Scolopendra [la scolopendre de mer ou néréide1Apparenté au lombric, la scolopendre de mer n’est
autre qu’un ver annelé à poils raides et au corps semi-cylindrique,
de la famille des Nereidae. Selon De
Saint-Denis 1947, 102, la description qu’en donne Pline fait penser
aux plus grandes néréides, mais il signale, après Cotte 1944, que
son caractère urticant fait difficulté. La mieux connue est la
Nereis diversicolor Müller, 1776,
particulièrement recherchée par les pêcheurs comme appât.] et
scorpio [le scorpion de mer2Couramment assimilé à la rascasse (Scorpaena porcus Linné, 1758), le
« scorpion de mer » (Myoxocephalus scorpius Linné,
1758) se caractérise surtout par sa crête épineuse. Ses épines ne
contiennent pas de poison, mais les blessures occasionnées par sa
piqûre s’infectent très rapidement (voir Ov. hal. 117). Voir De Saint-Denis 1947,
103-104 ; D’Arcy Thompson 1947, 245-246.] [+][VB 17,
88 De
scolopendra et scorpione [-]][+]
Scolopendra2scolopendria 1491. et scorpio [+][VB 17, 88 De scolopendra et scorpione [-]][+]
Lieux parallèles : Scolopendra dans TC, De scolopendris (7,
72) ; AM, [Scolopendra] (24, 107 (52)).
Scorpio dans TC, De scorpione
pisce (7, 79) ; AM, [Scorpio maris] (24, 115 (53)).
[1] [•] VB 17, 88, 1Pline, livre 9. [•] Plin. nat. 9,
145Quand les scolopendres de mer, semblables aux scolopendres terrestres, qu’on appelle « mille-pattes », ont avalé un hameçon, ils vomissent
toutes leurs entrailles jusqu’à ce qu’ils rejettent l’hameçon,
puis les ravalent.
[1] [•] VB 17, 88, 1Plinius libro IX. [•] Plin. nat. 9, 145
— Scolopendrae, terrestribus similes, quas centipedes
uocant, hamo deuorato omnia interanea euomunt, donec hamum
egerant, dein resorbent.Scolopendrae marinae, terrestribus similes, quas centipedes vocant, hamo devorato omnia interanea3interiora 1491 Prüss1. evomunt donec hamum egerant,
deinde resorbent4Voir aussi Arist. HA 620 b 7-9 : « L’animal appelé
scolopendre de mer, lorsqu’il a avalé l’hameçon, retourne vers
l’extérieur l’intérieur de son corps, jusqu’à ce qu’il ait expulsé
l’hameçon, puis il fait rentrer ses organes de la même façon »
(Louis 1969, 105).
[2] [•] VB 17, 88, 2Isidore. [•] Isid. orig. 12, 6, 17Le scorpion est ainsi nommé parce qu’il blesse lorsqu’on le
prend à la main. D’autre part, on rapporte que, si dix crabes sont
attachés avec une poignée de basilic, tous les scorpions de l’endroit se rassemblent là.
[2] [•] VB 17, 88, 2Isidorus. [•] Isid. orig. 12, 6, 17
— Scorpio
dictus, quia laedit dum manu tollitur. Tradunt, decem cancris cum
ocimi manipulo alligatis, omnes qui ibi sunt scorpiones ad eum
locum congregari.Scorpio dictus est quia laedit dum manu tollitur.
Tradunt autem, X cancris cum manipulo ocimi alligatis, omnes qui ibi sunt
scorpiones ad eum locum congregari5Voir aussi Plin. nat. 32, 55 : Decem
uero cancris cum ocimi manipulo adligatis, omnes qui ibi sint
scorpiones ad eum locum coituros Magi dicunt. Voir Plin. nat. 32, 148..
[3] [•] VB 17, 88, 3Aristote. [•] Arist. HA 543 a 7-8 MSLe scorpion de mer pond une fois au printemps et une
seconde fois en automne.
[3] [•] VB 17, 88, 3Aristoteles. [•] Arist. HA 543 a 7-8 MS
— Scorpio
vero marinum ovat in vere semel et in autumno iterum.Scorpio marinus ovat in vere semel6satis VBd., et iterum autumno.
[4] [•] VB 17, 88, 4Pline, livre 9. [•] Plin. nat. 9,
99Les crabes morts se métamorphosent en scorpions dans le sable sec3C’était une croyance répandue chez les Anciens
que les corps d’animaux en putréfaction engendraient d’autres
créatures d’espèces différentes ; cette idée, qui voulait aussi
que de la décomposition du cadavre humain naisse un serpent, est à
rattacher à la théorie antique de la génération spontanée. Voir
notamment Ov. met. 15, 369-371 : Concaua litoreo si demas brachia cancro, / cetera supponas terra, de parte sepulta / scorpius exibit caudaque minabitur unca, « Si
vous enlevez à un crabe, ami des rivages, ses bras recourbés et si
vous couvrez le reste de terre, il sortira de la partie ensevelie
un scorpion qui vous menacera de sa queue crochue » (Lafaye 2002,
133)..
[4] [•] VB 17, 88, 4Plinius libro IX. [•] Plin. nat. 9, 99
— Sole Cancri
signum transeunte et ipsorum, cum exanimati sint, corpus
transfigurari in scorpiones narratur in sicco.Cancri mortui in scorpiones figurantur in sicco.
Propriétés et
indications
Operationes
[5] [•] VB 17, 88, 5A. Le même, livre 20. [•] Plin. nat. 20,
150On prend de la sève de menthe contre les
piqûres du scorpion marin.
[5] [•] VB 17, 88, 5A. Idem libro7ante libro hab. in VB.
XX8X Prüss1.. [•] Plin. nat. 20, 150
— [Menta]
sumitur et contra scolopendras et scorpiones
marinos.Mentae succus contra scorpiones marinos sumitur.
[6] [•] VB 17, 88, 6B. Le même, livre 32. [•] Plin. nat. 32,
44On prend encore comme remède contre les
scorpions marins le surmulet, en topique ou en aliment.
[6] [•] VB 17, 88, 6B. Idem libro9ante libro hab. in VB.
XXXII. [•] Plin. nat. 32, 44
— Contra ea
omnia auxiliatur, ut diximus, mullus, item contra pasticanam et
scorpiones terrestres marinosque et dracones, phalangia inlitus
sumptusue in cibo.Mulus etiam illitus vel in cibo sumptus10consumptus VBd. contra scorpiones marinos sumitur et auxiliatur11Cité aussi au
chapitre 61, Mulus..
[7] [•] VB 17, 88, 6C. [•] Plin.
nat. 32, 67Le fiel du scorpion marin guérit l’alopécie.
[7] [•] VB 17, 88, 6C. [•] Plin. nat. 32, 67
— Alopecias replet […] fel
scorpionis marini.Scorpionis12scorpiones 1536. autem marini fel alopecias13alopecias correximus ex Plin. : alopitias 1491 Prüss1 alopicias 1536
VB. replet.
[8] [•] VB 17, 88, 6D. [•] Plin.
nat. 32, 70Le fiel du scorpion marin roux, mélangé à de la vieille huile ou à
du miel attique, dissipe les débuts de cataracte.
[8] [•] VB 17, 88, 6D. [•] Plin. nat. 32, 70
— [Fel] marini scorpionis rufi
cum oleo uetere aut melle Attico incipientes suffusiones
discutit.Fel marini scorpionis rufi cum oleo veteri aut melle Attico
incipientes suffusiones discutit.
[9] [•] VB 17, 88, 6E. [•] Plin.
nat. 32, 127Par ailleurs, le fiel
du scorpion marin supprime les cicatrices.
[9] [•] VB 17, 88, 6E. [•] Plin. nat. 32, 127
— […] tollit cicatrices fel scorpionis marini.Iterumque fel scorpionis marini cicatrices tollit.
[10] [•] VB 17, 88, 6F. [•] Plin. nat. 32, 102Le scorpion marin qu’on a fait mourir dans du vin, pris en
boisson à raison d’une obole, guérit les maux de vessie et les
calculs.
[10] [•] VB 17, 88, 6F. [•] Plin. nat. 32, 102
— Scorpio marinus necatus in
uino uesicae uitia et calculos sanat.Scorpius marinus necatus in vino et obuli14oboli VB. pondere potus vesicae15vesica 1491
Prüss1. vitia et calculos
sanat.
[11] [•] VB 17, 88, 6G. [•] Plin. nat. 32, 102Même propriété pour la pierre que l’on trouve dans la queue
du scorpion marin. [•] Plin.
nat. 32, 55 Lorsque le soleil est
dans le signe du Cancer, les serpents sont tourmentés par les
piqûres du scorpion.
[11] [•] VB 17, 88, 6G. [•] Plin. nat. 32, 102
— [Uesicae uitia et calculos
sanat] lapis qui inuenitur in scorpionis
marini cauda.Lapis16lapide 1491 Prüss1 1536. quoque qui invenitur in
scorpionis marini cauda. [•] Plin. nat. 32, 55
— Cum
sol sit in Cancro, serpentes torqueri [Thrasyllus auctor est].Cum sol
est17sol est : solem 1536.in cancro,
torquentur18torquantur 1491 Prüss1. serpentes ictibus scorpionum.
[12] [•] VB 17, 88, 7H. Dioscoride. [•] Diosc. 598
GVLes scorpions marins suppriment les affections biliaires,
soignent les cataractes, font disparaître l’obscurcissement de la
vue et le glaucome.
[12] [•] VB 17, 88, 7H. Dioscorides. [•] Diosc. 598
GV
— [Scorpiones] maritimi coleram
deponunt. Suffocationes oculorum detergunt. Caligines et
glaucomata tollunt.Scorpiones marini19maritini 1491 maritimi
VB. choleram20coleram 1491 Prüss1 1536 VB2.
deponunt, suffusiones oculorum detergunt, caligines et glaucomata
tollunt.
[13] [•] VB 17, 88, 8I. Le même. [•] Diosc. 266
GVLe fiel du scorpion marin est très efficace, et il est supérieur à
celui des quadrupèdes. Il est souverain contre les yeux qui
coulent, l’obscurcissement de la vue et l’inflammation des
paupières.
[13] [•] VB 17, 88, 8I. Idem. [•] Diosc. 266
GV
— Magna tamen est virtus fellis maritimi scorpii
[…] omnium istorum fella unam in se habent
virtutem, faciunt denique ad oculorum suffusionem et caliginem et
aspredines palpebrarum disleniunt.Marini
scorpii fel magnam habet virtutem et ante fella
quadrupedum primum. Facit autem ad effusionem oculorum et ad
caliginem et ad aspredinem palpebrarum.
[14] [•] VB 17, 88, 9K. Avicenne, dans le second livre du Canon. [•] Avic. ? La céruse de plomb,
appliquée en pommade, est efficace contre la piqûre du scorpion marin.
[14] [•] VB 17, 88, 9K. Avicenna in secundo canone21Comme au
chapitre 26, operatio L, nous n’avons
pas retrouvé cette indication relative à la céruse d’étain
dans les éditions du Canon que nous
consultées ; voir Draco marinus,
ch. 26, 13, note philologique.. [•] Avic. ? Cerusa stanni22stagni VBd. confricata super marini scorpionis puncturam confert.
[15] [•] VB 17, 88, 10L. Le même, dans le livre 4. [•] Avic. canon 4, 6, 5, 25La piqûre du scorpion marin provoque une distension de l’abdomen,
l’hydropysie et parfois des émissions involontaires de
flatuosités.
[15] [•] VB 17, 88, 10L. Idem in quarto. [•] Avic. canon 4, 6, 5, 25
— Existimo quod accidunt ex morsu scorpionis marini
inflatio uentris et forma hydropica et quandoque accidit ex eo
exitus uentositatis absque uoluntate et oportet ut caueatur in
cognitione eius (éd. Venise, 1555, p. 23).Ex
morsu scorpionis marini accidit inflatio ventris et forma
hydropica23poropica 1491 Prüss1 1536.
et quandoque ventositatis exitus absque voluntate.
[16] [•] VB 17, 88, 10M. [•] Avic. canon 4, 6, 5,
25Cela se soigne comme on soigne la piqûre du
dragon marin [la vive ?] et celle de la rutèle4Le terme
rutela n’apparaît que tardivement en latin
et désigne une petite araignée. Voir Du Cange (1883-1887), s. v..
[16] [•] VB 17, 88, 10M. [•] Avic. canon 4, 6, 5,
25
— Et cura eius est cura draconis marini et
rutelae (éd. Venise, 1555, p. 23).Cura ejus
est cura draconis marini et rutelae.
~
1Apparenté au lombric, la scolopendre de mer n’est
autre qu’un ver annelé à poils raides et au corps semi-cylindrique,
de la famille des Nereidae. Selon De
Saint-Denis 1947, 102, la description qu’en donne Pline fait penser
aux plus grandes néréides, mais il signale, après Cotte 1944, que
son caractère urticant fait difficulté. La mieux connue est la
Nereis diversicolor Müller, 1776,
particulièrement recherchée par les pêcheurs comme appât.
2Couramment assimilé à la rascasse (Scorpaena porcus Linné, 1758), le
« scorpion de mer » (Myoxocephalus scorpius Linné,
1758) se caractérise surtout par sa crête épineuse. Ses épines ne
contiennent pas de poison, mais les blessures occasionnées par sa
piqûre s’infectent très rapidement (voir Ov. hal. 117). Voir De Saint-Denis 1947,
103-104 ; D’Arcy Thompson 1947, 245-246.
3C’était une croyance répandue chez les Anciens
que les corps d’animaux en putréfaction engendraient d’autres
créatures d’espèces différentes ; cette idée, qui voulait aussi
que de la décomposition du cadavre humain naisse un serpent, est à
rattacher à la théorie antique de la génération spontanée. Voir
notamment Ov. met. 15, 369-371 : Concaua litoreo si demas brachia cancro, / cetera supponas terra, de parte sepulta / scorpius exibit caudaque minabitur unca, « Si
vous enlevez à un crabe, ami des rivages, ses bras recourbés et si
vous couvrez le reste de terre, il sortira de la partie ensevelie
un scorpion qui vous menacera de sa queue crochue » (Lafaye 2002,
133).
4Le terme
rutela n’apparaît que tardivement en latin
et désigne une petite araignée. Voir Du Cange (1883-1887), s. v.
~
1caput 85 1536.
2scolopendria 1491.
3interiora 1491 Prüss1.
4Voir aussi Arist. HA 620 b 7-9 : « L’animal appelé
scolopendre de mer, lorsqu’il a avalé l’hameçon, retourne vers
l’extérieur l’intérieur de son corps, jusqu’à ce qu’il ait expulsé
l’hameçon, puis il fait rentrer ses organes de la même façon »
(Louis 1969, 105)
5Voir aussi Plin. nat. 32, 55 : Decem
uero cancris cum ocimi manipulo adligatis, omnes qui ibi sint
scorpiones ad eum locum coituros Magi dicunt. Voir Plin. nat. 32, 148.
6satis VBd.
7ante libro hab. in VB.
8X Prüss1.
9ante libro hab. in VB.
10consumptus VBd.
11Cité aussi au
chapitre 61, Mulus.
12scorpiones 1536.
13alopecias correximus ex Plin. : alopitias 1491 Prüss1 alopicias 1536
VB.
14oboli VB.
15vesica 1491
Prüss1.
16lapide 1491 Prüss1 1536.
17sol est : solem 1536.
18torquantur 1491 Prüss1.
19maritini 1491 maritimi
VB.
20coleram 1491 Prüss1 1536 VB2.
21Comme au
chapitre 26, operatio L, nous n’avons
pas retrouvé cette indication relative à la céruse d’étain
dans les éditions du Canon que nous
consultées ; voir Draco marinus,
ch. 26, 13, note philologique.
22stagni VBd.
23poropica 1491 Prüss1 1536.