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Pensées 250 à 254

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

250

Pologne

Pologne

le roi ne tire pas six cens mille ecus de ses revenus en Pologne. Rien n’est si facile au prince que d’acquérir un grand credit en Pologne ; il donne toutes sortes de graces, dans chaque village. Il y a les mêmes officiers que dans le royaume, le roi donne tout cela, le royaume est partagé entre plusieurs grands se seigneurs qui viennent porter la feuille des charges a la nomination du roi, si le roi laisse seulement 15 jours cette feüille sans y répondre, voila l’homme qui a le plus de lde crédit qui tombera dans le neant, ainsi bassesse des grands a l’egard de ceux qui ont quelque credit a la cour[1].

Main principale D

251

{p.260} [Passage à la main M]

Auteurs grecs et romains

Auteurs grecs. Ils avoint moins d’esprit que les autheurs romains. Plutarque presque le seul aussi avoit il profité des Latins les Grecs ne conoissoint point l’epigrame ny les Latins jusqu’a Martial, les epigrames greques n’estant guere que des inscriptions et on n’y conoissoit point l’acute dictum[1].
Il me semble que les Grecs estoint hardis pour le stile et timides pour la pensee M. dit qu’il est etoné que les Anglois admirent tant les anciens puisqu’il n’y a persone qui les imite si peu et qui s’en ecarte davantage je disois a un Anglois qui me montroit quelque chose d’asses tendre coment avés vous autres pu dire de si jolies choses dans une langue si barbare? Du temps de Francois premier c’estoit les scavans qui faisoint la reputation des autheurs, {p.261} aujourd’hui ce sont les fames, Ronsard est la preuve de ceci on ne peut plus le lire quoy que persone n’ait eu plus de reputation, et ce qui le perd personellement c’est que des autheurs plus anciens que lui sont encor admirés[2].

- - - - -

Passage de la main D à la main M

252

Touts les estats de l’Europe dépensent leur capital ; les revenus ne suffisent point, le credit public bien establi dans de certeins pais les ruine parce que les fonds estant toujours presens on a esté toujours plus porté a entreprendre, les banqueroutes continueles du gouvernement de ce royaume ont ruiné bien des familles mais elles ont soulagé tout le reste qui payoit pour l’entretien dles depenses courantes tout ce qu’il estoit capable de payer[1] l’Europe se ruine et se ruinera toujours davantage {p.262} a moins que d’un comun consentement on ne diminüe le nombre des troupes ce qui reviendroit au meme ; le seul moyen que j’immagine pour le retranchement des detes et le moins onéreux

Moyen de diminuer les dettes

, ce seroit celui qui retrancheroit a chaque particulier ses effets royaux[2] a proportion que des autres effets restants[3] car un home qui a 20000 £ de rente en fonds de terre et 2000 £ [en] d’effets royaux gagneroit a perdre ses deux mille livres de rente en papier pourvu que parce que par cet arrangement on soulageroit ses terres et et par la ceux qui doivent estre les plus epargnés sont ceux qui ont tout leur revenu sur l’estat

Main principale M

253

{p.263}

Projets

Il ne faut point doner de projets dans les pais ou quand vous auriés persuade le peuple il vous reste encor de persuader le ministre qlequel rejette toujours le project par la raison qu’il n’est pas le sien.

Main principale M

254

Il

Angleterre
40 millions d’arpens

y a en Angleterre des fonds de terre et des fonds sur les compagnies[1] il y il y a dans ce royaume quarante milions d’arpans quelques somes que la nation doive il faut qu’elle soit payee et par les propriaitaires des fonds de terre et par les propriaitaires des fonds sur les compagnies et par les creanciers memes de l’estat qui sont obligés de se payer eux memes

Mis dans mes loix liv. 25

et enfin par les ovriers et artisans mais come ces gens la ont toujours leur subsistance s’ils payent concurrament les charges de l’estat avec les autres citoyens ils se dedomagent par un retour sur les autres citoyens, augmentant le prix des choses que produit leur industrie a concequan proportion de ce qu’elle est chargee {p.264} ainsi il ne faut conter que les trois premieres sortes de particuliers qui payent les dettes de l’estat et ce que nous avons dit des artisans se peut aussi dire a peu pres des marchands et autres gens d’industrie.

Main principale M


250

n1.

La couronne polonaise est élective ; le bon vouloir de la noblesse à l’égard du roi dépend des charges qu’elle obtient de lui.

251

n1.

Le terme épigramme, étymologiquement inscription, désigne ici autant un genre, poésie brève terminée par une pointe, cultivé en particulier par Jean-Baptiste Rousseau (nº 1530) et par Montesquieu lui-même (OC, t. 9, p. 29), qu’un trait d’esprit pénétrant (« acute dictum »), associant concision et implicite (nº 1680). Montesquieu, qui ignore ici les épigrammes de l’Anthologie compilée par Planude, apprécie davantage chez les Grecs les arts que la pensée (nº 211). Voir Yves Touchefeu, Dictionnaire électronique Montesquieu, art. « Écrivains grecs » [en ligne à l’adresse suivante : http://dictionnaire-montesquieu.ens-lyon.fr/index.php?id=387].

251

n2.

Les Modernes opposaient à la vraie renaissance de la poésie française, attribuée à Malherbe, l’époque de François Ier et de la poésie « savante » de Ronsard, jugé servile imitateur des Anciens (Jean Terrasson, « Dissertation critique sur l’Iliade d’Homère » [1715], dans La Querelle des Anciens et des Modernes, XVIIe-XVIIIe siècles, A.-M. Lecoq (éd.), Paris, Gallimard, 2001, p. 608, 613-614). Comme Dubos, Montesquieu explique la disgrâce de Ronsard par l’infériorité de son art, non par celle des Anciens qu’il a imités (Dubos, Réflexions critiques sur la poésie et la peinture [1719], D. Désirat (éd.), Paris, École nationale des beaux-arts, 1993 ; ibid., p. 711).

252

n1.

Cf. Mémoire sur les dettes de l’État de 1715 (OC, t. 8, p. 55-64) ; Réflexions sur la monarchie universelle en Europe (OC, t. 2, XXIV, p. 362-364) et la lettre de Montesquieu du 24 juin 1726 à Michel-Robert Le Pelletier des Forts (Correspondance I, p. 219). Cet ensemble sur la dette publique (nº 252, 254 à 261, 274), qui jette les bases des chapitres 17 et 18 du livre XXII de L’Esprit des lois, est transcrit après le début du ministériat de Fleury qui s’efforce de résorber la créance de l’État par une diminution des dépenses et une banqueroute partielle (novembre 1726).

252

n2.

« Effets royaux » : le terme désigne les créances de l’État : voir Mémoire sur les dettes de l’État, OC, t. 8, p. 56n.

252

n3.

Solution conçue dès le Mémoire sur les dettes de l’État et préfiguration de la théorie des dettes publiques (EL, XXII, 17). Voir Jean Ehrard « À la découverte des finances publiques : le Mémoire sur les dettes de l’État », CM, nº 5, 1999, p. 135-136.

254

n1.

Le même mot fonds pour désigner le « capital d’un bien », par opposition au revenu (Académie, 1718), s’emploie à propos des rentes foncières et des rentes sur le capital investi dans le commerce.