M : | Montesquieu 1726/1727-1755. |
D : | Bottereau-Duval 1718-1731. |
E : | 1734-1739. |
U : | 1739. |
H : | 1741-1742. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
I : | 1743. |
L : | 1743-1744. |
O : | 1745-1747. |
P : | Damours 1748-1750. |
Q : | 1750-1751. |
R : | Saint-Marc 1751-1754. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
JB : | Jean-Baptiste Secondat ?-1795. |
T : | écriture des manchettes 1828-1835 |
M : | Montesquieu. |
D : | Bottereau-Duval_1721-1731. |
H : | 1741-1742. |
P : | Damours_1748-1750. |
E : | 1734-1739. |
L : | 1742-1744. |
O : | 1745-1747. |
T : |
écriture des manchettes |
JB : | Jean-Baptiste_Secondat. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
E2 : | |
I : | 1743. |
R : | Saint-Marc_1751-1754. |
Q : | 1750-1751. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
Pensées, volume III
1985 Je ne puis me mettre dans l’esprit qu’il puisse jamais y avoir un prince françois qui n’aime pas sa nation, il y a bien de certains etats ou les princes aiant sans cesse a disputer avec leurs sujets sur leurs prerogatives pouroient etre aigris par la contradiction, mais je ne puis concevoir que la même chose puisse arriver icy ou les sujets se fiant aveuglement a leur prince, se sont abandonnés a luy presque sans restriction, et ont mis tout leur bonheur entre ses mains.
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Main principale P |
1986
{f.281v} S’il arive quelque revolte il fa faut que la sagesse et la prudence du prince regle sa clemence et sa justice, on pouroit luy dire la place que vous occupez peut etre remplie par un autre sans que pour vous la conserver ou pour calmer vos creintes il en doive couter des ruiseaux de sang a la nature humaine. Votre vie n’est plus pretieuse que par ce qu’elle est plus utile a ces hommes même que vous voulez detruire ; ce peuple dites vous est rebele et il faut un grand exemple, et moy je vous dis que ce n’est point à une societé a servir d’exemple puisqu’au contraire ce seroit pour elle qu’on deveroit[1] le donner. Souvent lorsque vous pardonnez vous croiez faire un acte de clemence, et vous en faites un de justice. {f.282r} Souvent lors que vous punissez vous croiez faire un acte de justice et vous en faites un de cruauté[2] la puisance n’est point a vous vous n’en avez que l’usage, et ne l’avez que pour un moment. Si quelque etre pouvoit… de son pouvoir, ce seroit le ciel qui etant eternel voit toutes les creatures passer devant luy, mais il se conduit avec autant d’ordre et de regle que si sa puisance etoit dependante
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Main principale P |
1987
A l’egard
Quant aux conquerans, je leur diray que c’est une quallité commune d’aimer la guerre. Qu’il y a beaucoup de princes belliqeux comme il y a beaucoup de particuliers qui ont une passion violente d’acquerir. Que ce seroit la moderation qui comme la vertu la {f.282v} plus rare deveroit[1] faire le heroisme, qu’il n’est pas etonnant que tant de princes aient cherché a se rendre celebres par leurs entreprises sur leur voisins ny aiant rien de si aisé que de se laisser entrainer par ses passions, au lieu que le role d’un prince moderé et juste est d’autant plus laborieux qu’il n’est que raisonable que ces sortes de vertus coutent beaucoup aux princes parce qu’elles sont reelles, je pardonne a Pompé, a Cæsar, et aux autres magistrats de Rome d’avoir aimé la guerre parce que c’etoit le seul moyen qu’ils eusent pour sortir de leur mediocrité. Je pardonne à Alexandre et a Charlemagne d’avoir aimé la guerre, mais je ne puis comprendre que {f.283r} des princes qui ne sortent pas de leur palais puissent l’aimer, un prince hazarde si fort son etat par la guerre qu’il ne peut etre dedomagé du peril qu’il court que par des lauriers ceuillis de ses propres mains. Je puis citer l’exemple de Louis XIII. qui ne fit si longtems la guerre que pour la gloire du cardinal de Richelieu, et qui dans le cours de tant de prosperités, vit toujours le ministere signalé et jamais le regne. Un degré de moins de foiblesse auroit rendu ce prince le jouet de sa nation, parce qu’il auroit voulu gouverner par luy même, un degré de plus de foiblesse le rendit plus puissant que tous ses predecesseurs parce qu’il resta sous la main d’un ministre dont le genie devora l’Europe ; mais qui ne luy {f.283v} laissa d’autre gloire que celle de cet empereur tartare qui conquit la Chine a six ans[2].
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Main principale P |
1988 Par une fatalité cruelle les plus grands princes sont ceux qui sont les plus mecontents de leur fortune, comme elle a fait beaucoup pour eux, ils s’acoutument à penser qu’elle doit devoit faire tout, celuy qui à de vastes possessions ne peut plus avoir que de vastes desirs, Alexandre en qualité de roy de Macedoine desiroit le royaume de Perse, en qualité de roy de Perse il desiroit tout ce qu’il conoissoit de la terre, quand il vit qu’il en alloit etre le maitre il envoia des flotes pour luy chercher de nouveaux peuples, maladie etrange qui augmante par les remedes mêmes.
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Main principale P |
1989
{f.284r} Un roy d’Espagne de France qui fait reflexion sur sa grandeur doit dire aux dieux ce que Seneque disoit à un empereur : vous m’avez comblé de tant de biens et de tant d’honneurs que rien ne peut manquer a ma felicité que la moderation. Tantum honorum in me cumulasti ut nihil fœlicitati meæ desit nisi moderatio ejus[1] :
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Main principale P |
1986 |
n1. |
Lire : devrait. |
1986 |
n2. |
Cf. nº 162. |
1987 |
n1. |
Lire : devrait. |
1987 |
n2. |
L’empereur Xunchi en 1642 (Martino Martini, Histoire de la guerre des Tartares contre la Chine, Paris, J. Henault, 1654, p. 80-81) ; Montesquieu possédait l’édition faisant suite à l’Histoire universelle de la Chine du père Alvaro Semedo (Lyon, H. Prost, 1667 – Catalogue, nº 3155). |
1989 |
n1. |
Le texte latin est ici précédé de sa traduction ; Tacite, Annales, XIV, 53 : discours de Sénèque calomnié à Néron. |