Présentation de l’œuvre
Le « Traité sur les poissons », ou De piscibus est le quatrième livre de l’Hortus sanitatis, œuvre d’histoire naturelle et de médecine, conçue et rapidement diffusée à la fin du XVe siècle dans les premiers temps de l’imprimerie.
L’Hortus sanitatis, « Le Jardin de santé »
L’Hortus sanitatis se propose à la fois de donner une représentation du monde naturel dans sa globalité et de renseigner le lecteur sur la manière de tirer les remèdes que la providence divine y a dispensés. Il comprend six livres, traitant successivement des végétaux, des animaux terrestres, des oiseaux, des animaux aquatiques, des pierres et des urines, et deux livres d’index, ainsi qu’un prologue et un épilogue, expliquant les visées de l’ouvrage et vantant les mérites de l’auteur et de l’éditeur, qui se sont appliqués, pour la première fois, à associer une représentation iconographique à la description de chaque élément naturel. Les cinq premiers livres totalisent 1066 notices, composées de citations d’auteurs anciens et médiévaux et toutes accompagnées de vignettes imagées.
Œuvre d’auteur ou œuvre d’éditeur ?
L’Hortus sanitatis peut cependant apparaître davantage comme une œuvre de compilateur et d’éditeur plutôt que comme une œuvre d’auteur. En effet, pour le contenu, il emprunte largement à trois grandes encyclopédies antérieures : le Speculum naturale de Vincent de Beauvais, les Pandectes de Matthieu Silvaticus et le De animalibus d’Albert le Grand. Pour la forme, il est largement redevable au Gart der Gesundheit, un herbier publié quelques années auparavant, dont il reprend le titre, « Jardin de santé », et les illustrations qu’il intègre au traité sur les plantes. Du fait de cette parenté, on a, pendant très longtemps, assimilé l’auteur présumé du Gart der Gesundheit, Jean de Cuba, et celui de l’Hortus sanitatis et on a confondu l’histoire des deux ouvrages.
Il n’est pas impossible que Jean de Cuba ait été sollicité par le premier éditeur de l’Hortus sanitatis, Jakob Meydenbach, mais avec un projet d’une tout autre ampleur que celui du Gart der Gesundheit, car l’Hortus sanitatis ajoute à l’étude des végétaux la description des animaux et des minéraux, tandis que la présence des vignettes dans tous les chapitres de chaque traité constitue un niveau supplémentaire d’information qui se superpose au texte. Le très grand nombre et la qualité de ces illustrations ont sans nul doute largement contribué au succès de l’œuvre.
Les savoirs sur les poissons au XVe siècle
Compilation du livre 17 du Speculum naturale de Vincent de Beauvais et du livre 24 du De animalibus d’Albert le Grand, le Tractatus de piscibus compte 106 chapitres, organisés selon l’ordre alphabétique, qui réunissent mollusques, crustacés, poissons, cétacés et monstres marins. Il témoigne à la fois du savoir accumulé, depuis l’Antiquité jusqu’à la fin du Moyen Âge, sur les créatures aquatiques, de sa transmission parfois perturbée et du travail de réécriture et d’assimilation dont il a fait l’objet. Quand Rondelet et Belon, au XVIe siècle, accomplissent un travail scientifique plus rigoureux en confrontant les sources anciennes – notamment grecques –, mieux exploitées, aux témoignages de leurs contemporains et à leur propre expérience, les connaissances transmises par le Tractatus de piscibus se trouvent frappées d’obsolescence. Mais celui-ci avait posé les jalons d’une démarche moderne unissant un bilan honnête des connaissances scientifiques et des croyances sur les animaux, répandues à l’aube de la Renaissance, à une iconographie qui se voulait fidèle aux réalités du monde naturel.
Pour plus d’informations, nous renvoyons le lecteur à l’introduction qui figure dans le volume imprimé.