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Pensées 152 à 156

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

152

Il

Angleterre

n’est point de l’interet de la France de faire une alliance offensive et deffensive avec l’Angleterre, le secours de la France est prompt, mais celui de l’Angleterre est long et incertain a cause des deliberations, il est vrai que la France est plus exposée que l’Angleterre est qu’ainsi elle a plus souvent besoin de secours[1].

Main principale D

153

L’Angleterre n’a point de tarif reglé avec les autres nations, son tarif change pour ainsi dire a tous les parlemens[1], pour decharger les terres ils mettent de tres gros droits.
Le droit d’entrée du bled etranger y diminuë a proportion que le prix du bled y augmente.

Main principale D

154

L’Angleterre

Etablissemens de compagnies angloises & hollandoises

et la Hollande ont fait un tres mauvais usage de leur credit, ces mêmes etablissemens et compagnies qui en ont fait la force la ruineront quelque jour
{p.133} C’est que les hommes abusent de tout, il n’y a que cent ans que ces compagnies sont etablies

Mis dans les loix

et deja leurs dettes en sont immenses et augmentent tous les jours ; dans un pays ou il y a du credit tous les projets qui viennent dans la tête du ministre sont executés, da ils restent dans les autres[1]

- - - - -

Main principale D

155

Nos refugiés sont tous wichs[1] et si le trone d’Angleterre est jamais renversé il le sera par ces gens la comme il le fut du tems de Charles 1er par les refugiés françois de ce tems la.

- - - - -

Main principale D

156

[Passage à la main M]

Accident
Individu
Genre
Espece

Substance accident individu genre espece ne sont qu’[u]ne maniere de concevoir les choses selon le different raport qu’elles ont entre elles[1] par ex. la rondeur qui est un accident du corps devient l’essence d’un cercle et la rougeur qui sert de coloris a un cercle materiel devient l’essence d’un cercle rouge idem l’idée du genre qui n’est rien en elle meme, n’estant que celle d’un individu en tant que je ne le {p134} determine pas, et que je le garde dans mon esprit sans l’appliquer a un sujet plutost qu’a un autre. L’idée de l’infini a qui le pere Malbranche trouve tant de realité qu’il croit que les idées particulieres viennent de celle la

Malebranche

, en faisant une espece de soustraction arithmetique[2], si j’ose me servir de ce terme au lieu que ce n’est qu’en adjoutant sans cesse au fini sans trouver de bornes que je fais l’idée de l’infini. C’est ainsi que je pense a une etendue ou j’adjoute toujours a un estre dont je borneray si peu les perfections que je pourray toujours par ma pensée en adjouter de nouvelles. Mais je n’ay l’idée d’une matiere ny d’un estre aux quels je ne puisse rien adjouter non plus que d’un temps ny d’un nombre il est bien vray que Dieu a esté de toutte æternité car aucune chose ne peut estre faite de rien de maniere qu’il y a eu une durée infinie mais je n’ay pas pour cela d’idée de cette durée et je ne la voy que par des consequances que je tire de certeins principes[3]

Passage de la main D à la main M


152

n1.

Article transcrit entre 1727 (voir nº 17) et le départ de Montesquieu en avril 1728. L’alliance franco-anglaise impulsée sous la Régence (« entente du Hanovre », 1716), élargie à la Hollande, visant à faire accepter le découpage de la monarchie espagnole après le traité d’Utrecht (1713), s’était confirmée par le traité d’Herrenhausen en 1725 (Lucien Bély, Les Relations internationales en Europe : XVIIe-XVIIIe siècles, Paris, PUF, 1992, p. 457-471). Sur la vitesse de réponse d’un pays aux agressions étrangères, cf. nº 271, 561 ; Réflexions sur la monarchie universelle en Europe (OC, t. 2, p. 360-361) ; EL, IX, 6.

153

n1.

Le début de l’article est repris dans L’Esprit des lois (XX, 7) et explicité par une addition faite en cours d’impression, placée après « parlements » : « […] par les droits particuliers qu’elle ôte, ou qu’elle impose » (lettre de Jacob Vernet du 16 mars 1748, Masson, t. III, p. 1110). Le pouvoir politique anglais évite de se lier par des traités afin de fixer les droits de douane en fonction des nécessités de son économie.

154

n1.

La création de compagnies de commerce à monopole, de bourses de valeur et de banques de change, a favorisé, dès la première décennie du XVIIe siècle, l’essor des commerces hollandais et anglais. Dans L’Esprit des lois, Montesquieu soulignera le danger, particulièrement dans les monarchies, de séparer les capacités financières du pouvoir politique (XX, 10).

155

n1.

« Nos réfugiés » désignent les Français exilés en Angleterre, protestants et hostiles à l’absolutisme comme les whigs (« whichs »). Sous Charles Ier, les calvinistes français refusant de se soumettre au rite anglican renforcèrent l’opposition au pouvoir du roi et des évêques.

156

n1.

Montesquieu paraît suivre ici un mouvement nominaliste moderne, de Occam à Hobbes en passant par Gassendi, qui critique toute interprétation ontologique des prédicables aristotéliciens. Pour Descartes, les universaux (genre, espèce, différence, propre et accident) « se font de cela seul que nous nous servons d’une même idée pour penser à plusieurs choses particulières qui ont entre elles un certain rapport » (Principes, I, 59). Dans la critique du mauvais usage des abstractions, contre le réalisme des universaux, Montesquieu rejoint Locke soutenant que les notions de substance et d’accident sont peu utiles en philosophie (Essai philosophique sur l’entendement humain, J.-M. Vienne (éd.), Paris, J. Vrin, 2001, II, chap. 13, § 19, p. 128). Voir aussi Gassendi (François Bernier, Abrégé de la philosophie de Gassendi, Lyon, Anisson, Posuel et Rigaud, 1684, t. I, règle IV – Catalogue, nº 1461) et de nombreux adversaires modernes de la scolastique.

156

n2.

Malebranche, De la recherche de la vérité, liv. III, 2e partie, chap. 6, dans Œuvres, G. Rodis-Lewis (éd.), Paris, Gallimard, 1979, t. I, p. 341. Montesquieu récuse la conception malebranchiste qui refuse de penser l’infini à partir du fini et superpose l’infini en puissance à l’infini en acte ; cf. nº 1946.

156

n3.

Cf. John Locke, Essai philosophique sur l’entendement humain, J.-M. Vienne (éd.), Paris, J. Vrin, 2001, II, 17, § 5, p. 161.