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Pensées 1748 à 1752

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.
Q : 1750-1751.
S : 1754-1755.
V : 1754.

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Pensées, volume III

1748

Nombre des habitans[1]

Romulus et Licurgue donnerent une certaine quantité de terres d’arpens à chaque chef de famille[2]. Je supose que cela fut cinq arpens, (je verray cela) a ce compte en suposant la lieüe de trois mille pas

3000
3000
3000.

geometriques[3], une lieue quarrée[4] auroit neuf millions de pas {f.62v} geometriques qucarrés, metez les pas geometriques de cinq cent pieds en lates[5] de sept pieds cela faira 6428572 lates qucarrés qui divisés en 512 fairont 12556 arpens dans une lieüe qucarrée, et a cinq arpens par famille fairont 2511 familles dans une lieüe qucarée qui viveront[6] du sol de la terre. Or la Catalogne aiant environ vingt quatre lieües de 3000 pas geometriques en reduisant sa figure en qucarés et longueur et hauteur elle a 576 lieües carées, c’est à dire dans le plan des Romains et Grecs à cinq arpens par famille pouroit contenir 576 fois 2511 familles 1446336 fam {f.63r} familles, c’est à dire plus qu’on n’en n’a trouvé dans ces jours ci dans toute l’Espagne. A quoy vous pouvez ajouter tout le peuple qui vit d’industrie qui dans une nation aussi ainsi policée iroit au tiers pour le moins, soit esclaves, soit libres. Il est vray que les terres incultes sont possedées par le clergé qui les a rendües incultes par la proprieté qu’il en à acquise ce qui empesche de les cultiver par la possession qu’il en à, n’y aiant guêres de droit que par l’empeschement qu’il met que d’autres ne les cultivent[7]. Mais dans ce cas il fauderoit[8] mettre le reglement de Platon que personne ne peut succeder à d’autres maisons, et que dez qu’un paisan auroit une succession {f.63v} d’un autre partage, on le donnat au plus proche parent[9] outre que cinq arpens sont sufisans pour nourir le maitre et qu’ils sont sufisans pour l’occuper, et en recevoir toute la culture possible. Les loix des Romains ne furent pas si sages que celles de Platon, et elles permirent, ou l’on soufrit que des cyitoyens sous des noms empruntés acquisent les heritages propres des citoyens ce qui etoit eluder la loy, mais si cette loy n’avoit pas eté eludée, Rome n’auroit pas tombé dans la corruption[10]
Nota que ce que j’apele arpent est notre journal[11].

- - - - -

Main principale P

1749

Je dis cecy sçachant tres bien que les hommes sont toujours fort embarassé lorsqu’il {f.64r} s’agit de gouverner les hommes.
Je parle aux magistrats comme un honeste homme parle à un honeste homme
Si l’on est obligé de sortir de la loy, il faut du moins y rentrer le plutot qu’il est possible. Si l’on est obligé de faire des choses qui par leur nature ne sont pas bonnes, il faut les faire le moins mal qu’il est possible.

- - - - -

Main principale P

1750

La loy de France qui ne permet pas que l’interest excede le sort principal[1]

  Voir dans quelles occasions elle ne le permet pas.

est une loy

Diodore. liv. Ier part. 2. chap 3.

egiptienne faite par Boccaris legislateur des Egiptiens sur les contracts et elle est tres humaine[2].

Main principale P

1751

{f.64v} On ne peut douter que les richesses données au clergé n’ayent contribué à eteindre cette foible lumiere qui apparut de tems en tems. Les richesses excessives d’un corps sont toujours suivies d’une ignorance excessive, parce que ce corps cherche toujours a cacher la foiblesse de ses titres[1].

- - - - -

Main principale P

1752

[Passage à la main M] Voyes la continuation de ce qui n’a pu entrer
[Passage à la main P] Les Gots recus par Valens dans l’empire devasterent la Trace, la Macedoine, et la Tessalie, contrée qui est telle et si grande et in ea tam multa aratra terram versant et nulla oratione earum fertilitas exprimi possit excerpta de legationibus ex historia Dexippi Atheniensis, pieces diverses p 406[1].
Ce pays a la reserve de quelques forteresses est si devasté ut incoli adiri amplius non possit[2]. * Il est encore chez les Turcs tel que l’auteur le decrit[3].

Passage de la main P à la main M


1748

n1.

Cf. EL, XXIII, 15 : Montesquieu y affirme que l’égal partage des terres permet de faire vivre une population nombreuse.

1748

n2.

Sur le partage des terres et la mesure des lots attribués par Romulus et Lycurgue, voir Romains, III, p. 106 ; nº 639 ; EL, V, 5 et XXVII, 1 : Derathé, t. II, p. 195 ; voir Varron, De l’agriculture, I, 10 ; Plutarque, Vie de Lycurgue, VIII.

1748

n3.

Le pas géométrique est une unité de longueur équivalente, dans la région de Bordeaux (Médoc), à 5 pieds 5 pouces et 1,784 m ; la lieue, composée de 3 000 pas géométriques, équivaut à Bordeaux à 5 847 m ; voir Les Anciennes Mesures locales du Sud-Ouest d’après les tables de conversion, A. Poitrineau (dir.), Clermont-Ferrand, Publications de l’Institut d’études du Massif central, 1996, p. 81-82.

1748

n4.

Mesure de superficie d’une lieue de côté.

1748

n5.

La latte ou late était une mesure de longueur et de surface utilisée en Aquitaine, division du journal (voir nº 1748, note 11). Elle correspondait, à Bordeaux, à 7 pieds bordelais (2,497 m) ; voir Les Anciennes Mesures locales du Sud-Ouest d’après les tables de conversion, A. Poitrineau (dir.), Clermont-Ferrand, Publications de l’Institut d’études du Massif central, 1996, p. 72.

1748

n6.

Lire : vivront.

1748

n7.

Voir nº 793, note 1.

1748

n8.

Lire : faudrait.

1748

n9.

Platon, Lois, V, 10, 740b-d.

1748

n10.

Le rapport entre partage des terres et droit de succession à Rome est l’objet du livre XXVII de L’Esprit des lois, dans lequel Montesquieu étudie les différentes façons dont on tenta de contourner les lois établies pour maintenir ce partage.

1748

n11.

Le journal de Bordeaux était l’unité de mesure agraire la plus utilisée en Aquitaine ; il correspondait à la surface cultivée par un homme en une journée, soit un rectangle de 32 lattes sur 16, qui équivalait à 31,928 4 ares (Les Anciennes Mesures locales du Sud-Ouest d’après les tables de conversion, A. Poitrineau (dir.), Clermont-Ferrand, Publications de l’Institut d’études du Massif central, 1996, p. 72).

1750

n1.

« Le capital d’une rente qui produit des interests » (Académie, 1718, art. « Sort »).

1750

n2.

Il s’agit du pharaon Bocchoris (« Boccaris ») ; d’après les lois qu’il institua, selon Diodore de Sicile, « il n’étoit par permis [à ceux qui prétoient par billet] de faire monter les intérêts plus haut que le capital » (I, 79 ; Histoire universelle de Diodore de Sicile, abbé Terrasson (trad.), Paris, de Bure l’Aîné, 1737, p. 169 ; voir aussi p. 199) ; sur cette référence à Diodore, voir EL, XX, 15, note de l’auteur (b).

1751

n1.

Sur les richesses du clergé, voir nº 214, 273 ; EL, XXV, 5 et XXXI, 10.

1752

n1.

« Tant de charrues y retournent la terre et aucun discours ne peut rendre leur fertilité » (nous traduisons) : citation tirée de l’Histoire d’Eunape de Sardes dans le recueil Excerpta de legationibus ex Dexippo Atheniense, Eunapio Sardiano, Petro patricio et magistro, Prisco sophista, Malcho Philadelphensi, Menandro protectore, C. Chanteclair (éd.), Paris, P. Chevalier, 1609, p. 26.

1752

n2.

« […] qu’on ne peut plus ni l’habiter ni y aller » (Excerpta de legationibus ex Dexippo Atheniense, Eunapio Sardiano, Petro patricio et magistro, Prisco sophista, Malcho Philadelphensi, Menandro protectore, C. Chanteclair (éd.), Paris, P. Chevalier, 1609, p. 27 ; nous traduisons). Cet article se trouve dans le dossier « Du commerce », transcrit en 1741-1742 par le secrétaire H (BM Bordeaux, ms 2506/10 (5), f. 26r, dans CM, nº 7, 2001, L’Atelier de Montesquieu. Manuscrits inédits de La Brède, C. Volpilhac-Auger (éd.), p. 267), qui rassemble des matériaux classés pour servir à une deuxième édition de L’Esprit des lois.

1752

n3.

La Thrace, la Thessalie et la Macédoine appartiennent, au XVIIIe siècle, à la Turquie ottomane et illustrent l’abandon des cultures et du commerce qui accompagne la conquête et le gouvernement despotique ; voir LP, 18 (19) ; EL, XVIII, 20 et XXI, 17 ; le dossier intitulé « Diverses destructions », BM Bordeaux, ms 2506/8 (4), dans CM, nº 7, 2001, L’Atelier de Montesquieu. Manuscrits inédits de La Brède, C. Volpilhac-Auger (éd.), p. 110-112.