[A/f.156r] [a'/f.1r] Liber de apparitione sancti Michaelis in Monte Gargano [1]

Livre de l’apparition de l’archange saint Michel sur le Mont Gargan

I. [C/f.95r] Memoriam [2] beati Michaelis archangeli toto orbe venerandam ipsius [3] et [4] opere condita [A/f.156v] et consecrata nomine [5] demonstrat aecclesia [6] : non metallorum fulgore, sed privilegio commendata signorum, vili facta scemate, sed caelesti predita est [7] virtute, utpote quam, fragilitatis humanae memor, archangelus e caelo veniens ad promerendam ibi mortalibus supernorum societatem propria manu condere dignatus est. In [8] vertice siquidem montis excelsi posita, de corpore ejusdem saxi speluncę instar precavata ostenditur. Est [a'/f.1v] autem locus in Campaniae, finibus ubi inter sinum Hadriaticum et montem Garganum civitas Sipontus [9] posita est. Qui a moenibus civitatis ad duodecim milia passus erectus [10], in cacumine suppremo beati archangeli, quam prefatus sum, gestat aecclesiam. Hanc mortalibus hoc modo cognitam libellus in eadem aecclesia positus indicat.

Que le souvenir du bienheureux archange Michel allait être vénéré dans le monde entier, c’est ce dont témoigne l’église qu’il a fondée lui-même et consacrée par son nom: elle ne se recommande pas par la splendeur des matériaux, mais par le privilège que sont les miracles; c’est une réalisation des plus ordinaires, mais elle est dotée de la puissance céleste, attendu que l’archange, considérant la faiblesse humaine, a daigné descendre du ciel et la fonder de sa propre main, afin d’obtenir en ce lieu pour les mortels de participer à la communauté des êtres célestes. Établie au sommet d’un mont élevé, elle a été creusée, comme une grotte, dans la masse du rocher. L’endroit se trouve sur le territoire de la Campanie, là où est située la cité de Siponto, entre le golfe Adriatique et le Mont Gargan. C’est ce mont, qui s’élève à environ douze mille pas des murs de la cité, qui porte à son sommet l’église du bienheureux archange, dont je viens de parler. Un petit livre, déposé dans cette église, révèle que celle-ci est parvenue à la connaissance des mortels de la manière suivante.

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1   Le texte que nous éditons est la transcription fidèle de celui qui fut copié à la fin du Xe siècle ou au début du XIe au Mont Saint-Michel (Avranches, BM, ms. 211, fol. 156-161: A): cette version diffère peu des autres versions montoises (Avranches, BM, ms. 211, du XVe s., f. 1-4v, a’, et ms. 213, du XIVe s., f. 95-97, C), dont nous donnons en notes les variantes. En revanche, il y a de très nombreuses différences avec le texte publié récemment par V. Sivo, « Apparitio sancti Michaelis in Monte Gargano », in P. Bouet, G. Otranto et A. Vauchez (dir.), Culte et pèlerinages à saint Michel en Occident. Les trois monts dédiés à l’archange [actes du colloque international de Cerisy-la-Salle, 2000], Rome, École française de Rome (Collection de l’École française de Rome; 316), 2003, p. 1-4 (Sivo).

2   Le texte de a’ (f. 1) et de C (f. 95) commence par l’interpolation suivante: Anno dominice incarnationis quingentesimo sexto, indictione quarta decima, regnante piissimo imperatore Zenone, in sede vero apostolica urbis Rome presidente Gelasio presule, in civitate autem Sipontina preerat episcopus nomine Laurentius, in qua (quidem add. C) civitate erat nunc (tunc temporis C) magister militum nomine Garganus. Quibus presidentibus facta est (om. C) inventio ecclesie beati Michaelis archangeli octavo yduum maiarum (idus maii C) ad laudem (et honorem add. C) Domini nostri Jhesu Christi et ejusdem beati Michaelis (archangeli add. C) memoriam toto orbe venerandam…

3   quod add. C.

4   etiam a’ est C.

5   nomini a’C.

6   quod add. Sivo.

7   om. Sivo.

8   om. Sivo.

9   sepontus Sivo.

10   passus erectus] passuum porrectus Sivo.