Pensées, volume II

Je disois une preuve de la nouveaute des peuples Grecs  ce sont les sentences qui ont rendus si celebres ceux qui les ont dittes et qui nous paroissent si comunes qu’on ne les remarqueroit pas aujourd’hui si un artisan les disoit :

{f.93r} Les préceptes de Licurgue et de Socrate sur l’amour pur des garcons^[1] nous font voir le panchant determiné des Grecs pour ce vice puis que les legislateurs songerent a faire usage de ce panchant en le reglant à peu près comme madame de Lambert et les moraux d’aujourd’hui ont pensé a faire usage de l’amour pour les femmes et de celui des femmes pour les hom̃es, en purifiant cet amour et en le reglant^[2] : [une lettre biffée non déchiffrée] quand un legislateur employe un motif il faut qu’il le juge très fort :

Je ne suis pas du nombre de ceux qui regardent la republique de Platon come une chose ideale et purement immaginaire et dont l’execution seroit impossible, ma raison est que la republique de Licurgue est aussi paroit d’une execution tout aussi difficile que celle de Platon et que cependant elle a este si bien executée qu’elle a duré plus autant qu’aucune republique que l’on conoisse dans sa force et sa splandeur :

Luli fait de la musique come un ange Rameau fait de la musique comme un diable

{f.93v} Dans les conversations je ne réponds jamais aux discours preuves fondées sur les comparaisons elles ne sont bonnes que dans l’art oratoire et la poesie et ne servent qu’a dire la meme chose et plus mal