Chapitre 103
Capitulum CIII1caput 102 1536.
Ypotamus [l’hippopotame1Les appellations ypotamus
et hippopotamus désignent un même animal,
l’hippopotame (Hippopotamus amphibius Linné,
1758).] [+][VB 17, 136 De yppotamo [-]][+] [+][VB 17, 137 De eodem [-]][+]
Ypotamus2hippotamus 1536. [+][VB 17, 136 De
yppotamo3hippotamo VBd ut semper. [-]][+] [+][VB 17, 137 De eodem [-]][+]
Renvois internes : Ypotamus : cf. Equus fluminis et Equonilus, ch. 32.
Lieux parallèles : TC, De ipothamo (6,
28) ; AM, [Ipodromus] (24, 61 (36)).
[1] [•] VB 17, 136, 1D’après le Liber de natura
rerum. [•] TC 6, 28L’hippopotame est une bête qui naît sur terre, mais qui a
les mêmes capacités dans l’eau et sur terre. Il est ordinairement
plus grand que l’éléphant. Il a le museau relevé en arrière, des dents
recourbées ; la nuit, il broute les récoltes, qu’il atteint en
marchant comme à reculons. Il a les pieds plus sensibles aux
blessures que toute autre partie du corps. Il habite dans le Nil
et se trouve principalement dans la région de l’Inde. Avec sa peau
on tourne des lances2Il
s’agit des hampes de javelot (voir Hdt.
II, 71)..
[1] [•] VB 17, 136, 1Ex Libro de naturis4natura VBd. rerum5Vincent de Beauvais n’a repris que la
moitié de la notice de Thomas de Cantimpré ; il la suit
d’assez près.. [•] TC 6, 28Ypotamus6yppotamus VB2 ut semper. est belua in terra
nascens, sed in aqua et terra aequaliter potens. Elephantibus plerumque major. Rostrum habet
resupinum7On trouve
l’expression rostro resupinato dans Isid. orig. 12, 6, 21., dentes
aduncos ; noctibus segetes depascit, ad quas quasi retrogradus
pergit. Libentius autem prae ceteris partibus corporis in pedibus
vulnera recipit. In Nilo habitat et in partibus Indiae praecipue
reperitur. Ex ejus cute tornantur hastae.
[2] [•] VB 17, 137, 1Aristote. [•] Arist. HA 502 a 11-17 MSL’hippopotame, c’est-à-dire le cheval du fleuve, a la crinière du cheval, des sabots fendus, des chevilles comme la vache ; il n’a pas de face3Cette notation pour le moins surprenante
s’explique par une erreur de transmission textuelle. Les sources
attribuent en fait à l’hippopotame un « profil camus » : simam faciem dans l’Aristote latin (Arist. HA 502 a 11 MS, voir rostro resimo dans Plin. nat. 8, 95), τὴν ὄψιν σιμός dans
l’Aristote grec (Arist. HA 502 a 11).
Simiam faciem, peut-être devenu entre-temps
simiae faciei, a été lu fautivement par
Vincent de Beauvais comme sine facie,
« sans face », erreur répétée par l’Hortus
sanitatis. et possède un astragale aux pieds. Sa queue
est semblable à celle du porc, son hennissement à celui du cheval, sa taille à celle de l’âne. Son cuir est très épais. C’est pourquoi on en fait
des souliers et des lacets. Ses organes internes sont semblables à
ceux du cheval et de l’âne. Et bien qu’il séjourne sur terre, cependant il ne
peut vivre sans eau, comme la tortue, la rana marina4Sur la double identification de
la rana marina, voir Rana
marina, ch. 76. et le crocodile.
[2] [•] VB 17, 137, 1Aristoteles. [•] Arist. HA 502 a 11-17 MS
— Equs
vero fluminis, qui manet in terra Egipti, habet crines equi, et
pedes eius sunt fissi, et habet sotulares, ut vaca, et habet simam
faciem, et habet in pedibus kahab, et dentes eius cornua, et cauda
eius sicut cauda porci, et hinnit sicut equs, et magnitudo eius
sicut magnitudo asini, et corium eius valde grossum ; quapropter
parantur ex eo sotulares. Eius vero interius assimilatur interiori
equi et asini.Ypotamus, id est equus fluvialis, habet equinos crines, fissos pedes,
sotulares, ut vacca, et est sine facie, habens in pedibus kahab8cahab VBd.9Ka’àb ou kéab sont les mots arabes qui désignent
l’astragale (voir Arist. HA 502 a
11-12 : ἔχει δὲ καὶ ἀστράγαλον ὣσπερ τὰ διχαλά, « il a un osselet
comme les animaux à pieds fourchus » (Louis 1964, 47)). En latin
c’est le terme sotulares qui sert à
traduire ce mot ainsi qu’à désigner les chevilles (voir Caab, ch. 17).. Cauda ejus ut porci, hinnitus ut equi, magnitudo ut asini. Corium ejus grossum10crassum VBd. valde, ideoque parantur ex eo
sotulares11Sotulares désigne bien ici des souliers et non
l’astragale. Il pourrait y avoir eu une certaine confusion entre
les termes, les astragales devenant des souliers, acception plus
courante du mot sotulares. Toujours est-il
que le texte grec (Arist. HA 502 a 14)
parle de lances (δόρατα), qui deviennent des souliers dans la
traduction de Michel Scot, et des souliers accompagnés de lacets
chez Vincent de Beauvais. et corri[1491/vue 59] giae. Interiora ejus assimilantur
interioribus equi et asini. Et licet in terra maneat, sine aqua tamen vivere
non potest, sicut tortuca et rana marina et cocodrilus12crocodilus 1536 VB..
Propriétés et
indications
Operationes
[3] [•] VB 17, 137, 4A. Pline au livre 11. [•] Plin. nat. 11,
227Le cuir de l’hippopotame est tellement épais qu’on en tourne des
lances ; et cet animal possède une certaine intelligence médicale
naturelle5Le fait que
l’hippopotame passait pour être l’inventeur de la saignée (voir
Plin.
nat. 28, 121 : hippopotamio, repertore
detrahendi sanguinis, ut diximus ; Plin. nat. 8, 96) explique sans
doute cette opinion..
[3] [•] VB 17, 137, 4A. Plinius13idem in VB. libro XI. [•] Plin. nat. 11, 227
— Hippopotami
corio crassitudo talis ut inde tornentur hastae, et tamen quaedam
ingenio medica diligentia.Corii vero
crassitudo talis est ypotamis ut inde tornentur hastae ; cum ingenio quadam
medica diligentia.
[4] [•] VB 17, 137, 5B. [•] Plin. nat. 28, 121La cendre de cuir d’hippopotame appliquée avec de l’eau guérit les tumeurs,
sa graisse, les fièvres froides.
[4] [•] VB 17, 137, 5B. [•] Plin. nat. 28, 121
— Huius corii cinis cum aqua
inlitus panos sanat, adeps frigidas febres.Cinis14ante cinis hab. idem in
lib. 28 VB. corii ypotami cum aqua illitus panos15pannos 1491 Prüss1 1536 VB. sanat, adeps ejus febres
frigidas.
[5] [•] VB 17, 137, 5C. [•] Plin. nat. 28, 121La peau de son front du côté gauche6 L’Hortus sanitatis,
suivant fidèlement Vincent de Beauvais, reproduit deux erreurs :
l’omission du terme inguini, complément
d’alligata, « attaché à l’aine », et la
confusion, fréquente, entre ventrem, « le
ventre » et venerem, « le désir ».
D’antiaphrodisiaque chez Pline, la peau d’hippopotame est donc
devenue, pour de nombreux lecteurs, un remède
antidiarrhéique., si on se l’attache, est antidiarrhéique,
et sa cendre regarnit les calvities7On retrouve cette vertu chez un autre cheval
aquatique, l’hippocampe (voir Plin. nat. 32, 67 : Alopecias replet hippocampi
cinis)..
[5] [•] VB 17, 137, 5C. [•] Plin. nat. 28, 121
— Pellis eius e sinistra
parte frontis inguini adalligata venerem inhibet, eiusdem cinis
alopecias explet.Pellis ejus e sinistra parte
frontis adalligata ventrem16venerem Plin. inhibet et ejusdem cinis alopecias17alopicias 1491 Prüss1 VBd.
explet18Avec la
leçon originale venerem (et non ventrem), le remède indiqué par Pline ne
répondait donc pas aux objectifs que lui attribue l’Hortus sanitatis : « La peau du front du côté
gauche attachée à l’aine est antiaphrodisiaque, sa cendre regarnit
les calvities » (Ernout 1962a, 62) ; sur ce remède, voir aussi Plin. nat. 32,
139..
[6] [•] VB 17, 137, 5D. [•] Plin. nat. 28, 121Une drachme des testicules prise en boisson dans de l’eau
protège des serpents, †fimus sufficans†. Les
dents du côté gauche guérissent les maux de dents si l’on en
scarifie les gencives.
[6] [•] VB 17, 137, 5D. [•] Plin. nat. 28, 121
— Dentes e parte laeua
dolorem dentium scariphatis gingiuis. […] Testiculi drachma ex aqua contra serpentes
bibitur.Testiculi z. i.19z. i. : dragma VB. ex aqua bibitur contra serpentes. †Fimus sufficans20suffocans 1536
suffitans VB.21Les termes †Fimus sufficans† posent problème : ils sont
non seulement mal transcrits, par rapport à Plin. nat. 28, 121, qui porte
fimum suffitu, mais ils ne sont pas à leur
place puisqu’ils figuraient dans le texte de Pline quelques lignes
plus haut, associés à la graisse de l’hippopotame, pour soigner
les tumeurs : Sanat adeps frigidas febres, item
fimum suffitu, « sa graisse guérit les fièvres froides, de
même que sa fiente en fumigation » (Ernout 1962a, 62).†.
Dentes e parte laeva dolorem dentium, scarificatis gingivis,
sanat.
~
1Les appellations ypotamus
et hippopotamus désignent un même animal,
l’hippopotame (Hippopotamus amphibius Linné,
1758).
2Il
s’agit des hampes de javelot (voir Hdt.
II, 71).
3Cette notation pour le moins surprenante
s’explique par une erreur de transmission textuelle. Les sources
attribuent en fait à l’hippopotame un « profil camus » : simam faciem dans l’Aristote latin (Arist. HA 502 a 11 MS, voir rostro resimo dans Plin. nat. 8, 95), τὴν ὄψιν σιμός dans
l’Aristote grec (Arist. HA 502 a 11).
Simiam faciem, peut-être devenu entre-temps
simiae faciei, a été lu fautivement par
Vincent de Beauvais comme sine facie,
« sans face », erreur répétée par l’Hortus
sanitatis.
4Sur la double identification de
la rana marina, voir Rana
marina, ch. 76.
5Le fait que
l’hippopotame passait pour être l’inventeur de la saignée (voir
Plin.
nat. 28, 121 : hippopotamio, repertore
detrahendi sanguinis, ut diximus ; Plin. nat. 8, 96) explique sans
doute cette opinion.
6 L’Hortus sanitatis,
suivant fidèlement Vincent de Beauvais, reproduit deux erreurs :
l’omission du terme inguini, complément
d’alligata, « attaché à l’aine », et la
confusion, fréquente, entre ventrem, « le
ventre » et venerem, « le désir ».
D’antiaphrodisiaque chez Pline, la peau d’hippopotame est donc
devenue, pour de nombreux lecteurs, un remède
antidiarrhéique.
7On retrouve cette vertu chez un autre cheval
aquatique, l’hippocampe (voir Plin. nat. 32, 67 : Alopecias replet hippocampi
cinis).
~
1caput 102 1536.
2hippotamus 1536.
3hippotamo VBd ut semper.
4natura VBd.
5Vincent de Beauvais n’a repris que la
moitié de la notice de Thomas de Cantimpré ; il la suit
d’assez près.
6yppotamus VB2 ut semper.
7On trouve
l’expression rostro resupinato dans Isid. orig. 12, 6, 21.
8cahab VBd.
9Ka’àb ou kéab sont les mots arabes qui désignent
l’astragale (voir Arist. HA 502 a
11-12 : ἔχει δὲ καὶ ἀστράγαλον ὣσπερ τὰ διχαλά, « il a un osselet
comme les animaux à pieds fourchus » (Louis 1964, 47)). En latin
c’est le terme sotulares qui sert à
traduire ce mot ainsi qu’à désigner les chevilles (voir Caab, ch. 17).
10crassum VBd.
11Sotulares désigne bien ici des souliers et non
l’astragale. Il pourrait y avoir eu une certaine confusion entre
les termes, les astragales devenant des souliers, acception plus
courante du mot sotulares. Toujours est-il
que le texte grec (Arist. HA 502 a 14)
parle de lances (δόρατα), qui deviennent des souliers dans la
traduction de Michel Scot, et des souliers accompagnés de lacets
chez Vincent de Beauvais.
12crocodilus 1536 VB.
13idem in VB.
14ante cinis hab. idem in
lib. 28 VB.
15pannos 1491 Prüss1 1536 VB.
16venerem Plin.
17alopicias 1491 Prüss1 VBd.
18Avec la
leçon originale venerem (et non ventrem), le remède indiqué par Pline ne
répondait donc pas aux objectifs que lui attribue l’Hortus sanitatis : « La peau du front du côté
gauche attachée à l’aine est antiaphrodisiaque, sa cendre regarnit
les calvities » (Ernout 1962a, 62) ; sur ce remède, voir aussi Plin. nat. 32,
139.
19z. i. : dragma VB.
20suffocans 1536
suffitans VB.
21Les termes †Fimus sufficans† posent problème : ils sont
non seulement mal transcrits, par rapport à Plin. nat. 28, 121, qui porte
fimum suffitu, mais ils ne sont pas à leur
place puisqu’ils figuraient dans le texte de Pline quelques lignes
plus haut, associés à la graisse de l’hippopotame, pour soigner
les tumeurs : Sanat adeps frigidas febres, item
fimum suffitu, « sa graisse guérit les fièvres froides, de
même que sa fiente en fumigation » (Ernout 1962a, 62).