M : | Montesquieu 1726/1727-1755. |
D : | Bottereau-Duval 1718-1731. |
E : | 1734-1739. |
U : | 1739. |
H : | 1741-1742. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
I : | 1743. |
L : | 1743-1744. |
O : | 1745-1747. |
P : | Damours 1748-1750. |
Q : | 1750-1751. |
R : | Saint-Marc 1751-1754. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
JB : | Jean-Baptiste Secondat ?-1795. |
T : | écriture des manchettes 1828-1835 |
M : | Montesquieu. |
D : | Bottereau-Duval_1721-1731. |
H : | 1741-1742. |
P : | Damours_1748-1750. |
E : | 1734-1739. |
L : | 1742-1744. |
O : | 1745-1747. |
T : |
écriture des manchettes |
JB : | Jean-Baptiste_Secondat. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
E2 : | |
I : | 1743. |
R : | Saint-Marc_1751-1754. |
Pensées, volume I
107 Plaire dans une conversation veine et frivole est aujourd’hui le seul merite[1]. Pour cela le magistrat abandone l’etude de ses loix le medecin croiroit estre decredité par l’etude de la medecine. On fuit come pernicieuse toutte etude qui pourroit otter le badinage.
Rire sur rien et porter d’une maison a l’autre une chose frivole s’apelle science du monde[2] et on creindroit de perdre celle cy si on s’appliquoit a une autre.
{p.99} Ottes des conversations continuelles le detail de quelque grossesse ou de quelque acouchement celui des femmes qui estoint ce jour la au cours ou a l’opera quelque nouvelle portée de Versailles que le prince a fait ce jour la ce qu’il fait touts les jours de sa vie quelque changement dans les interets d’une cinquanteine de femmes d’une certeine façon qui se donnent se troquent et se rendent une cinquanteine d’homes aussi d’une certeine façon vous n’avés plus rien.
Je me souviens que j’us autrefois la curiosité de conter combien de fois j’entendrois faire une petite histoire qui ne meritoit certeinement d’estre ditte ny retenuë pendant trois semeines qu’elle occupa le monde poli [;] je l’entendis faire deux cens vint cinq fois apres quoy je dont je fus tres content.
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Main principale M |
108
{p.100}
De plusieurs idées que j’avois voicy celles qui n’ont pu entrer dans mon [...] Vie champêtre Les poëtes qui nous decrivent la vie champêtre nous parlent de l’age d’or qu’ils regrettent, c’est à dire nous parlent d’un tems encore plus heureux et plus tranquille[3]
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Passage de la main M à la main D |
109 Il n’y a gueres jamais eu de legislateur qui pour rendre
Legislateurs usant de mystere Il etoit deffendu chés les Grecs de decouvrir les ceremonies de Ceres, et les Romains regardoient comme un sacrilege inexpiable d’avoir revelé les misteres de cette divinité {p.102} grecque et ceux des divinités egyptiennes[2].
Il y avoit une autre espece de mystere qui consistoit a cacher le nom de la divinité
Cacher le nom des divinités La raison de cette deffence n’etoit pourtant pas la même pour les deux nations, une crainte religieuse l’interdisoit aux juifs, et une crainte politique l’interdisoit aux Romains ;
Mysteres religieux Mais les Romains craignoient que si les etrangers sçavoient le nom des dieux de leur ville ils ne les evoquassent et ne les privassent par la de leur secours et de leur presence[4].
Il y a une autre sorte de mystere religieux qui consiste a attribuer a de certains lieux une sainteté qui doit en exclu exclure les profanes.
Chrétiens Quoiqu’il en soit toutes les religions ont eu leurs mysteres et il semble que sans cela il n’y auroit point de religion
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Main principale D |
Main principale D |
111 J’aime a voir les querelles des anciens et des modernes, cela me fait voir qu’il y a de bons ouvrages parmi les anciens et les modernes[1]
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Main principale D |
107 |
n1. |
Sur l’importance du badinage en société, voir LP, 61 (63), p. 298. |
107 |
n2. |
Titre d’un ouvrage de François de Caillères (1645-1715 ou 1717), De la science du monde et des connaissances utiles à la conduite de la vie (Paris, É. Ganeau, 1717). Le premier chapitre porte sur les moyens de plaire dans la conversation. |
108 |
n1. |
Première référence, pour les nº 108 à 135, au projet d’un ouvrage sur le goût, encore limité ici aux belles-lettres (Annie Becq, « Les Pensées et l’Essai sur le goût », RM, nº 7, 2004, p. 58-59). |
108 |
n2. |
« Se prend aussi dans un sens collectif, pour signifier “Toutes les Fables de l’Antiquité Payenne” » (Académie, 1694, art. « Fable »). |
108 |
n3. |
Réflexion publiée dans les Œuvres posthumes de 1783 (Londres – Paris, Bure fils aîné, p. 178-179), sous le titre « Autre effet des liaisons que l’âme met aux choses » (OC, t. 9, p. 501, apparat critique.). La phrase « Il ne serait question que de tout le détail fatigant de la société » y est omise. L’éloge de la noble simplicité des mœurs primitives est fréquente parmi les partisans des Anciens. Montesquieu fait ainsi écho aux propos de Pope (Traduction de la première partie de la préface de l’Homère anglais de M. Pope [1re éd. fr. 1718-1719], dans La Querelle des Anciens et des Modernes, XVIIe-XVIIIe siècles, A.-M. Lecoq (éd.), Paris, Gallimard, 2001, p. 574), de Fénelon (Lettre à l’Académie, X, 10, dans Œuvres, J. Le Brun (éd.), Paris, Gallimard, 1997, p. 1163) ou encore de Fontenelle (Discours sur la nature de l’églogue [1708], dans Œuvres, Paris, M. Brunet, 1742, t. IV, p. 125-169). |
109 |
n1. |
Hérodote, II, 61. |
109 |
n2. |
L’interdit concernant les mystères d’Éleusis en l’honneur de Déméter-Cérès est évoqué par Horace (Odes, III, 2, 26 et suiv.). Sur le secret entourant l’initiation au culte d’Isis, voir Apulée, XI, 23. |
109 |
n3. |
Le nom de Jéhovah, considéré comme ineffable, est remplacé par Adonaï (« mon seigneur ») dans la lecture du texte hébreu de la Bible. Voir nº 860 et suiv. |
109 |
n4. |
Macrobe, Saturnales, III, 9, 2-5 (Catalogue, nº 1912-1913) ; voir aussi Plutarque, Les Demandes des choses romaines, dans Œuvres morales et mêlées, LI, Paris, M. de Vascosan, 1575, t. II, p. 469 – Catalogue, nº 2793. Par l’evocatio, les Romains cherchaient à attirer dans leur patrie les dieux tutélaires de leurs ennemis dont ils craignaient les mêmes tentatives à leur égard. La dimension sociale et politique de la religion romaine a été présentée par Montesquieu lors de sa première intervention à l’académie de Bordeaux en 1716 (Dissertation sur la politique des Romains dans la religion, OC, t. 8, p. 83-98). |
109 |
n5. |
Cf. nº 112 : dans « le sistême chrétien […] les mysteres sont plutôt sublimes pour la raison ». |
110 |
n1. |
Cf. nº 117. Dans la seconde phase de la Querelle des Anciens et des Modernes (1714-1716), c’est aux partisans des Anciens de démontrer que les œuvres de l’Antiquité sont encore dignes d’être lues (Noémi Hepp, Homère en France au XVIIe siècle, Paris, Klincksieck, 1968, p. 708 et suiv. ; Christophe Martin, « Une apologétique “moderne” des Anciens : la Querelle dans les Pensées », RM, nº 7, 2004, p. 67-83). |
110 |
n2. |
Montesquieu traduit librement un passage de Pline (Épîtres, VIII, 24 ; [Genève], P. Stephanus, 1600 – Catalogue, nº 2301) : « […] te missum in provinciam Achaiam, […] reverere conditores deos […] ». |
111 |
n1. |
La remarque, recopiée ci-après (nº 171), sera développée pour opposer à la critique et aux querelles littéraires pleines de prévention, la tendance de l’auteur à ne considérer, dans les ouvrages, que l’admirable (nº 1315). Usbek jugeait la Querelle futile (LP, 34 [36], p. 226-227). L’impartialité exprimée ici correspond à un renouvellement des mentalités (voir Noémi Hepp, Homère en France au XVIIe siècle, Paris, Klincksieck, 1968, p. 759). |