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Pensées 2028 à 2032

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.
Q : 1750-1751.
S : 1754-1755.
V : 1754.

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Pensées, volume III

2028

{f.319r} Une femme qui venoit de la part de la reine des Scites parut. Elle portoit en present au roy une toille d’un travail exquis. Roi de Bactrianne, lui dit-elle, la reine des Scytes a tissu cette toille de ses belles mains, regarde les choses qu’elle y a representées ; ici ce sont des Armeniens que nos Scytes ont percés de leurs fleches terribles, leurs blessures ne sont pas mortelles, puisqu’ils combattent encor ; là tu vois un cœur percé de mille traits presque invisibles, et un enfant qui en darde sans cesse de nouveaux, ce cœur est celui d’Ismenie et il ne guerira jamais.

- - - - -

Main principale Q

2029

Je lui ecrivis cette lettre[1]. Un jour l’ormeau dit a la vigne, prenez garde que je ne vous couvre de mon ombre, mais unissez-vous avec moi, et nous montrons ensemble jusqu’aux nües[2]

Main principale Q

2030

Le chef de la seconde bande lui parla ainsi. Nous formons avec toi un arbre qui a une belle rose, tu en es la tige et nous en sommes {f.319v} les feuilles, nous te couvrirons de notre ombre et nous empecherons le soleil de bruler tes racines, et nous monterons ensemble jusqu’aux nües[1].

- - - - -

Main principale Q

2031

Les lions ont une grande force, mais elle leur seroit inutile si la nature ne leur avoit pas donné des yeux

- - - - -

Main principale Q

2032

{f.320r} Apologie des Lettres persannes[1]
P

On ne peut guerre imputer aux Lettres persannes les choses que l’on a pretendu y coch choquer la relligion[2].
Ces choses ne s’y trouvent jamais liées avec l’idée d’examen mais avec l’idée de singularité jamais avec l’idée de critique, mais avec celle l’idée d’extraordinaire.
C’etoit un Persan qui parloit et qui devoit etre frappé de tout ce qu’il voyoit et de tout ce qu’il entendoit.
Dans ce cas quand il parle de relligion, il n’en doit pas paroitre plus instruit que des autres choses, comme des usages et des manierres de la nation qu’il ne regarde point comme bonnes ou mauvaises, mais come merveilleuses.
Comme il trouve bizarres nos coutumes, il trouve quelque fois de la singularité dans {f.320v} de certaines choses de nos dogmes parce qu’il les ignore et il les explique mal parce qu’il ne connoit pas rien de ce qui les lie et de la chaine[3] ou ils tiennent.
Il est vrai qu’il y a de l’ quelque indiscretion a avoir touché ces matierres, puisque l’on n’est pas si aussi sûr de ce que peuvent penser les autres, que de ce qu’on pense soi même.

Main principale Q


2029

n1.

Il s’agit probablement d’un fragment d’une des lettres envoyées par Arsace à la reine, durant son absence dans une province (Arsace et Isménie [env. 1748-1754], OC, t. 9, p. 351-352).

2029

n2.

« Montrons » : lire monterons. Cf. Arsace et Isménie [env. 1748-1754], OC, t. 9, p. 359, l. 1012-1013.

2030

n1.

Cf. nº 2029.

2032

n1.

Les nº 2032-2033 ont été transcrits en 1750-1751, période d’intervention du secrétaire Q, et plus précisément en 1751 si l’on admet que l’« Apologie des Lettres persannes » répond au pamphlet de l’abbé Gaultier (voir ci-après). Ils constituent une ébauche du texte retravaillé dans les cahiers de corrections (grand cahier, f. 60r-61v, et petit cahier, f. 119r-121v, dans LP, p. 578-582) et publié sous le titre « Quelques reflexions sur les Lettres persanes » (LP, p. 567-569) dans un supplément d’une édition datée de 1754 (Cologne, P. Marteau) mais dont la parution est en réalité plus tardive (1758) ; voir Edgar Mass, « Le Supplément aux Lettres persanes de 1754 : une édition qui n’a pas eu lieu », CM, nº 9, 2005, Montesquieu, œuvre ouverte ? (1748-1755), p. 51-65.

2032

n2.

Dans le contexte de la querelle de L’Esprit des lois, l’abbé janséniste Jean-Baptiste Gaultier avait fait paraître Les « Lettres persanes » convaincues d’impiété [1751], destinées à comprendre l’ouvrage examiné dans les écrits soumis à la censure de la Sorbonne et de Rome. Selon lui, ce roman qui avait séduit toute l’Europe n’en était que plus dangereux pour propager l’impiété, grâce au masque persan et mahométan derrière lequel étaient dissimulées les attaques contre la religion chrétienne et le rejet implicite de la Révélation au profit de la raison humaine (Montesquieu. Mémoire de la critique, C. Volpilhac-Auger (éd.), Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2003, p. 187-217) ; voir Pauline Kra, « La défense des Lettres persanes », CM, nº 9, 2005, Montesquieu, œuvre ouverte ? (1748-1755), p. 17-29.

2032

n3.

Première occurrence de la célèbre métaphore de la chaîne, reprise trois fois dans la « Preface de l’editeur » (nº 2033).