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Pensées 764 à 768

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

764

Je ne juge jamais des hommes par ce qu’ils ont fait ou ce qu’ils n’ont pas fait a cause des préjugés de leurs siecles, la plupart {p501} des grands hommes y ont êté soûmis, le mal est lorsqu’ils y ont ajoûté du leur : car d’ailleurs ils n’ont pas vu la plûpart du tems les prejuges de leur siecle parce qu’ils n’ont pas voulu les voire. Qui estsont les sots qui pretendent avoir plus d’esprit que les grands hommes qui s’y sont soumis : je ne juge point de st Loüis par ses croisades, il m’est indifferent que Mr Arnaud fut janseniste s’il a bien raisonné sur le jansenisme. Je n’estime pas non plus un homme parce qu’il les a suivi et ne fait cas ny de la pauvreté de Fabricius ny du retour de Regulus[1] (je parle seulemt du retour) mais je fais cas de la fermete et de la vertu de Platon et de Socrate.

Main principale E

765

Sciences

Je n’estime pas plus un homme qui s’est appliqué a une science que celui qui s’est apliqué a une autre si tous deux y ont porté egalement de l’esprit et du bon sens. Toutes les sciences sont bonnes et s’aident les unes les autres. Je ne sçache que le maitre a danser et le Me d’armes de Moliere[1] qui disputent sur la dignité et la preference de leur art. Je dis tout cecy contre les geometres[2].

Geometrie affaire de famille

Ce qui me choque de la geometrie et m’en derobe la sublimité c’est ce que c’est une affaire de famille et que les geometres viennent de pere en fils ; combien avons nous vus de Bernouly[3]

- - - - -

Main principale E

766

Un prince écrivit cette lettre… Je vous declare que vous êtes devenu mon ami vous avés un {p.502} si grand talent pour mettre ma perruque et mes bas que je vous aime en même tems que je vous admire ; vous ne me dites jamais que des choses agreables, au lieu que ces animaux de ministres n’ont jamais que des propos impertinens a me tenir, je ferois fort bien de vous remettre le soin de mes affaires, mes ministres vous rendront compte et vous me le rendrés.

- - - - -

Main principale E

767

Anglois

Anglois
Ils veulent que les hommes soient hommes

Si l’on me demande quels prejugés ils ont, en verité je ne sçaurois dire lequel ny la guerre ny la naissance, ny les dignités ny les hommes a bonne fortune, ny le delire de la faveur des ministres. Ils veulent que les hommes soient hommes. Ils ont fait cas du duc de Malbroock[1] de Lor Cobam du duc d’Argile[2] parce qu’ils sont des hommes. Ils n’estiment que deux choses les richesses et le merite personnel[3]. Ils ont plus d’orgüeil que de vanité, une nation voisine[4] a plus de vanité que d’orgüeil.
La lorsqu’un etranger est reçu sur le pied de cytoien, il est beaucoup mieux, personne ne se mefie de luy parce qu’il n’a d’interet mele avec personne, il vous meprisent comme de la boüe parce qu’ils croitnt que vous n’estimez que vous. Ils n’aiment ni ne haïssent leurs roys mais ils les craignent ou les meprisent.

- - - - -

Main principale E

768

Nous loüons les gens a proportion de l’estime qu’ils ont pour nous.

- - - - -

Main principale E


764

n1.

Sur Regulus, voir nº 225.

765

n1.

Molière, Le Bourgeois gentilhomme, II, 2.

765

n2.

Cf. le Discours sur les motifs qui doivent nous encourager aux sciences (1725 ; OC, t. 8, p. 501). Montesquieu rejoint l’argumentation de Fontenelle dans sa Préface sur l’utilité des mathématiques et de la physique et sur les travaux de l’Académie des sciences, qui avait pour but de convaincre le public de l’utilité des sciences d’un accès difficile comme les mathématiques (Fontenelle, Œuvres, Paris, M. Brunet, 1742, t. V, non paginé – Catalogue, nº 2333, éd. de 1712), mais il critique, comme Marivaux, la supériorité prétendue des géomètres (Mercure, mai 1718, dans Journaux et œuvres diverses, F. Deloffre et M. Gilot (éd.), Paris, Garnier, 1969, p. 34).

765

n3.

Cf. nº 1413. Véritable dynastie scientifique, la famille Bernouilli (« Bernouly »), originaire d’Anvers, s’installa à Bâle au XVIe siècle. Les travaux de Jacques, Jean et Daniel Bernouilli sur l’analyse différentielle ou ses applications, étaient reconnus, en particulier au sein de l’Académie des sciences : voir Fontenelle, Éloge de M. Bernoulli, dans Œuvres, Paris, M. Brunet, 1742, t. V, p. 96-116.

767

n1.

Sur Marlborough (« Malbroock »), voir nº 593, note 1.

767

n2.

Richard Temple (1669-1749), vicomte de Cobham, et John Campbell (1678-1743), duc d’Argyle, s’étaient illustrés dans les campagnes de Marlborough pendant la guerre de Succession d’Espagne.

767

n3.

Dans ses Notes sur l’Angleterre, Montesquieu écrivait que « l’argent est ici souverainement estimé ; l’honneur et la vertu peu » (Voyages, p. 499), mais il reprendra les deux motifs d’estime mentionnés ici dans L’Esprit des lois (XIX, 27 : Derathé, t. I, p. 352).

767

n4.

Il s’agit de la France. Montesquieu opposera ensuite l’orgueil espagnol, associé à la paresse, à la vanité française (EL, XIX, 9).