M : | Montesquieu 1726/1727-1755. |
D : | Bottereau-Duval 1718-1731. |
E : | 1734-1739. |
U : | 1739. |
H : | 1741-1742. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
I : | 1743. |
L : | 1743-1744. |
O : | 1745-1747. |
P : | Damours 1748-1750. |
Q : | 1750-1751. |
R : | Saint-Marc 1751-1754. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
JB : | Jean-Baptiste Secondat ?-1795. |
T : | écriture des manchettes 1828-1835 |
M : | Montesquieu. |
D : | Bottereau-Duval_1721-1731. |
H : | 1741-1742. |
P : | Damours_1748-1750. |
E : | 1734-1739. |
L : | 1742-1744. |
O : | 1745-1747. |
T : |
écriture des manchettes |
JB : | Jean-Baptiste_Secondat. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
E2 : | |
I : | 1743. |
R : | Saint-Marc_1751-1754. |
Q : | 1750-1751. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
Pensées, volume III
1733 Les principalles raisons de la superiorité des Français sur les autres peuples furent que depuis la destruction des Romains il n’y avoit pas un seul etat en Europe qui {f.51r} eut une assiete ferme, que tout les aida et la relligion même. Les Gaulois ne pouvant vivre sous des tirans ariens, et l’Italie ne pouvant soufrir les oppresseurs des pontifes romains[1], enfin le genre de leurs armes[2] et leur agilité leur donna de l’avantage contre la cavalerie gothe, dont nous avons tant parlé dans l’ouvrage precedent.
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Main principale P |
1734 Lorsque la conquête est mediocre, l’etat peut rester, ou devenir monarchique. Il faut que le conquerant cherche à maintenir sa conquête par des forteresses.
Les forteresses comme nous avons dit appartiennent plus au gouvernement monarchique, parce qu’elles sont opposées au gouvernement militaire. De plus elles suposent une grande confiance dans les {f.51v} grands, puisqu’on leur donne un si grand depost depost, elles suposent meme une plus grande confiance dans le peuple puisque le prince à moins a craindre[1].
Quand je parle ainsi des forteresses, je ne parle pas d’un petit tiran qui maitre d’une ville y batit une forteresse qui le rend plus cruel encore, il est luy même son gouverneur. Le gouverneur despotique et militaire se trouve egalement et dans le petit prince d’une ville, et dans le maitre d’un vaste empire.
Vitiza roy des Gots demolit toutes les forteresses d’Espagne[2]. Gilimer roy des V Vandales detruisit toutes celles d’Affrique[3], aussi ces deux etats furent ils conquis pour ainsi dire en un jour, au lieu d’affoiblir {f.52r} les peuples veincus ils avoient affoibli l’empire.
Je crois que ce qui fit prendre aux Goths et aux Vendales ce mauvais parti, c’est que sortant d’un pays ou l’on ne connoissoit point les forteresses, ils regarderent celles qu’ils trouverent dans leurs conquêtes comme des moyens d’echaper a leur violence, non comme des moyens propres à arreter les etrangers.
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Main principale P |
1735 Qu’on examine bien le sort des grandes monarchies qui aprês avoir etonné par leurs forces ont etonné par leur foiblesse. C’est que lorsque dans la rapidité du pouvoir arbitraire ou despotisme il reste encore une eteincelle de liberté un etat peut faire de grandes choses parce que ce qui reste des {f.52v} principes est mis en action, mais lorsque la liberté est entierement perdüe apres un tel degré de force on voit un egal degré de foiblesse, c’est que l’amour des choses bonnes, et des choses grandes n’est plus. C’est que dans chaque profession il est etabli, que dijs je il est quelque fois ordonné de ne la point faire, qu’on est decouragé en general et qu’on est decouragé en detail que la noblesse est sans sentimens, les gens de guerre sans interest, les magistrats sans zelle, les bourgeois sans confiance, le peuple sans espoir. Chose singuliere tout roule, et tout est dans l’oisiveté, chaque citoyen à un etat, et personne n’a de profession. De chaque sujet on veut le corps, et non l’esprit et le coeur {f.53r} c’est pour lorsqu’une monarchie montre toute sa foiblesse, et qu’elle en est surprise elle même.
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Main principale P |
1736 Une preuve de ce que je dis c’est que les nations chez lesquelles l’ignorance est etablie par un tribunal particulier sont aussi celles qui ont fait les plus grandes fautes en fait de politique et cela ne peut pas etre autrement. Quand ceux qui sont gouvernés sont dans l’ignorance, il fauderoit[1] que ceux qui gouvernent eusent à chaque instant une inspiration particuliere pour n’y etre pas eux mêmes, puisqu’ils sont du corps de la nation ; et qu’ils ne sont pas ce que Caligula pretendoit etre, des bergers qui ont de l’intelligence qui conduisent des troupeaux qui n’en n’on pas[2]. {f.53v} Quand on considere la pluspart des hommes de notre nation, on est toujours dans l’admiration de voir tant d’esprit et si peu de lumieres, des bornes si etroites avec tant de force pour les passer.
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Main principale P |
1737 Je lisois dans la Ciropedie que Cyrus rejetta l’usage des ces chariots venus de Troye dont on se servoit dans les combats parce que pour un seul combatant il falloit… hommes et… chevaux[1]. En lisant cecy je faisois cette reflexion, sans ces chariots de Troye nous n’aurions pourtant pas eu le poeme d’Homere qui consiste tout dans les actions et les discours de ces heros sur ces chariots par le moyen desquels ils sont toujours {f.54r} distingués de la populace de l’armée. Pour un bon poëme epique il est indiferent que l’armure generale soit bonne pourveu que celle des personnages principaux le soit.
De même le sistheme de la chevalerie
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Main principale P |
1733 |
n1. |
À la fin du Ve siècle, l’Empire romain passa sous la domination des chefs barbares qui avaient embrassé l’arianisme. Les catholiques romains furent persécutés en Italie à la fin du règne de Théodoric, roi des Ostrogoths. La victoire de Clovis contre le roi des Wisigoths, Alaric, en 505, était donnée comme celle de la foi de l’Église catholique dans les Gaules contre l’hérésie arienne : voir Moreri, 1725, art. « Arianisme ». |
1733 |
n2. |
Cf. nº 1691. |
1734 |
n1. |
Matériaux de réflexion sur les forces défensive et offensive, en rapport avec les types de gouvernement : cf. EL, IX, 5 et X, 9. |
1734 |
n2. |
Vitiza, ou Witiza, roi des Wisigoths d’Espagne qui aurait régné de 701 à 711, pour ôter à ses sujets « tout azile », fit raser en 701 les fortifications et murailles du pays, sauf celles de Tolède, Léon et Astorga (Juan de Mariana, Histoire générale d’Espagne, traduite en français par le père J.-N. Charenton, Paris, Le Mercier, Lottin, Josse et Briasson, 1725, t. I, liv. VI, LXXXV, p. 700). |
1734 |
n3. |
Montesquieu avait attribué précédemment cette destruction à Genséric, d’après Procope (Guerre des Vandales, I, 5, 2 ; voir Romains, XX, p. 250). Gilimer, roi des Vandales en 531, combattit en Afrique contre Bélisaire (Guerre des Vandales, I, 10-19). |
1736 |
n1. |
Lire : faudrait. |
1736 |
n2. |
Caligula avait fait mourir ceux qui, comme Macron et Silanus, prétendaient l’éduquer et le conseiller et il déclara, selon Philon d’Alexandrie, dans son traité Légation à Caïus, ou Des vertus : « Tout ainsi que les pastoureaux des animaux, comme bouviers, chevriers, bergers, ne sont ny bœufs, ny chevres ny agneaux : ains sont hommes, d’une meilleure condition & qualité ; aussi faut penser que moy, qui suis le gouverneur de ce tresbon trouppeau d’hommes, suis different des autres, & que je ne tien point de l’homme, mais d’une part plus grande et plus divine » (Œuvres de Philon, P. Bellier (trad.), Paris, C. Chappellain, 1612, p. 1049 – Catalogue, nº 367). |
1737 |
n1. |
Xénophon, Cyropédie, VI, 1, 27-29 : Cyrus comptait, pour un combattant par char troyen, un conducteur et quatre chevaux. Il mit en usage des chariots à tour. |