Chapitre 49
Capitulum XLIX1caput 48 1536.
Lepus marinus [« le lièvre de mer » : l’aplysie ? le poisson-globe1Dans le livre 9, Pline semble distinguer deux
types de lièvres de mer, l’un qui vit dans les mers occidentales,
l’autre dans les mers de l’Inde (in nostro mari
offa informis, colore tantum lepori similis, in Indis et magnitudine
et pilo, duriore tantum (Plin.
nat. 9, 155), « dans notre mer, c’est une boule informe qui ne
ressemble au lièvre que par la couleur, dans l’Inde, il en a aussi
la taille et le poil qui est seulement plus dur » (De Saint-Denis
1955, 87)). Dans une note à ce passage, De Saint-Denis 1943, 132,
identifie le lièvre avec une grosse limace de mer, l’aplysie (Aplysia Linné, 1758), qu’il décrit
ainsi : « tête portée sur un cou plus ou moins long ; deux
tentacules supérieurs et creusés comme les oreilles de quadrupède ;
une glande particulière verse, par un orifice situé près de la
vulve, une humeur limpide qu’on dit fort âcre dans certaines
espèces ». Les espèces depilans et leporina seraient particulièrement nocives. On
trouve aussi dans De Saint-Denis 1947, 54-55, la description de J.
Oberthür : « Le lièvre de mer atteint la taille d’un petit levraut.
Lorsqu’elle [l’aplysie] bosse le dos, tapie dans l’herbier, avec sa
couleur fauve, camouflée de taches jaune clair, on dirait un peu un
capucin au gîte, dans l’herbe de la prairie, d’autant plus que
l’aplysie rabat d’avant en arrière ses cornes allongées et aplaties
comme des oreilles ». Cependant, peu avant de traiter du lièvre de
mer, Pline a consacré un court passage à l’aplysie, qu’il classe
dans les éponges et ne semble pas associer au lièvre (Pessimum omnium genus est earum quae aplysiae
uocantur, quia elui non possunt ; in quibus magnae sunt fistulae et
reliqua densitas spissa (Plin.
nat. 9, 150), « L’espèce la plus mauvaise de toutes est celle qu’on
appelle aplysie, parce qu’il est impossible de la nettoyer ; ses
tuyaux sont grands et le reste de sa masse est compacte » (De
Saint-Denis 1955, 85)). Dans leur commentaire à Albert le Grand (AM
24, 72 (39)) – qui lui aussi distingue deux types de lièvre de mer,
réunis dans un même chapitre –, Kitchell & Resnick 1999, 1688,
suivent D’Arcy Thompson 1947, 142-143, et suggèrent que le lièvre
très toxique de l’océan Indien pourrait être le poisson-globe
(Diodon Linné, 1758), et le lièvre
moins dangereux des mers occidentales, l’aplysie. ?] [+][VB 17,
61 De leone et
lepore [-]][+] [+][VB 17, 62 De medicinis ex lepore
marino [-]][+]
Lepus marinus [+][VB 17, 61 De leone et lepore [-]][+] [+][VB 17,
62 De medicinis ex lepore
marino [-]][+]
Lieux parallèles : TC, De
lepore maris (7, 46) ; AM,
[Lepus marinus] (24, 72 (39)).
[1] [•] VB 17, 61, 3Isidore. [•] Isid. orig. 12, 6, 23Le lièvre de mer tire son nom de sa ressemblance avec la
tête du lièvre2Ce sont
plutôt la forme générale et les tentacules creux qui motivent la
ressemblance..
[1] [•] VB 17, 61, 3Isidorus. [•] Isid. orig. 12, 6, 23
— Lepus a
similitudine capitis nuncupatus.Lepus a similitudine leporini capitis nuncupatus est.
[2] [•] VB 17, 61, 4Pline. [•] Plin. nat. 9,
155Il y a chez le lièvre de terribles poisons toujours actifs. Dans
l’océan Indien, il est toxique par simple contact, il provoque
aussitôt des vomissements et le dérangement de l’estomac3Très indigeste, l’aplysie peut
provoquer de violentes coliques et même la mort..
[2] [•] VB 17, 61, 4Plinius. [•] Plin. nat. 9, 155
— Nec uenena
cessant dira, ut in lepore, qui in Indico mari etiam tactu
pestilens uomitum dissolutionemque stomachi protinus creat.Venena dira non cessant in lepore. Qui in Indico2indice 1491 Prüss1. mari, etiam tactu pestilens,
vomitum dissolutionemque stomachi protinus creat.
[3] [•] VB 17, 61, 5Le même au livre 32. [•] Plin. nat. 32,
8-9Le lièvre de mer est toxique, pris sous forme de mets ou de
boisson. Il n’y a aucun animal qui ne meure à son contact. Un
homme touché par le lièvre dégage une odeur de poisson et meurt. De la même
manière, il meurt s’il est touché par un homme. Ainsi sont-ils
venimeux l’un pour l’autre. À ce qu’on dit, en Inde, on ne peut
pas le capturer vivant.
[3] [•] VB 17, 61, 5Idem in libro XXXII. [•] Plin. nat. 32, 8-9
— Non sunt
minus mira quae de lepore marino traduntur. […] Eadem res in mari ne tactu quidem nocet. […]
Homines quibus inpactus est piscem olent ; hoc
primo argumento ueneficium id deprehenditur ; cetero moriuntur
totidem in diebus quot uixerit lepus, incertique temporis
ueneficium id esse auctor est Licinius Macer. In India adfirmant
non capi uiuentem inuicemque ibi hominem illi pro ueneno esse ac
uel digito omnino in mari tactum mori, esse autem multo ampliorem,
sicuti reliqua animalia.Lepus marinus venenum est in cibo vel potu datus. Nullum
est animal quin ejus tactu intereat. Homo tactus ab eo piscem
olet3piscem olet : pisce
dolet 1536. et moritur. Et lepus similiter ex eo tactus moritur. Sic uterque alteri
venenum est. In India non capi viventem affirmant.
Propriétés et
indications
Operationes
[4] [•] VB 17, 62, 1A. Avicenne, dans le second livre du Canon. [•] Avic. canon 2, 2, 399Le lièvre de mer est un animal écailleux, fangeux, dont la
couleur tire un peu sur le rouge.
[4] [•] VB 17, 62, 1A. Avicenna in II Canone4La citation d’Avicenne trouvée chez
Vincent de Beauvais a été fragmentée en médications
distinctes.. [•] Avic. canon 2, 2, 399
— De lepore
marino. Lepus marinus quid est ? Animal ostracum, lutosum,
declinans ad rubedinem aliquantulam […].
Decoratio : eius sanguis est calidus, mundificans morpheam et
pannum. Et eius caput adustum generat pilos in alopitia proprie
cum adipe ursi et in tyria ualde. Cum aegro ex eo fit emplastrum,
sicut est, abradit pilos. Membra oculi : abstergit uisum more
emplastri suppositum et sicut collyrium. Venena : numeratur inter
uenenosas medicinas quod interficit cum ulceratione pulmonis.Lepus marinus est animal ostreatum, lutosum, declinans
ad rubedinem5ad rubedinem post
aliquantulum transt. 1536.
aliquantulum.
[5] [•] VB 17, 62, 1B. [•] Avic. canon 2, 2, 399Chauffé, son sang assainit
les tumeurs4Plutôt que le
sang, c’est l’humeur sécrétée par la glande qui possède ces
propriétés..
[5] [•] VB 17, 62, 1B. [•] Avic. canon 2, 2, 399
— Decoratio : eius sanguis
est calidus, mundificans morpheam et pannum.Sanguis ejus calidus est mundificans pannum.
[6] [•] VB 17, 62, 1C. [•] Avic. canon 2, 2, 399Sa tête, une fois brûlée,
active la repousse des cheveux dans les cas d’alopécie, en
particulier si on la mêle à de la graisse d’ours, et plus encore dans les cas de lèpre tyria5Les médecins du Moyen Âge
distinguaient quatre sortes de lèpre : l’allopicia, la tyria, la
leonina et l’elephantia. L’allopicia
se caractérisait par la chute des cheveux, poils et sourcils, la
tyria par une putréfaction de la peau et du
sang pouvant entraîner la chute des doigts et des
orteils..
[6] [•] VB 17, 62, 1C. [•] Avic. canon 2, 2, 399
— Et eius caput adustum
generat pilos in alopitia proprie cum adipe ursi et in tyria
ualde.Caput ejus adustum generat pilos in
alopecia6alopitia 1491 Prüss1 1536 alopicia
VBd., proprie
cum adipe ursi, et in tyria valde.
[7] [•] VB 17, 62, 1D. [•] Avic. canon 2, 2, 399Et lorsqu’on en fait un
emplâtre, il fait tomber cheveux et poils si on l’utilise en
l’état.
[7] [•] VB 17, 62, 1D. [•] Avic. canon 2, 2, 399
— Cum aegro ex eo fit
emplastrum, sicut est, abradit pilos.Cum
autem ex eo fit emplastrum, sicut est, abradit crines et
pilos.
[8] [•] VB 17, 62, 1E. [•] Avic. canon 2, 2, 399De même, appliqué en
emplâtre et utilisé comme collyre, le lièvre ôte la vue. On le compte parmi les produits
toxiques, et il entraîne la mort par ulcération du
poumon.
[8] [•] VB 17, 62, 1E. [•] Avic. canon 2, 2, 399
— Membra oculi : abstergit
uisum more emplastri suppositum et sicut collyrium. Venena :
numeratur inter uenenosas medicinas quod interficit cum
ulceratione pulmonis.Item abstergit visum,
emplastri more superpositum et sicut collyrium. Numeratur autem
inter medicinas venenosas et interficit cum7eum 1491 Prüss1. ulceratione pulmonis.
[9] [•] VB 17, 62, 2F. Pline dans le livre 32. [•] Plin.
nat. 32, 8Si les femmes enceintes
aperçoivent la femelle du lièvre de mer, elles sont prises de nausées et avortent
aussitôt.
[9] [•] VB 17, 62, 2F. Plinius in8in non hab. VB. libro XXXII. [•] Plin. nat. 32, 8
— Venenum est
aliis in potu aut cibo datus, aliis etiam uisu, siquidem grauidae,
si omnino adspexerint feminam ex eo genere dumtaxat, statim
nausiant et redundatione stomachi uitium fatentur ac deinde
abortum faciunt.Leporis marini feminam si mulieres gravidae aspexerint,
stomacho nauseante, statim abortum faciunt.
[10] [•] VB 17, 62, 2G. [•] Plin. nat. 32, 8On
y remédie avec un lièvre mâle, préalablement durci dans le sel pour être
porté en bracelets.
[10] [•] VB 17, 62, 2G. [•] Plin. nat. 32, 8
— Remedio est mas ob id
induratus sale, ut in bracchialibus habeant.Remedio est mas ob id induratus sale, ut in
brachialibus9brachealibus
1491 Prüss1.
habeatur.
[11] [•] VB 17, 62, 2H. [•] Plin.
nat. 32, 70Si le lièvre de mer est toxique, sa cendre, en revanche,
appliquée sur les paupières, empêche la repousse des poils
inutiles après épilation6De cette propriété vient sans doute le nom
d’une des espèces d’aplysie, Aplysia depilans Gmelin,
1791..
[11] [•] VB 17, 62, 2H. [•] Plin. nat. 32, 70
— Lepus
marinus ipse quidem uenenatus est, sed cinis eius in palpebris
pilos inutiles euolsos cohibet ; ad hunc usum utilissimi
minimi.Lepus marinus venenatus quidem est, sed ejus cinis in
palpebris pilos inutiles evulsos10emulsos 1491 Prüss1 evulsus 1536. cohibet.
[12] [•] VB 17, 62, 3I. Le même. [•] Plin. nat. 32,
88Le lièvre guérit les écrouelles en les faisant disparaître
rapidement. [•] Plin.
nat. 32, 110Certains médecins
prescrivent aussi le lièvre de mer frais en friction contre la
goutte.
[12] [•] VB 17, 62, 2I. Idem. [•] Plin. nat. 32, 88
— Oris ulcera
menarum muria et capitum cinis cum melle sanat. […] Eadem uis est pastinacae radio et lepori marino
inposito ita ut celeriter removeatur.Lepus strumas sanat ita ut celeriter removeantur11Le texte de l’Hortus sanitatis diffère de celui de Pline : le
pluriel indique que le sujet sous-entendu du verbe est strumae, les écrouelles, que le traitement fait
disparaître rapidement. Chez Pline, le verbe est au singulier et
le sujet en est lepus marinus impositus :
le sens est que le lièvre marin est un traitement si actif qu’il
ne faut l’appliquer que très peu de temps.. [•] Plin. nat. 32, 110
— Lubent et lepore marino
recenti podagram fricari.E lepore quoque marino recenti jubent quidam podagram12podogram Prüss1.
fricari.
[13] [•] VB 17, 62, 3K. [•] Plin. nat. 32, 134-135Son sang et son fiel, coupés d’huile, sont efficaces contre
la maladie du charbon.
[13] [•] VB 17, 62, 3K.13Le texte de Pline a été ici tronqué et résumé
à l’excès : Pline indiquait l’usage du sang et du fiel d’un lièvre
de mer étouffé dans de l’huile comme épilatoire et non comme
remède contre les charbons et les chancres. Il est aussi possible
que Vincent de Beauvais ait disposé d’un témoin lacunaire de l’Histoire naturelle ; en effet, le passage
semble avoir été particulièrement malmené par la tradition
manuscrite puisque les éditeurs contemporains suspectent une
lacune après necetur. [•] Plin. nat. 32, 134-135
— Nam carbunculos et
carcinomata in muliebri parte praesentissimo remedio sanari
tradunt cancro femina […] eadem uis pulmoni
marino, leporis marini sanguini et felli, uel si in oleo lepus hic
necetur […].Sanguis ejus et fel – si
necetur14necatur 1536. in oleo – valet contra
carbunculos15post carbunculos hab. et
carcumata VBd et
carcimanaca VB2..
[14] [•] VB 17, 61, 6L. Avicenne, dans le Canon, comme ci-dessus. [•] Avic. canon 4, 6, 2, 104Le lièvre de mer est toxique s’il est donné en breuvage. Il
provoque des difficultés respiratoires, une rougeur des yeux, une
toux sèche, des crachats de sang, des difficultés à uriner, une
teinte violacée de l’urine ainsi que des déjections, ou des maux
d’estomac, des vomissements abondants de bile et de sang, la
jaunisse, l’embarras des reins et des douleurs rénales, une sueur
fétide, le dégoût de la nourriture.
[14] [•] VB 17, 61, 6L. Avicenna in16in — supra : in quarto canone VB. Canone ut supra17Le compilateur de
l’Hortus sanitatis a fragmenté la
citation d’Avicenne trouvée chez Vincent de beauvais.
. [•] Avic. canon 4, 6, 2, 104
— De
lepore marino. Accidunt ex ipso si de eo in potu datur constrictio
anhelitus et rubedo oculorum et difficultas eius et tussis sicca,
sputum sanguis et difficultas urinae et mictus sanguinis de urina
violacea et dolor in stomacho et vomitus superfluus cholerae et
sanguis et ictericia et angustia et dolor renum et egestio eius
est violacea. Et quandoque est mucosa et sudat sudore fetido et
abhorret cibum […].Lepus marinus est venenosus si de ipso in potu datur ;
accidunt constrictio anhelitus et rubedo oculorum, tussis sicca,
sputum sanguinis, difficultas urinae18post urinae hab. mictus sanguinis
VB., urina violacea et egestio similiter vel dolor in
stomacho, vomitus superfluus colerae et sanguinis, ictericia19yctericia 1491 Prüss1. et
angustia ac dolor renum, sudor fetidus, horror cibi.
[15] [•] VB 17, 61, 6M. [•] Avic. canon 4, 6, 2, 104Et quand le malade voit
des poissons, il est pris de terreur, a un goût de poisson pourri
dans la bouche et dans ses vomissements, ainsi qu’un goût salé.
Mais nombre de ceux qui en réchappent tombent dans la
phtisie.
[15] [•] VB 17, 61, 6M. [•] Avic. canon 4, 6, 2, 104
— […] et cum videt pisces
terretur ab eis. Et cum sit talis ut non terretur ab eis, tunc iam
sanatur et invenit saporem piscis fetidi in ore suo et in
eructuatione sua cum salsedine etiam. Et plures qui ex eo evadunt
cadunt in pthisim.Et cum videt aeger pisces,
terretur ab eis et invenit saporem fetidi piscis in ore suo et in
eructuatione cum salsedine. Plures autem qui ex eo evadunt in
ptysim20phtysim VBd.
cadunt.
[16] [•] VB 17, 61, 6N. [•] Avic. canon 4, 6, 2, 104 On traite efficacement
cette maladie avec le lait de chèvre – c’est même l’ultime remède.
[16] [•] VB 17, 61, 6N. [•] Avic. canon 4, 6, 2, 104
— Curatio eius. Confert ei
potare lac caprinum iuvamentum ultimum […].Confert autem ejus curationi lac caprinum, quod est
juvamentum ultimum,
[17] [•] VB 17, 61, 6O. [•] Avic. canon 4, 6, 2, 104On recourt aussi au
lait d’ânesse, au lait de femme sorti du sein, au jus d’écrevisse7Les
écrevisses broyées ou le jus d’écrevisse apparaissent dans le
livre 32 de Pline comme des remèdes universels, associés comme ici
au lait d’ânesse (Plin. nat. 32, 59) ou
à d’autres substances (Plin. nat. 32,
53 ; 78 ; 90 ; 101 ; 103 ; 111 ; 114 ; 118 ; 130 ; 137).,
au hérisson rôti ou au sang de cet animal. Mais le calament
d’eau douce fraîchement cueilli et chauffé, le sang d’oie8On retrouve
aussi cette indication chez Plin.
nat. 29, 104 : Sanguis anserinus contra lepores
marinos ualet cum olei aequa portione, « le sang d’oie est
efficace contre le lièvre marin, mélangé à parts égales avec de
l’huile » (traduction personnelle)., l’urine d’homme
vieillie9Pline indique
plusieurs autres antidotes à l’empoisonnement causé par le lièvre
marin : les hippocampes en breuvage et la décoction de crabes (Plin. nat. 32, 58), le lait d’ânesse et les
os d’âne concassés et bouillis (Plin.
nat. 28, 158), le lait de jument (Plin.
nat. 28, 159), la présure de lièvre, de chevreau ou d’agneau (Plin. nat. 28, 158)., etc.,
constituent aussi des remèdes énergiques.
[17] [•] VB 17, 61, 6O. [•] Avic. canon 4, 6, 2, 104
— […] et lac asininum
iterum et lac mulieris ex mammilla et virge alca et semen altee
humidum elixatum et ius cancri fluvialis – proprie quoniam ipse
potest comedere ipsum sine reliquis lenificantibus – et ericius
assatus recens aut sanguis eius, et lacertum marinum non refugit
et comedit ex eo. De medicinis vero fortibus sunt calamentum
fluviale calidum recens et sanguis anseris etiam et urina hominis
antiqua […].lac quoque asininum et lac
mulieris ex mammilla et jus21ejus 1491 Prüss1 1536. cancri fluvialis et ericius assatus aut sanguis ejus. Fortes autem medicinae
sunt calamentum fluviale calidum recens et sanguis anseris et urina hominis antiqua, et cetera.
[18] [•] VB 17, 61, 6P. [•] Avic. canon 4, 6, 2, 104On est vraiment sûr que
le malade est guéri quand il cesse d’être pris de terreur à la vue
d’un poisson et qu’il en mange. Et quand il devient phtisique, il
faut soigner sa phtisie.
[18] [•] VB 17, 61, 6P. [•] Avic. canon 4, 6, 2, 104
— Et signum sanitatis est
quod videt pisces et non terretur ex eis et comedit ; et cum uadit
in pthisim curetur pthisis.Signum verae22vero VB. sanitatis est quando videns pisces
non terretur ab eis et comedit. Cumque cadit in ptysim23phtisim VBd., curetur ptysis.
~
1Dans le livre 9, Pline semble distinguer deux
types de lièvres de mer, l’un qui vit dans les mers occidentales,
l’autre dans les mers de l’Inde (in nostro mari
offa informis, colore tantum lepori similis, in Indis et magnitudine
et pilo, duriore tantum (Plin.
nat. 9, 155), « dans notre mer, c’est une boule informe qui ne
ressemble au lièvre que par la couleur, dans l’Inde, il en a aussi
la taille et le poil qui est seulement plus dur » (De Saint-Denis
1955, 87)). Dans une note à ce passage, De Saint-Denis 1943, 132,
identifie le lièvre avec une grosse limace de mer, l’aplysie (Aplysia Linné, 1758), qu’il décrit
ainsi : « tête portée sur un cou plus ou moins long ; deux
tentacules supérieurs et creusés comme les oreilles de quadrupède ;
une glande particulière verse, par un orifice situé près de la
vulve, une humeur limpide qu’on dit fort âcre dans certaines
espèces ». Les espèces depilans et leporina seraient particulièrement nocives. On
trouve aussi dans De Saint-Denis 1947, 54-55, la description de J.
Oberthür : « Le lièvre de mer atteint la taille d’un petit levraut.
Lorsqu’elle [l’aplysie] bosse le dos, tapie dans l’herbier, avec sa
couleur fauve, camouflée de taches jaune clair, on dirait un peu un
capucin au gîte, dans l’herbe de la prairie, d’autant plus que
l’aplysie rabat d’avant en arrière ses cornes allongées et aplaties
comme des oreilles ». Cependant, peu avant de traiter du lièvre de
mer, Pline a consacré un court passage à l’aplysie, qu’il classe
dans les éponges et ne semble pas associer au lièvre (Pessimum omnium genus est earum quae aplysiae
uocantur, quia elui non possunt ; in quibus magnae sunt fistulae et
reliqua densitas spissa (Plin.
nat. 9, 150), « L’espèce la plus mauvaise de toutes est celle qu’on
appelle aplysie, parce qu’il est impossible de la nettoyer ; ses
tuyaux sont grands et le reste de sa masse est compacte » (De
Saint-Denis 1955, 85)). Dans leur commentaire à Albert le Grand (AM
24, 72 (39)) – qui lui aussi distingue deux types de lièvre de mer,
réunis dans un même chapitre –, Kitchell & Resnick 1999, 1688,
suivent D’Arcy Thompson 1947, 142-143, et suggèrent que le lièvre
très toxique de l’océan Indien pourrait être le poisson-globe
(Diodon Linné, 1758), et le lièvre
moins dangereux des mers occidentales, l’aplysie.
2Ce sont
plutôt la forme générale et les tentacules creux qui motivent la
ressemblance.
3Très indigeste, l’aplysie peut
provoquer de violentes coliques et même la mort.
4Plutôt que le
sang, c’est l’humeur sécrétée par la glande qui possède ces
propriétés.
5Les médecins du Moyen Âge
distinguaient quatre sortes de lèpre : l’allopicia, la tyria, la
leonina et l’elephantia. L’allopicia
se caractérisait par la chute des cheveux, poils et sourcils, la
tyria par une putréfaction de la peau et du
sang pouvant entraîner la chute des doigts et des
orteils.
6De cette propriété vient sans doute le nom
d’une des espèces d’aplysie, Aplysia depilans Gmelin,
1791.
7Les
écrevisses broyées ou le jus d’écrevisse apparaissent dans le
livre 32 de Pline comme des remèdes universels, associés comme ici
au lait d’ânesse (Plin. nat. 32, 59) ou
à d’autres substances (Plin. nat. 32,
53 ; 78 ; 90 ; 101 ; 103 ; 111 ; 114 ; 118 ; 130 ; 137).
8On retrouve
aussi cette indication chez Plin.
nat. 29, 104 : Sanguis anserinus contra lepores
marinos ualet cum olei aequa portione, « le sang d’oie est
efficace contre le lièvre marin, mélangé à parts égales avec de
l’huile » (traduction personnelle).
9Pline indique
plusieurs autres antidotes à l’empoisonnement causé par le lièvre
marin : les hippocampes en breuvage et la décoction de crabes (Plin. nat. 32, 58), le lait d’ânesse et les
os d’âne concassés et bouillis (Plin.
nat. 28, 158), le lait de jument (Plin.
nat. 28, 159), la présure de lièvre, de chevreau ou d’agneau (Plin. nat. 28, 158).
~
1caput 48 1536.
2indice 1491 Prüss1.
3piscem olet : pisce
dolet 1536.
4La citation d’Avicenne trouvée chez
Vincent de Beauvais a été fragmentée en médications
distinctes.
5ad rubedinem post
aliquantulum transt. 1536.
6alopitia 1491 Prüss1 1536 alopicia
VBd.
7eum 1491 Prüss1.
8in non hab. VB.
9brachealibus
1491 Prüss1.
10emulsos 1491 Prüss1 evulsus 1536.
11Le texte de l’Hortus sanitatis diffère de celui de Pline : le
pluriel indique que le sujet sous-entendu du verbe est strumae, les écrouelles, que le traitement fait
disparaître rapidement. Chez Pline, le verbe est au singulier et
le sujet en est lepus marinus impositus :
le sens est que le lièvre marin est un traitement si actif qu’il
ne faut l’appliquer que très peu de temps.
12podogram Prüss1.
13Le texte de Pline a été ici tronqué et résumé
à l’excès : Pline indiquait l’usage du sang et du fiel d’un lièvre
de mer étouffé dans de l’huile comme épilatoire et non comme
remède contre les charbons et les chancres. Il est aussi possible
que Vincent de Beauvais ait disposé d’un témoin lacunaire de l’Histoire naturelle ; en effet, le passage
semble avoir été particulièrement malmené par la tradition
manuscrite puisque les éditeurs contemporains suspectent une
lacune après necetur.
14necatur 1536.
15post carbunculos hab. et
carcumata VBd et
carcimanaca VB2.
16in — supra : in quarto canone VB.
17Le compilateur de
l’Hortus sanitatis a fragmenté la
citation d’Avicenne trouvée chez Vincent de beauvais.
18post urinae hab. mictus sanguinis
VB.
19yctericia 1491 Prüss1.
20phtysim VBd.
21ejus 1491 Prüss1 1536.
22vero VB.
23phtisim VBd.