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Pensées 1937 à 1941

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.
Q : 1750-1751.
S : 1754-1755.
V : 1754.

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Pensées, volume III

1937

* En lisant les codes des loix des barbares je cherchois la jurisprudence dans son berceau.

- - - - -

Main principale Q

1938

{f.154v} Quand Michel-Ange vit pour la premiere fois le Panthéon, il dit qu’il le mettroit en l’air[1]. J’imiterai en quelque sorte et à ma maniere ce grand homme. Ces loix antiques qui gissent[2] à terre, je les exposerai à tous les regards[3].

- - - - -

Main principale Q

1939

* Chez les nations guerrieres et qui ignoroient l’art de l’ecriture on fut obligé de faire des formules de tous les divers actes qui devoient se passer dans l’etat civil et c’est dans ces formules que l’on trouve surtout la difference des loix primitives et des loix ajoutées. Voila la source des loix merovingiennes ; on trouve quelques lumieres dans les capitulaires des rois {f.155r} carliens[1], mais c’est une source sterile qui ne donne que quelques réglemens pour le sacerdoce et pour l’empire fastidieusement répetés et plus propres à nous donner une idée de l’economie du gouvernement d’alors que des loix civilles, d’autant plus que les rois les laisserent presque toutes sans les toucher. On arrive et il semble que le corps entier de la jurisprudence s’abat et que tout tombe sous les pieds. Un fleuve majestueux entre sous la terre et se perd ; attendez un moment, vous le verrez reparoitre et rendre ses eaux à ceux qui ne le cherchoient plus.

De l’empereur Neron.

Reddit quæsitas jam non quærentibus undas[2]

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Main principale Q

1940

{f.155v} Chez les Grecs et chez les Romains l’admiration pour les connoissances politiques et morales fut porté jusqu’à une espece de culte[1] ; aujourd’huy nous n’avons d’estime que pour les sciences physiques, nous en sommes uniquement occupés, et le bien et le mal politiques sont parmi nous un sentiment plustôt qu’un objet de connoissances
Ainsi n’etant point né dans le siecle qu’il me falloit j’ay pris le parti de me faire sectateur de l’excellent homme l’abbé de St Pierre qui a tant ecrit de nos jours sur la politique[2] et de me mettre dans l’esprit que dans sept ou huit cens ans d’ici, il viendra quelque peuple à qui mes idées seront tres utiles et dans la petite portion de ce tems que j’ai à {f.156r} vivre de faire pour mon usage un emploi actuel de ma modestie.

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Main principale Q

1941

On dit que les diverses femmes de Charlemagne étoient successives : il faudroit chercher aussi un moyen pour prouver que les trois reines et les concubines de Dagobert qui etoit aussi pieux que lui (voyez la chronique de Fredegaire sur l’an 628.) vinrent de main en main et se succederent[1]. Je n’attaque point la sainteté de Charlemagne parce que je ne sai point le terme de la misericorde sur ceux qui ont violé les loix de l’Evangile en suivant les loix de leur pays.
Je ferai ici une conjecture. Fredegaire (sur l’an 626) dit que le maire Warnachaire étant {f.156v} mort, et Godin son fils ayant epousé sa belle memre, le roi entra en fureur disant qu’il avoit violé les canons[2], mais je ne crois pas que ce roi aimât assez les canons pour envoyer à cette occasion une armée contre lui ; le roi ordonna qu’on lui fit preter serment de fidelité ; l’action de Godin étoit donc un attentat politique, et son mariage incestueux blessoit une certaine prerogative royale j’en ai parlé dans mon Esprit des loix au livre, je crois, sur la nature du terrain[3] ou au livre des fiefs à l’occasion de la pluralité des femmes des rois francs.

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Main principale Q


1938

n1.

Cf. Essai sur le goût, OC, t. 9, p. 505, l. 472-474.

1938

n2.

Lire : gisent.

1938

n3.

Sur la métaphore des lois tombées à terre ou enfouies, voir l’article suivant de Denis de Casabianca, « “Ed io anche son pittore” : poétique du regard et politique dans L’Esprit des lois », dans Du goût à l’esthétique : Montesquieu, J. Ehrard et C. Volpilhac-Auger (éd.), Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2007, p. 236.

1939

n1.

L’auteur s’est servi de l’édition des Capitulaires de Baluze pour les derniers livres de L’Esprit des lois (Capitularia Regum Francorum, Paris, F. Muguet, 1677, 2 vol. ; voir EL, XXXI, 1, note (l) : Derathé, t. II, p. 354 ; EL, XXXI, 2, notes (b) et (f) : Derathé, t. II, p. 356-357 ; la description du Catalogue (nº 821) est lacunaire. Une édition de François Pithou qui avait suivi celles de Jean Du Tillet et de Pierre Pithou était parue en 1603 (Karoli Magni et Ludovici Pii capitula sive leges ecclesiasticæ et civiles ab Ansegiso abbate, Paris, C. Chappellet, in-8º), trois éditions dont Baluze a relevé les défauts dans sa préface (42-49).

1939

n2.

Montesquieu a traduit dans la phrase précédente (« Vous le verrez […] cherchoient plus ».) ce vers rapporté aux Troica de Néron d’après les scholies de Lucain (Pharsale, III, v. 261) : voir Emil Baehrens, Fragmenta poetarum Romanorum, Leipzig, Teubner, 1886, p. 368, fragment 1.

1940

n1.

Cf. nº 1855, 1871, 1926.

1940

n2.

Voir nº 1295, 1718, 1876.

1941

n1.

La Chronique de Frédégaire compare Dagobert à Salomon, pour ses « trois reines et [sa] multitude de concubines » (Historiæ Francorum scriptores coætani ab ipsius gentis origine ad nostras usque tempora, A. Du Chesne (éd.), Paris, S. Cramoisy, 1636, t. I, Fredegarii Scholastici Chronicon, LX, p. 758 – Catalogue, nº 2932).

1941

n2.

Chronique de Frédégaire [626], dans Historiæ Francorum scriptores coætani ab ipsius gentis origine ad nostras usque tempora, A. Du Chesne (éd.), Paris, S. Cramoisy, 1636, t. I, Fredegarii Scholastici Chronicon, LIV, p. 756 – Catalogue, nº 2932.

1941

n3.

EL, XVIII, 24. Montesquieu justifie le grand nombre des femmes des rois de la première race par une prérogative royale, un « attribut de dignité » dont ne disposaient pas leurs sujets.