contre « le plus cher privilège de sa place » (Des mensonges imprimés, dans La Tragédie de Sémiramis et quelques autres pièces de littérature, Paris, P. G. Le Mercier et M. Lambert, 1749, p. 168).

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n11.

Ces « indécences » sont relevées par Voltaire à la page 166 des Mensonges imprimés, dans La Tragédie de Sémiramis et quelques autres pièces de littérature, Paris, P. G. Le Mercier et M. Lambert, 1749.

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n12.

La « Fargis » désigne Madeleine de Silly de La Rochepot (?-1639), épouse de Charles d’Angennes, sieur du Fargis, ambassadeur de France en Espagne (1618-1619) ; dame d’atour d’Anne d’Autriche, elle fut condamnée par contumace en 1631 pour avoir intrigué contre le cardinal.

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n13.

Richelieu, Testament politique d’Armand du Plessis, cardinal duc de Richelieu […], Amsterdam, H. Desbordes, 1689, p. 41.

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n14.

Richelieu, Testament politique d’Armand du Plessis, cardinal duc de Richelieu […], Amsterdam, H. Desbordes, 1689, p. 24.

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n15.

Comprendre : .

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n16.

La critique de Voltaire portait sur le style de l’expression « les gens de palais mesurent la couronne du roi par sa forme qui étant ronde n’a point de fin » (Voltaire, Des mensonges imprimés, dans La Tragédie de Sémiramis et quelques autres pièces de littérature, Paris, P. G. Le Mercier et M. Lambert, 1749, p. 169), qui se trouve dans une section intitulée « Sur l’obéissance qu’on doit rendre au Pape » (Richelieu, Testament politique d’Armand du Plessis, cardinal duc de Richelieu […], Amsterdam, H. Desbordes, 1689, p. 116).

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n17.

Voir nº 470, note 3 ; Richelieu, Testament politique d’Armand du Plessis, cardinal duc de Richelieu […], Amsterdam, H. Desbordes, 1689, p. 64-78.

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n18.

Richelieu, Testament politique d’Armand du Plessis, cardinal duc de Richelieu […], Amsterdam, H. Desbordes, 1689, p. 55 et 386.

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n19.

Nicolas Desmarets, Mémoire de M. Desmarets sur l’administration des Finances, depuis le 20 février de l’année 1708 jusqu’au 1er septembre 1715, s. l. n. d.

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n20.

Michel Particelli d’Hémery (1596-1650), nommé surintendant des Finances en 1648 par Mazarin, fut l’artisan, pour faire face à des difficultés financières croissantes, de mesures fiscales très impopulaires.

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n21.

Voltaire se moque de la physique aristotélicienne contenue dans le Testament politique : « Est-il vraisemblable qu’un homme d’état […] dise […] que le feu, l’air ni l’eau ne peuvent soutenir un corps terrestre » (Voltaire, Des mensonges imprimés, dans La Tragédie de Sémiramis et quelques autres pièces de littérature, Paris, P. G. Le Mercier et M. Lambert, 1749, p. 169-170).

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n22.

C’est le onzième argument de Voltaire contre l’attribution à Richelieu (Voltaire, Des mensonges imprimés, dans La Tragédie de Sémiramis et quelques autres pièces de littérature, Paris, P. G. Le Mercier et M. Lambert, 1749, p. 170) ; sous Louis XI, le pape Paul II fit cardinal Jean La Balue, évêque d’Évreux, afin qu’il s’emploie à faire abolir la pragmatique sanction.

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n23.

Voltaire, Des mensonges imprimés, dans La Tragédie de Sémiramis et quelques autres pièces de littérature, Paris, P. G. Le Mercier et M. Lambert, 1749, p. 170-171.

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n24.

Voir nº 947.

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n25.

Voir nº 1962, note 10, « l’affaire du comptant ».