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Pensées 32 à 36

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

32

27

Le seul avantage qu’un peuple libre

Mis dans mes Pensées sur la moralle[1]

ait sur un autre c’est la securité ou chacun est que le caprice d’un seul ne lui otera point ses biens ou sa vie un peuple sommis qui auroit cette securité la bien ou mal fondée seroit aussi hureux qu’un peuple libre les meurs d’ailleurs egalles car les moeurs contribuent encor plus au bonheur d’un peuple que les loix[2].
{p.36} Cette securité de son estat est beaucoup moindre n’est pas plus grande en Angleterre qu’en France et elle n’estoit de meme moindre dans les guere plus grande dans quelques ancienes republiques greques et d’Italie car la liberté, pour ne parler que de l’Angleterre qui come dit Teucidide estoint divisées en deux factions[3] or la liberté faisant souvent naitre dans un estat deux factions la faction superieure se sert sans pitié de ses avantages une faction qui domine n’est pas moins terrible qu’un prince en colère[4]. Combien avons nous vu de particuliers dans les derniers troubles d’Angleterre perdre leur vie et leurs biens ou leurs biens il ne sert de rien de dire qu’on n’a qu’a se tenir neutre car qui peut estre sage quand tout le monde est fou sans conter que l’home moderé est hay des deux partis[5] ; d’ailleurs {p.37} dans les estats libres le menu peuple est ordinairement insolent on a beau faire il n’y a guere d’heure dans le jour ou un honete home n’ait affaire avec le bas peuple et quelque grand seigneur qu’on soit on y aboutit toujours, au reste je conte pour tres peu de chose le bonheur de disputer avec fureur sur les affaires d’estat et de ne dire jamais cent mots sans prononcer celui de liberté ny le privilege de hair la motie de ses citoyens

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Main principale M

33

28

Qui sont les gens hureux? Les dieux le scavent car ils voyent le coeur des philosophes celui des roisx et celui des bergers.

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Main principale M

34

[Passage à la main D] 29

{p.38} Les Atheniens soumettoient a leur empire les peuples vaincus, les Lacedemoniens leur donnoient leurs loix et leur liberté[1], ceux ci faisoient comme Hercule et Thesée[2], ceux la comme firent depuis Philippe et Alexandre. Les peuples d’Athenes etoient plus grands, celui de Lacedemone plus magnanime, Chose merveilleuse il n’y avoit pas plus d’ambition a Sparte qu’a Capoüe qu’a Crotone qu’a Sibaris

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Passage de la main M à la main D

35

[Passage à la main M] 30

Les theologiens. Ils aiment mieux un nouvel article de croyance qu’un milion de chretiens et pourvu qu’ils gagnent un article de foy article de simbole[1] ils ne s’embarassent pas de perdre des fidelles
Un tiran avoit un lit de fer[2] ou il mesuroit tout le monde il faisoit couper les pieds a ceux qui estoint plus grands et estendre {p.39} ceux qui l’estoint moins mais ceux cy vont plus loin car pour tourmenter davantage tantost ils augmentent le lit et tantost ils le diminüent.

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Passage de la main D à la main M

36

31

Les Cartaginois. Leur fortune et leur humiliation subite.

J’ay mis ceci dans les C. sur la rep Romeine

De grandes richesses, et point de vertu militaire de grandes mauvaises armées mais qu’ils repparoint aisement
Leur faiblesse venoit de ce que leurs grandes forces n’estoint point dans le centre de leur puissance vice interieur[1].
1º Les villes d’Afrique n’estoint point ceintes de murs 2º ils avoint des voisins peu affectionés et qui les abandonoint lors qu’ils pouvoint le faire sans peril et pour lors {p.40} les ennemis du dehors et du dedans joints ensemble les mettoint a deux doits de leur perte. 3º Cartag les 3º Leurs imprudences continuelles ils envoyent la motié d’une armée en exil ils punissent leurs generaux de leurs malheurs de maniere qu’ils n’es estoint song[e]oint plus [lettres biffées non déchiffrées] a se deffendre contre les cytoyens que contre les ennemis, 4º leurs divisions funestes 5º la mauvaise administration 6º la fureur des gconquêtes lointeines Cartage songe a conquerir la Scicille l’Italie et la Sardagne pendant qu’elle paye un tribut aux Afriquains aussi touts ceux qui debarquerent en Affrique les mirent ils au desespoir Agathocle Regulus et Scipion.
Chaleur affricaine vice int domination pesante. Cartaginois hais come etrangers

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Main principale M


32

n1.

Voir nº 57, 220.

32

n2.

Première trace, dans le recueil, d’un projet d’ouvrage qui sera intitulé La Liberté politique (nº 884, 934, 935). Le lien entre la liberté politique et la sécurité du citoyen, indépendant du type de constitution, sera développé dans L’Esprit des lois (XII, 1).

32

n3.

Thucydide décrit les troubles civils qui déchirèrent les cités grecques ; les deux factions désignent les oligarques et le parti populaire (III, 82 – Catalogue, nº 2798-2799).

32

n4.

Cf. nº 918. L’ouvrage de Clarendon donnait maints exemples du fait qu’en se débarrassant de leur roi, les Anglais n’avaient pas obtenu la liberté et s’étaient mis sous le joug de Cromwell et des factions dominantes (Histoire de la rébellion et des guerres civiles d’Angleterre, depuis 1641 jusqu’au rétablissement du roi Charles II, La Haye, L. et H. Van Dole, 1704, préface, p. 5-6 ; voir Correspondance I, lettre de Bulkeley du 22 octobre 1723). Sur l’idée que la république n’est pas la condition de la liberté, voir les citations des Lettres à Atticus de Cicéron dans le Catalogue (nº 3198, p. 400).

32

n5.

Cf. nº 887.

34

n1.

Les Spartiates renversèrent la plupart des tyrans de la Grèce (Thucydide, I, 18) et réformèrent les cités (Plutarque, Vie de Lycurgue, XXX).

34

n2.

Plutarque comparait Sparte à Hercule qui débarrassa le monde des tyrans (Vie de Lycurgue, XXX), imité par Thésée, qui avait doté Athènes de lois et s’était défait de l’autorité royale (Vie de Thésée, XXIV).

35

n1.

« Chez les Chrétiens, est le memoire des articles de la Foy, que tout Chrétien doit sçavoir et croire […] » (Furetière, 1690, art. « Symbole »).

35

n2.

Procuste, brigand légendaire, compris parmi les « tyrans » (traduction d’Amyot) punis par Thésée (Plutarque, Vie deThésée, XI ; Les Vies des hommes illustres grecs et romains, comparées l’une avec l’autre par Plutarque de Chéronée, Paris, M. de Vascosan, 1565, p. 4, § A – Catalogue, nº 2794 et 2795, éd. de 1559 et 1583).

36

n1.

L’analyse des faiblesses de Carthage sera développée dans les Romains (chap. IV, p. 111-114, plus particulièrement l. 87-89 et 95-96).