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Pensées 572 à 576

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

572

{f.441v} Morceaux inutilles de l’ouvrage sur les Romains :

De quelque facon qu’il ait plu aux Romains de nous raconter leur guerre avec les Gaulois ils n’en firent pas moins ce traité honteux par lequel ils s’engag[e]oint de ne se servir desormais de fer que pour le labourage et Brennus malgré la deffaite dont ils parlent tant n’en poursuivit pas moins sa route et ses brigandages[1]

Main principale M

573

Philipe et Persée furent plutost effrayes que veincus les roix d’Egipte ne parurent que supplians touts les autres roix courberent la teste ceux de Pergame et de Bithinie se venterent de leur servitude[1].

- - - - -

Main principale M

574

Il n’y a point de raison pour avoir fait une espece d’epoque a Nerva[1] et d’avoir conté douze caesars jusqu’a lui come s’ils n’avoint fait qu’[u]ne meme famille qui se seroit eteinte a Domitien il y a aparance {f.442r} que Suetone ayant ecrit la vie de ces douze caesars et que n’ayant de Tacite que come nous n’avons de Tacite presque que l’histoire de ces douze empereurs on s’est acoutumé a les mettre ensemble et a conter pour ainsi dire une nouv dinastie nouvelle a Nerva.

Main principale M

575

Les anciens qui avoint une relligion qui leur faisoit adorer les anciens heros come des dieux qui etoint venus se manifester aux homes avoint des idées tres fausses de la solide gloire et de la vertu et come Hercule et Thesée[1] et les autres avoint este mis au rang des dieux par leurs actions militaires cela faisoit regarder ceux qui les imitoint come des gens vertueux et d’une nature plus excellante que celle des autres homes :
La vanité d’Alexandre raisonoit tres consequament lorsqu’il se disoit fils de Jupiter come Hercule et Bacchus[2] il ne croyoit point qu’ayant fait les memes choses qu’eux il ne fut qu’un home pour les {f.442v} avoir faites apres eux il falloit dire qu’il y avoit un temps ou Hercule et Bacchus n’avoint esté que des Alexandres ou dire qu’Alexandre estoit encor Hercule et Bacchus :
Ainsi les homes conqueroint-ils sans motif sans utilité ils ravag[e]oint la terre pour exercer leur vertu et montrer l’excellance de leur estre depuis que nous pesons un peu mieux la valeur des choses les heros ont este couverts de ridicule si bien que celui qui voudroit les deffendre seroit mille fois plus ridiculle encore :

Main principale M

576

Marc Antonin[1], empereur jamais philosophe n’a mieux fait sentir aux homes les douceurs de la vertu et la dignité de leur estre le coeur est touché l’ame agrandie l’esprit elevé.

- - - - -

Main principale M


572

n1.

Cf. nº 567. Le chef Brennus aurait imposé à Rome assiégée un important tribut dont Camille et son armée empêcheront le versement avant de mettre les Gaulois en déroute (Tite-Live, V, 49, 1-3 ; Plutarque, Vie de Camille, XXVIII-XXIX) : épisode peu glorieux de l’histoire romaine qui n’est pas repris par Polybe, ce qui nourrit le reproche de partialité et de crédulité à l’égard de Tite-Live et de Plutarque : voir la justification d’André Dacier dans sa préface aux Vies des hommes illustres de Plutarque […] (Amsterdam, Chatelain, 1735 [1721], t. I, p. LXXIV-LXXV) et les notes de Folard à la traduction de l’Histoire de Polybe par Dom Thuillier (Paris, P. Gandoin, 1727, t. I, p. 7-8, note (a)).

573

n1.

Dans le chapitre V des Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, portant sur la façon dont Rome soumit progressivement les seules puissances capables de lui résister, Montesquieu évoque Philippe « consterné » par sa défaite face aux Romains, tandis que l’expression « plus effrayé que vaincu » s’applique à Antiochus de Syrie (Romains, V, p. 124, l. 93 ; p. 127, l. 157-158).

574

n1.

Cet empereur est considéré comme le premier des Antonins. Montesquieu conteste l’idée de dynastie en l’absence de succession héréditaire.

575

n1.

Cf. nº 34.

575

n2.

Cf. nº 37.

576

n1.

« Marc Antonin » désigne l’empereur Marc Aurèle. En 1750, Montesquieu devait déclarer à Fitz-James qu’au temps où il écrivait son Traité des devoirs (printemps 1725 : voir OC, t. 8, introduction, p. 433-435), « les réflexions morales de Marc-Antonin » lui parurent « le chef-d’œuvre de l’Antiquité », car le stoïcisme est d’abord une « morale […] pratique » (8 octobre 1750, Masson, t. III, p. 1327) ; l’éloge des stoïciens qui figure dans le Traité des devoirs (OC, t. 8, p. 438) sera repris dans L’Esprit des lois (XXIV, 10). Montesquieu possède deux traductions des Réflexions morales de l’empereur philosophe (Catalogue, nº 692 et 693, de 1707 et 1714).