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Pensées 1199 à 1203

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume II

1199

{f.92r} C’est la constitution du climat

Peines conformes aux climats

qui fait les coutumes[1]. Les Moscovites qui ont le sang fort epais ne sont pas incomodés de l’usage de l’eau de vie ; au contraire elle leur est necessaire[2] ; cela bruleroit et alumeroit le sang d’un Italien ou d’un Espagnol, il leur faut des châtimens severes et les ecorcher pour les faire sentir[3] autre effect de la grossierete du sang qui n’a pas d’esprits[4] :

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Main principale M

1200

L’avarice

Avarice

elle est si sotte qu’elle ne scait pas meme compter :

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Main principale M

1201

Quand on est bien on se lasse aussi auisséiment de ce bien

On se lasse d’etre bien

. C’est qu’on n’est jamais si bien qu’on n’ait quelque endroit qui cloche et qui cause un degoût ; or quand nous somes bien nous on sent aisement ce degout, et l’on sent peu le bien. Mais quand on est mal, on ne sent que le mal ; le mal q nouveau qui nous arrive ne se fait pas sentir non plus. De là vient qu’il n’y a pas de domestiques ny de sujets qui aiment plus à changer de maitre que ceux qui sont hureux

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Main principale M

1202

Ovide et Bussi[1] deux exilés qui n’ont scu soutenir leur mauvaise fortune :

Main principale M

1203

{f.92v} Le roy Guillaume[1]

République vertu

dans un demelé avec les principaux de la nation debat a qui on dit « mais sire il pourroit bien arriver que l’on se mettroit en république » répondit avec son sang froit ordinaire « oh c’est ce que je ne creins pas, vous n’estes pas asses honêtes gens pour cela » beau mot et je m’etoñe bien qu’un roy l’ait dit aussi estoit ce un roy de nouvelle creation. Il voyoit bien qu’il faut de la vertu et de l’amour pour le bien public pour faire une république aussi aprés Cronvel n’en put on pas faire une d’un jour on changoit a chaque touts les huits jours de gouvernement chacun ne songoit qu’a ses interets et il fallut enfin rappeler le roy[2]

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Main principale M


1199

n1.

La grossièreté et l’insensibilité des Moscovites sont un lieu commun (voir Michel Mervaud et Jean-Claude Roberti, Une infinie brutalité. L’image de la Russie dans la France des XVIe et XVIIe siècles, Paris, Institut d’études slaves, 1991). Montesquieu l’utilise pour illustrer la réflexion sur l’influence du climat développée dans l’Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères (env. 1734-1736, OC, t. 9, p. 224) et reprise dans L’Esprit des lois (XIV, 2).

1199

n2.

Montesquieu, dans cet article, paraît s’appuyer, non sur la première édition française de la relation de Jean Perry (État présent de la Grande-Russie ou Moscovie […], La Haye, H. du Sauzet, 1717) mais sur une des éditions parues l’année suivante qui contient une Histoire abrégée de la Moscovie « recueillie des meilleurs Historiens » (État présent de la Grande-Russie ou Moscovie […], Paris, J. Mongé, 1718, p. 1). La relation de Perry évoque l’ivrognerie des Moscovites (édition de 1717, p. 219-221) ; l’Histoire abrégée de la Moscovie, de l’édition de 1718, récapitule leurs habitudes alimentaires et les boissons ordinairement consommées : « ils ne font point de repas qu’ils ne commencent et ne finissent par l’eau de vie commune » (édition de 1718, p. 59) ; sur les sources de Montesquieu concernant la Russie, voir Rolando Minuti, « L’image de la Russie dans l’œuvre de Montesquieu », Cromohs, 10, 2005 [en ligne à l’adresse suivante : http://www.cromohs.unifi.it/10_2005/minuti_montruss.html].

1199

n3.

La relation de Perry évoque les supplices des batoags et du knout (État présent de la Grande-Russie ou Moscovie […], La Haye, H. du Sauzet, 1717, p. 208-211) ; l’Histoire abrégée de la Moscovie, de l’édition de 1718, contient cette généralisation concernant les Moscovites : « […] Il est comme impossible de les porter au travail si on n’y employe le fouet ou le bâton, dont ils ne se plaignent pas beaucoup, parce qu’ils sont endurcis aux coups par la coûtume que les jeunes gens ont de se divertir à coups de poing et de bâton » (Jean Perry, État présent de la Grande-Russie ou Moscovie […], Paris, J. Mongé, 1718, p. 52).

1199

n4.

De la présence des « esprits animaux » dans le sang dépend la sensibilité : voir Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères (OC, t. 9, p. 221).

1202

n1.

Bussy-Rabutin.

1203

n1.

Guillaume III d’Orange-Nassau (1650-1702), stathouder des Provinces-Unies, déclencha la « glorieuse révolution » de 1688. À la suite de la déposition de Jacques II Stuart, son beau-père, il devint roi d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande et, rompant avec l’absolutisme jacobite, reconnut le régime constitutionnel anglais par la Déclaration des droits de 1689.

1203

n2.

Cf. nº 918 et EL, III, 3.