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Pensées 95 à 99

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

95

J’avois mis dans mon dialogue de Sylla[1] {p.88} [«] j’us bientost pour moy les actions présentes tandis que Marius n’avoit que

Souvenir toujour leger

le souvenir toujours leger des choses passées je marchay sur ses pas et des qu’il s’arresta il me trouva devant luy [»] :

- - - - -

Main principale M

96

Si les dieux estoint tels qu’on nous les depeint les homes ils devroint rougir de leurs caprices.

- - - - -

Main principale M

97

Mauvaise foy des Francois puis qu’ils ont tant de juges pour la reprimer.

- - - - -

Main principale M

98

Julien n’estoit point apostat[1] car jamais il ne fut proprement chretien,

Julien

car on ne scauroit estre chretien sans renoncer au paganisme au lieu qu’on peut estre payen sans renoncer au {p.89} christianisme le paganisme adoptant toutes les sectes meme les intolerantes. C’est pour cela que le changement de Constantin ne fit pas de revolution dans l’empire
Du temps de Constantin ses enfants et de Julien mème le christianisme estoit tres peu etendu le paganisme florissoit come avant sous Constantin et il ne fut detruit que sous Theodose[2]
Il y a apparance que Julien a son retour de Perse auroit esté fatal au christianisme mais sa mort fortifiée du prejugé de punition divine[3] fut un coup tres favorable parce qu’il frapa les esprits chancelans
On ne scauroit asses admirer la moderation de cet empereur sur les discours seditieux que le clergé chretien tenoit contre lui meme en sa presence[4] et jamais on n’a {p.90} porté le crime de leze majesté plus loin que l’on fit contre lui.

- - - - -

Main principale M

99

[Passage à la main D]

Mort d’Alexandre

Telle etoit du tems d’Alexandre la situation du monde que tout ce qui n’etoit pas grec paroissoit a peine et qu’il n’y avoit d’univers que son empire[1].
Je ne trouve rien de si beau que l’embarras et la consternation de l’univers après sa mort[2] tout le monde se r se regarde dans un profond silence, la rapidité de ses conquêtes avoit prevenu toutes les loix ; le monde pouvoit etre soumis aux conquerans, l’admiration le maintenoit fidelle, on avoit vû le monde une conquête mais non pas une succession. Tous ses capitaines se trouvoient egaleme egalement incapables d’obeir et de commander, Alexandre meurt et c’est {p.91} peut etre le seul prince dont la place n’ait pu etre remplie ; l’on l’homme manqua comme le roi, la succession legitime fut meprisée, et on ne put pas seulement convenir d’un usurpateur.
Cette grande machine privée de son intelligence se demembra, tous les capitaines partagerent son autorité, personne n’osa par respect succeder a son titre

Mis dans l’esp. des loix[3]

, le nom de roi parut enseveli avec lui, non pas comme il est arrivé quelquefois par la haine, mais par le respect qu’on avoit pour celui qui l’avoit porté.
Les nations captives oublient leurs haines et le pleurent, il sembloit qu’elles crussent que leur captivité ne commençoit que de ce jour après av avoir perdu celui la seul a qui il n’etoit pas honteux d’obeir.

- - - - -

Passage de la main M à la main D


95

n1.

Cf. Dialogue de Sylla et d’Eucrate (OC, t. 8, p. 320, l. 149-160), qui aurait été lu en 1724-1725 (ibid., p. 311).

98

n1.

La réhabilitation de Julien l’Apostat, opposé traditionnellement à Constantin par l’historiographie chrétienne, a été entamée dès le XVIe siècle par Montaigne (II, 19) et poursuivie par La Mothe Le Vayer (De la vertu des païens [1642], Paris, A. de Sommaville, 1647, II, p. 263-304 – Catalogue, nº 2338 pour Œuvres, Paris, A. Courbé, 1656). Montesquieu fera l’éloge de Julien dans les Romains, où il loue ses vertus et sa bravoure (XVII, p. 230, l. 110-111).

98

n2.

Avec l’empereur Théodose (vers 346-395), qui prend une série de dispositions légales contre le paganisme, le christianisme devient religion d’État.

98

n3.

Julien meurt au cours d’une campagne en Mésopotamie (363), alors qu’il avait entrepris la restauration du paganisme, rétabli comme religion officielle. Théodoret de Cyr (393-vers 460) raconte que le soldat qui a porté à l’empereur le coup fatal « n’a été que le ministre et l’exécuteur des ordres de la justice divine » (Histoire ecclésiastique, III, 25, 7). Outre ses œuvres séparées en latin (Beati Theodoreti opera in duos tomos distincta, Cologne, J. Birckmanum, 1573 – Catalogue, nº 90), Montesquieu possède l’ouvrage cité dans un recueil en latin d’historiens ecclésiastiques grecs, comme Socrate de Constantinople et Sozomenes, qui évoquent Julien (Ecclesiasticæ historiæ scriptores græci, Paris, 1571 – Catalogue, nº 204).

98

n4.

Allusion à l’épisode raconté par Socrate de Constantinople (Histoire ecclésiastique, III, XII, 1-5), repris par Montaigne (II, 19, p. 669) et par Fleury dans son Histoire ecclésiastique (Paris, P. Emery, 1704, t. IV, l. 15, p. 6), au cours duquel l’évêque de Chalcédoine, Maris, reprocha publiquement à l’empereur son impiété et son apostasie.

99

n1.

Montesquieu souligne plus loin que les conquêtes d’Alexandre ont fait connaître l’Orient à l’Occident (nº 1714).

99

n2.

Plusieurs auteurs racontent la douleur fatale de la mère de Darius, qui se laisse mourir après la disparition du conquérant (Diodore de Sicile, XVII, 118, 3 ; Justin, Histoire universelle, XIII, 13, 1). Montesquieu s’inspire surtout de Quinte-Curce, qui souligne le deuil des Perses perdant celui qu’ils considéraient comme le roi le plus légitime et le plus digne de les gouverner (X, 5, 19-25) ; sur la signification politique, selon Montesquieu, de ce deuil, voir Pierre Briant, Alexandre des Lumières, Fragments d’histoire européenne, Paris, Gallimard, 2012, p. 353.

99

n3.

La disparition d’Alexandre nourrira dans L’Esprit des lois la réflexion sur le rapport entre monarchie et dimensions du royaume (VIII, 17).