Chapitre 27

Capitulum XXVII1caput 25 1536.

Delphin [le dauphin1Dans le genre Delphinus figure le dauphin commun (Delphinus delphis Linné, 1758). C’est l’identification donnée par D’Arcy Thompson 1947, 52, et André 1986, 188, n. 343. Sur sa présence dans la latinité, voir De Saint-Denis 1947, 31.] [+][VB 17, 109 De delphino [-]][+] [+][VB 17, 110 Idem de eodem [-]][+] [+][VB 17, 111 De amore delphinorum ad prolem et adinuicem [-]][+] [+][VB 17, 112 De familiaritate dephini ad hominem [-]][+] [+][VB 17, 113 De medicinis ex delphino [-]][+]

Delphin2delphinus 1536.3Le titre donné par l’édition princeps et Prüss1 est delphin. Nous avons conservé cette forme appréciée des poètes Ovide et Virgile, bien que le nom de l’animal ne se trouve ensuite décliné que selon la flexion thématique selon l’usage des prosateurs tel que Cicéron ou Pline. [+][VB 17, 109 De delphino [-]][+] [+][VB 17, 110 Idem de eodem [-]][+] [+][VB 17, 111 De amore delphinorum ad4ad non hab. VB2. prolem, et adinuicem [-]][+] [+][VB 17, 112 De familiaritate dephini ad hominem [-]][+] [+][VB 17, 113 De medicinis ex delphino [-]][+]

Lieux parallèles : TC, De delphinis (6, 16 ; 7, 29) ; AM, [Delfinorum […] genera] (24, 40 (27-28)).

poisson

[1] [] VB 17, 112, 1L’auteur. [] VB 17, 112, 1On dit que le dauphin est le frère de l’homme, parce que, par ses mœurs, il ressemble d’une certaine manière aux humains.

[1] [] VB 17, 112, 1Actor5auctor VBd autor 1536.. [] VB 17, 112, 1Delphinus frater hominis dicitur, quia moribus humanis quodammodo assimilatur.

[2] [] VB 17, 110, 6D’après le Liber de natura rerum. [] TC 6, 16, 17-29Les dauphins poussent en manière de cri un gémissement semblable à celui de l’homme, parce qu’ils ont un poumon et une veine rugueuse2Le syntagme nominal vena aspera, « une veine rugueuse », employé par Thomas de Cantimpré vient de la traduction latine de Michel Scot (Arist. HA 535 b 33 - 536 a 4 MS) : Delfinus in omnibus sibilat <et> strepit<us> eius est similis voci, quoniam habet pulmonem et venam asperam, et lingua eius non est absoluta, nec labia eius perveniunt ad distinguendum vocem, « Le dauphin ne sait que siffler et son cri est semblable à une voix parce qu’il a un poumon et une veine rugueuse et parce que sa langue n’est pas déliée et parce que ses lèvres ne parviennent pas à former des sons distincts ». Il s’agit en fait de désigner la trachée-artère du dauphin que Théodore Gaza appellera plus tard arteriam. ; leur langue n’est pas déliée et leurs lèvres, qui ne s’avancent pas vers l’avant et ne sont pas proéminentes, ne leur permettent pas d’émettre des sons articulés3Pline ne s’accorde pas avec Aristote au sujet de la description de la langue du dauphin, comme l’a fait remarquer De Saint-Denis 1955, 105, § 23, n. 1, car, selon Pline (Plin. nat. 9, 23), au même paragraphe, la langue du dauphin est déliée (lingua est his contra naturam aquatilium mobilis, breuis atque lata, haud differens suillae, « leur langue, contrairement à la conformation des bêtes aquatiques, est mobile, courte et large, peu différente de celle du porc » (De Saint-Denis 1955, 45)), contrairement à ce que dit Aristote (cité ci-dessus) : « comme sa langue n’est pas déliée et qu’il n’a pas de lèvres, il ne peut pas émettre de sons articulés » (Louis 1964, 149). Concernant le poumon du dauphin, voir encore Arist. HA 506 b 4-5 ; Arist. HA 566 b 2-16 et Arist. HA 589 b 5-11.. Ils n’ont pas d’oreilles, mais un trou à la place des oreilles4Sur la sensibilité des dauphins au bruit, voir Arist. HA 533 b 10-15 ; Arist. HA 534 b 6-10. On trouve les mêmes informations au sujet de l’ouïe des dauphins, dans Plin. nat. 11, 136-137.. Ils n’ont pas non plus trace d’organe olfactif et pourtant ils ont l’odorat très subtil5Michel Scot omet de traduire la phrase qui suit la mention de l’ouïe au sujet du dauphin dans Arist. HA 534 b 6-10, dans laquelle Aristote renseigne sur l’odorat des dauphins (comme le fait aussi Thomas de Cantimpré ici) : « [les dauphins] n’ont pas non plus d’organe olfactif apparent, mais ils ont l’odorat développé » (Louis 1964, 145). Sur l’odorat des dauphins, voir aussi Plin. nat. 11, 137 : Idem nec olfactus uestigia habent, cum olfaciant sagacissime, « Il n’y a pas non plus chez eux de traces d’appareil olfactif, bien qu’ils aient l’odorat très subtil » (Ernout & Pépin 1947, 72).. Ils dorment à la surface des eaux, de sorte qu’on peut les entendre ronfler. Ils vivent jusqu’à cent quarante ans6Dans la traduction latine d’Aristote (Arist. HA 566 b 23-25 MS), on trouve : Et iam viderunt delfin centum triginta annorum et alium centum et viginti annorum, « Et on a déjà vu un dauphin de 130 ans et un autre de 120 ans ». Pourtant Aristote enseigne que le dauphin vit jusqu’à 25 ou 30 ans. Pline (Plin. nat. 9, 22) dit aussi qu’ils vivent jusqu’à 30 ans ; et, de fait, la durée de vie du dauphin est de 30 à 40 ans.. La musique les charme. Ainsi, alors que des marins étaient prêts à faire périr Arion, le joueur de cithare, en le jetant dans la mer, il obtint d’eux de jouer d’abord de la cithare. Son chant attira des bancs de dauphins, et, lorsqu’il sauta, l’un d’eux le recueillit et le transporta jusqu’à la côte7La légende d’Arion a été largement exploitée par les littératures grecque et latine, depuis Hérodote. Voir De Saint-Denis 1955, 106, § 28, n. 2.. Le dauphin, dit Aristote, est le seul poisson à ne pas avoir de vésicule biliaire.

[2] [] VB 17, 110, 6Ex Libro de naturis rerum6Vincent de Beauvais a sélectionné une partie des informations données par Thomas de Cantimpré et les a recopiées presque textuellement. Quant à ce dernier, il tenait ses informations de Pline et d’Aristote.. [] TC 6, 16, 17-29Delphinus7delphinus non hab. VB delphinis 1536.. Pro voce gemitus est illis8illis om. 1536. humano similis9Le début de la phrase rappelle presque littéralement Solin (Sol. coll. 12, 4 : pro voce gemitus est similis humano, d’après Plin. nat. 9, 23), mais l’information originale se trouve chez Aristote (Arist. HA 535 b 33 - 536 a 4)., et hoc quia pulmonem habent et venam asperam ; et eorum lingua non est absoluta, nec eorum labia proveniunt vel prominent10Vincent de Beauvais a ajouté le verbe prominent en le coordonnant par vel à proveniunt, mais les deux verbes sont ici synonymes. Ne disposant pas des manuscrits, nous n’avons pas pu vérifier s’il s’agissait d’une note marginale incorporée dans le texte. ad distinguendam vocem. Aures non habent11D’après Arist. HA 492 a 26-29 MS : Omnia vero animalia, que generant animalia, habent aures preter delfin et thoki. Habet foramen manifestum., sed aurium loco foramen. Horum autem olfactus12olofactus 1491 Prüss1 VB2. nec vestigia quidem habet, cum tamen sagacissime olfaciunt13olofaciunt 1491 Prüss1 VB2.. Dormiunt super aquas, ut possint14possunt 1491 Prüss1. audiri stertere15D’après Plin. nat. 10, 210 : […] plani autem piscium in uado, ut manu saepe tollantur. Nam delphini ballaenaeque stertentes etiam audiuntur. Voir Arist. HA 566 b 14-16 MS : Et iam videbatur, quod delfin dormiret, et eius additamentum, per quod inspirabat, erat supra aquam. Voir encore Arist. HA 589 b 10-11.. Vivunt usque in16ad 1536 VBd. annos CXL. Mulcentur17D’après Plin. nat. 9, 24 : Delphinus […] musica arte mulcetur. musica. Vnde Arrionem18artionem 1536 VB2 arionem VBd. cytaristam in mari nautis interficere parantibus, obtinuit ab illis ut prius cythara caneret. Ad cujus cantum delphinorum gregibus congregatis, cum in mari19mare 1536. se projecisset, ab uno exceptus est et ad litus projectus20profectus VB2 provectus VBd.21Comme pour la plupart des informations qui précèdent, Thomas de Cantimpré a puisé ici chez Pline et Solin, notamment Plin. nat. 9, 28 : Quae faciunt ut credatur, Arionem quoque citharoedicae artis, interficere nautis in mari parantibus ad intercipiendos eius quaestus, eblanditum uti prius caneret cithara, congregatis cantu delphinis cum se iecisset in mare, exceptum ab uno Taenarum in litus pervectum.. Solus delphinus, ut dicit Aristoteles22D’après Arist. PA 676 b 28-29 MS : Koki autem non habet fel neque delphin ; Arist. PA 677 a 34 MS : Et non consideraverunt animalia similiter quae non habent fel et vivunt multum, sicut delphin et camelus, quoniam ista non habent fel. L’information se trouve aussi dans Arist. HA 506 b 4-5, mais, en cet endroit, elle n’a pas été traduite par Michel Scot., inter pisces felle caret.

[3] [] VB 17, 111, 1Aristote. [] Arist. HA 566 b 5-26 MSLe dauphin est plein de tendresse pour ses petits, et il les nourrit très longtemps. C’est le seul poisson qui mette bas un animal achevé ; il a des mamelles et allaite ses petits.

[3] [] VB 17, 111, 1Aristoteles23Le texte d’Aristote a été ici remanié et résumé.. [] Arist. HA 566 b 5-26 MS[…] et quando formabitur filius, extra fiet animal, sicut homo et alia animalia generantia animalia. […] Et delfin et kokane habent lac et lactant fetus et cubant eos, dum sunt parvi. Et pulli delfinorum crescent cito et complentur in magnitudine in decennio. Et impregnatur per decem menses et parit in estate, non alio tempore, et ambulat sub pelago. Et seq<un>tur ipsum sui pulli magno tempore, quoniam hoc animal diligit suos pullos magno tempore et est longe vite.Delphinus valde diligit filios24folios 1491. suos, et ideo longo tempore pascit eos. Solus inter pisces animal completum generat et habet mamillas lactatque fetus25Aristote décrit encore ailleurs le dauphin comme un vivipare qui allaite ses petits : voir Arist. HA 504 b 21-26 ; Arist. HA 521 b 24..

[4] [] VB 17, 111, 5Le même. [] Arist. HA 631 a 8-20 MSEnfin, lorsqu’un dauphin est mort, tous les autres se précipitent et, se plaçant tout autour de lui, ils l’emportent vers les profondeurs et l’ensevelissent, afin que les poissons ne le mangent pas.

[4] [] VB 17, 111, 5Idem26aristoteles VB.. [] Arist. HA 631 a 8-20 MSEt ia<m> videba<n>tur multi delfini magni et parvi simul, et ha<be>bant duos custodes. Et post modicum tempus moriebatur unus parvus et alii afferebant eum super spatulas usque ad profundum, et deinde ascendebant. Et hoc fecerunt multocies custodiendo ipsum, ne comederetur ab aliis piscibus.Mortuo denique delphino, ceteri delphini concurrunt ipsumque27ipsum- VBd. circumdantes in profunda deferunt atque sepeliunt, ne a piscibus comedatur28Voir aussi Plin. nat. 9, 33..

[5] [] VB 17, 111, 4Le même. [] TC 6, 16, 30-37Les petits dauphins restent toujours ensemble, formant comme des bancs, et ils sont gardés par deux grands dauphins. Et, si un dauphin meurt, les autres l’emportent sur leur dos et assurent sa protection, afin qu’il ne soit pas mangé par d’autres poissons, jusqu’à ce qu’une tempête sur la mer le rejette sur le rivage. De fait, ils ont les uns pour les autres une merveilleuse tendresse. Ainsi, comme en témoigne Pline, on raconte qu’après qu’un dauphin fut capturé par un roi de Carie, les autres s’assemblèrent en foule au port où le dauphin avait été mis à l’attache ; et comme ils gémissaient et semblaient demander pitié, le roi ordonna de relâcher le prisonnier.

[5] [] VB 17, 111, 4Item29idem 1536 non hab. VB.30Le texte de Thomas de Cantimpré est cité presque à l’identique. Concernant ces informations, voir Plin. nat. 9, 33, et Arist. HA 631 a 11-15.. [] TC 6, 16, 30-37Delphini parvi semper simul sunt tamquam greges et habent duos magnos delphinos custodes. Quod si quis eorum mortuus fuerit, alii super scapulas eum efferunt ipsumque custodiunt, ne ab aliis piscibus comedatur, donec tempestate maris ad litus ejiciatur. Invicem enim se miro modo diligunt. Vnde, Plinio testante, narratur quod, delphino capto a rege Cariae31chariae 1491 VB., convenit ingens multitudo reliquorum ad portum ubi delphinus ligatus tenebatur ; quibus plangentibus et quasi miserationem poscentibus, rex eum dimitti praecepit.

[6] [] VB 17, 110, 1Physiologus. [] Physiol. ? Les dauphins ont les yeux sur le dos et la gueule sur le côté opposé. Aussi n’attrapent-ils pas aisément leur proie, à cause de cet antagonisme de la bouche et des yeux. C’est la raison pour laquelle ils tournent leur gueule vers le ciel, et leur dos et leurs yeux vers le fond, pour chasser leur proie8L’information peut venir d’Arist. HA 591 b 25-30 MS, ou de Plin. nat. 9, 20. Cependant, De Saint-Denis 1955, 104, § 20, n. 1, précise que Pline a faussé le texte d’Aristote, selon lequel, dit-il, la bouche se trouve non au milieu du ventre mais sous la tête. Ces éléments de description sont encore donnés par Aristote dans son traité sur Les Parties des animaux (Arist. PA 696 b 24-27 MS). Il n’en reste pas moins que la description du rostre du dauphin qui ressort de ces textes est pour le moins curieuse : les Anciens n’auraient-ils pas confondu avec le requin, dont la bouche se trouve en effet sur la face ventrale ?. Lorsque la tempête approche, ils jouent en se montrant à la surface des eaux. On dit par ailleurs qu’ils apportent leur aide aux naufragés. On rapporte aussi qu’ils pleurent quand on les capture.

[6] [] VB 17, 110, 1Physiologus. [] Physiol. ? Delphini oculos habent in dorso, et ora in parte opposita. Unde non bene praedam suam capiunt propter distortionem oris a parte oculorum. Hinc est quod ora sua convertunt ad caelum et dorsum oculosque ad terram, ut praedam suam consequantur. Imminente tempestate ludunt apparentes in undarum superficie32On trouve chez Thomas de Cantimpré (TC 7, 29, 2-3) la même remarque formulée presque à l’identique : […] tempestate imminente in superficie aquarum apparentes ludunt. Celui-ci se réclame d’Isid. orig. 12, 6, 11, qui, comme le précise André, 1986, 189, n. 345, a pu tirer l’information de Plin. nat. 18, 361 : delphini tranquillo mari lasciuientes flatum ex qua uenient parte, item spargentes aquam ; idem turbato tranquillitatem.. Subsidium vero naufragantibus exhibuisse dicuntur33docentur VBd.. Feruntur etiam plorare quando capiuntur34On trouve chez Alexandre Neckam, De naturis rerum 27, les mêmes remarques formulées presque à l’identique : Subsidium autem naufragantibus exhibuisse dicuntur […] Feruntur etiam plorare quando capiuntur. Il n’est pas impossible que Thomas de Cantimpré, Alexandre Neckam et Vincent de Beauvais aient ici puisé à une source commune dont l’identité nous échappe aujourd’hui..

Propriétés et indications

Operationes

[7] [] VB 17, 113, 1A. Pline, livre 32. [] Plin. nat. 32, 83La cendre du dauphin délayée dans l’eau, en application, supprime les lichens et les lèpres. Ensuite, l’excoriation doit être suivie d’un traitement qui produit la cicatrisation.

[7] [] VB 17, 113, 1A. Plinius libro tricesimo secundo35La citation de Pline trouvée chez Vincent de Beauvais a été fractionnée dans l’Hortus sanitatis.. [] Plin. nat. 32, 83Lichenas et lepras tollit adips uituli marini, menarum cinis cum mellis obolis ternis, iecur pastinacae in oleo coctum, hippocampi aut delphini cinis ex aqua inlitus. Exulcerationem sequi debet curatio, quae perducit ad cicatricem.Delphini cinis ex aqua illitus lichenas et lepras sanat. Porro exulcerationem sequi debet curatio, quae perducit36perduci 1536 per errorem. ad cicatricem.

[8] [] VB 17, 113, 1B. [] Plin. nat. 32, 83Certains placent un dauphin dans un vase de terre9Dans son édition de Pline, De Saint-Denis établit delphini et sous-entend iecur. C’est donc le foie du dauphin que les Anciens faisaient griller pour en recueillir la graisse. et le font cuire jusqu’à ce qu’un liquide gras, semblable à de l’huile, s’en écoule ; et ils s’en servent en onction.

[8] [] VB 17, 113, 1B. [] Plin. nat. 32, 83Quidam delphini in fictili torrent, donec pinguitudo similis oleo fluat ; hac perungunt.Quidam vero delphinum37L’apparat de De Saint-Denis 1966a à Plin. nat. 32, 83 fait état des variantes : delphini BRV -num B1dT. in fictili donec pinguedo similis oleo fluat ponunt vel coquunt, [1491/vue 18] ac perungunt38L’apparat de De Saint-Denis 1966a à Plin. nat. 32, 83 fait état des variantes : hac May., Jones haec B ac cett. Jan..

[9] [] VB 17, 113, 1C. [] Plin. nat. 32, 113On empêche le retour périodique des fièvres en mangeant du foie de dauphin avant les accès.

[9] [] VB 17, 113, 1C. [] Plin. nat. 32, 113[…] febrium circuitus tollit iocur delphini gustatum ante accessiones.Circumitus39circuitus VBd. autem febrium tollit delphini jecur40L’apparat de De Saint-Denis 1966a à Plin. nat. 32, 113 fait état des variantes : iocur B ie- cett. ante accessionem41accessiorem 1491. gustatum.

[10] [] VB 17, 113, 1D. [] Plin. nat. 32, 117On traite les hydropiques par la graisse de dauphin fondue et bue avec du vin.

[10] [] VB 17, 113, 1D. [] Plin. nat. 32, 117Hydropicis medetur adips delphini liquatus et cum uino potus.Adeps delphini liquatus et cum vino potus ydropicis medetur.

[11] [] VB 17, 113, 1E. [] Plin. nat. 32, 137Il est excellent pour les gencives et pour la poussée des dents de frotter les gencives avec la cendre de dents de dauphin mélangée à du miel, ou même avec une dent de dauphin.

[11] [] VB 17, 113, 1E. [] Plin. nat. 32, 137Infantium gingiuis dentitionibusque plurimum confert delphini cum melle dentium cinis et si ipso dente gingiuae tangantur.Gingivis autem atque denticionibus42dentionibus VB. plurimum confert dentium delphini cinis[Prüss1/vue 15] cum melle, et si dente ipso tangantur gingivae.

[12] [] VB 17, 113, 1F. [] Plin. nat. 32, 137Portée en amulette, une dent de dauphin chasse les frayeurs soudaines.

[12] [] VB 17, 113, 1F. [] Plin. nat. 32, 137Adalligatus idem pauores repentinos tollit.Idem adalligatus pavores tollit repentinos.

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1Dans le genre Delphinus figure le dauphin commun (Delphinus delphis Linné, 1758). C’est l’identification donnée par D’Arcy Thompson 1947, 52, et André 1986, 188, n. 343. Sur sa présence dans la latinité, voir De Saint-Denis 1947, 31.

2Le syntagme nominal vena aspera, « une veine rugueuse », employé par Thomas de Cantimpré vient de la traduction latine de Michel Scot (Arist. HA 535 b 33 - 536 a 4 MS) : Delfinus in omnibus sibilat <et> strepit<us> eius est similis voci, quoniam habet pulmonem et venam asperam, et lingua eius non est absoluta, nec labia eius perveniunt ad distinguendum vocem, « Le dauphin ne sait que siffler et son cri est semblable à une voix parce qu’il a un poumon et une veine rugueuse et parce que sa langue n’est pas déliée et parce que ses lèvres ne parviennent pas à former des sons distincts ». Il s’agit en fait de désigner la trachée-artère du dauphin que Théodore Gaza appellera plus tard arteriam.

3Pline ne s’accorde pas avec Aristote au sujet de la description de la langue du dauphin, comme l’a fait remarquer De Saint-Denis 1955, 105, § 23, n. 1, car, selon Pline (Plin. nat. 9, 23), au même paragraphe, la langue du dauphin est déliée (lingua est his contra naturam aquatilium mobilis, breuis atque lata, haud differens suillae, « leur langue, contrairement à la conformation des bêtes aquatiques, est mobile, courte et large, peu différente de celle du porc » (De Saint-Denis 1955, 45)), contrairement à ce que dit Aristote (cité ci-dessus) : « comme sa langue n’est pas déliée et qu’il n’a pas de lèvres, il ne peut pas émettre de sons articulés » (Louis 1964, 149). Concernant le poumon du dauphin, voir encore Arist. HA 506 b 4-5 ; Arist. HA 566 b 2-16 et Arist. HA 589 b 5-11.

4Sur la sensibilité des dauphins au bruit, voir Arist. HA 533 b 10-15 ; Arist. HA 534 b 6-10. On trouve les mêmes informations au sujet de l’ouïe des dauphins, dans Plin. nat. 11, 136-137.

5Michel Scot omet de traduire la phrase qui suit la mention de l’ouïe au sujet du dauphin dans Arist. HA 534 b 6-10, dans laquelle Aristote renseigne sur l’odorat des dauphins (comme le fait aussi Thomas de Cantimpré ici) : « [les dauphins] n’ont pas non plus d’organe olfactif apparent, mais ils ont l’odorat développé » (Louis 1964, 145). Sur l’odorat des dauphins, voir aussi Plin. nat. 11, 137 : Idem nec olfactus uestigia habent, cum olfaciant sagacissime, « Il n’y a pas non plus chez eux de traces d’appareil olfactif, bien qu’ils aient l’odorat très subtil » (Ernout & Pépin 1947, 72).

6Dans la traduction latine d’Aristote (Arist. HA 566 b 23-25 MS), on trouve : Et iam viderunt delfin centum triginta annorum et alium centum et viginti annorum, « Et on a déjà vu un dauphin de 130 ans et un autre de 120 ans ». Pourtant Aristote enseigne que le dauphin vit jusqu’à 25 ou 30 ans. Pline (Plin. nat. 9, 22) dit aussi qu’ils vivent jusqu’à 30 ans ; et, de fait, la durée de vie du dauphin est de 30 à 40 ans.

7La légende d’Arion a été largement exploitée par les littératures grecque et latine, depuis Hérodote. Voir De Saint-Denis 1955, 106, § 28, n. 2.

8L’information peut venir d’Arist. HA 591 b 25-30 MS, ou de Plin. nat. 9, 20. Cependant, De Saint-Denis 1955, 104, § 20, n. 1, précise que Pline a faussé le texte d’Aristote, selon lequel, dit-il, la bouche se trouve non au milieu du ventre mais sous la tête. Ces éléments de description sont encore donnés par Aristote dans son traité sur Les Parties des animaux (Arist. PA 696 b 24-27 MS). Il n’en reste pas moins que la description du rostre du dauphin qui ressort de ces textes est pour le moins curieuse : les Anciens n’auraient-ils pas confondu avec le requin, dont la bouche se trouve en effet sur la face ventrale ?

9Dans son édition de Pline, De Saint-Denis établit delphini et sous-entend iecur. C’est donc le foie du dauphin que les Anciens faisaient griller pour en recueillir la graisse.

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1caput 25 1536.

2delphinus 1536.

3Le titre donné par l’édition princeps et Prüss1 est delphin. Nous avons conservé cette forme appréciée des poètes Ovide et Virgile, bien que le nom de l’animal ne se trouve ensuite décliné que selon la flexion thématique selon l’usage des prosateurs tel que Cicéron ou Pline.

4ad non hab. VB2.

5auctor VBd autor 1536.

6Vincent de Beauvais a sélectionné une partie des informations données par Thomas de Cantimpré et les a recopiées presque textuellement. Quant à ce dernier, il tenait ses informations de Pline et d’Aristote.

7delphinus non hab. VB delphinis 1536.

8illis om. 1536.

9Le début de la phrase rappelle presque littéralement Solin (Sol. coll. 12, 4 : pro voce gemitus est similis humano, d’après Plin. nat. 9, 23), mais l’information originale se trouve chez Aristote (Arist. HA 535 b 33 - 536 a 4).

10Vincent de Beauvais a ajouté le verbe prominent en le coordonnant par vel à proveniunt, mais les deux verbes sont ici synonymes. Ne disposant pas des manuscrits, nous n’avons pas pu vérifier s’il s’agissait d’une note marginale incorporée dans le texte.

11D’après Arist. HA 492 a 26-29 MS : Omnia vero animalia, que generant animalia, habent aures preter delfin et thoki. Habet foramen manifestum.

12olofactus 1491 Prüss1 VB2.

13olofaciunt 1491 Prüss1 VB2.

14possunt 1491 Prüss1.

15D’après Plin. nat. 10, 210 : […] plani autem piscium in uado, ut manu saepe tollantur. Nam delphini ballaenaeque stertentes etiam audiuntur. Voir Arist. HA 566 b 14-16 MS : Et iam videbatur, quod delfin dormiret, et eius additamentum, per quod inspirabat, erat supra aquam. Voir encore Arist. HA 589 b 10-11.

16ad 1536 VBd.

17D’après Plin. nat. 9, 24 : Delphinus […] musica arte mulcetur.

18artionem 1536 VB2 arionem VBd.

19mare 1536.

20profectus VB2 provectus VBd.

21Comme pour la plupart des informations qui précèdent, Thomas de Cantimpré a puisé ici chez Pline et Solin, notamment Plin. nat. 9, 28 : Quae faciunt ut credatur, Arionem quoque citharoedicae artis, interficere nautis in mari parantibus ad intercipiendos eius quaestus, eblanditum uti prius caneret cithara, congregatis cantu delphinis cum se iecisset in mare, exceptum ab uno Taenarum in litus pervectum.

22D’après Arist. PA 676 b 28-29 MS : Koki autem non habet fel neque delphin ; Arist. PA 677 a 34 MS : Et non consideraverunt animalia similiter quae non habent fel et vivunt multum, sicut delphin et camelus, quoniam ista non habent fel. L’information se trouve aussi dans Arist. HA 506 b 4-5, mais, en cet endroit, elle n’a pas été traduite par Michel Scot.

23Le texte d’Aristote a été ici remanié et résumé.

24folios 1491.

25Aristote décrit encore ailleurs le dauphin comme un vivipare qui allaite ses petits : voir Arist. HA 504 b 21-26 ; Arist. HA 521 b 24.

26aristoteles VB.

27ipsum- VBd.

28Voir aussi Plin. nat. 9, 33.

29idem 1536 non hab. VB.

30Le texte de Thomas de Cantimpré est cité presque à l’identique. Concernant ces informations, voir Plin. nat. 9, 33, et Arist. HA 631 a 11-15.

31chariae 1491 VB.

32On trouve chez Thomas de Cantimpré (TC 7, 29, 2-3) la même remarque formulée presque à l’identique : […] tempestate imminente in superficie aquarum apparentes ludunt. Celui-ci se réclame d’Isid. orig. 12, 6, 11, qui, comme le précise André, 1986, 189, n. 345, a pu tirer l’information de Plin. nat. 18, 361 : delphini tranquillo mari lasciuientes flatum ex qua uenient parte, item spargentes aquam ; idem turbato tranquillitatem.

33docentur VBd.

34On trouve chez Alexandre Neckam, De naturis rerum 27, les mêmes remarques formulées presque à l’identique : Subsidium autem naufragantibus exhibuisse dicuntur […] Feruntur etiam plorare quando capiuntur. Il n’est pas impossible que Thomas de Cantimpré, Alexandre Neckam et Vincent de Beauvais aient ici puisé à une source commune dont l’identité nous échappe aujourd’hui.

35La citation de Pline trouvée chez Vincent de Beauvais a été fractionnée dans l’Hortus sanitatis.

36perduci 1536 per errorem.

37L’apparat de De Saint-Denis 1966a à Plin. nat. 32, 83 fait état des variantes : delphini BRV -num B1dT.

38L’apparat de De Saint-Denis 1966a à Plin. nat. 32, 83 fait état des variantes : hac May., Jones haec B ac cett. Jan.

39circuitus VBd.

40L’apparat de De Saint-Denis 1966a à Plin. nat. 32, 113 fait état des variantes : iocur B ie- cett.

41accessiorem 1491.

42dentionibus VB.

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