M : | Montesquieu 1726/1727-1755. |
D : | Bottereau-Duval 1718-1731. |
E : | 1734-1739. |
U : | 1739. |
H : | 1741-1742. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
I : | 1743. |
L : | 1743-1744. |
O : | 1745-1747. |
P : | Damours 1748-1750. |
Q : | 1750-1751. |
R : | Saint-Marc 1751-1754. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
JB : | Jean-Baptiste Secondat ?-1795. |
T : | écriture des manchettes 1828-1835 |
M : | Montesquieu. |
D : | Bottereau-Duval_1721-1731. |
H : | 1741-1742. |
P : | Damours_1748-1750. |
E : | 1734-1739. |
L : | 1742-1744. |
O : | 1745-1747. |
T : |
écriture des manchettes |
JB : | Jean-Baptiste_Secondat. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
E2 : | |
I : | 1743. |
R : | Saint-Marc_1751-1754. |
Q : | 1750-1751. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
Pensées, volume III
Main principale Q |
1939 * Chez les nations guerrieres et qui ignoroient l’art de l’ecriture on fut obligé de faire des formules de tous les divers actes qui devoient se passer dans l’etat civil et c’est dans ces formules que l’on trouve surtout la difference des loix primitives et des loix ajoutées. Voila la source des loix merovingiennes ; on trouve quelques lumieres dans les capitulaires des rois {f.155r} carliens[1], mais c’est une source sterile qui ne donne que quelques réglemens pour le sacerdoce et pour l’empire fastidieusement répetés et plus propres à nous donner une idée de l’economie du gouvernement d’alors que des loix civilles, d’autant plus que les rois les laisserent presque toutes sans les toucher. On arrive et il semble que le corps entier de la jurisprudence s’abat et que tout tombe sous les pieds. Un fleuve majestueux entre sous la terre et se perd ; attendez un moment, vous le verrez reparoitre et rendre ses eaux à ceux qui ne le cherchoient plus.
De l’empereur Neron. Reddit quæsitas jam non quærentibus undas[2]
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Main principale Q |
1940
{f.155v} Chez les Grecs et chez les Romains l’admiration pour les connoissances politiques et morales fut porté jusqu’à une espece de culte[1] ; aujourd’huy nous n’avons d’estime que pour les sciences physiques, nous en sommes uniquement occupés, et le bien et le mal politiques sont parmi nous un sentiment plustôt qu’un objet de connoissances
Ainsi n’etant point né dans le siecle qu’il me falloit j’ay pris le parti de me faire sectateur de l’excellent homme l’abbé de St Pierre qui a tant ecrit de nos jours sur la politique[2] et de me mettre dans l’esprit que dans sept ou huit cens ans d’ici, il viendra quelque peuple à qui mes idées seront tres utiles et dans la petite portion de ce tems que j’ai à {f.156r} vivre de faire pour mon usage un emploi actuel de ma modestie.
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Main principale Q |
1941 On dit que les diverses femmes de Charlemagne étoient successives : il faudroit chercher aussi un moyen pour prouver que les trois reines et les concubines de Dagobert qui etoit aussi pieux que lui (voyez la chronique de Fredegaire sur l’an 628.) vinrent de main en main et se succederent[1]. Je n’attaque point la sainteté de Charlemagne parce que je ne sai point le terme de la misericorde sur ceux qui ont violé les loix de l’Evangile en suivant les loix de leur pays.
Je ferai ici une conjecture. Fredegaire (sur l’an 626) dit que le maire Warnachaire étant {f.156v} mort, et Godin son fils ayant epousé sa belle memre, le roi entra en fureur disant qu’il avoit violé les canons[2], mais je ne crois pas que ce roi aimât assez les canons pour envoyer à cette occasion une armée contre lui ; le roi ordonna qu’on lui fit preter serment de fidelité ; l’action de Godin étoit donc un attentat politique, et son mariage incestueux blessoit une certaine prerogative royale j’en ai parlé dans mon Esprit des loix au livre, je crois, sur la nature du terrain[3] ou au livre des fiefs à l’occasion de la pluralité des femmes des rois francs.
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Main principale Q |
1942
{f.157r} [Passage à la main R] Seroit-ce une pensée trop hardie de dire que cette benediction particuliere par laquelle Dieu multiplia la race des patriarches[1], tenoit aux idées que leur donnoit la vie pastoralle. La terre étoit ouverte à touts, et quand le nombre des enfants croissoit on leur donnoit une certainne partie de betail, ce qui augmantoit la famille sans la surcharger ; et chaque famille formant un petit empire, l’augmantation de la famille faisoit la sureté de la famille. Ne pourroit-on pas dire que Dieu voulant benir le peuple israelite plaça ses recompenses sur une chose que les israelites croyoient être et sentoient être leur bonheur. Sans doute que Dieu nous a manifesté de plus grand dessains et une plus grande œconomie ; mais ne {f.157v} pourroit-on pas admirer sa sagesse, lá même où l’on semble considerer les choses d’une maniere humaine. Le grand nombre d’enfants etoit ches les Israelites le signe d’une benediction particuliere de Dieu, il n’est aujourd’huy que le signe d’une benediction genérale ; Dieu attribuoit une benediction particuliere à une chose qui étoit liée chés les Israélites à l’idée de leur sureté, aujourd’huy il n’attribue pas une benediction particuliere à une chose qui est si souvant liée aux idées de nôtre orgueil
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Passage de la main Q à la main R |
1938 |
n1. |
Cf. Essai sur le goût, OC, t. 9, p. 505, l. 472-474. |
1938 |
n2. |
Lire : gisent. |
1938 |
n3. |
Sur la métaphore des lois tombées à terre ou enfouies, voir l’article suivant de Denis de Casabianca, « “Ed io anche son pittore” : poétique du regard et politique dans L’Esprit des lois », dans Du goût à l’esthétique : Montesquieu, J. Ehrard et C. Volpilhac-Auger (éd.), Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2007, p. 236. |
1939 |
n1. |
L’auteur s’est servi de l’édition des Capitulaires de Baluze pour les derniers livres de L’Esprit des lois (Capitularia Regum Francorum, Paris, F. Muguet, 1677, 2 vol. ; voir EL, XXXI, 1, note (l) : Derathé, t. II, p. 354 ; EL, XXXI, 2, notes (b) et (f) : Derathé, t. II, p. 356-357 ; la description du Catalogue (nº 821) est lacunaire. Une édition de François Pithou qui avait suivi celles de Jean Du Tillet et de Pierre Pithou était parue en 1603 (Karoli Magni et Ludovici Pii capitula sive leges ecclesiasticæ et civiles ab Ansegiso abbate, Paris, C. Chappellet, in-8º), trois éditions dont Baluze a relevé les défauts dans sa préface (42-49). |
1939 |
n2. |
Montesquieu a traduit dans la phrase précédente (« Vous le verrez […] cherchoient plus ».) ce vers rapporté aux Troica de Néron d’après les scholies de Lucain (Pharsale, III, v. 261) : voir Emil Baehrens, Fragmenta poetarum Romanorum, Leipzig, Teubner, 1886, p. 368, fragment 1. |
1940 |
n1. |
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1940 |
n2. |
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1941 |
n1. |
La Chronique de Frédégaire compare Dagobert à Salomon, pour ses « trois reines et [sa] multitude de concubines » (Historiæ Francorum scriptores coætani ab ipsius gentis origine ad nostras usque tempora, A. Du Chesne (éd.), Paris, S. Cramoisy, 1636, t. I, Fredegarii Scholastici Chronicon, LX, p. 758 – Catalogue, nº 2932). |
1941 |
n2. |
Chronique de Frédégaire [626], dans Historiæ Francorum scriptores coætani ab ipsius gentis origine ad nostras usque tempora, A. Du Chesne (éd.), Paris, S. Cramoisy, 1636, t. I, Fredegarii Scholastici Chronicon, LIV, p. 756 – Catalogue, nº 2932. |
1941 |
n3. |
EL, XVIII, 24. Montesquieu justifie le grand nombre des femmes des rois de la première race par une prérogative royale, un « attribut de dignité » dont ne disposaient pas leurs sujets. |
1942 |
n1. |
Genèse, I, 28 ; IX, 1. |
1942 |
n2. |
Lire : choisi. |