M : | Montesquieu 1726/1727-1755. |
D : | Bottereau-Duval 1718-1731. |
E : | 1734-1739. |
U : | 1739. |
H : | 1741-1742. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
I : | 1743. |
L : | 1743-1744. |
O : | 1745-1747. |
P : | Damours 1748-1750. |
Q : | 1750-1751. |
R : | Saint-Marc 1751-1754. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
JB : | Jean-Baptiste Secondat ?-1795. |
T : | écriture des manchettes 1828-1835 |
M : | Montesquieu. |
D : | Bottereau-Duval_1721-1731. |
H : | 1741-1742. |
P : | Damours_1748-1750. |
E : | 1734-1739. |
L : | 1742-1744. |
O : | 1745-1747. |
T : |
écriture des manchettes |
JB : | Jean-Baptiste_Secondat. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
E2 : | |
I : | 1743. |
R : | Saint-Marc_1751-1754. |
Pensées, volume I
231
[Passage à la main D]
La superstition en a tiré d’affreuses consequences. Voyés dans toute l’Asie ce nombre inombrable de derviches et de fakirs qui avec leurs orgüeilleuses et austéres penitences pe tournent vers eux toute la dévotion du peuple qu’ils étonnent, de maniere qu’au lieu de la candeur, de la bonne foi et de la vertu que la religion doit inspirer, tous les devoirs sont bornés a les honorer ou enrichir ces misérables.
{p.249} Mais ce ne sont n’est pas la tout ce que la superstition a tiré du dogme de l’immortalité, on a vu les hommes se devoüer eux mêmes[2] et les princes recevoir de leurs sujets ce tribut horrible de leur fureur, O
On a vû les peres tués ou mangés dans leurs maladies ou leur vieillesse par l’affreuse compassion de leurs enfans[3].
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Passage de la main M à la main D |
232
Il
Il falloit
Une preuve que les Hebreux ne descendirent pas ches les Egiptiens mais ches ceu [...] - - - - - |
Main principale D |
233 Il n’y a que les mariages qui peuplent. On les decourage en France 1º en ce que {p.250}
Mariage Les peres sont egalement assés portés a se defaire de faire cesser l’etat perilleux de leurs filles.
Des loix sages devroient favoriser les secondes nôces, les notres les decouragent, il y a encor parmi nous ce malheur que la condition des gens qui ne sont pas mariés est la plus favorable, ils jouissent de toute la faveur des loix sans avoir les charges de la republique, le mariage est d’ailleurs defavorable en ce qu’il decide des rangs et borne les conditions
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Main principale D |
234
{p.251}
Population de la Chine La population de la Chine 1º il n’y a point d’eunuques [...] Il faut que la constitution du climat de ce pays favorise la generation[4] a quoi on peut ajoûter la douceur et la justice du gouvernement[5], l’abondance generale de toutes les choses necessaires a la vie[6]
Ris cause de la population de la Chine[7] et des autres pais ou il en vient : Durée de l’empire chinois
Les Chinois quoiqu’on en
- - - - - |
Main principale D |
235 Les Chinois quoi qu’on en dise etoient des peuples barbares, ils ont mangé de la chair humaine &c. Ce fait est je croy faux quoy que raporté par la relation des deux voyageurs arabes[1]
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Main principale D |
231 |
n1. |
La métempsychose et l’immolation des femmes par le feu, véritables topoi chez les voyageurs, sont abondamment évoquées dans les Geographica (voir par exemple p. 77, 79, 96, etc.) ; ces excès de superstition seront utilisés comme exemples de l’influence du climat et de la religion sur les lois (EL, XIV, 3 ; XXIV, 21, 24). Les mortifications des moines indiens et fakirs, dont Montesquieu fera un thème satirique dans son Histoire véritable (env. 1734-1739 ; OC, t. 9, p. 130-134), sont connues en particulier par les relations de Bernier, Tavernier, Renaudot, les Lettres édifiantes et curieuses (Geographica, p. 407) et le Dictionnaire historique et critique de Bayle (1re éd., Rotterdam, Reinier Leers, 1697, « Introduction », p. 114-115). |
231 |
n2. |
Même idée et même expression chez Renaudot (« se dévouer ») pour désigner les suicides provoqués par la croyance en la métempsychose (Geographica, p. 97). Cet article (écriture D, 1721-1731) comporte donc l’indice d’une lecture des Anciennes relations des Indes et de la Chine de deux voyageurs mahométans (Paris, J.-B. Coignard, 1718), bien antérieure à la copie par le secrétaire E de l’extrait contenu dans les Geographica : voir ibid., introductions, p. 83 et 350-351. |
231 |
n3. |
Renaudot mentionne les peuples qui « mangent même leurs parens quand ils sont vieux » (Anciennes relations des Indes et de la Chine de deux voyageurs mahométans, Paris, J.-B. Coignard, 1718, p. 90) ; cf. aussi Montaigne, II, 12, p. 581. |
232 |
n1. |
Selon Manéthon, des rois pasteurs ayant envahi l’Égypte en furent chassés après 511 ans de domination et furent enfermés dans un lieu nommé Avaris (Flavius Josèphe, Contre Apion, XIV, 86). Sur la ville de Cethron ou Cetron, voir Juges, 1, 30. |
234 |
n1. |
Montesquieu a exploré les causes physiques et morales de la dépopulation du monde dans les Lettres persanes (LP, 108-118 [112-122]), croyance fondée sur les estimations d’Isaac Vossius, discutées par Bayle (Dictionnaire historique et critique, 1re éd., Rotterdam, Reinier Leers, 1697, p. 431, note 2). Dans le sombre tableau d’un monde épuisé, la Chine fait figure d’exception par son « peuple si prodigieux » (ibid., p. 453). Cet article est un jalon dans une réflexion reprise au livre XXIII de L’Esprit des lois ; voir Céline Spector, Montesquieu et l’émergence de l’économie politique, Paris, H. Champion, 2006, p. 306-337. Montesquieu tire ses informations de Renaudot, des Quelques remarques sur la Chine […], mémoire attribué à Fréret (1719-1720 ; Geographica, p. 113-130), implicitement des Lettres édifiantes (voir ci-après) et, pour la première note ajoutée en marge, des entretiens à Rome en 1729 avec Mgr Fouquet. Transcrit par le secrétaire D, le premier jet est antérieur à avril 1728 ; les biffures et ajouts, comme au nº 235, témoignent d’une reprise de la réflexion après les voyages. Sur les rapports de l’auteur à ce pays, voir l’ouvrage de Jacques Pereira, Montesquieu et la Chine, Paris, L’Harmattan, 2008. |
234 |
n2. |
Les infanticides chinois sont mentionnés chez La Loubère et Renaudot (Geographica, p. 80, 96-97). Cf. EL, XXIII, 16. |
234 |
n3. |
Spicilège, nº 483, p. 435. Montesquieu critiquera Du Halde pour n’avoir pas relevé cette cause et l’abondance de riz comme les « deux seules bonnes raisons » de la multitude des habitants en Chine (Geographica, p. 208). Contrairement à cette note, la conversation du 1er février 1729 avec Mgr Fouquet signale la présence des eunuques auprès de l’empereur (Spicilège, ibid.), fait qui ne cadre pas avec le rôle attribué par l’auteur à la castration, au monachisme et au célibat des prêtres dans la dépopulation de l’univers (LP, 113 [117]). |
234 |
n4. |
L’explication climatique de la fécondité chinoise deviendra prégnante dans L’Esprit des lois (VIII, 21 ; XXIII, 16). |
234 |
n5. |
Ce facteur de fécondité avait été signalé dans les Lettres persanes (LP, 118 [122], p. 461, l. 1-2 ; voir aussi EL, XXIII, 11). La première rédaction partage la vision des missionnaires jésuites sur le régime chinois, en particulier celle des lettres du père Contancin, écrites en 1725 et 1727 : voir Lettres édifiantes et curieuses de Chine par des missionnaires jésuites (1702-1776), I. et J.-L. Vissière (éd.), Paris, Desjonquères, 2001, p. 143-167. Les Quelques remarques sur la Chine […] évoquent une tyrannie et une justice sanguinaire (Geographica, p. 124-125) ; sur les illusions des missionnaires, voir EL, VIII, 21. |
234 |
n6. |
Mêmes idée et expression (« abondance […] de toutes les choses necessaires a la vie ») chez Renaudot (Geographica, p. 100). |
234 |
n7. |
Voir Geographica, p. 156. |
234 |
n8. |
Voir nº 1544. |
234 |
n9. |
L’allusion au célibat des moines de la secte de Foë, l’impression de durée de l’Empire chinois liée à sa séparation d’avec « tout le reste du monde », le parallèle avec l’Empire perse sont tirés des Quelques remarques sur la Chine […] (Geographica, p. 113, 124). |
235 |
n1. |
L’addition biffée, comme les commentaires des Geographica (p. 87, l. 3 ; p. 95, l. 209), témoigne des doutes de Montesquieu à l’égard des Anciennes relations des Indes et de la Chine de deux voyageurs mahométans de Renaudot (Paris, J.-B. Coignard, 1718). |