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Pensées 259 à 262bis

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

259

Notre

Angleterre

situation est infiniment plus hureuse que celle de l’Angleterre avec la taxe de 4 chelins[1] par livre sterlin sur les terres elle ne leve que six milions sterlins et elle en doit trois d’interets

Elle ne paye plus qu’un cheling par livre [...]

nous qui ne devons guere que quarante six milions monoye de France (car avant la reduction des rentes viageres[2] nous n’en devions que 52 de rente monoye de France) c’est a dire a vint en mettant la livre sterlin a vint livres de France[3] nous ne devons que deux milions trois cens livres sterlins aug de rente et nous en levons dix car nos revenus montent a deux cens milions de notre monoye les revenus d’Angleterre sont donc affectés pour la motié et ceux de France seulement pour 23/103 ce qui n’est que d’un 1/5. au 1/4

Main principale M

260

{p.271}

Union de l’Angleterre avec l’Ecosse

Par l’union avec l’Ecosse[1] la puissance de l’Angleterre s’est extraordinairement augmentée, car il falloit auparavant que le gouvernement envoyat de l’argent pour faire passer ce qu’on vouloit dans le parlement et on n’ene tiroit p revenoit rien ou presque rien en A[n]gleterre aujourd’hui l’Ecosse l’Ecosse qui ne devoit rien est entrée en part de dettes de la nation tout elle paye a proportion son comerce n’est point augmenté come on disoit mais il s’est au contraire detruit tout le monde sortoit du royaume pour aller en Angleterre les gens riche, les beaux esprits les cadets des maisons plus de parlement a Edimbourg. Les[:]Les tributs enlevent tout l’argent il est vray que l’Ecosse s’est cultivée et s’est attachée au comerce les paysans ont quitte les armes pour travailler ainsi elle ne s’est pas apauvrie au contraire s’est enrichie malgre les desavantages susdits

Main principale M

261

L’Angleterre a peu ou point payé de dettes depuis la paix d’Utrech il est difficille qu’elle les paye 1º a cause des guerres que lui procure la succession contestée et a cause de celles que lui procureront toujours les affaires de l’empire[1]

Et celles que lui procurera Gibraltar [...]

 {p.272} dont elle ne pourra plus s’empecher de se mesler project de milord Oxfort bon de separer les estats mettre les estats d’Allemagne sur une autre teste[3]. Les fortunes des princes qui ont toujours ont acquis de nouveaux estats ont toujours este funestes a l’un ou l’autre de ces estats combien l’Aragon n’a t’il pas perdu par l’acquisition de la succession a la Castille, la Flandre par la succession a touts les deux, ce sont de nouveaux moyens mis entre les mains des princes pour renverser ces nouveaux estats[4] :

Main principale M

262

Horrible

Faute de l’Espagne et du Portugal

faute de l’Espagne et du Portugal qui sous pretexte d’une guerre veine avec les Turcs se privent du comerce des Echelles du Levant[1], qu’ils pourroint faire avec bien plus de facilité que les autres nations puis qu’ils ont les matieres d’argent que dont les autres on ne peut se passer pour le comerce et que les Holandois et autres nations vont chercher d’eux ou des Genois aucun vaissau holandois par exemple n’allant au Levant qu’il {p.273} ne s’arreste a Cadix ou a Livourne pour prendre des piastres  que les Genois leur fournissent[2] : d’ailleurs les draps que les nations Anglois apportent au Levant sont presque touts de pure leine d’Espagne et le reste de leur negoce a la reserve de leurs peches et peu d’autres marchandises s’y fait presque tout en pieces de huit[3] ils y pourroint porter de la cochenille du bois du Bresil… ocuperoint des navires et feroint un transporteroint les marchandises come les de l’indigo surtout a Smirne du vermillon en Egipte

- - - - -

Main principale M

262bis

Les friponeries se font presque toujours par le moyen de ceux qui les devroint empecher on fait aisement toutes sortes de choses deffendues [mots biffés non déchiffrés] il n’y a pour cela qu’a se servir du valet qui a coutume de faire les commissions des gredins et porter leurs fardeaux [mots biffés non déchiffrés] et un home [mot biffé non déchiffré].

- - - - -

Main principale M


259

n1.

Comprendre : shillings.

259

n2.

Voir nº 274, note 6. Pour diminuer l’endettement de l’État, Le Pelletier des Forts, Contrôleur général des Finances, retrancha une masse de rentes viagères (novembre 1726), mesure annulée le 27 janvier 1728. Ce fragment aurait donc été transcrit entre ces deux dates. Sur cette opération, voir Spicilège, nº 615.

259

n3.

Le cours légal des espèces est fixé en France en livres tournois, unités de compte. Par l’arrêt du 15 juin 1726, la livre tournois pèse 5,25 grammes d’argent.

260

n1.

L’acte d’Union (1707), sous la reine Anne, conclu par Robert Harley (voir nº 261), a réuni les deux royaumes en une seule monarchie.

261

n1.

Le traité d’Utrecht (1713) mit fin à la guerre de Succession d’Espagne. La « succession contestée » oppose les partisans de la dynastie hanovrienne et les jacobites, favorables aux Stuarts. Les « affaires de l’Empire » visent les conflits entre l’Angleterre et l’Autriche autour de la Compagnie d’Ostende et de la pragmatique sanction ; cf. Pensées , nº 17, 152.

261

n2.

Cf. nº 17, note 4.

261

n3.

Robert Harley, 1er comte d’Oxford et comte de Mortimer (1661-1724), secrétaire d’État de la reine Anne de 1704 à 1708, chancelier de l’Échiquier en 1710, chef du parti tory renversé en 1714, avait tenté de faire revenir le prétendant Stuart (voir Spicilège, nº 449, 506a). Les « estats d’Allemagne » désignent l’électorat de Hanovre sur lequel régnèrent George Ier (1660-1727), accusé de privilégier sa patrie d’origine, et George II (1683-1760), rois de Grande-Bretagne et d’Irlande.

261

n4.

La dynastie catalane (1137-1410) avait élevé l’Aragon au rang de puissance européenne. L’union de cette région avec la Castille, préparée par le mariage de Ferdinand II le Catholique et d’Isabelle, fut consommée en 1516 avec l’avènement de Charles Quint, qui incorpora la Flandre aux Dix-Sept Provinces des Pays-Bas (1549).

262

n1.

« [...] Villes de la Méditerranée orientale, sous domination ottomane, comme Smirne, Alep, Chypre, Seyde [anc. Sidon, auj. Saïda], Constantinople, Alexandrie, et par extension tout le commerce qui s’y pratique par les Français, Hollandais, Anglais et Italiens » (Jacques Savary des Bruslons, Dictionnaire universel de commerce, [Amsterdam], Jansons, 1726-1732, t. I, p. 999, art. « Commerce du Levant »). Une série d’articles (nº 262, 264, 266, 269, 270) concernant le rôle commercial de l’Espagne et de l’Autriche, particulièrement en Méditerranée, est transcrite dans les années des affaires de la Compagnie d’Ostende et de Gibraltar.

262

n2.

Les piastres, frappées à Séville, pouvaient être négociées sur les marchés levantins, ou bien échangées en Italie, particulièrement à Livourne, contre des espèces appréciées dans les villes de commerce du Levant. L’argent, rare en Orient, se valorisait par rapport à l’or à mesure qu’on s’éloignait vers l’est de la Méditerranée ; voir Fernand Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, Paris, A. Colin, t. 2, 1985, p. 436-458. Sur l’achat des piastres à Cadix, voir Jacques Savary des Bruslons, Dictionnaire universel de commerce, [Amsterdam], Jansons, 1726-1732, t. I, p. 925.

262

n3.

La pièce de huit (huit réaux) ou dollar espagnol était devenue au début du XVIIIe siècle la monnaie de référence au Levant et celle utilisée par la compagnie commerciale anglaise, la Levant Company (Alfred C. Wood, A History of the Levant Company [1re éd. Oxford, 1935], Abingdon, Cass, 1964, p. 96-97).

262

n4.

Comme l’indique la note, le texte se poursuit à la page 274, avec le nº 264.