Cocodrillus [le crocodile1Dans les textes de l’Antiquité et du Moyen Âge,
le terme cocodrillus (ou crocodil(l)us, corcodil(l)us et corcodril(l)us) renvoie toujours au
crocodile du Nil (Crocodylus niloticus Laurenti,
1768), la plus grande espèce de la famille des crocodylidae après le crocodile marin.]
[+][VB 17, 106 De crocodilo [-]][+] [+][VB 17,
107 Idem de
eodem [-]][+] [+][VB 17, 108 De medicinis ex crocodilo [-]][+]
Cocodrillus2crocodilus 1536 ut
saepe. [+][VB 17, 106 De crocodilo [-]][+] [+][VB 17,
107 Idem de eodem [-]][+] [+][VB 17, 108 De medicinis
ex crocodilo [-]][+]
Lieux parallèles : TC, De
cocodrillo (6, 7) ; AM, [Cocodrillus] (24,
32 (24)).
[1] [•] VB 17, 106, 1Isidore. [•] Isid. orig. 12, 6, 19-20Le crocodile est ainsi nommé de sa couleur jaune safran. Il
naît dans le Nil. C’est un quadrupède puissant sur terre et dans
l’eau, long en général de vingt coudées, armé de dents et de
griffes énormes, et sa peau est si dure que son dos renvoie, sans
qu’il sente rien, les pierres dont on le frappe, si grosses
soient-elles. Il dort la nuit dans l’eau et le jour à terre. Il
couve ses œufs dans la terre : le mâle et la femelle les gardent
tour à tour. Certains poissons à nageoire dorsale en dents de scie
le tuent en cisaillant les parties molles du ventre. C’est,
dit-on, le seul des animaux dont la mâchoire supérieure soit
mobile2Cette affirmation,
erronée, provient d’Hérodote (Hdt. II,
68, 13-14) et a été relayée par Arist. PA 691 a
5-6..
[1] [•] VB 17, 106, 1Isidorus. [•] Isid. orig. 12, 6, 19-20
— Crocodillus, a croceo colore dictus, gignitur in
Nilo, animal quadrupes in terra et in aquis ualens, longitudine
plerumque uiginti cubitorum, dentium et unguium inmanitate
armatum, tantaque cutis duritia ut quamuis fortium ictus lapidum
tergo repercutiat. Nocte in aquis, die humi quiescit. Oua in terra
fouet : masculus et femina uices seruant. Hunc pisces quidam
serratam habentes cristam tenera uentrium desecantes interimunt.
Solus ex animalibus superiorem maxillam mouere dicitur.Cocodrillus3crocodilus VB ut
semper. a croceo colore dictus est. Gignitur in
Nilo4milo Prüss1., et est
animal quadrupes, in terra et in aquis valens, longitudine
plerumque cubitorum XX5viginti cubitorum VB., dentium et unguium immanitate
armatum, tantaque cutis duritia ut, quamvis fortium ictibus
lapidum tergo repercussus sit, non sentiat. Nocte in aquis, die
humi quiescit. Ova in terra fovet. Masculus et femina vices
servant. Hunc quidam pisces6piscis Prüss1. serratam habentes cristam tenera
ventrium desecantes7densecantes 1491 Prüss1 1536. interimunt. Solus ex
animalibus superiorem maxillam movere dicitur8Toute la notice d’Isidore
de Séville vient de Sol. coll. 32,
22-24..
[2] [•] VB 17, 107, 1D’après le Liber de natura
rerum. [•] TC 6, 7Le crocodile n’a pas de langue. Il a une gueule large et
béante, dont l’ouverture va jusqu’aux oreilles. Le jour, il dort à
terre sans faire le moindre mouvement, si bien que, si vous ne
connaissez pas ses mœurs, vous pouvez croire qu’il est mort. Les
yeux fermés, il fait semblant de dormir et sa bouche grande
ouverte est pour les oiseaux une invitation à se repaître ; et
quand ils s’y sont posés pour manger, il les tue et les avale.
Certains ont cru que sa croissance était continue, comme celle de
l’ourse. Près des rives du Nil, vit sur une île un peuple
de petite taille, mais valeureux3Voir Plin. nat. 8, 92-93. Il s’agit
des Pygmées. Dans l’iconographie antique (fresques pompéiennes,
mosaïques nilotiques), les Pygmées sont souvent représentés en
train d’attaquer crocodiles et hippopotames., qui fait la
guerre à ces monstres. Ce sont en effet les seuls à oser nager
dans le fleuve où habitent les crocodiles, et ils sautent sur leur dos et les
harcèlent.
[2] [•] VB 17, 107, 1Ex Libro de naturis rerum9Vincent de Beauvais ne
reprend qu’une petite partie de la longue notice de Thomas de
Cantimpré.. [•] TC 6, 7Cocodrillus lingua caret. Os patulum et apertum habet et
hiatum usque ad aures. Per diem in terra quiescit adeo immobiliter
ut, nisi consuetudinem ejus praecognoscas, mortuum illum credas.
Oculis clausis dormire se simulat10similat 1536 VBd. et aves hiatu suo pabuli gratia
invitat ; quas11quasi 1536. ad escam descendentes perimit et
transglutit. Quidam hoc animal sicut ursam sem[1491/vue 16] per
crescere crediderunt. Circa Nili ripas habitat in insula gens
hominum parva quidem sed animosa, his beluis inimica. Soli enim
innatare flumen audent in quo cocodrilli habitant saliuntque supra dorsa eorum et
illos inquietant12inequitant VBd.13Inquietant est une
mélecture de l’Hortus sanitatis pour le inequitant (« les chevauchent ») de Vincent de
Beauvais. Voir aussi Plin. nat. 8, 93 : dorsoque equitantium modo impositi..
[3] [•] VB 17, 107, 2Aristote. [•] Arist. HA 487 a 14 MSLe crocodile vit habituellement dans l’eau. Cependant, il
n’aspire pas d’eau, mais de l’air ; et il pond ses œufs sur la
rive. [•] Arist. HA 502 b 29 - 503 a 1
MSC’est un animal sanguin, qui a deux pattes
plus grandes que les autres et une queue ; et tous les animaux de
ce genre, sauf le crocodile, sont fissipèdes, ont plusieurs doigts et
possèdent tous les organes sensoriels dans la langue4Le texte grec d’Arist. HA 502
b 35 est plus cohérent : « En outre tous possèdent les organes
sensoriels et une langue, sauf le crocodile d’Égypte » (Louis
1964, 49). Cette fausse croyance, qu’on retrouve plus loin (Arist. PA 690
b 20), vient d’Hérodote (Hdt. II, 68,
12).. [•] Arist. HA 503 a 6-14 MSCet animal n’a pas non plus d’oreilles, mais seulement des
orifices, qui sont les conduits auditifs. Il n’a ni mamelles, ni
testicules, ni verge externes, mais ces organes sont internes. Il
n’a pas de poils, mais, sur tout le corps, une peau couverte
d’écailles. Il a de grandes dents, pointues et écartées ; il a
aussi des yeux semblables à ceux du porc, et il a des défenses5Le terme culmus a ici le
sens de « défense », comme on peut le déduire de ce passage de
Barthélemy l’Anglais (De proprietatibus
rerum, livre XVIII, De animalibus,
ch. 32, De crocodilo, 1650, p. 1050) : Nullum animal habens dentes recurvos, sive culmos,
ut aper, habet cornua, quia materia illa transit in culmos. Culmus
enim et cornua simul non conveniunt, « Aucun animal à dents
recourbées ou défenses, n’a de cornes parce que la matière en est
passée dans les défenses. En effet, défenses et cornes ne sont pas
compatibles ». La traduction de Michel Scot est donc ici fautive :
les termes et habet culmos figurent là où
l’on trouve dans le texte grec : « des ongles puissants et une
peau impénétrable grâce aux écailles qui la couvrent » (Louis
1964, 50).. Il voit mal dans l’eau, parce qu’elle est plus
épaisse que l’air. Le jour, il séjourne plus longtemps sur terre,
et la nuit dans l’eau, parce que la nuit, l’eau est plus tiède que
l’air extérieur. [•] Arist. HA 612 a 21-25 MSL’oiseau trochile6Ernout
1952, 54, reconnaît dans l’oiseau trochilos
le pluvier d’Égypte. pénètre dans sa gueule ouverte, lui
nettoie les dents et se nourrit des débris d’aliments qui s’y sont
coincés. Et le crocodile, conscient de l’aide qu’il lui apporte, ne lui
fait pas de mal, mais quand il veut le faire sortir, il remue le
cou au lieu de le manger.
[3] [•] VB 17, 107, 2Aristoteles. [•] Arist. HA 487 a 18 MS
— Mansio eorum
et nutrimentum est in aqua, set non recipiunt aquam intra se, inmo
aerem, et pariunt extra sicut animalia que vocantur Grece andris,
latius et temcheah.Cocodrillus in aqua conversatur. Non tamen recipit aquam
intra se, sed aerem ; et parit extra14Voir aussi Arist. HA 589 b 26..
[•] Arist. HA 502 b 29 - 503 a 1
MS
— Et quod illorum est quadrupes, habet duos pedes
maiores et membrum simile animalis quod generat sibi simile, et
habet caudam in quibusdam magnam et in quibusdam parvam. Et omnia
sunt fissi pedis, multorum digitorum, et participant
instrumentorum sensuum in lingua preter tenchea, que est in
Egypto, quoniam lingua eius similis est lingue quorundam
piscium.Habet sanguinem duosque pedes majores
et caudam, omniaque talia sunt fissi pedis multorumque digitorum
et participant instrumentum sensus in lingua praeter cocodrillum. [•] Arist. HA 503 a 6-14 MS
— Et hoc
animal quod diximus non habet aures, set habet foramina tantum,
que sunt vie auditus, nec habet mamillas neque testiculos neque
virgam aparentem extra, set intra, nec habet pilos, set per totum
est squamosi corii et est acutorum dentium et distinctorum
[…] Thencha autem habet oculos similes occuli
porcorum, et est magnorum dentium, et habet culmos. Et ipse videt
in aqua visione debili et quia aqua spissior aere et visus eius
extra aquam est acutus valde. Et maior mansio eius in die est
super terram et in nocte in aqua, quoniam aqua est calidior de
nocte quam extra aer.Hoc etiam animal non
habet aures, sed foramina tantum, quae sunt viae auditus. Nec
habent15habet VB2. mamillas nec
testiculos nec virgam apparentem extra, sed intra. Nec habet
pilos, sed per totum corpus est corii squamosi. Habetque dentes
magnos et acutos et distinctos ; habet etiam oculos similes porcorum, et habet culmos. In aqua quidem debiliter
videt, quia spissior est aere. Major est ejus mansio in die super
terram, et nocte in aqua, quoniam aqua calidior est de nocte quam
aer extra. [•] Arist. HA 612 a 21-25 MS
— Temchea autem aperit os, et intrant animalia
volatilia et que dicuntur tasogilo, et mundifficant eius dentes et
cibantur ex illorum sordibus. Et temchea sentit iuvamentum in hoc
et non nocet eis ; et cum vult extrahere eos, movet collum, ita
quod non comedat eas.Trochillos16trochilos 1491 1536
VB. avis os ejus apertum intrat et ejus dentes
mundificat illorumque sordibus se cibat. Cocodrillus autem in hoc sentiens juvamen17juvamentum VB. non nocet eis, sed cum vult eas
extrahere, movet collum, nec eas comedit.
Propriétés et
indications
Operationes
[4] [•] VB 17, 108, 1A. Pline au livre 28. [•] Plin.
nat. 28, 107Les dents de la
mâchoire droite des crocodiles – de l’espèce de ceux dont l’existence se
partage entre l’eau et la terre –, attachées au bras droit,
passent pour aphrodisiaques.
[4] [•] VB 17, 108, 1A. Plinius18idem in VB.
libro vicesimo octavo. [•] Plin. nat. 28, 107
— […] uita in
aqua terraque communis. Duo enim genera eorum. Illius e dextra
maxilla dentes adalligati dextro lacerto coitus, si credimus,
stimulant […].Cocodrillorum19crocodilum 1536.
genus20generi 1536. cujus21cui VB. vita est
in aqua et in terra communis : dentes e maxilla dextra dextro
lacerto adalligati coitus stimulare dicuntur.
[5] [•] VB 17, 108, 1B. [•] Plin. nat. 28, 107À ce qu’on raconte, les petites pierres7L’estomac des crocodiles est
divisé en deux parties ; dans la première, on trouve des pierres,
nommées gastrolithes qui, sous l’action des muscles, broient la
nourriture et facilitent ainsi sa digestion ; dans la seconde se
trouvent les acides gastriques qui complètent l’action des
gastrolithes. retirées du ventre du crocodile sont efficaces contre les frissons survenant
au début des fièvres.
[5] [•] VB 17, 108, 1B. [•] Plin. nat. 28, 107
— Idem pollere uentre
exemptos lapillos adversus febrium horrores uenientis
tradunt.Lapillos etiam in ventre illius
exemptos adversus horrores febrium venientes pollere22pellere 1491
Prüss1 expellere 1536. tradunt.
[6] [•] VB 17, 108, 1C. [•] Plin.
nat. 28, 108Et c’est pour cette
raison que les Égyptiens enduisent leurs malades de sa
graisse.
[6] [•] VB 17, 108, 1C. [•] Plin. nat. 28, 108
— Eadem
de causa Aegyptii perungunt adipe aegros suos.Et ob hoc Egiptii suos aegros ipsius adipe
perungunt.
[7] [•] VB 17, 108, 2D. Dioscoride. [•] Diosc. 265
GVLes excréments du crocodile terrestre, ramassés et employés secs,
embellissent le visage et donnent un teint de neige, surtout s’ils
sont clairs et lisses, et si, mélangés à l’eau, ils se dissolvent
rapidement8Horace évoque
ce fond de teint employé par une prostituée (Hor. epod. 12, 10-11 : colorque / stercore fucatus
crocodili, « et le teint, fardé d’excréments de crocodile »).
Voir aussi Plin. nat. 28, 184 : Fimo taurino malas rubescere aiunt, non ut
crocodileam inlini melius sit ; foueri frigida et ante et postea
iubent, « On dit que la bouse de taureau rend les joues
vermeilles, si bien que les onctions de crocodilée ne font pas
mieux, et l’on prescrit de se laver à l’eau froide avant et
après » (Ernout 1962a, 84). Selon Pline, les excréments de
crocodile serviraient donc à colorer le teint et non à le
blanchir. Voir encore Plin. nat. 28, 108 : Alter illi similis, multum infra magnitudine, in
terra tantum odoratissimisque floribus uiuit ; ob id intestina
eius diligenter exquiruntur iucundo nidore referta ; crocodileam
uocant, oculorum uitiis utilissimam cum porri suco inunctis et
contra suffusiones uel caligines. Inlita quoque ex oleo cyprino
molestias in facie nascentis tollit, ex aqua uero morbos omnes,
quorum natura serpit in facie, nitoremque reddit ; lentigines
tollit ac uaros maculasque omnes, « La seconde espèce de
crocodiles ressemble à la première mais est beaucoup plus petite,
elle ne vit que sur la terre et parmi les fleurs les plus
odorantes. Aussi ses intestins sont-ils très recherchés en raison
de l’odeur agréable dont ils sont imprégnés ; cette substance
appelée crocodilée est très efficace dans les affections
oculaires, on l’emploie en onctions avec du jus de poireau contre
la cataracte ou les obscurcissements de la vue. Appliquée aussi
avec de l’huile de cyprus, elle efface les taches qui naissent sur
le visage ; avec de l’eau elle guérit tous les maux serpigineux de
la face, et lui rend son éclat ; elle efface les taches de
rousseurs, les boutons et toutes les taches » (Ernout 1962a, 57).
.
[7] [•] VB 17, 108, 2D. Dioscorides. [•] Diosc. 265
GV
— Crocodilli terreni fimus collectus et siccus ut
afronit<r>um facit. Adhibitus gratum vultum et niveum facit,
maxime si albus et lenis fuerit sicut anulum et missus in aquam
citius solvitur.Fimus cocodrilli terreni collectus et siccus23siccus correximus ex Diosc. : succus 1491 Prüss1
1536 VB. adhibitus gratum vultum ac niveum facit,
maxime si albus ac lenis24levis VB2. fuerit et in aqua25aquam 1536. missus cito se solverit.
[8] [•] VB 17, 108, 3E. Avicenne au livre 2. [•] Avic. canon 2, 2, 609Les excréments de crocodile sont efficaces contre la taie blanche de
l’œil.
[8] [•] VB 17, 108, 3E. Avicenna in secundo libro. [•] Avic. canon 2, 2, 609
— Stercus
stellioni et lacerti et crocodilli valet albugini oculi.Stercus cocodrilli valet albugini oculi.
~
1Dans les textes de l’Antiquité et du Moyen Âge,
le terme cocodrillus (ou crocodil(l)us, corcodil(l)us et corcodril(l)us) renvoie toujours au
crocodile du Nil (Crocodylus niloticus Laurenti,
1768), la plus grande espèce de la famille des crocodylidae après le crocodile marin.
2Cette affirmation,
erronée, provient d’Hérodote (Hdt. II,
68, 13-14) et a été relayée par Arist. PA 691 a
5-6.
3Voir Plin. nat. 8, 92-93. Il s’agit
des Pygmées. Dans l’iconographie antique (fresques pompéiennes,
mosaïques nilotiques), les Pygmées sont souvent représentés en
train d’attaquer crocodiles et hippopotames.
4Le texte grec d’Arist. HA 502
b 35 est plus cohérent : « En outre tous possèdent les organes
sensoriels et une langue, sauf le crocodile d’Égypte » (Louis
1964, 49). Cette fausse croyance, qu’on retrouve plus loin (Arist. PA 690
b 20), vient d’Hérodote (Hdt. II, 68,
12).
5Le terme culmus a ici le
sens de « défense », comme on peut le déduire de ce passage de
Barthélemy l’Anglais (De proprietatibus
rerum, livre XVIII, De animalibus,
ch. 32, De crocodilo, 1650, p. 1050) : Nullum animal habens dentes recurvos, sive culmos,
ut aper, habet cornua, quia materia illa transit in culmos. Culmus
enim et cornua simul non conveniunt, « Aucun animal à dents
recourbées ou défenses, n’a de cornes parce que la matière en est
passée dans les défenses. En effet, défenses et cornes ne sont pas
compatibles ». La traduction de Michel Scot est donc ici fautive :
les termes et habet culmos figurent là où
l’on trouve dans le texte grec : « des ongles puissants et une
peau impénétrable grâce aux écailles qui la couvrent » (Louis
1964, 50).
6Ernout
1952, 54, reconnaît dans l’oiseau trochilos
le pluvier d’Égypte.
7L’estomac des crocodiles est
divisé en deux parties ; dans la première, on trouve des pierres,
nommées gastrolithes qui, sous l’action des muscles, broient la
nourriture et facilitent ainsi sa digestion ; dans la seconde se
trouvent les acides gastriques qui complètent l’action des
gastrolithes. retirées du ventre du crocodile sont efficaces contre les frissons survenant
au début des fièvres.
8Horace évoque
ce fond de teint employé par une prostituée (Hor. epod. 12, 10-11 : colorque / stercore fucatus
crocodili, « et le teint, fardé d’excréments de crocodile »).
Voir aussi Plin. nat. 28, 184 : Fimo taurino malas rubescere aiunt, non ut
crocodileam inlini melius sit ; foueri frigida et ante et postea
iubent, « On dit que la bouse de taureau rend les joues
vermeilles, si bien que les onctions de crocodilée ne font pas
mieux, et l’on prescrit de se laver à l’eau froide avant et
après » (Ernout 1962a, 84). Selon Pline, les excréments de
crocodile serviraient donc à colorer le teint et non à le
blanchir. Voir encore Plin. nat. 28, 108 : Alter illi similis, multum infra magnitudine, in
terra tantum odoratissimisque floribus uiuit ; ob id intestina
eius diligenter exquiruntur iucundo nidore referta ; crocodileam
uocant, oculorum uitiis utilissimam cum porri suco inunctis et
contra suffusiones uel caligines. Inlita quoque ex oleo cyprino
molestias in facie nascentis tollit, ex aqua uero morbos omnes,
quorum natura serpit in facie, nitoremque reddit ; lentigines
tollit ac uaros maculasque omnes, « La seconde espèce de
crocodiles ressemble à la première mais est beaucoup plus petite,
elle ne vit que sur la terre et parmi les fleurs les plus
odorantes. Aussi ses intestins sont-ils très recherchés en raison
de l’odeur agréable dont ils sont imprégnés ; cette substance
appelée crocodilée est très efficace dans les affections
oculaires, on l’emploie en onctions avec du jus de poireau contre
la cataracte ou les obscurcissements de la vue. Appliquée aussi
avec de l’huile de cyprus, elle efface les taches qui naissent sur
le visage ; avec de l’eau elle guérit tous les maux serpigineux de
la face, et lui rend son éclat ; elle efface les taches de
rousseurs, les boutons et toutes les taches » (Ernout 1962a, 57).
~
1caput 23 1536.
2crocodilus 1536 ut
saepe.
3crocodilus VB ut
semper.
4milo Prüss1.
5viginti cubitorum VB.
6piscis Prüss1.
7densecantes 1491 Prüss1 1536.
8Toute la notice d’Isidore
de Séville vient de Sol. coll. 32,
22-24.
9Vincent de Beauvais ne
reprend qu’une petite partie de la longue notice de Thomas de
Cantimpré.
10similat 1536 VBd.
11quasi 1536.
12inequitant VBd.
13Inquietant est une
mélecture de l’Hortus sanitatis pour le inequitant (« les chevauchent ») de Vincent de
Beauvais. Voir aussi Plin. nat. 8, 93 : dorsoque equitantium modo impositi.
14Voir aussi Arist. HA 589 b 26.
15habet VB2.
16trochilos 1491 1536
VB.
17juvamentum VB.
18idem in VB.
19crocodilum 1536.
20generi 1536.
21cui VB.
22pellere 1491
Prüss1 expellere 1536.
23siccus correximus ex Diosc. : succus 1491 Prüss1
1536 VB.
24levis VB2.
25aquam 1536.