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Pensées 1439 à 1443

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume II

1439

{f.208v} Il y a parmi nous peu de sots, qui soient en même tems stupides

Sot
Stupide

. La sotise s’y trouve si près de l’esprit.

- - - - -

C’est ce qui produit parmi nous un prodigieux nombre de lecteurs. Dans les autres païs ceux qui ont de l’esprit scavent qu’ils en ont, et ceux qui n’en ont point le sçavent aussi. Bien ces derniers Dans ces pays bien des gens seroient propres a amuser les autres, a peine se jugent ils capables d’être amusés eux mêmes. Quelque ouvrage agreable qu’on leur presente ils ne daigneront pas seulement le lire.

- - - - -

Je dis ici la veritable raison qui a fait que j’ai eû toute ma vie une estime {f.209r}

Petits maîtres

particuliere pour nos petits maitres, je ne parle pas ici en homme d’etat, car quoiqu’ils soûtiennent les principales branches de nôtre commerce fondé sur le changement continuel des modes et d’habits, ils rendent service a leur patrie sans en exiger la moindre reconnoissance[1].

- - - - -

De

Francois

De toutes les nations connues il n’i en a point de moins pedante que la nôtre, et l’on n’a que faire de tant crier contre les gens du bel air, c’est eux au bout du compte qui polissent le peuple de l’Europe qui à le plus d’agrémens.

- - - - -

{f.209v} C’est eux qui lient nos societés et qui mettent une heureuse harmonie entre des personnes que les anciennes mœurs auroient rendues incompatibles.

Francois

- - - - -

C’est a eux que nous devons cette vivacité qui fait que nos gens d’esprit nous paroissent plus aimables et que nos sots ne sont pas tout à fait stupides.

- - - - -

Les uns mettent parmi nous une certaine action qui change en occupations nos amusemens même, les autres sont une espece de spectacle fort rejouissant.

- - - - -

C’est eux qui au lieu de cette arrogance {f.210r} qui paroit dans les particuliers chés quelq. peuples, changent nôtre orgueil en une impertinence agreable qui se produit de mille façons.

- - - - -

Ils inspirent aux jeunes gens choqués du serieux de la robe de leurs peres de repandre leur sang pour le service de la patrie et de s’aprocher du prince

- - - - -

Enfin c’est de leur tete quoi qu’un peu evantée que sort la principale branche de nôtre commerce fondée sur ce bon gout qui nous fait changer de modes et d’habits avec une authorité trop absolue pour ne pas croire que nous ne changions en mieux[2].

- - - - -

{f.210v} C’est a eux[3] principalement que je consacre ce petit ouvrage, la plus part des gens dedient leurs livres a ceux qui les lisent, moi je dedie celui ci a ceux qui ne le liront point, esperant que si par hazard ils aprennent qu’il leur apartient, ils voudront bien ne le point critiquer et avoüer ingenuement qu’ils ne l’ont point lu.

- - - - -

Je ne desespere pourtant pas que les gens les plus graves ne me fassent l’honneur de me lire, si mon héros n’a pas un habit de philosophe, il a quelquefois des idées assès philosophiques.

- - - - -

Main principale H

1440

{f.211r} [Passage à la main M]

Homme singe manqué

Melon disoit disoit agreablement que l’home est un singe singe manqué cela a un sens un sens dans le raport ou les homes ont des imperfections que les bêtes n’ont point[1].

- - - - -

Passage de la main H à la main M

1441

[Passage à la main H]

Coste supr.

J’ai un honnete homme de mes amis qui a fait de belles notes sur Montagne, je suis sur qu’il croit avoir fait les essais, lorsque je le loue devant lui, il prend un air modeste et me fait une petite reverence[.] et rougit un peu[1]

- - - - -

Passage de la main M à la main H

1442

Vanité frivole

La place des Victoires est le monument de la vanité frivole[1]

Non utile

, il faut que ces sortes de monuments aient un grand objet, le pont de Trajan, la voie Appienne, le theatre de Marcellus.

- - - - -

Main principale H

1443

{f.211v} Je disois la vivacité fait faire les belles * reparties, et le sens froid les belles actions.

Sens froid

- - - - -

Main principale H


1439

n1.

Répondant ironiquement aux critiques, la nouvelle préface de l’édition de 1742 du Temple de Gnide reprenait l’opposition traditionnelle entre pédants et mondains pour désigner les « têtes bien frisées & bien poudrées » comme seules capables d’apprécier le mérite de l’ouvrage (OC, t. 8, p. 392, apparat critique).

1439

n2.

Témoignant de la façon dont Montesquieu réutilise et infléchit les mêmes remarques dans des contextes très différents, ces éléments de préface en faveur du public mondain rejoignent les réflexions sur l’esprit général de la nation française (EL, XIX, 5). Cf. nº 1553.

1439

n3.

Les petits-maîtres.

1440

n1.

Cf. Spicilège, nº 389. Montesquieu rencontra très tôt Jean-François Melon (1675-1738), avocat au parlement de Bordeaux, fondateur de l’académie de cette ville, auteur de l’Essai sur le commerce [1734] dont il possédait la deuxième édition (s. l., 1736 – Catalogue, nº 2410). Comme économiste apologiste du luxe, Melon eut une influence notable sur la pensée de Montesquieu : voir Céline Spector, Montesquieu et l’émergence de l’économie politique, Paris, H. Champion, 2006, p. 132-138.

1441

n1.

Pierre Coste (1688-1747), traducteur français de Locke, Shaftesbury et Newton, avait donné, entre 1723 et 1745, six éditions, avec notes et pièces annexes, des Essais de Montaigne (Catalogue, nº 1507 : La Haye, P. Gosse et J. Néaulme, 1727). Montesquieu l’avait rencontré lors de son séjour à Londres en 1729-1731 et était resté en contact avec lui (lettre de Pierre Coste à Montesquieu du 24 juin 1734, Revue d’histoire littéraire de la France, 82e année, nº 2, mars-avril, 1982, p. 190-191 ; lettre à Martin Ffolkes du 13 juillet 1739, Masson, t. III, p. 995).

1442

n1.

La place des Victoires, à Paris, dessinée par Jules Hardouin Mansard et réalisée par l’architecte Prédot en 1687, fut créée par le duc de la Feuillade sur l’emplacement de l’hôtel de la Ferté Sénectère qu’il avait acheté pour ce projet. Il fit ériger au centre de la place une statue du roi, dont la dédicace eut lieu en 1686 (Luc-Vincent Thiéry, Guide des amateurs et des étrangers voyageurs à Paris, ou Description raisonnée de cette ville, de sa banlieue et de tout ce qu’elles contiennent de remarquable, Paris, Hardouin et Gattey, 1787, t. I, p. 300-302). Ce coûteux hommage courtisan à Louis XIV fut brocardé par les contemporains : voir Saint-Simon, t. I, p. 69 ; t. V, p. 486 ; Félix et Louis Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, Paris, F. Lazare, 1844, p. 668-669.