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Pensées 1118 à 1122

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume II

1118

La poligamie

Polygamie

est deraisonable en cela que le pere et la mere n’ont pas la meme affection pour leurs enfans estant impossible qu’un pere aime cinquante enfans come une mere deux[1]

Mis dans les Loix

- - - - -

Main principale M

1119

{f.76r} Il n’y a pas de pais ou l’on ait plus d’embition qu’en France il n’y en a pas ou on en dut avoir moins les dignites les plus grandes n’y donnent aucune consideration Mr de Coigny moins estimé depuis le gain de deux batailles d’Hasfelt[1] depuis qu’il a esté fait marechal de France. Et tout le monde de mesme

Main principale M

1120

Mr de Fontenele dit fort bien les bons stiles en forment de mauvais :

- - - - -

Main principale M

1121

Les charlatans

Charlatans

reussissent, voicy coment ; il y a d’excellens remedes que les medecins ont abandonés parce qu’ils sont [deux lettres biffées non déchiffrées] violents ils ont une réputation a conserver[1] il faut donc qu’ils se servent de remedes generaux et dont l’effet, s’il se tourne mal, ne soit pas prompt or un remede qui ne tue pas promptement ne guérit pas aussi non plus promptement : les charlatans se saisissent de touts ces remedes, telles sont les certeines preparations d’antimoine[2] qui font des cures quelquefois miraculeuses ils n’ont point une réputation a conserver mais a establir ; ils esta or cette maniere establit bien une reputation mais ne la conserve pas. Voilà pourquoy touts les charl remedes des charlatans tombent a la longue
{f.76v} le peuple aime les charlatans

Charlatans

parce qu’il aime le merveilleux, et que les guerisons promptes tienent de ce merveilleux. Si l’empirique[3] et le medecin ont traité le malade le peuple absout de sa mort l’empirique qu’il aime et en accuse le medecin, il arrive quelque fois qu’un remede guerit une maladie et en donne une autre

Remede

. La medecine le proscript et la charlatenerie s’en saisit, ainsi elle guérit la goute en perdant le sang. [trois mots biffés non déchiffrés] Enfin on croit que lors qu’un medecin traite une maladie longue, c’est la nature qui guerit[4] ; mais pour un empirique on croit que c’est l’art :

- - - - -

Main principale M

1122

Louis 14 ny pacifique ny conquerant guerrier il avoit l’exterieur de la devotion, les formes de la justice les subtilités de la politique les formes de la justice de la politique et de la devotion et l’air d’un grand roy bon doux doux avec ses domestiques douxbon avec ses courtisans, inquiet avec ses ennemis avide avec ses sujets peuples dur dans les conseils enfant dans celui de consciance, enfant dans son conseil de consciance, dur dans ses autres conseils despotique dans sa famille roy dans son palais, sa cour dur dans les conseils enfant dans celui de consciance toujours gouvernant et toujours gouverné, dupe de tout ce qui joüe les princes les ministres les femmes et les devots, toujours gouvernant et toujours gouverné malhureux dans ses choix, aimant les sots, soufrant les talents creignant l’esprit, serieux dans ses amours né sans gout faisant {f.77r} fleurir les arts sans les connoitre cherchant la gloire ou on lui disoit qu’elle estoit malheureux dans ses choix, aimant la sotise amoureux des sots crei souffrant les talents creignant l’esprit serieux dans ses amours et dans son dernier attachement foible a faire pitié, aucune force d’esprit dans ses succés, de la férmeté dans ses revers du courage dans sa mort : Il aima la gloire et la relligion et on l’empecha toute sa vie de conoitre l’une et l’autre et on l’empecha toute sa vie de connoitre ny l’une ny l’autre : il n’auroit eu presque aucun de touts ses deffauts s’il avoit esté mieux elevé ou s’il avoit eu un peu plus d’esprit :

* J’ay mis cela dans le catalogue mais il est mieux icy :

[1]

Main principale M


1118

n1.

Cf. EL, XVI, 6.

1119

n1.

Les deux personnages, Coigny et Asfeld (« Hasfelt »), avaient été élevés à la dignité de maréchal de France le 14 juin 1734, au cours de la guerre de Succession de Pologne. Cette même année, François de Franquetot de Coigny (1670-1759), remplaçant le maréchal de Villars, venait de s’illustrer dans la campagne des armées franco-sardes contre les Impériaux, en Lombardie. Lors de l’offensive de la vallée du Rhin, Claude François Bidal d’Asfeld (1665-1743), qui avait succédé à Berwick, prit Philippsbourg, qui se rendit le 18 juillet, et Worms, le 23 juillet. Montesquieu recevait des nouvelles du front par Bulkeley : voir la lettre du 15 juillet [1734], dans la Revue d’histoire littéraire de la France, 82e année, nº 2, mars-avril, 1982, p. 196.

1121

n1.

Voir nº 1314.

1121

n2.

L’usage de ce corps minéral aux vertus purgatives et vomitives, réservé aux seuls médecins depuis un arrêt du 29 mars 1668, était très controversé (Furetière, 1690, art. « Antimoine »).

1121

n3.

Si, dans le langage ordinaire, empirique est synonyme de charlatan, le terme désigne aussi, à l’âge classique, une pratique médicale fondée sur l’expérience, qui s’affranchit des dogmes et raisonnements de la médecine hippocratique enseignée dans les facultés et fait volontiers usage de remèdes chimiques issus de métaux et de minéraux (Furetière, 1690, art. « Empyrique »).

1121

n4.

« Que la Nature guérit elle-même les maladies » est le principe à la base de la médecine hippocratique (Daniel Leclerc, Histoire de la médecine, Genève, J. A. Chouët et D. Ritter, 1696, p. 449).

1122

n1.

Cf. nº 1145, 1218. Première ébauche d’un portrait qui prolonge celui des Lettres persanes (LP, 35 [37]) et s’insère dans le projet d’une Histoire de France (nº 1111, 1183, 1306) ; voir aussi la remarque qui suit la notice du Catalogue (p. 368), auquelle renvoie la note en marge, consacrée à l’ouvrage de La Fare (Mémoires et réflexions sur les principaux événements du règne de Louis XIV […], Rotterdam, G. Fritsch, 1716 – Catalogue, nº 2989). Louis XIV réduisit le nombre de membres du Conseil de conscience, chargé des affaires religieuses, et s’y trouva à la fin de son règne en tête à tête avec son confesseur qui contrôlait l’attribution des bénéfices, d’où l’expression « enfant dans celui [le conseil] de consciance » (Arthur de Boislile, Les Conseils du roi sous Louis XIV, Paris, Hachette, 1884, p. 147-149 ; Thierry Sarmant et Mathieu Stoll, Régner et gouverner. Louis XIV et ses ministres, Paris, Perrin, 2010, p. 161). « Son dernier attachement » désigne Mme de Maintenon.