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Pensées 1097 à 1101

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume II

1097

Ces sermons de Maillard[1] de Menot[2] de Rolin[3] de Barlete [4]

Anciens sermons

nestoint pas faits pour faire avec le estre prechés aussi sérieusement que les notres d’a present, quoy que nous y trouvions un comique par tout et des applications scandaleuses de l’ecriture et un burlesque qui y est par tout répendu. Ces gens la prechoint ce qu’ils scavoint et ils aprenoint ce qu’on leur avoit apris : dans ces temps la on ne lisoit point l’ecriture, on ne lisoit que des histoires faites sur l’ecriture ou des legendes des saints. On ne conoissoit l’ecriture que par les comédies que l’on faisoit jouer sur les histoires de l’ecriture ou des misteres. On y joignoit les livres fondes sur les révélations, les legendes et autres histoires qui estoint entre les mains de tout le peuple. La plus part de ces livres ont pery lors du renouvelement des sciances {f.72v} et peu ont merité de voir le jour lors lors de la decouverte de l’impression les protestants quereles que les protestants ont fait perir touts cles livres de cette espece les quereles des protes les protestants qui parurent furent cause que touts ces livres perirent excepte les plus extravagans qu’ils ont conservés come une fletrissure de la relligion anciene et les catholiques les negligerent ou les cacherent d’abort dès q[u]’une plus grande lumiere parut[5]. Il faut donc nous transporter dans ces temps, où tout ce qui peut servir a l’instruction du peuple, estoit d’une autre nature que touts les ouvrages qui sont a present entre ses mains : cela devoit faire un nouveau genre de prédication :

- - - - -

Main principale M

1098

{f.73r} J’ay cru qu’il falloit tacher de regler sa conduite de maniere que l’on fut dans son estat et dans sa situation dans la prosperite ; car j’ay vu que la pluspart des gens se perdoint leur fortune  par embition et mangoint leur bien par avarice :

- - - - -

Main principale M

1099

Dans le Thieste de Seneque Thieste demende a voir ses enfans, Athree lui montrant les restes de ces enfans qu’il lui a servis dans le repas lui dit

Venere : gnatos ecquid agnoscis tuos[1]?

A quoy Thyeste repond

Agnosco fratrem[2] :

Crebillon a traduit fort bien

Crebillon
Seneque
le tragique

Reconois tu ce sang[3]

Je reconois mon frere :

Mais par le deffaut de la langue le francois ne fait pas tant d’impression que le latin une rime feminine est trop douce pour exprimer le sentiment de Thyeste outre que ce mot de mon le pronon mon que notre langue nous donne lá ne[c]essairement gate la pensee. Mon frere estant un nom de tendresse la com̃e de consanguinité : j’aurois mieux autant aimé mettre je reconois Athree :

- - - - -

Main principale M

1100

{f.73v} Nec me divitiæ movent in quibus Bonieri et Samueles Turennios flor et Warvicos et Floretes superarunt[1] :
J’aurois mis Fæx gallica Bonieri et Samueles[2] mais j’aurois moins dit parce que lors que la parole chose dit tout, il ne faut point de nouvelles paroles :

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Main principale M

1101

J’aime a voir un home de qualité modeste devenir vain et orgu[e]illeux

Mariages

parce qu’il a epousé la fille d’un faquin qui est en en credit il s’anorgueillit de ce qui devroit l’humilier j’en ay vu de ces ceux la Rosm o fæx o fæx hominum et sanguine deorum[1] : Rosmadec Rosmadec qui avoit epousé la niece du garde des scaux[2]

- - - - -

Main principale M


1097

n1.

Olivier Maillard (1430-1502), professeur de théologie dans l’ordre des Frères mineurs, prédicateur de Louis XI et du duc de Bourgogne, dont Montesquieu possédait le Quadragesimale opus declamatum Parisiis declamatum [1498] – Catalogue, nº 592 (Paris, s. d.).

1097

n2.

Michel Menot (XIVe siècle-1518), prédicateur cordelier, auteur d’un célèbre Sermon sur l’Enfant prodigue [1520].

1097

n3.

Jean Raulin (1443-1514), prédicateur bénédictin, dont Montesquieu possédait une édition des Sermones (Anvers, G. Bellerum, 1611 – Catalogue, nº 595).

1097

n4.

Gabriel Barletta (appelé aussi Barletti ou Barlette), prédicateur dominicain du XVe siècle, dont les sermons à succès ont connu de nombreuses éditions et « dont les manières de prêcher » étaient, selon Bayle, « beaucoup plus dignes d’un farceur, que d’un Ministre de l’Évangile » (Dictionnaire historique et critique, 1re éd., Rotterdam, Reinier Leers, 1697, art. « Barlette »).

1097

n5.

Les sermons à succès des prédicateurs catholiques mentionnés dans cet article, précédant le renouveau de l’éloquence sacrée au XVIIe siècle, étaient marqués par une érudition superflue, le burlesque et la bouffonnerie, un mélange de références chrétiennes et païennes, de contes et de fables, et des indications écrites en marge pour créer de véritables spectacles (Charles-Yves Cousin d’Avallon, Dictionnaire biographique et bibliographique des prédicateurs et sermonnaires français, Paris – Lyon, Persan – Périsse frères, 1824, p. 48-86). Le protestant Henri Estienne les prit pour cible dans son Apologie pour Hérodote ou Traité de la conformité des merveilles anciennes avec les modernes [1566].

1099

n1.

« Les voici. Reconnais-tu tes enfants ? » (Sénèque, Thyeste, V, III, v. 1005 ; nous traduisons).

1099

n2.

« Je reconnais mon frère » (Sénèque, Thyeste, V, III, v. 1006 ; nous traduisons).

1099

n3.

Crébillon a écrit : « Méconnois-tu ce sang ? ». La réplique de Thyeste qui suit est reproduite par Montesquieu sans changement (Atrée et Thyeste, V, 8, Paris, Didot, 1818, p. 160). La tragédie fut représentée pour la première fois en 1707. Sur Crébillon, voir nº 68.

1100

n1.

« Les richesses dans lesquelles les Bonier et les Samuel surpassent les Turenne et les Warvick ne me touchent pas » (nous traduisons). Sur les richesses de la finance et les récompenses de la noblesse d’épée, voir EL, XIII, 20 (in fine). Au moment où écrit Montesquieu, Joseph Bonnier (« Bonieri ») de la Mosson (1702-1744), richissime trésorier des États du Languedoc, qui avait hérité de la charge de son père, était à la tête d’une des plus grosses fortunes du royaume (Louis Grasset-Morel, Les Bonnier ou Une famille de financiers au XVIIIe siècle, Paris, E. Dentu, 1886) ; « Samueles » fait allusion à Samuel Bernard (1651-1739), le célèbre financier. « Turennios » renvoie sans doute à la maison de Turenne et en particulier à Henri de La Tour d’Auvergne, maréchal de Turenne (1611-1675), le stratège et vainqueur de Turckheim, symbole de l’association entre naissance et valeur militaire. Cf. nº 1222. « Warvicos » peut renvoyer à Richard Neuville, comte de Warwick (1428-1471), dit le « faiseur de roi ». « Floretes » : latinisation possible du pluriel de Fleury, patronyme du cardinal ministre.

1100

n2.

« Les Bonier et les Samuel, la lie de la France » (nous traduisons).

1101

n1.

« Ô lie des hommes, issue du sang des dieux » (nous traduisons).

1101

n2.

Sébastien-Anne-Michel de Rosmadec, marquis de Goulaines, d’une des plus illustres maisons de Bretagne, épousa en 1736 Marie-Marguerite Lefèvre d’Ormesson (1717-1771), apparentée à Anne-Françoise Lefèvre d’Ormesson (1678-1735), femme d’Henri-François d’Aguesseau (1668-1751), garde des Sceaux de 1727 à 1750 (Aubert de la Chenaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse, Paris, A. Boudet, 1773, t. VI, p. 376 et 378).