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Pensées 50 à 54

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

50

44

P Plagiaire. Avec tres peu d’esprit on peut faire cette objection la.
Grace aux petits genies il n’y a plus d’autheurs originaux, il n’y a pas jusqu’à Decartes qui n’ait tiré toutte sa philosophie des anciens[1] ils trouvent la doctrine de la {p.55} circulation du sang dans Hipocrate [2] et si les calculs differentiel et integral ne se sauvoint par leur sublimité de la petitesse de ces gens la ils le trouveroint tout entier dans Euclide[3] : eh de quoye deviendroint les comentateurs sans ce privilege. Ils ne pourroint pas dire Horace a dit ceci : ce passage se raporte a un autre de Theocrite ou il est dit… Je m’engage de trouver dans Cardan les pensées de quelque autheur que ce soit meme le moins subtil[4].
On doit rendre aux autheurs qui nous ont paru originaux dans plusieurs endroits de leurs ouvrages cette just justice qu’ils ne se sont pas abaissés jusques a descendre a la qualité de copistes.

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Main principale M

51

Il y a trois tribunaux contraires les uns aux autres

Tribunaux

qui se combatent ne sont presque jamais d’accord, celui des loix celui de l’honneur celui de la relligion.

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Main principale M

52

45

{p.56} Gens singuliers il y a des gens si bisarres que ce sont les grotesques de notre espece, leur esprit decline generalement de touts les esprits.
Des qu’un home pense et qu’il a un caractere on dit c’est un home singulier
La plus part des gens se ressemblent en ce qu’ils ne pensent point echos æternels qui n’ont jamais rien dit et ont toujours repeté artisans grossiers des idées des autres.
Il faut que la singularité consiste dans une maniere fine de penser qui a echapé aux autres car un home qui ne sçauroit se distinguer que par une chaussure particuliere seroit un sot par tout pais.
Les pensées et les actions d’un home {p.57} singulier luy sont tellement propres qu’un autre home ne pourroit jamais les employer sans se dementir.

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Main principale M

53

46

Paresse valet de la societé, eh qu’est ce que tu as de mieux a faire.
J’excuserois la plutost la paresse des moines qui ne s’occupent que de l’æternité ; mais celle qui n’a aucun object ne sert qu’a rendre un home malhureux.

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Main principale M

54

47

L’entetement pour l’astrologie est une orgueilleuse extravagance nous croyons que {p.58} nos actions sont assés importantes pour meriter d’estre ecrites dans le grand livre du ciel, et il n’y a pas jusqu’au plus miserable artisan qui ne croye que les corps immenses et lumineux qui roulent sur sa teste ne sont faits que pour annoncer a l’univers l’heure ou il que dans l’heure ou il sortira de sa boutique ou bien que dans une heure il sortira de sa boutique[1]

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Main principale M


50

n1.

L’accusation de plagiat est caractéristique de l’argumentaire du parti des Anciens contre la nouveauté des auteurs modernes. Adrien Baillet, dans sa biographie de Descartes, énumère ceux qui, comme Louis de la Forge, Daniel Morhof, Antoine Verjus, etc., avaient relevé diverses ressemblances entre les théories du philosophe et celles des Anciens (Vie de Descartes, Paris, D. Horthemels, 1691, 2nde partie, liv. VIII, chap. 10, p. 530-537 ; voir Jean-Robert Armogathe, « Une ancienne querelle », postface à La Querelle des Anciens et des Modernes, XVIIe-XVIIIe siècles, A.-M. Lecoq (éd.), Paris, Gallimard, 2001, p. 820-823).

50

n2.

Cf. Spicilège, nº 171.

50

n3.

Le calcul différentiel et intégral, ou calcul infinitésimal, a donné lieu à une retentissante controverse entre Leibniz et Newton pour savoir lequel des deux en était le premier inventeur, titre que la Royal Society accordera en 1712 à Newton ; voir Fontenelle, Préface à l’« Analyse des infiniment petits », par le marquis de l'Hôpital [1696], dans Œuvres, Paris, B. Brunet, 1758, t. VIII, p. 40-42.

50

n4.

Cardan a composé le traité De Subtilitate [1550] (Catalogue, nº 1419 pour l’édition de Lyon, 1580), ouvrage éclectique sur l’état de la science au XVIe siècle.

54

n1.

Montesquieu souligne ici, après Bayle (Continuations des pensées diverses, Rotterdam, Reinier Leers, 1705, p. 180), le décalage entre l’unanimité des condamnations contemporaines de l’astrologie, réputée populaire et méprisée par les élites, et sa survie dans la littérature divinatoire, dans la sphère privée, à travers la consultation de devins ; voir Hervé Drévillon, Lire et écrire l’avenir. L’astrologie dans la France du Grand Siècle (1610-1715), Paris, Champ Vallon, 1996, p. 217-223. Le bibliothécaire qui accueille Rica dans les Lettres persanes fait la critique de l’astrologie judiciaire (LP, 129 [135], p. 490), pratiquée et théorisée par le comte de Boulainvilliers : voir nº 2156.