M : | Montesquieu 1726/1727-1755. |
D : | Bottereau-Duval 1718-1731. |
E : | 1734-1739. |
U : | 1739. |
H : | 1741-1742. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
I : | 1743. |
L : | 1743-1744. |
O : | 1745-1747. |
P : | Damours 1748-1750. |
Q : | 1750-1751. |
R : | Saint-Marc 1751-1754. |
S : | 1754-1755. |
V : | 1754. |
JB : | Jean-Baptiste Secondat ?-1795. |
T : | écriture des manchettes 1828-1835 |
M : | Montesquieu. |
D : | Bottereau-Duval_1721-1731. |
H : | 1741-1742. |
P : | Damours_1748-1750. |
E : | 1734-1739. |
L : | 1742-1744. |
O : | 1745-1747. |
T : |
écriture des manchettes |
JB : | Jean-Baptiste_Secondat. |
J : | 1742. |
K : | 1742-1743. |
F : | 1743. |
E2 : | |
I : | 1743. |
R : | Saint-Marc_1751-1754. |
Pensées, volume I
268 {p.280}Du Portugal
Je devrois estre icy bien content je ne trouve que des gens plus laids que moy
Portugal |
Main principale M |
269 Ce
Espag. |
Main principale M |
270
{p.282}
Trieste
{p.283}
Abyssins Ce qui a fait que le comerce fait par le cap la route du cap de Bone Esperance a paru plus avantageuse c’est que pour lors une seule nation qui estoit la venitienne faisoit ce comerce ce qui faisoit qu’elle vendoit au prix qu’elle vouloit qu’elle n’acheptoit pas de la premiere main qu’elle souffroit mille avanies des Turcs beaucoup plus barbares et beaucoup moins timides qu’aujourd’hui
Ce ne peut estre la comodité et facilité du transport qui a ruiné le comerce des Indes par l’Egipte car les marchandises et la difficulté de l’isthme de Sués car ce trajet est si court qu’il n’a pas pu faire une si prodigieuse difference d’autant mieux qu’on transporte encore par Bassora {p.284}
Commerce Les Isles des epiceries[7], les tributs que les Portugais exig[e]oint des princes de l’Inde avec les quels ils fixoint les conditions arbitraires qu’ils mettoint dans le comerce avec les Indiens l’exclusion presque universelle qu’ils leur donnoint de la navigation, les droits qu’ils levoint lors qu’ils navigoint les immenses profits du comerce du Japon les epiceries qui leur donnoint tenoint lieu d’arg[e]ant pour les achapt qu’ils faisoint aux Indes qui leur coutoint peu qu’ils leur vendoint au prix qu’ils vouloint firent absolument tomber le comerce des Indes par l’Egipte, et come les Portuga Holandois ont succedé aux maximes et a la puissance des Portugais c’est encor ce qui leur donne et leur donera la superiorité dans le comerce sur les autres nations soit qu’elles fassent le comerce par la voye de l’Egipte ou celle du cap de Bone Esperance
{p.285} Come les Holandois sont obliges d’entretenir de grands grand nombre de forteresses beaucoup de forces de terre et de mer leur comerce aux Indes n’est pas a beaucoup pres si lucratif qu’il pourroit estre d’autant mieux que pour degouter ruiner le comerce des autres nations ils font souvent des pertes volontaires qui font que eux ny et les autres ne tirent pas de leur comerce tout l’avantage qu’ils en pourroint tirer. Avec tout cela les Holandois font de tres grands proffits et les autres nations en font de tres grands aussi
On croit pouvoir assurer que la depense seroit beaucoup moindre par le detroit l’Egipte que par le cap de Bone Esperance tant le tour de l’Affrique il faudroit avoir est long a faire tant on est arresté par les vens alisés tant une longue navigation fait perir de matelots
Enfin le comerce par a Trïeste est bien autrement avantageux qu’a Ostande par la facilité de distribuer les retours en Italie et dans les pais hereditaires.
On pourroit aisement porter les marchandises {p.286} des pais autrichiens a Alexandrie ou Liv meme Trieste.
Peut estre il faudroit il tacher d’avoir un entrepot la au dela du detroit de Babel Mendel[8] affin de deposer les marchandises lors que le detroit est difficille a passer.
Dans l’entrepot qui seroit choisi deca ou dela le detroit il y auroit des petits vaisseaux legers toujours occupes d’aller du lieu de l’entrepo la mer Rouge aux Indes et revenir des Indes a la mer Rouge come aussi pour aller du lieu de l’entrepot a Sués et de Sués au lieu de l’entrepot.
- - - - -
Je ne dis pas que ceci fut impossible pour quelque autre puissance, mais cela ne l’est pas pour l’Empereur a qui Trieste est absolument inutile. Il n’y a ni hommes ni marchandises a Trieste ou dans tous ces paÿs là et il faudroit faire un trajet immense par terre pour mener les marchandises et en raporter d’autres.
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Main principale M |
271
{p.287}
Mis cela dans les Romains Forces de la France se communiquent Sur les Romains C’est la mediocre grandeur du royaume de France qui lui donne ces avantages grandeur proportionée et a la vitesse que la nature a donné aux homes pour se transporter d’un lieu en un autre et a la faculté que l’on a longueur du temps necessaire pour l’execution des entreprises ordinaires des homes[1]. Ainsi si une puissance ayant detruit battu l’armée de Flandre alloit que si vous consi assieger Paris premierement les debris de l’armée se rassembleroint aisement parce que les retraites en seroint prochaines et que le soir ou le lendemain un nouveau corps seroit formé au lieu qu’il est impossible qu’une armée dispersée et qui n’a de retraite qu’à cent lieues de la puisse jamais se rassembler ou au moins dans tres long temps
2º Une partie de nos troupes recevroit les ordres de venir au secours de Paris dans un deux a trois jours elles seroint arrivées arriveroint partie {p289} huit jours partie quinze jours appres et il faudroit que l’enemi embarrassé d’une grand siege occupé d’ailleurs des difficultes
Mis cela sur les Romains La Perse C’est un joueur qui a son argent a deux cens lieues[2] de lui Sur les Romains Enfin il faut qu’il pour qu’un estat soit dans une situation permanante de la vitesse qu’il y ait un raport de la vitesse avec laquelle on peut executer contre lui une entreprise avec celle q la vitesse que l’on peut employer pour la rendre veine
{p.291} Remarqués que les princes des grands estats ont ordinairement peu de pais voisins qui puissent estre l’object de leur embition
Mis cela sur les Romains - - - - - |
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272
{p.292}
Beauté Le Pere Buffier dit par exemple que les beaux yeux sont ceux dont il y en a dun plus grand nombre de la même facon de meme la bouche le nes et cétera ce n’est pas qu’il n’y ait un nomb beaucoup plus grand nombre de vileins nes que de beaux nes mais c’est que les vileins sont de bien differentes especes mais chaque espece des vileins est en beaucoup moindre nombre que l’espece des beaux inf c’est come si dans une foule il y a de cent homes il y a dix homes habilles de vert et que les quatre vints dix restants soyent habillés chacun d’une couleur particuliere c’est le vert qui domine :
{p.293} Enfin il me paroit que la difformité n’a point de bornes les grotesques de Calot[2] peuvent estre estre variés a l’infini mais la regularité des traits est entre certeines limittes.
Le principe du Pere Buffier est excellant pour expliquer coment une beaute francoise est horrible a la Chine et une chinoise horible en France
Enfin il est excellent peut estre pour expliquer touttes les beautés de gout meme dans les ouvrages d’esprit mais il faudra penser la dessus
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Main principale M |
268 |
n1. |
Occasion : au sens galant ou libertin, fréquent au XVIIIe siècle, de « moment » favorable à une surprise des sens. |
269 |
n1. |
L’argent de Potosi devait être officiellement acheminé vers la mer des Antilles à Panama, puis à Porto Bello. Dès le XVIe siècle, malgré les interdictions des autorités espagnoles, le métal est dérouté clandestinement vers l’Atlantique et Buenos Aires (Fernand Braudel, « Du Potosi à Buenos Aires : une route clandestine de l’argent », Annales. Économies, sociétés, civilisations, vol. 3, nº 4, 1948, p. 546-550). |
270 |
n1. |
En 1719 Trieste est proclamé port franc par l’empereur d’Autriche Charles VI qui y crée la Compagnie impériale orientale. D’autres instructions impériales en 1725 tenteront de développer l’activité du port et de concurrencer Venise (Jean Georgelin, Venise au Siècle des Lumières, Paris, Mouton, 1978, p. 101 et suiv.). A l’occasion de sa visite de la Sérénissime en 1728, Montesquieu remarquera : « L’Empereur veut un port : Tryeste ne vaut rien » (Voyages, p. 108). |
270 |
n2. |
Erquicco, Arquicco, Ercocca, Ercoco : port abyssin sur la côte occidentale de la mer Rouge, au sud de Massaouah, dont s’emparèrent les Turcs ottomans en 1577 ; Quoquen ou Suâkin aux noms très variables (Cuaquem, Soachem, etc.), île à l’ouest de la mer Rouge, capitale de la côte d’Abex et port d’où les Turcs contrôlaient la mer Rouge ; le lieu (Suaken) est mentionné par Bernier dans ses Voyages dont Montesquieu a fait un extrait (Geographica, p. 344, l. 507). La région, Nouvelle Arabie, avait été décrite par Olfert Dapper (Description de l’Afrique contenant les noms, la situation et les confins de toutes ses parties, leurs rivières, leurs villes et leurs habitations, leurs plantes et leurs animaux, les mœurs, les coutumes, la langue, les richesses, la religion et le gouvernement de ses peuples, Amsterdam, Wolfgang, Waesberge, Boom & Van Someren, 1686, p. 406-408 et carte, entre les p. 410 et 411). |
270 |
n3. |
Le port de Suez. |
270 |
n4. |
Les Capitulations étaient des conventions de commerce passées par les puissances commerciales européennes avec l’empereur ottoman ; voir Jacques Savary des Bruslons, Dictionnaire universel de commerce, [Amsterdam], Jansons, 1726-1732, t. I, art. « Commerce du Levant », p. 999 et suiv. |
270 |
n5. |
Le traité de Passarowitz (juillet 1718), passé entre le sultan Achmet, l’empereur d’Autriche et la république de Venise, concédait aux marchands autrichiens la liberté de commercer dans les territoires ottomans (Christophe-Guillaume de Koch, Histoire abrégée des traités de paix entre les puissances de l’Europe depuis la Paix de Westphalie, Bruxelles, Meline, Cans et Compagnie, 1838, t. IV, p. 374). |
270 |
n6. |
« Sans payer aucun droit » (Académie, 1694, art. « Debout »). |
270 |
n7. |
Toutes les îles des Indes orientales d’où proviennent les épices, « comme la cannelle, la muscade, le poivre, mais encore le sucre, le miel & toutes les drogues medicinales » (Académie, 1718, art. « Espicerie »). |
270 |
n8. |
Aujourd’hui Bâb Al-Mandab ou Bab El-Mandeb. Le lieu (« Bebel Mandel ») est mentionné dans l’extrait qu’a fait Montesquieu des Voyages de Bernier (Geographica, p. 343, l. 469 ; p. 344, l. 508) ; voir aussi Olfert Dapper, Description de l’Afrique contenant les noms, la situation et les confins de toutes ses parties, leurs rivières, leurs villes et leurs habitations, leurs plantes et leurs animaux, les mœurs, les coutumes, la langue, les richesses, la religion et le gouvernement de ses peuples, Amsterdam, Wolfgang, Waesberge, Boom & Van Someren, 1686, p. 408. |
271 |
n1. |
Cf. Réflexions sur la monarchie universelle en Europe (OC, t. 2, p. 360-361) ; cet ouvrage devait initialement être incorporé aux Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, ce qui explique les notes biffées (voir l’introduction aux Réflexions sur la monarchie universelle en Europe, OC, t. 2, p. 323). Cf. Pensées, nº 152 ; EL, IX, 6. |
271 |
n2. |
Cf. nº 630. |
271 |
n3. |
Cf. Romains, XVI, p. 221, l. 161-164. |
271 |
n4. |
Cf. nº 688. |
272 |
n1. |
Claude Buffier, « Traité des premières vérités et de la source de nos jugements » [1724], reproduit dans le Cours de sciences (Paris, P.-F. Giffart, 1732, p. 587 et suiv.). |
272 |
n2. |
Jacques Callot (1592-1635), le célèbre graveur et dessinateur français. |