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Pensées 1640 à 1644

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.
Q : 1750-1751.
S : 1754-1755.
V : 1754.

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Pensées, volume III

1640

Milord Bath[1] dit que l’Angleterre et l’Ecosse ont donné dans des années jusqu’à 11. millions sterling[2] que cependant elles ne fait ont guéres par leur etendue que le tiers du royaume de France, ce qu’il or la France dit il ne paie pas beaucoup pres tant a proportion et comptant 8 millions d’habitans en Angleterre et Ecosse, et 20 millions en France il se trouve que la France ne paie autant {f.3v} a beaucoup pres, ni a proportion de ses habitans, ni à proportion de ses terres. Il attribue cela 1º au commerce 2º au gouvernement qui fait que se taxant soy même on se taxe au dessus de ses forces par un l’ amour pour la liberté, 3º aux richesses de leurs mines[3]. * J’ajoutay que la France a une grande partie de son pays en forests, que l’Angleterre y suplée par ses mines de charbon, il faut qui font le suplement des terres qui formeroient de grandes provinces, notre gouvernement qui fait qu’on ne peut taxer la noblesse trop loin parce qu’on en à besoin pour la guerre et pour la cour, pour l’exercice des charges civiles, ni les marchands toujours ta que la maltaute[4] ecrase deja, la taxe est donc sur le bas peuple qui est ecrasé, et tout est ecrasé encore parce qu’on commance par accabler, et que personne n’a le tems de s’enrichir

Main principale P

1641

{f.4r} [Passage à la main M] Depuis douze ans on s’est avisé en Angleterre de tirer de l’argent du plomb[1], lors qu’un toneau de plomb qui est environ deux cens milliers pesant donne cinq onces d’argent qui a cinq chelings l’once font vingt cinq chelings[2] on ne perd ny ne gagne a l’operation mais tout le surplus est en profit ; or il y a quelque fois 14 20 24 onces d’argent ainsi le pr surplus est en profit et on porte touts les ans a l’hotel de la Monoye cent mille livres sterling en argent dans la depense qui va a cinq onces on compte un dixieme de dechept[3] dans le plomb mais cela est un peu compensé par la valeur du plomb que l’on a retiré de la qui a passé par l’operation il a un plus grand prix parce qu’il est plus malleable :

Passage de la main P à la main M

1642

{f.4v} [Passage à la main P] Petite preface pour l’Histoire de France [1].

- - - - -

Un docteur de l’université de Salamanque à trouvé par un calcul exact que depuis la mort d’Henry IV. jusqu’au traité des Pyrenées, les ligues, les associations de la noblesse les deliberations des parlements les differentes expeditions, les traités de paix et de guerre ne couterent que 118 minutes de reflexion a toutes les têtes francaises qu’en remontant plus haut aux regnes d’Henry III. Charles IX. François II. ils furent dans une distraction generale et s’entretuerent toujours sans y penser. Un de leur roy qui par hazard pensoit beaucoup se voiant chef d’une nation qui ne pensoit pas entreprit de la subjuguer y reusit et se mit comme il disoit hors de page[2].

- - - - -

Passage de la main M à la main P

1643

Je me plaignois d’une infinité de mauvaises critiques sur mon Esprit des loix[1] qui venoient de ce qu’on ne m’avoit pas entendu, je me trompois, elles venoient de ce qu’on ne vouloit pas m’entendre. Un[e] infinité de petits esprits avoit des lieux communs de morale qu’ils vouloient debiter, or pour cela il falloit ne pas m’entendre. Par exemple s’il prenoit le mot de vertu dans le sens que je luy ay donné {f.5r} on ne pouvait pas s’e[n]tendre sur la necessité des vertus chretiennes et des vertus morales dans toutes sortes de gouvernemens. De plus en ne m’entendant point ils avoient un champ libre pour faire des declamations or ce genre d’ouvrage est de tous le plus facile[2].

- - - - -

Main principale P

1644

Pour faire un traité sur le bonheur

Bonheur

[1] il faut bien poser le terme où le bonheur peut aller par la nature de l’homme ; et ne point commancer par exiger qu’il ait le bonheur des anges, ou d’autres puisances plus heureuses que nous imaginons.
Le bonheur consiste plus dans une disposition generale de l’esprit et du coeur qui s’ouvre au bonheur que la nature de l’homme peut preter que dans la multiplicité de certains moments heureux dans la vie il consiste plus dans une certaine capacité de recevoir ces moments heureux. Il ne consiste point dans le plaisir mais dans une capacité aisée de recevoir le plaisir, dans une esperance bien fondée de le trouver quand on voudera ; dans une experiance que l’on n’a point un certain degoust general pour les choses qui font la felicité des autres {f.5v} deux choses composent le malheur moral, la nuit qui vien prl l’ennui general qui provient du degoust ou du dedain de tout, le decouragement general qui vient du sentiment de sa propre bassesse

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Main principale P


1640

n1.

Voir nº 1639, note 5.

1640

n2.

Il s’agit du montant des ressources fiscales.

1640

n3.

Cf. nº 1639, 1641, à propos du plomb argentifère.

1640

n4.

« Exaction indûe. Le Public appelle ainsi par abus toute sorte de nouvelles impositions » (Académie, 1740, art. « Maltôte »).

1641

n1.

Voir ci-dessus, nº 1639.

1641

n2.

Comprendre : shillings.

1641

n3.

Comprendre : déchet.

1642

n1.

Sur ce projet d’ouvrage, voir nº 1111, 1302 (titre). Cette préface parodique est peut-être à rapprocher de l’article nº 1191, qui évoque les « calculs exacts » d’un autre docteur espagnol, Huarte, l’auteur de l’Examen des esprits pour les sciences [1re éd. en espagnol 1575], ouvrage sur la manière de cultiver les capacités intellectuelles dans l’intérêt d’un royaume (Catalogue, nº 1474 : C. Vion d’Alibray (trad.), Lyon, G. Blanc, 1668).

1642

n2.

« On dit […] d’un homme qui est devenu absolument son maître, qu’il est hors de page » (Académie, 1740, art. « Hors »). Le roi en question serait Louis XI, d’après un mot prêté à François Ier (Discours des États de France, dans Les Œuvres de Maistre Coquille, Bordeaux, La Bottière, 1703, t. I, p. 280 – Catalogue, nº 776).

1643

n1.

En 1749 paraissaient les critiques des Mémoires de Trévoux (avril), dont le président Barbot informa Montesquieu (lettre du 7 avril 1749, Masson, t. III, p. 1216), celles de la Nouvelle bibliothèque germanique (t. V, juillet-septembre, 1748, partie I [1749], p. 232-236), du financier Claude Dupin (Réflexions sur quelques parties d’un livre intitulé « De l’esprit des lois », Paris, B. Serpentin, 1749) mentionné à plusieurs reprises par Mme de Tencin, Solar et Montesquieu lui-même (lettres des 23 avril, 7 juin, 23 juillet, 27 août de l’année 1749 : Masson, t. III, p. 1228, 1239, 1251, 1253), celles de la Suite des Nouvelles ecclésiastiques (9 octobre et 16 octobre 1749). Contrairement à ce que laissent penser les propos de Montesquieu à Guasco (lettre non datée, Masson, t. III, p. 1275-1276), l’auteur ne se souciait pas seulement de la censure ecclésiastique, mais avait envisagé de répondre à certaines de ces attaques, comme le prouve le sixième carton de manuscrits inventoriés par Joseph-Cyrille de Montesquieu, répertorié comme « Matériaux contre les critiques de L’Esprit des lois » (LP, OC, t. 1, annexe II, p. lxxvii-lxxviii).

1643

n2.

Le rédacteur de la Suite des Nouvelles ecclésiastiques du 9 octobre 1749, sans tenir compte de la mise au point de Montesquieu sur la notion de vertu politique (EL, III, 5, note (a) : Derathé, t. I, p. 30), prétend comprendre de sa théorie sur le principe du gouvernement monarchique qu’« à ce compte on devroit bannir de toutes les Monarchies la Religion Chrétienne » (DEL, p. 28). Montesquieu répondit à la critique, non dans sa Défense de l’Esprit des lois, axée sur les questions théologiques, mais dans les Éclaircissements sur l’Esprit des lois, qui parurent à la suite dans le même volume en février 1750 (Genève, Barrillot et fils [Paris, Huart] ; DEL, p. 115). Dans la lettre à Guasco mentionnée dans la note précédente (Masson, t. III, p. 1276), Montesquieu parle des « déclamations » et des « fureurs » du rédacteur qu’il appelle le « Nouvelliste ecclésiastique ».

1644

n1.

Montesquieu a entamé très tôt dans son recueil une réflexion sur le bonheur (nº 30-31), sans évoquer un projet d’ouvrage. Les articles nº 1661, 1662, 1675, 2010, 2046 témoignent d’un dossier ouvert sur le thème dont les éléments ont été archivés dans le troisième volume des Pensées ; voir Philip Stewart, Dictionnaire électronique Montesquieu, art. « Bonheur » [en ligne à l’adresse suivante : http://dictionnaire-montesquieu.ens-lyon.fr/index.php?id=384].