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Pensées 88 à 92

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

88

Quand a la differente constitution[1]

Constitution

je ne voud si tost que l’on en parle on se prend d’abort aux epiceries[2] come si elles estoint l’unique cause du mal ou une cause nouvelle
Les anciens avoint leurs epiceries leurs ragouts come nous ils excittoint leur apetit come nous.

Main principale M

89

Il y a un autheur qui a fait un traité sur les maladies des arts[1] je voudrois en faire un sur les maladies des relligions.

- - - - -

Main principale M

90

Je n’oserois pas dire que les chesnes d’autrefois ne fussent

Taille
Grandeur

plus grands que ceux d’a present[1] et {p.85} les autres plantes de meme la terre s’use a force d’estre cultivée, nous le voyons dans nos isles Antilles ou la terre est deja lasse de produire peut estre meme que que la terre d’Asie n’est plus fertile que celle d’Europe que parce qu’elle n’a pas esté lassée par la culture continuelle. Il se fait sur tout des changemens dans le monde[2] lesquels nous ne sentons pas parce que nous ne touchons pas les deux extremités

- - - - -

Main principale M

91

Il se forme a touts les instants de nouvelles especes d’animaux et je croy qu’il s’en detruit de meme a touts les instants[1]

- - - - -

Main principale M

92

Les premiers peres dans leurs appologies ont moins prouvé le

Peres

christianisme que detruit le paganisme

Christianisme

en effet Et ils ont bien fait de s’y prendre {p.86} ainsi rien n’estant plus propre a faire embrasser une relligion nouvelle que la conaissance de l’absurdité de l’ancienne car la plus part des homes ne voulant pas vivre sans relligion reviennent a celle qui reste.
Deux autres choses chos rendirent l’établissement du christianisme solide la long[u]eur du regne de Constantin la brieveté de celui de Julien[1]
Les payens estoint peu propres a contester les miracles de l’Ecriture les miracles des platoniciens estoint sans nombre et presque toutes les sectes des philosophes estoint tournées vers la plus credulité la plus puerille[2]
Il est vray que les appologies des chretiens n’estoint guere vües des payens les termes meprisans dont ils se servoint quand ils parloint d’eux, auroint esté bien imprudens si leurs ouvrages avoint esté vus des payens. Les apologies des chretiens etoient faites pour les persuader eux memes.
Eusebe dans sa Demonstration evangelique

Eusebe Demonstron evangelique

{p.87} est a ce qui me paroit le premier qui ait mis le sisthème chretien de notre relligion dans tout son jour[3]

- - - - -

Main principale M


88

n1.

« On dit [...] qu’un homme est de bonne constitution, lors qu’il est composé de parties saines et robustes, qu’il endure le froid, le chaud, sans en estre incommodé » (Furetière, 1690, art. « Constitution »).

88

n2.

« […] Toutes sortes d’espices, comme la cannelle, la muscade, le poivre, mais encore le sucre, le miel et toutes les drogues médicinales qui viennent de pais esloignez » (Académie, 1718, art. « Épiceries »). Cf. Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères [env. 1734-1736], OC, t. 9, p. 227.

89

n1.

Bernardino Ramazzini classe les maladies selon le métier exercé (De morbis artificum diatriba, Modène, A. Capponi, 1700 ; voir nº 44 ; ouvrage utilisé dans l’Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères [env. 1734-1736], OC, t. 9, p. 268, l. 949-951).

90

n1.

Cf. l’incipit de la Digression sur les Anciens et les Modernes [1688] de Fontenelle : « Toute la question de la prééminence entre les anciens et les modernes étant une fois bien entendue, se réduit à savoir si les arbres qui étaient autrefois dans nos campagnes étaient plus grands que ceux d’aujourd’hui » (Fontenelle, Œuvres, Paris, M. Brunet, 1742, t. IV, p. 170 – Catalogue, nº 2333).

90

n2.

Cf. LP, 109 (113), p. 435-437 ; l’histoire physique de la Terre projetée par Montesquieu en 1719 devait étudier ces changements (OC, t. 8, p. 183-184 ; BM Bordeaux, ms 2530/1, « Changemens sur la surface de la terre ») ; voir aussi nº 102.

91

n1.

Au nº 102, la reprise du passage biffé précise le lien entre le changement continuel et « l’organisation » des êtres vivants évoquée au nº 76.

92

n1.

À partir de 312, Constantin, empereur de 306 à 337, se range du côté du christianisme et réalise l’unification religieuse de l’Empire romain. Son neveu Julien, dit l’Apostat, empereur deux ans (361-363), tentera sans succès de restaurer le paganisme. Sur l’opposition topique entre Constantin et Julien, voir nº 98.

92

n2.

Voir nº 21.

92

n3.

Eusèbe de Césarée (env. 265-env. 339/340), panégyriste officiel de l’empereur Constantin, examine dans sa Demonstratio evangelica, les objections du païen Celse, des juifs et délivre un enseignement positif et complet de la doctrine chrétienne. Montesquieu possède trois éditions de l’ouvrage (Bâle, 1559 et 1570, éd. en latin – Catalogue, nº 332 et 330 ; Paris, R. Stephani, 1545, éd. en grec – Catalogue, nº 329).