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Pensées 820bis à 825

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

820bis

[Passage à la main E] #[1] une livre de terre ce qu’il reste d’eau qui ne coule plus et comme cette quantité de pousse ne tombe plus sur la terre a la fois tout ce qui tombe est moindre quantité que le compte susdit est nul car il faut que tout l’eau soit en une certaine quantité pour qu’elle coule autrement elle se forme en goutes et s’evapore par la chaleur :
On voit bien combien l’effet de l’eau des pluies est prompt et peu continuel. J’ay vu dans la Romagne des ruisseaux qui tombent de l’Apennin[2] qui quand il pleut s’enflent d’une maniere a se rendre terribles si l’on les laisse couler une heure ils redeviennent ruisseaux a moins que la cause ne continue
En un village du Tirol nommé Miles[3] et pres les confins de la {p.529} Bavierre on m’a fait voir des neiges qui etoient la depuis plus de cent ans : c’est qu’elles ne se fondent pas : or des neiges qui ne se fondent pas sont nulles aussi voit on que les effets des fontes de neges ne sont pas moderés comme ils devroient être pour être continuels mais extremes.
Je ne dirois rien pour deffendre cet ecrit : je ne suis point passionné pour les opinions exceptés celles qui sont dans les livres d’Euclide[4] je ne suis pas plus porté a me battre pour mon ouvrage que pour celui de tout autre : si ce que je dis est vray il apartient a tout le monde, car la verité est le bien de tous : s’il est faux je ne veux pas le deffendre ; d’ailleurs ou l’objection sera bonne et dans ce cas je ne veux pas repondre ou elle sera necessaire mauvaise et celui qui l’aura faite êtant homme d’esprit saura trouvera lui meme la reponse.

Passage de la main M à la main E

822

{p.530} [Passage à la main M]

Vie de Marie Alacoque

La vie de Marie A la coque a cela de particulierement impertinent c’est que c’est un home de sang froit lequel est supposé avoir du sens puis qu’il estoit evêque qui raporte les plus grandes niaiseries du monde, apparitions conversations, mariages trocs de coeurs, et autres f fadaises[1] ; au lieu que ste Therese Madeleine de Pazi et autres[2] parlent de ce qu’elles ont vu de ce qu’elles ont senti ce sont leurs extases propres leurs ravissemens or on pardone a quelqu’un d’estr de decrire les choses qui l’ont affecté mais on ne pardone pas cela a un froid conteur.

- - - - -

Passage de la main E à la main M

823

{p.531}

Vil satyrique

Un home sans esprit et sans dissernement qui ne trouve le moyen de soutenir sa miserable vie que par les injures qu’il vend aux a ses libraires dont on ne lit les miserables ouvrages que pour scavoir par quel trait de malice il decrira attaquera quelque reputation[1] ; fletry sans cesse par cette justice qui ne punit que les criminels les plus vils ; un home enfin que l’on ne peut mettre a la raison fait pas taire parce qu’on a peur d’avilir la main qui se porteroit sur le dos d’un home pareil : qui feroit cet effet un home enfin tel que l’on rougit dont la conoissance est partout desavouée et qu’on rougit et qui fait rougir quand on a parlé de lui

- - - - -

Main principale M

824

Mis dans les loix

Parce que les homes sont mechans les loix sont obligées de les supposer meilleurs qu’ils ne sont ainsi la deposition de deux temoins suffit dans la punition de touts les crimes ainsi l’on juge que tout enfent venu pendant le mariage est legitime[1] :

- - - - -

Main principale M

825

{p.532}

Nécessité de la Révélation

Ce qui me prouve la nécessite d’une révélation ; c’est l’insufisance de la relligion naturelle vu la creinte et la superstition des homes ; car si vous avies mis aujourd’hui les homes dans le pur estat de la relligion naturelle, demain ils tomboint dans quelque superstition grossiere :

Main principale M


820bis

n1.

Le nº 820 se poursuit ici.

820bis

n2.

Montesquieu remarque que, sur le trajet de Reggio à Parme, des montagnes formées par l’Apennin « sortent bien des torrens » (Voyages, p. 373).

820bis

n3.

Lecture conjecturale. Dans sa route vers la Bavière, Montesquieu fait une étape à Mittenwald, village tyrolien où « on [lui] dit qu’elle [la neige] étoit là depuis plus de cent ans, et qu’elle est dure comme de la glace » (Voyages, p. 394).

820bis

n4.

Cf. nº 475.

822

n1.

La biographie de Marie Alacoque, dédiée à la reine Marie Leczinska, publiée sous le nom de Jean-Joseph Languet de Gergy, évêque de Soissons, de l’Académie française, était attribuée au père de La Colombière et fut un objet de risée. Languet, qui avait fait paraître des ouvrages de controverse en faveur de la Constitution et briguait le cardinalat, prétendait, comme Grand vicaire du diocèse d’Autun, avoir rédigé cette vie à partir de témoignages recueillis au monastère de Paray-le-Monial et de l’enquête juridique menée sur place (Vie de la vénérable mère Marguerite-Marie, religieuse de la visitation Sainte-Marie du monastère de Paray-le-Monial en Charolais. Morte en odeur de sainteté en 1690, Paris, veuve Mazières et J.-B. Garnier, 1729 ; voir Saint-Simon, VII, p. 542 et note 5).

822

n2.

Il s’agit de l’autobiographie spirituelle de Thérèse d’Avila (La Vie de la sainte Mère Thérèse de Jésus, écrite par elle-même, dans Les Œuvres […], R. P. Cyprien (trad.), Paris, S. Huré, 1650, p. 1-293 – Catalogue, nº 644) et de la Vie de sainte Marie-Madeleine de Pazzi […], écrite par Vincenzo Puccini (L. Brochand (trad. fr.), Paris, S. Cramoisy, 1670), dernier confesseur de la sainte, d’après les notes prises pendant ses extases, ses propres écrits et des témoignages (ibid., « Au lecteur », p. [viii-ix]).

823

n1.

Cf. nº 821.

824

n1.

Cf. EL, VI, 17 : reprise presque in extenso, cette remarque postule la nécessité de la confiance de principe en certains témoignages, nécessité opposée à l’inutilité de ceux obtenus sous la torture.