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Pensées 2170 à 2174

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.
Q : 1750-1751.
S : 1754-1755.
V : 1754.

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Pensées, volume III

2170

{f.359v} A mon petit-fils[1]
J’avois pensé a vous donner des preceptes de morale mais si vous ne l’avés pas dans le coeur vous ne la trouveres pas dans les livres :

- - - - -

Ce n’est point notre esprit c’est notre ame qui nous conduit :

- - - - -

Ayés des richesses des emplois de l’esprit du scavoir de la piti pieté des agremens des lumieres si vous n’aves pas des sentimens elevés vous ne serés jamais qu’un home comun

- - - - -

Scaches aussi que rien n’aproche plus des sentimens bas que l’orgueil et que rien n’est plus proch pres des sentimens elevés que la modestie :
La fortune est un estat et non pas un bien elle n’est bonne qu’en ce qu’elle nous expose aux regards et nous peut rendre plus attentif elle nous done plus de temoins {f.360r} et par consequent plus de jujes elle nous oblige a rendre un compte d’elle meme on est dans une maison dont les portes sont toujours ouvertes elle nous met dans des palais de christal incomodes parce qu’ils sont fragiles et incomodes parce qu’ils sont transparents

- - - - -

Si vous avés une fois tout ce que la nature et votre condition presente vous ordonent de desirer vous laissés entrer dans votre ame un desir de plus prenes y bien garde vous ne serés jamais heureux ce desir est toujours le pere d’un autre surtout si vous desires des choses qui se multiplient come l’argent quelle sera la fin de vos desirs

- - - - -

Il n’y a qu’a se demender pour quel usage on desire tant cet argent le consul Paulus se vendit pour une some {f.360v} a Cæsar qui perdit Rome il employa cet argent a faire construire une basilique a Rome[2] :
Quand vous lires l’histoire regardes avec attention touts les efforts qu’ont fait les principaux personages pour estre grands hureux illustre voyes ce qu’ils ont obtenu dans leur objet et calcules d’un coté les moyens de l’autre la fin cependant le conte n’est pas juste car les grands tableaux de l’histoire sont de ceux qui ont reussi dans leurs entreprises eclatantes voyes ce qu’ils quelle partie ils ont trouvé de cette pierre philosophale qu’ils cherchoint le bonheur et le repos :

- - - - -

Main principale M

2171

Les feuilles tombent des arbres touts les hivers cinq ou six tienent a l’arbre quelques jours encor et devienent le joüet des vents

- - - - -

Main principale M

2172

D’ou vient que l’aprobation fait tant de gens hureux et que la gloire en fait si peu c’est que {f.361r} nous vivons avec ceux qui nous aprovent aprouvent et qu’on n’admire ni ne peut gueres admirer que de loin.

- - - - -

Main principale M

2173

Je disois il y a à des gens qui disoint qu’a Paris seul il y avoit des gens aimables qu’apelles vous des gens aimables il y a cent mille choses a faire avant de penser a estre aimable[1]

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Main principale M

2174

On disoit qu’Elvetius avoit donné une pension de deux mille francs a Saurin[1] et que cela estoit tres fort noble tres noble dis je et cela le sera longtemps car cela ne sera gueres imité :

- - - - -

Main principale M


2170

n1.

Le fils de Jean-Baptiste, Charles-Louis de Secondat (1749-1824) ; voir François Cadilhon, Jean-Baptiste de Secondat de Montesquieu, au nom du père, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2008, p. 227-239.

2170

n2.

En 51 av. J.-C., le consul Lucius Æmilius Paullus « pour 1 500 talents, garantit [à César] qu’il n’offrirait ni collaboration ni résistance, et […] construisit, en la dédiant aux Romains, la basilique de Paulus, bâtiment très célèbre » (Appien, Histoire des guerres civiles de la République romaine, II, 26, J.-J. Combes-Dounous (trad.), Paris, frères Mame, 1808).

2173

n1.

En 1751, la notion en vogue d’amabilité est en débat à Paris : un avocat au parlement de Paris, François-Louis-Claude Marin, dans son Homme aimable (Paris, Prault, 1751), tentait de concilier le néoplatonisme de l’honnêteté mondaine et les valeurs de bienfaisance et d’utilité sociale ; la recherche de l’amabilité est violemment critiquée par Charles Duclos dans ses Considérations sur les mœurs de ce siècle [1751], jugée frivole et contraire au bien public (C. Dornier (éd.), Paris, H. Champion, 2005, p. 161-164).

2174

n1.

Bernard-Joseph Saurin (1706-1781), auteur dramatique, avocat au Parlement, était un ami d’enfance d’Helvétius, qui lui fit accepter une pension de mille écus pour qu’il se consacrât à la carrière théâtrale. Il y débuta le 4 février 1743 avec la comédie des Trois Rivaux. En 1752, sa tragédie d’Aménophis n’eut aucun succès ; voir Biographie universelle, ancienne et moderne, Paris, Michaud, 1825, t. XL, art. « Saurin (Bernard-Joseph) ».